• Liliane Bettencourt: quand l'information prend tous les droits

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    En tant que lecteur, c'est le grand bonheur de la semaine, on ne s'en lasse pas : lire les conversations privées de Liliane Bettencourt, sur le site de Mediapart, ou dans le Point de la semaine, c'est entrer dans un univers balzacien, ou plutôt simenonien, où tout est vrai : c'est dur, méchant, impitoyable pour tous les protagonistes. Du jamais lu nulle part. Et en prime, on y découvre comment Eric Woerth, en tant que ministre du budget, traitait avec les milliardaires : la propriétaire de l'Oréal a-t-elle vraiment du engager sa femme, sur demande du ministre, pour gérer sa fortune ? Madame Woerth  a-t-elle aidé à favoriser l'évasion fiscale que combat officiellement son mari ? Eric Woerth se contente de démentir, c'est un peu léger comme réaction. Tout cela est donc passionnant, répétons le, mais...tout cela est tout de même fort gênant, car provenant d'écoutes illégales, faite par un maitre d'hôtel, qui les a transmis ensuite à la fille de Liliane. On fait confiance à l'avocat de cette dernière, Olivier Metzner, pour avoir trouvé comment les exploiter. Il est spécialiste des plans médias qui font aller l'opinion dans le sens où il l'a décidé, et, la, il veut que nous prenions tous Liliane pour une vieille gateuse. Celle-ci a des absences, c'est vrai, mais elle me semble encore bien lucide sur ses actes.

    On avait parlé ici de ce que signifiait l'affaire Zahia pour la presse française : pour la première fois, dans un grand journal, une prostituée parlait de ses relations avec ses clients connus sans rien cacher. Une méthode largement utilisée par les journaux étrangers pour doper leurs ventes, mais qui ne se faisait pas en France par pudeur et bonne éducation des journalistes ( et par respect des puissants). L'affaire Bettencourt est un pas de plus vers cette transformation à l'anglaise de la presse française : publier les conversations privées d'une vieille dame, cela n'aurait pas été possible il y a encore quelques années, voire quelques mois. Tel qu'il est enseigné dans les écoles, le journalisme consiste à publier ce que nous disent volontairement des gens, informés de notre qualité de journaliste. Notre métier n'est pas de tromper la confiance pour avoir des informations. Et pourtant, c'est sur ces procédés la que les Anglais ont bâti la fortune de leurs journaux, en publiant les conversations téléphoniques de la famille royale ou de leurs ministres. C'est ainsi que les puissants se font mettre à nu, parfois. En Grande Bretagne, les maitres d'hôtels ont toujours un magnétophone à portée de main, et ils n'hésitent pas à aller vendre ensuite ce qu'ils ont enregistré. La guerre des classes prend de multiples formes et le public est bien mieux informé de ce qui se passe dans les allées du pouvoir.

    C'est donc ce qui vient de se passer en France, pour la première fois. Comme on est tout de même encore entre Français, et qu'on a des pudeurs avec l'argent, le maitre d'hôtel de Liliane a fait cela par vengeance, et pas pour l'argent. Il n'empêche : il a produit de l'info choc. De l'info utile aussi. Un pas de plus dans la société du « tout ouvert », où des jeunes gens s'exhibent devant des cameras de télé sans rien cacher et où désormais les journaux sérieux balancent ce qu'aucun milliardaire n'aurait raconté de son plein gré. Ce qui est arrivé à Liliane Bettencourt me semble condamnable moralement...et pourtant justifié. Nous entrons petit à petit dans une nouvelle information, plus dure, sans compromis, où tout sera possible. Mauvaise nouvelle pour notre surmoi épris de pureté, mais excellente nouvelle pour les lecteurs et les ventes des journaux

     

    http://claude-soula.blogs.nouvelobs.com/archive/2010/06/18/liliane-bettencourt-quand-l-information-prend-tous-les-droit.html

     

     

    17 juin 2010 - 16:30
     

    17 juin 2010 (Nouvelle Solidarité) – Son cas ne résistera pas à l’examen des consciences : Nicolas Sarkozy doit partir. Après l’implication du Président dans les malversations financières liées à des contrats d’armement et au financement de la campagne présidentielle de Balladur, Mediapart.fr révèle un nouveau scandale d’Etat. L’Elysée aurait interféré auprès de la justice pour aider la milliardaire Liliane Bettencourt. Ironie du sort, le ministre chargé de la rigoureuse réforme des retraites, Eric Woerth, est aussi impliqué. La connivence entre dirigeants politiques et puissances d’argent alors que le système s’effondre sur les peuples ne peut plus être acceptée.

     

    Entre mai 2009 et 2010, les discussions d’affaires de l’héritière L’Oréal et première fortune de France ont été enregistrées secrètement par son maître d’hôtel. A l’examen de ces conversations entre Liliane Bettencourt et Patrice de Maistre, le patron de la société gérant sa fortune, l’on apprend que l’Elysée aurait violé la séparation constitutionnelle des pouvoirs exécutifs et judiciaires, qu’Eric Woerth et son épouse auraient bénéficié de faveurs et que Nicolas Sarkozy aurait lui-même reçu des contributions financières de la milliardaire. Extraits.

     

    Dévoiement de l’Elysée

     

    Conseiller du Président pour les affaires judiciaires jusqu’en novembre 2009, Patrick Ouart, désormais salarié de LVMH mais qui continuerait à conseiller le chef de l’Etat sur les dossiers les plus sensibles, est au cœur des discussions. Notons que lorsque Nicolas Sarkozy était maire de Neuilly (1983-2002), où se situe l’hôtel particulier de Liliane Bettencourt, il fut un hôte régulier de l’héritière. Il l’a d’ailleurs reçue personnellement à l’Elysée en décembre 2008. Dans une conversation avec elle le 21 juillet 2009, Patrice de Maistre évoque un entretien avec Patrick Ouart « le conseiller juridique, à l’Elysée, que je vois régulièrement pour vous ». « Il m’a dit que le procureur Courroye allait annoncer le 3 septembre, normalement, que la demande de votre fille était irrecevable. Donc classer l’affaire. Mais il ne faut le dire à personne, cette fois-ci. » Effectivement, le 3 septembre dernier, le parquet de Nanterre déclara irrecevable la plainte de la fille Bettencourt. Lors d’une autre conversation du 23 avril 2010, de Maistre dit à Bettencourt : « j’ai vu, euh, l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy pour les affaires juridiques et judiciaires, Patrick Ouart, qui n’est plus à l’Elysée mais qui n’a pas été remplacé et qui travaille chez Bernard Arnault, et qui m’aime beaucoup. Et il a voulu me voir l’autre jour et il m’a dit, M. de Maistre, le président continue de suivre ça de très près… (…) Et en première instance, on ne peut rien faire de plus, mais on peut vous dire qu’en cour d’appel, si vous perdez, on connaît très, très bien le procureur. »

     

    Connivence avec Eric et Florence Woerth

     

    N’oublions pas qu’Eric Woerth, ministre du Budget de 2007 à 2010 et actuel ministre du Travail, est, en tant que Trésorier de l’UMP et grâce à son fief de Chantilly, le principal rabatteur de fonds du parti présidentiel (voir notre article Rigoureusement Woerth) et qu’il fut l’artisan du bouclier fiscal protégeant la fortune des 15 000 plus riches contribuables de France. Jusqu’au mois dernier, son épouse Florence, embauchée en 2007 par Patrice de Maistre, était la principale gérante de la fortune Bettencourt. Dans une conversation du 23 avril 2010, de Maistre dit que c’est Eric Woerth qui a obtenu l’embauche de sa femme : « Je me suis trompé quand je l’ai engagée. (…) J’avoue que quand je l’ai fait, son mari était ministre des finances (du budget, NDLR) , il m’a demandé de le faire. (…) Et donc si vous voulez, aujourd’hui, sans faire de bruit, je pense qu’il faut que j’aille voir son mari et que je lui dise que avec le procès et avec Nestlé, il faut qu’on soit trop manœuvrants et on peut plus avoir sa femme. Et puis on lui, on lui, on lui donnera de l’argent et puis voilà. Parce que c’est trop dangereux. » De Maistre affirme aussi dans une discussion du 29 octobre 2009 qu’Eric Woerth est personnellement intervenu pour aider la fondation de Liliane Bettencourt : « [Eric Woerth] est très sympathique et c’est notre ministre du budget. Et c’est lui qui a permis à l’Institut de récupérer le bâtiment dans lequel on va faire l’auditorium. » Il prétend même que le ministre s’occupe personnellement des affaires fiscales de la milliardaire : « Il est très sympathique et en plus c’est lui qui s’occupe de vos impôts donc je trouve que ce n’était pas idiot. C’est le ministre du budget. Il est très sympathique, c’est un ami. »

     

    Versements d’argent

     

    Toujours selon ces enregistrements dérobés, la ministre de la Recherche Valérie Pecresse ainsi que MM. Woerth et Sarkozy, auraient reçu, en mars, de l’argent de Mme Bettencourt :

     

    – Patrice de Maistre : « Valérie Pécresse, c’est la ministre de la recherche. Elle fait la campagne pour être présidente de Paris. Elle va perdre mais il faut que vous la souteniez et c’est des sommes très mineures, des petites sommes. Elle va perdre mais il faut que l’on montre votre soutien. Le deuxième, c’est le ministre du budget. Il faut aussi l’aider. Et le troisième, c’est Nicolas Sarkozy. »

     

    – Liliane Bettencourt : « Bon alors, il faut donner pour Précresse… »

     

    – PdM : « Mais ce n’est pas cher. »

     

    – LB : « C’est elle qui a demandé cette somme là ? »

     

    – PdM : « Non, c’est le maximum légal. C’est 7.500, ce n’est pas très cher. Vous savez, en ce moment, il faut que l’on ait des amis. Ça, c’est Valérie Pécresse. Ça, c’est Eric Woerth, le ministre du budget. Je pense que c’est bien, c’est pas cher et ils apprécient. »

     

    – LB : « Et Nicolas Sarkozy ? »

     

    – PdM : « C’est fait, c’est dedans. »

     

    Tout cela est entre les mains de la police judiciaire mais quelles qu’en soient les suites légales, le dossier Sarkozy est déjà bien trop lourd. Il faut en tirer les conséquences pour faire face à l’effondrement économique et financier, qui exige la présence de consciences et de caractères au sommet de l’Etat.

     

     

     

     

     

    Affaire Liliane Bettencourt

     

    Suite à des écoutes téléphoniques pirates, il semblerait que pour favoriser (?) la fuite à l'étranger des capitaux de cette milliardaire, certaines personnalités politiques aient été "soutenues" financièrement.

    Les médias parlent (sans s'étendre...), de NS et d'E. Weorth, voire de V. Pécresse...

     

    artemia-college.org


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    ou sur la mafia du crime aux commandes.
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    9 juin 2010 par Daniel Vanhove
     
     

     

    La dernière agression de l’entité sioniste à l’encontre du bateau turc Mavi Marmara est probablement la signature de la fin du projet colonial des extrémistes israéliens. Et tout démocrate qui se respecte ne peut relâcher la pression sur les dirigeants politiques du monde, afin que justice soit rendue aux victimes de cette ignoble agression. Prémices d’une justice plus large à tous ceux qui ont injustement souffert du projet colonial sioniste, depuis plus de 62 ans.

    Pour comprendre, revenons sur la chronologie des faits qui se sont déroulés face aux côtes de Gaza, et décortiquons quelque peu leur présentation par les autorités israéliennes :
    - 1. dans les jours qui ont précédé le départ de la flottille humanitaire pour Gaza, les autorités israéliennes ont préparé le terrain médiatique, affirmant que l’accès aux côtes de Gaza serait interdit à toute embarcation ;
    - 2. en pleine nuit du 31 mai, le Mavi Marmara suivi par un sous-marin (!), des vedettes et des hélicoptères de combat, subit l’assaut d’un commando israélien héliporté, dans les eaux internationales, ce qui constitue en soi une enfreinte aux lois maritimes et transforme de facto les assaillants israéliens en pirates ;
    - 3. avant même de monter à bord et depuis leurs bâtiments de guerre, les militaires israéliens ont fait usage de leurs armes à feu, tuant et blessant plusieurs militants, ce qui est formellement interdit par les Conventions internationales et qui dans un contexte de guerre, constitue un crime contre l’humanité ;
    - 4. les pacifistes issus d’une quarantaine de nationalités différentes, pris de panique par la violence extrême de cet assaut, loin de se résigner tentent de se défendre avec ce qui leur tombe sous la main et un pugilat s’ensuit ;
    - 5. plusieurs humanitaires sont tués à bout portant dont certains sont même jetés par-dessus bord ;
    - 6. dans une brutalité inouïe faite à l’encontre de civils, les militaires prennent le contrôle du Mavi Marmara et le détournent vers le port israélien d’Ashdod, ce qui constitue un enlèvement et une séquestration de civils étrangers au conflit ;
    - 7. les informations sur le déroulement de cette opération sont manipulées et tronquées par les responsables israéliens, tant à l’intérieur d’Israël que dans les capitales étrangères, ainsi du nombre de victimes où le flou le plus absolu persiste toujours et illustre le mépris d’Israël pour toute vie humaine non juive ;
    - 8. des photos et des vidéos prises par l’armée sont passées en boucle sur les chaînes internationales pour démontrer la violence de militants pacifistes et dénoncer leur agressivité à l’égard des forces armées israéliennes, dans le but de jeter le doute sur leur bonne foi et leur engagement humanitaire ;
    - 9. les agresseurs israéliens surarmés tentent de se faire passer pour les agressés et de retourner les informations à leur profit, poussant le ridicule à exhiber les armes des humanitaires : rasoirs, couteaux de cuisine, barres de fer (issues du matériel de bord), frondes et sacs de billes ;
    - 10. les versions des officiels israéliens ne concordent absolument pas avec les versions des militants pacifistes et il faut donc constater qu’en plus de leurs crimes, les représentants d’Israël, tous autant qu’ils sont, mentent sans vergogne et utilisent des vidéos datant de 2003 et 2006 afin de travestir la vérité en propagande ;
    - 11. non contents d’arraisonner le convoi humanitaire, de brutaliser les civils et de mentir sur la version des faits, les soldats ont volé les victimes de tous leurs effets personnels, y compris leurs cartes de crédit ;
    - 12. cerise sur le gâteau : les chaleureuses félicitations du 1er Ministre Netanyahu au retour de cette inacceptable et criminelle expédition maritime ;
    - 13. le gouvernement israélien continue d’interdire l’accès aux côtes de Gaza à tout navire étranger et a déjà détourné le Rachel Corrie et sa cargaison vers le port d’Ashdod ;
    - 14. non contentes d’intervenir contre des convois humanitaires, les autorités israéliennes détiennent le contenu des bateaux et ne semblent pas vouloir restituer les bâtiments à leurs propriétaires ;
    - 15. face aux habituelles hésitations de l’administration américaine pour condamner cette intervention, il reste à déterminer si les autorités US ainsi que l’OTAN n’étaient pas informées de l’opération israélienne, voire si elles n’ont pas encouragé l’assaut du Mavi Marmara pour punir la Turquie de ses initiatives dans le dossier du nucléaire iranien.

    Conclusions : devant un tel étalage et la répétition avérée de mensonges, de vols, et aujourd’hui de crimes de civils étrangers par une armée désormais en guerre contre tout ce qui bouge, la communauté internationale ne peut rester sans réaction. Cet énième crime ne peut rester impuni et constitue probablement la goutte qui fait déborder le vase. Israël, certain de son impunité s’est permis le pont trop loin. Il convient à présent de lui faire comprendre que tous ses essais pour s’accaparer la Palestine de la manière que tout le monde connaît est un échec. Et que le projet sioniste doit être liquidé.

    Tout le blabla improductif, la débauche d’énergie incalculable, les sommes faramineuses englouties et les tonnes d’archives autour d’un processus de paix – inexistant dans les faits – pour « donner » aux Palestiniens les miettes de ce qu’il leur appartenait afin d’y établir leur croupion d’État est un leurre et doit passer aux oubliettes pour désormais se concentrer sur l’énergie utile à la restitution au peuple palestinien de ses frontières d’origine. Fi de ces deux États vivant côte à côte puisque l’un des deux s’est montré au fil du temps, incapable de respecter la première ligne de la première résolution onusienne, et n’a eu de cesse de ferrailler pour s’approprier indûment des terres qui ne lui revenaient pas. La Palestine doit dès lors retrouver ses frontières initiales d’avant la partition de son territoire, et être restituée à ses ayants droits en premier lieu desquels les réfugiés. Les juifs qui désireront rester dans les frontières de la Palestine historique seront citoyens de l’État palestinien à part entière. Les autres qui ne désirent pas y rester regagneront les pays dont ils sont issus et dont ils récupèreront la nationalité.

    Depuis son origine, au vu des faits qui ont marqué le cheminement de ce funeste projet colonial, le nombre de victimes et les dommages collatéraux qui en résultent sont désastreux. Il reste donc à constater que celles et ceux qui ont travaillé et participé à ce macabre projet – et pour certains, s’y emploient toujours, et avec quel acharnement ! – se sont trompés et ont raté l’occasion de transformer leur essai. Le projet d’État d’Israël ne peut advenir et s’établir durablement en Palestine, comme l’avaient ourdi les dirigeants européens, trop contents de se débarrasser au lendemain de la deuxième guerre mondiale, de leur culpabilité à propos de la question juive sur le dos des Palestiniens. Dès son implantation par la force sur les terres palestiniennes, et par la suite, de conquêtes en conquêtes, cet État moribond n’a fait qu’étaler à la face du monde, le peu de cas qu’il fait de toute vie humaine non juive. Ainsi que le peu de cas qu’il fait du Droit international et humanitaire.

    Un tel projet ne peut donc s’implanter durablement sur les terres volées au pays d’accueil, et ne peut que disparaître dans les pages les plus sombres de l’histoire. A chaque fois et de manière répétée et obtuse, les occasions qui lui ont été données de transformer ce projet en État viable ont été galvaudées par une classe politique aveuglée par son racisme et sa bêtise – ce qui va toujours de pair. Aucun État n’a bénéficié d’autant de mansuétude qu’Israël. Ce n’est pas juste. Cela doit cesser.

    Pour rappel, je renvoie à ce que j’écrivais dans mon dernier livre La Démocratie Mensonge paru en 2008, (p. 107) : « De la demande explicite de la reconnaissance de l’Etat d’Israël… Peut-être convient-il à ce stade, de revenir sur la déclaration de Yasser Arafat au Parlement européen de Strasbourg le 13 septembre 1988 et au paragraphe 7 de la Déclaration d’indépendance de l’Etat de Palestine : « En dépit de l’injustice historique imposée au peuple arabe palestinien, qui a abouti à sa dispersion et l’a privé de son droit à l’autodétermination au lendemain de la Résolution 181 (29.11.1947) de l’Assemblée générale des Nations Unies recommandant le partage de la Palestine en deux Etats, l’un arabe et l’autre juif, il n’en demeure pas moins que c’est cette Résolution qui assure aujourd’hui encore les conditions de légitimité internationale qui garantissent également le droit du peuple arabe palestinien à la souveraineté et à l’indépendance. » Ce qui pourrait être compris de la façon suivante : l’Etat d’Israël ne peut exister et donc, être reconnu officiellement, qu’à la stricte condition où l’Etat de Palestine existe et est reconnu à ses côtés (…) Cette réciprocité est contenue dans les textes (…) »

    Puisque cette réciprocité ne s’est pas traduite dans les faits et que l’État palestinien n’existe pas dans les conditions prévues par les différentes Résolutions de l’ONU, l’État d’Israël qui ne peut exister que dans cette stricte réciprocité n’a aucune légitimité. Il est donc temps de tourner la page. Et que d’ici quelques mois, cette question qui empoisonne les relations internationales depuis des décennies ne soit plus qu’un mauvais souvenir.

    En attendant, si l’UE et les USA sont aussi soucieux du respect du Droit quand il s’agit d’Israël que de tout autre pays, qu’ils agissent enfin sérieusement au lieu de laisser l’initiative à leurs citoyens ! Qu’ils se montrent à la hauteur de la situation et multiplient comme ils l’ont fait avec Berlin du temps de la guerre froide, les convois et les ponts entre le monde libre et Gaza assiégée et étouffée par la bande d’extrémistes qui tient lieu de gouvernement du projet sioniste.

    Si rien n’est fait pour briser ce siège inhumain, les démocraties occidentales n’ont qu’à bien se tenir, parce la rue risque de gronder au-delà de toute attente.

    Le projet sioniste a échoué. Il est temps d’en prendre conscience, de le dire, d’en répandre largement l’information, et de s’en réjouir.

    Daniel Vanhove –
    Observateur civil
    Membre du Mouvement Citoyen Palestine
    Auteur de Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes – 2005 et de La Démocratie Mensonge – 2008 – parus aux Ed. Marco Pietteur – coll. Oser Dire
    08.06.10

     

     

    http://www.oulala.net/Portail/spip.php?article4605
    «Ce qui guide la politique d’Israël» - Un texte d’Ilan Pappé
    http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=13440

     

    UN NOUVEL ÉCHEC DE LA PROPAGANDE ISRAÉLIENNE :
    DES PHOTOS MONTRENT DES PASSAGERS DU MAVI MARMARA VENANT EN AIDE A DES SOLDATS ISRAELIENS
    http://www.alterinfo.net/Un-nouvel-echec-de-la-propagande-israelienne-des-photos-montrent-des-passagers-du-Mavi-Marmara-venant-en-aide-a-des_a47072.html

     

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    L'aide humanitaire d'Israël, Laplote,

    http://laplote.over-blog.fr/ext/http://laplote.blogs.courrierinternational.com/ 

     

     

    En bons pirates, les Israéliens ont aussi pillé la flottille 
    Comble du cynisme !
    Israël aurait  dépouillé des humanitaires !
     
    Des militants de la flottille Gaza Libre disent avoir été dépouillés de leur argent et appareils par les pirates israéliens, après que leurs navires ont succombé à l’attentat meurtrier du 31 mai.
     

    Selon des survivants de la flottille qui ont parlé à Press TV, les activistes à bord du convoi d'aide humanitaire ont été dépouillés de 3,5 millions de dollars en espèces et matériel par des commandos [de piraterie] israéliens.

    Des centaines de militants ont signalé la disparition de leur argent, ordinateurs portables, téléphones et vêtements après avoir été relâché par les pirates la semaine dernière.
     
     
     
    Une flotille juive pour briser le siège de Gaza

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    Ce que signifie Monsieur Van Rompuy

    L'éclatement de la Belgique 

     

     

    Non, ce n’est pas une boutade ! Malgré son allure de Pinocchio effaré, Monsieur Van Rompuy (Herman) est loin d’être le personnage insignifiant qu’ont mélancoliquement décrit des européistes déçus. Il signifie un projet politique tout à fait clair, et a été choisi à dessein ; pas par les citoyens des différents peuples de la très diverse Europe, évidemment, mais par une oligarchie mondiale qui n’est pas le cercle des Présidents et des Premiers Ministres des pays de l’Union Européenne. Désormais simples exécutants politiques, ceux-ci n’ont fait que ratifier la décision d’affairistes qui ne se cachent même plus.

     

    Avant de se présenter devant ceux qui devaient le nommer, M. Van Rompuy a comparu, le 12 novembre 2009, au château de Val-Duchesse, à Bruxelles, devant le jury d’un club mondial rassemblant banquiers, marchands d’armes, magnats du pétrole et dirigeants de multinationales avec leurs  journalistes apprivoisés. Il est allé passer un examen. Le projet d’impôt européen à prétexte écologique qu’il y a fait connaître est tout ce que les citoyens ont été autorisés à savoir. Son parcours politicien ayant été jugé conforme au profil souhaité, il a été adoubé comme gouverneur général de l’Union Européenne. Quant à Madame Ashton, choisie en même temps, elle déborde de précieuses qualités : parvenue typique de la nomenklature, inféodée à la finance, absolument inconnue, tout à fait novice en diplomatie et incapable d’ânonner une phrase en une autre langue que l’anglais.  

    Le premier but de ce double choix est de signifier une fois pour toutes aux citoyens des pays d’Europe que l’ère démocratique est close, et que dorénavant c’est le conseil des banquiers qui décide. Désormais les choix seront faits par des experts, afin de maximiser les rendements financiers. Mettez vous bien ça dans la tête ! Peut-être pourtant quelques politiciens espéraient-ils qu’en acceptant des marionnettes aussi falotes ils retarderaient la mainmise totale des groupes bancaires, et pourraient exercer encore quelque pouvoir pendant quelques années. En ce cas ils se seraient illusionnés, car, derrière ce duo grotesque, la destruction de la démocratie va bon train, et eux-mêmes sont déjà surveillés. La crise de la dette grecque en est une limpide démonstration.  

    La deuxième signification est que l’Union Européenne est une succursale de l’empire anglo-saxon, dont les dirigeants dictent la politique étrangère qu’ils font appliquer par l’OTAN, bras armé de l’oligarchie. Madame Ashton joue à merveille de sa balourdise feinte pour ridiculiser l’Union Européenne, tout en élargissant son propre champ d’action et en étoffant ses services (ne parlons pas de ses revenus). Elle joue son rôle, conformément aux instructions de ses commanditaires. Pour les financiers, la diversité des pays du continent européen est contraire à la nécessaire soumission des consommateurs et défavorable à l’intimidation militaire exercée contre les « pays émergents », vitale pour maintenir une hégémonie mondiale chancelante. L’activité intellectuelle, politique et scientifique dans les pays d’Europe doit être strictement encadrée et normalisée par l’usage exclusif de la langue anglaise, tandis que l’innovation doit être concentrée dans les pays dominant l’empire (comme le montre l’institution récente d’agences de contrainte et de surveillance des chercheurs). Les diplomaties nationales sont donc vouées à disparaître, en même temps que la liberté politique et culturelle des nations.  

    Mais pourquoi être allé chercher le Premier Ministre de Belgique, un pays qui apparemment n’avait pas besoin d’une crise politique supplémentaire ?

    Précisément afin de provoquer une nouvelle crise et de scinder la Belgique, comme l’a récemment exigé un euro-député anglais qui, en bon Anglais, se mêle de ce qui ne le regarde pas et parle dans l’intérêt des classes dominantes.

    Mais quel est cet intérêt ? La Belgique n’est-elle pas une création de l’Angleterre ?

    La Belgique moderne fut en effet créée en 1830 par l’Angleterre, afin que la France ne contrôlât pas le port d’Anvers et que la frontière du Nord de la France fût vulnérable militairement. Mais les diplomates anglais n’avaient pas prévu une guerre contre l’Allemagne unifiée, de sorte  qu’au XXe siècle l’Angleterre, alliée à la France, dut sacrifier des milliers d’hommes pour défendre cette frontière indéfendable. La France en perdit cependant bien plus encore ! La Belgique a ainsi très bien servi à affaiblir la France, mais est devenue maintenant inutile. L’intérêt de l’oligarchie serait au contraire à présent de la détruire. Bien entendu, le sort de la Belgique n’intéresse en rien les oligarques, mais renforcer l’Union Européenne leur importe au plus haut point, puisque celle-ci est la structure de vassalisation des pays d’Europe à la finance. Accroître les pouvoirs de l’Union Européenne permettrait de réduire la démocratie à un pur jeu d’apparences, et de renforcer durablement le régime autoritaire qui s’installe peu à peu depuis une trentaine d’années. Mais il manque à l’Union Européenne la souveraineté qui lui permettrait de dominer les États. C’est à combler ce manque que détruire la Belgique serait utile.

    Le traité de Lisbonne a en effet doté l'Union Européenne de la personnalité juridique et d’une représentation diplomatique. Pour devenir un État internationalement reconnu, il ne  lui faudrait plus qu'un territoire propre, fût-il minuscule comme ceux de Monaco ou du Vatican. Un quartier de Bruxelles ferait fort bien l’affaire. Dès que cette reconnaissance serait obtenue, la subordination juridique des États, dès longtemps entreprise, serait parachevée. L’attaque des spéculateurs contre la Grèce est déjà utilisée pour préparer la mise sous tutelle des États.

    Encore faut-il, pour obtenir la souveraineté sur une partie de Bruxelles, faire éclater la Belgique, et il faut le faire sans tarder, avant que les peuples d’Europe ne rejettent l’Union Européenne qui les ruine en imposant le libre-échange absolu, y compris envers les pays tiers. L’éclatement prochain de la zone euro rend la nécessité encore plus pressante. Cependant d’autres raisons motivent aussi les oligarques à agir. Les extrémistes flamands sont évidemment d’utiles auxiliaires, mais la crise économique pourrait faire passer le nationalisme au second plan des soucis du peuple flamand. Mieux vaudrait donc les utiliser au plus tôt, et si possible tant que sévit l'actuel gouvernement français, tout entier composé de valets de la finance internationale, dociles à nuire de leur mieux aux intérêts de la France et de la Francophonie. Surtout, un fait interne à la Belgique, inconnu de la plupart des Français, oblige à une manœuvre rapide et délicate.

    Depuis 1962 la Belgique est soumise à des « lois linguistiques », imposées par la majorité flamande du pays. Une « frontière linguistique », interne, divise le pays entre Flandre, Wallonie et Bruxelles. Cette « frontière » fut fixée sans consulter la population, sur la base d’un recensement de 1947 déjà périmé à l’époque, afin que Bruxelles fût enclavée en Flandre. Elle ne coïncide pas partout avec les limites administratives, ni avec l’actuelle limite entre les langues, car l’extension de l’agglomération bruxelloise depuis soixante-trois ans a étendu l’aire où l’usage du français est le plus courant. De ce fait, des communes dont la grande majorité des habitants parlent français sont administrativement rattachées à la Flandre (et de même les communes des Fourons, loin de Bruxelles), ce qui suscite d’invraisemblables bisbilles, mesquines à souhait, qui font toute la saveur de la politique belge. L’agglomération bruxelloise et la Wallonie sont pourtant désormais contigües, mais le dessein opiniâtre des Flamingants d’annexer Bruxelles à la Flandre empêche de reconnaître cette réalité.

    Quoique futiles, ces bizarreries ne sont pas d’anodines coutumes locales, mais forment un important atout pour les partisans d’une Union Européenne supranationale. En effet, lors de la division de la Yougoslavie, la carence politique, la paresse d'esprit, le manque de clairvoyance, la crainte inspirée par le seul nom de Sarajevo et surtout la volonté de cacher le conflit politique opposant la France, qui voulait maintenir la Fédération yougoslave, et l’Allemagne, qui voulait la détruire au plus tôt, firent prévaloir une cote mal taillée : reconnaître les limites des républiques fédérées comme frontières internationales, sans consulter les populations ni considérer la répartition des diverses communautés humaines assemblées ou divisées par ces frontières. On sait quels désastres ce compromis entraîna et dans quelle confusion durable il a fait plonger les Balkans. Les vices juridiques évidents étaient de confondre l’administratif et le politique, de faire prévaloir le droit du sol sur le droit des gens, et de préférer l’arbitraire bureaucratique à la vérité des préférences nationales. Comme pour incruster le mal, les gouvernants d’Europe ont entériné cette décision casuelle comme un principe. Ce précédent yougoslave serait donc invoqué en cas d’éclatement de la Belgique (et l’on serait plus réaliste en écrivant « lorsque la Belgique éclatera »). Or plusieurs traditions politiques s’opposent. Pour établir la nationalité des personnes, la tradition française considère d’abord le droit du sol et secondairement la filiation, et elle s’en tient depuis un siècle et demi au droit des gens pour fixer les frontières. Jusqu’aux années récentes, la tradition germanique accordait l’exclusivité au droit du sang pour la nationalité, et elle a longtemps tenté d’imposer le tracé des frontières en invoquant le droit du sol ou le droit de conquête. La tradition anglo-saxonne accorde la primauté au droit du sol pour la nationalité, et laisse le droit du plus fort décider des frontières : la Grande-Bretagne est une île. Ces trois traditions sont incompatibles.

    Selon la jurisprudence tirée de l’écartèlement de la Yougoslavie, les communes situées en Flandre sont flamandes, même celles dont la grande majorité des habitants sont Bruxellois et francophones, et Bruxelles est bel et bien enclavée en Flandre. En outre le parlement et le gouvernement flamands (car il y a sept parlements et trois gouvernements en Belgique, outre les assemblées provinciales !) ont, depuis des années, décrété que la capitale de la Flandre était Bruxelles, et y ont fixé leur siège, sans consulter les habitants de la ville bien entendu. En proclamant son indépendance, la Flandre revendiquerait sa capitale ! Bien sûr, les Bruxellois sont à 85 % francophones, mais les dirigeants flamands ne manquent pas de souligner qu’outre le français, maintes langues sont parlées à Bruxelles, y compris le turc et l’arabe maghrébin, et même l’anglais dans des immeubles de bureaux. Par mansuétude, le gouvernement flamand serait prêt à accorder un statut dérogatoire (transitoire bien entendu) aux habitants qui ne parleraient pas le néerlandais (anglais accepté).

    Il est peu vraisemblable que les politiciens britanniques et allemands intéressés par l’affaire soutiennent jusqu’au bout la revendication flamande, car ils savent qu’imposer un changement de langue aux habitants d’une grande ville est impossible. Mais des partisans du renforcement de l’Union Européenne pourraient proposer (dans un esprit de conciliation, n’en doutons pas…) un statut de "ville libre" pour une partie de Bruxelles, comme jadis Dantzig ! Ce quartier serait pompeusement proclamé « capitale de l’Europe » et, pour faire étasunien, on dirait « District of Concordia ». Toute latitude serait laissée à l’administration de l’Union Européenne pour angliciser peu à peu son district ; en contrepartie, toute latitude serait laissée aux autorités du nouvel État flamand, devenu souverain sur une partie de la ville, pour gêner les Bruxellois francophones et attiser les oppositions ethniques. Mais ce scénario dépend de l’enclavement de Bruxelles en Flandre, qu’un référendum dans les communes proches de la « frontière linguistique » remettrait en cause. La primauté du droit du sol sur le droit des gens, qui est le principe de la politique flamingante et la cause principale de la fièvre politique récurrente de la Belgique, paraît ainsi aux européistes comme un atout maître.

     Scinder la Belgique le long de la « frontière linguistique » existante, sans consulter les populations intéressées, est néanmoins en bonne logique un projet insoutenable. En effet, une seule nationalité belge existe, et une seule souveraineté. Ces faits incontestables sont de surcroît incarnés en une seule personne : le roi ! Le droit des personnes ne distingue pas parmi les Belges des Néerlandophones, des Francophones ou des Germanophones. La seule procédure envisageable est donc de demander l’avis des populations au suffrage universel, et de tracer la frontière au niveau communal. L’avenir de chaque commune serait décidé à la pluralité des voix des habitants, puis chacun opterait pour la nationalité de son choix. L’argument que le référendum n’existe pas en droit belge est sans force, puisque par hypothèse l’État belge disparaîtrait. La seule restriction envisageable au suffrage universel pourrait être de limiter le corps électoral aux citoyens domiciliés dans chaque commune et y résidant effectivement depuis plusieurs années, mais cette modalité d’application ne modifierait pas le principe. Bien entendu, les États successeurs garantiraient la liberté de circuler et de résider, ainsi que le maintien des droits des minorités à l’avenir, de part et d’autre de la frontière ainsi démocratiquement déterminée.

    Quoique seule cette procédure soit conforme à l’équité et à l’esprit du droit international, nul doute que des chicanes seraient tentées pour en limiter et en retarder l’application. L’enjeu en effet n’est pas mince, car si l’Union Européenne était reconnue comme un État fédéral disposant d’un territoire propre et d’un service diplomatique, ses dirigeants revendiqueraient bientôt un statut de membre permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU. La Grande-Bretagne n’envisageant aucun changement de ses droits, au nom de son traditionnel statut d’exception, le siège de la France serait dévolu à l’Union Européenne et bientôt confié à un Danois entouré d’une administration anglaise. Ainsi l’empire anglo-saxon disposerait de trois sièges parmi les cinq permanents.

    Tel est le sens de la nomination de M. Van Rompuy. Dévoué à la Flandre et fidèle serviteur des classes dominantes, M. Van Rompuy prépare la scission de la Belgique afin d’assurer la domination de l’empire anglo-saxon sur l’Europe, en contrepartie d’une promesse de soutien à la tentative de mainmise de la Flandre sur Bruxelles. De son poste, il devrait faire traîner des négociations pendant que les dirigeants flamands brusqueraient le mouvement.

    La France risque d’être trahie par ses politiciens et éliminée de la politique mondiale.

    À l’occasion d’une crise politique, les dirigeants flamands tenteraient d’imposer leur solution avant que les peuples ne réagissent. Cette « solution », qui évidemment ne ferait que multiplier les problèmes, n’est pas une vague élucubration mais un dessein médité. M. Herman Van Rompuy était l’un des parlementaires flamands qui lancèrent le projet de scinder l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde sans référendum sur la limite linguistique, afin d’isoler Bruxelles. Herman a un frère, Éric, lui aussi politicien. Il n’y a pas de mal à avoir un frère, ni à se prénommer Éric, ni à se passionner pour la politique. Mais M. Éric Van Rompuy est connu depuis quarante ans comme un flamingant rabique, qui ne se cache pas de vouloir néerlandiser Bruxelles, de l’Atomium au bois de la Cambre et des sous-sols aux mansardes. Éric dit tout haut ce que Herman ne doit pas dire. Précisons : ce que Herman ne doit plus dire, car naguère encore il ne s’en privait pas. S’il le pouvait, il ferait parler flamand au Menneken-Pis. M. Herman Van Rompuy paraît certes aussi simplet que Pinocchio, mais ce sont les renards et les loups qui tirent les ficelles.

    Encore une fois, l’oligarchie mondiale se fiche de la Flandre et des Flamingants, il se trouve seulement que des intérêts coïncident. Ou plutôt, des hommes pensent que leurs intérêts coïncident. En réalité, le peuple Flamand, grand petit peuple qui peut s’enorgueillir d’un passé glorieux et d’un présent prospère, nuirait certainement à son avenir s’il suivait ses extrémistes. Un coup de force à Bruxelles, suivi d’un long conflit avec les habitants de la ville, serait un très mauvais commencement pour son existence étatique. Fixer par référendum la frontière entre les États serait pour lui bien préférable.

    Face à de tels projets plusieurs questions viennent à l’esprit. Quel est, à présent, le but de l’Union Européenne ? Quelles sont ses effets réels ? Quelles forces sociales soutiennent-elles l’intégration européenne ? Comment les États peuvent-ils pacifier les rapports sociaux ?

    Discuter ces questions en détail nécessiterait un gros livre écrit par plusieurs auteurs, mais quelques réponses partielles peuvent être cependant proposées.

    Il n’est bien sûr pas possible d’épiloguer, puisque nul ne connaît l’avenir, mais la prépondérance anglo-saxonne au Conseil de Sécurité ouvrirait à l’ONU une crise semblable à l’agonie de la SDN à la fin des années trente. La diplomatie, déjà rendue instable par la volonté des États-Unis de récuser le multilatéralisme et d’affaiblir l’ONU, deviendrait chaotique. L’oligarchie escompte cependant affermir ainsi son pouvoir, d’autant plus que la suprématie de l’Union Européenne sur les États rendrait inopérants les débats politiques dans les pays européens, comme ils le sont depuis longtemps dans les pays anglo-saxons. Démocratie et Souveraineté nationale sont en effet inséparables, et le but visé est d’abolir l’une et l’autre, afin d’achever de détruire le compromis social datant de l’après-guerre, qui faisait la part trop belle aux producteurs dans le partage de la valeur ajoutée.

    Dès les années cinquante du XXe siècle, les classes dominantes comprirent que le suffrage universel rendait impossible une politique réactionnaire dans les États nationaux. La « construction européenne » leur permit de dominer les démocraties nationales et de raffermir leur emprise. Toute responsabilité politique fut bannie de cette Union européenne, malgré la concentration progressive du pouvoir. La notion même de politique en fut exclue, remplacée par l’exaltation des compétences des experts et par quelques simagrées de démocratie factice. Le libre-échangisme y devint dogme. Ainsi fut supprimé tout frein à la circulation des marchandises et des capitaux, même à court terme, ce qui permit aux détenteurs de monnaie de reprendre une grande part de la valeur économique produite. Désormais les décisions sont prises dans l’ombre, au gré de firmes privées, financières plutôt qu’industrielles, et dont les plus influentes ne sont pas européennes. Sous la férule de la Commission, la concurrence entre les pays de l’Union européenne est exacerbée à dessein, et l’immigration laissée sans contrôle, afin de forcer la baisse relative des salaires et la régression des droits sociaux. Pour verrouiller cet absolutisme si propice aux tripotages, un projet de constitution fut présenté en 2005, mais rejeté par plusieurs peuples en dépit d’une intense propagande. Le traité de Lisbonne fut donc imposé en 2009 pour contraindre les peuples à se soumettre. Ce coup de force s’est accompagné de l’aggravation de la surveillance policière. Dans l’Union européenne, l’action politique est impuissante, l’industrie dépérit, les classes populaires sont frappées par le chômage et appauvries, la plupart des agriculteurs vivotent, l’activité intellectuelle s’étiole, la recherche est mise sous tutelle, l’innovation disparaît. Mais si ce désastre organisé obère l’avenir, il profite aux intermédiaires, et, au premier chef, aux banques anglo-saxonnes qui, grâce aux manœuvres de leurs gouvernements, se sont arrogé depuis quarante ans le monopole de la création monétaire. Ce sont elles qui, au moyen de l’OMC, ont imposé la concurrence indienne et chinoise. Ce sont elles qui achètent en monnaie de singe les entreprises pour en absorber la substance puis les démanteler. Ce sont elles qui gouvernent effectivement l’Union européenne, à travers des hommes de paille.

    Le despotisme européiste, nous y sommes. L’autoritarisme vétilleux de la Commission s’aggrave, avec l’aide de la bien mal nommée Cour de justice européenne, dont les arrêts prétoriens étendent sans cesse les compétences de l’Union européenne, en usurpant au profit de celle-ci les droits des États. La langue des maltôtiers anglo-saxons est imposée, même dans les affaires internes à chaque pays. La sape des constitutions nationales, seul cadre où les divers intérêts sociaux puissent se confronter pacifiquement, fait s’effondrer le débat politique et le contrôle démocratique sur les gouvernants. Le pouvoir discrétionnaire de commissaires nommés par intrigue, irresponsables, et placés sous influence, empiète ainsi chaque année davantage sur les libertés publiques et privées. Les difficultés économiques et politiques mènent fatalement ces despotes à la dictature.

    L’assujettissement des peuples par la destruction des droits nationaux, n’est limité que par la résistance des dirigeants des États, fort variable d’un pays à l’autre. Si les Allemands et les Britanniques savent à la fois défendre leur pouvoir national, investir les instances de décision de l’Union européenne et faire agir celles-ci au mieux de leurs intérêts, les classes dominantes françaises font tout leur possible pour accroître les prérogatives fédérales de l’Union européenne et vassaliser la République Française, dans l’espoir d’accéder à la surclasse dominante mondiale.

    Prêtes à tout pour pérenniser leur prédominance sociale tant elles craignent la révolte d’un peuple mal-pensant, les classes dominantes françaises rêvent d’une tutelle étrangère et souhaitent une administration anglophone, où caser leurs rejetons en excluant ceux du peuple. En dégradant encore un peu plus l’enseignement public, elles pourraient réserver le pouvoir à leurs descendants pour quelques générations. Les politiciens qui s’agitent incessamment dans les palais parisiens sont au-delà de toute critique. Tous leurs actes tendent à affaiblir la France, à la soumettre à l’empire dominant et à diviser les Français. Leur programme est celui de Condoleezza Rice en 2003 : abaisser la France. Au service de maîtres qui les méprisent, ces larbins ont envoyé l’armée française participer à l’agression contre le peuple Afghan. Ces lémures s’efforcent de faire dépérir la Francophonie et de céder la souveraineté de la Nation à l’Union européenne. S’ils réussissaient, ils se rengorgeraient de leur renoncement. Les dominants français, qu’ils se disent de « droite » ou de « gauche », seraient immensément euphoriques de devenir définitivement impuissants. Finies les responsabilités ! Et cela en bénéficiant de la solidarité active des oligarchies des pays voisins ! La France serait enfin échec et mat, politiquement, économiquement et intellectuellement, pour la jubilation de l’Angleterre et de l’Allemagne, et au grand soulagement de l’oligarchie française, qui pourrait s'angliciser le front haut, afin de dominer le peuple pendant un siècle.

    L’étape suivante, déjà en cours, est de brider l’Union Européenne, par coalescence de l’UE et de l’ALENA, dans une Union Transatlantique étroitement liée à l’OTAN et conçue comme instrument de domination interne sur les citoyens et d’intimidation externe vis-à-vis de la Chine et de la Russie. Sa fondation serait prétexte à créer une nouvelle monnaie permettant une banqueroute partielle. Sa direction effective serait partagée entre les banquiers de Wall Street et ceux de la City, tandis que la prédominance sur le continent européen serait laissée aux industriels allemands, dont les représentants politiques s’efforcent depuis longtemps de diviser l’Europe en régions, selon leur modèle fédéral, escomptant ainsi transformer en pouvoir politique la puissance économique qu’ils retirent de l’UE. Les récents chanceliers et ministres des Affaires étrangères d’Allemagne ont dit et écrit, à maintes reprises, que l’Union européenne permettrait à l’Allemagne de s’assurer l’hégémonie qu’elle a échoué par deux fois à imposer à l’Europe par la guerre. Cette hégémonie s’encadrerait, en attendant de s’en affranchir, dans l’empire anglo-saxon, où la responsabilité politique des dirigeants et les droits des personnes régressent depuis vingt ans.

    Mais les difficultés insurmontables qu’un tel projet ne manquerait pas de rencontrer font craindre une fuite en avant de ses promoteurs vers la guerre.

    Si ce projet de fédération despotique et libre-échangiste aboutissait, la déstructuration économique s’aggraverait encore et empêcherait définitivement de donner du travail à tous, y compris aux plus récemment arrivés. Mettre fin au libre-échange absolu et relocaliser la production est donc vital. Pour les Français, c’est l’existence nationale, culturelle et spirituelle qui est en jeu, en même temps que la prospérité, la liberté et la paix civile. Pas de liberté individuelle si la liberté collective n’est pas assurée ; pas de vie culturelle sans concorde ; pas de concorde sans prospérité ; point de prospérité, même pour les riches, si les pauvres sombrent dans la misère.

    Un peuple est souverain s’il peut, par sa volonté ultime exprimée collectivement, accepter ou repousser un projet engageant son avenir. Parmi maintes raisons de vouloir maintenir notre Souveraineté nationale et la transmettre aux générations à venir, fierté, fidélité à nos aïeux et à notre culture, volonté d’être maître chez soi, goût pour la vie civique conçue comme une œuvre d’art, crainte d’une désarticulation de la société menant à la violence, il en est une qui devrait emporter la décision des Français : dans le monde tel qu’il est, la France est un instrument irremplaçable au service de la paix et de la liberté. Non par prédestination, parce que la France serait une entité providentielle, peuplée d’esprits géniaux et douée d’une essence collective intemporelle. Ce pays, comme toute autre formation sociale, aurait pu disparaître ou avoir d’autres limites. Ses mœurs ont évolué au cours du temps. Mais, au-delà de l’image sentimentale de Marianne au bonnet phrygien ou de « la Madone aux fresques des murs », l’équilibre social et les leçons de l’Histoire font que les Français croient à l’égalité des hommes et à l’égalité des nations. Ils pensent que la liberté individuelle s’exerce grâce à la liberté collective. Surtout, ils ont horreur des excès. Ce n’est pas que jamais des Français n’en aient commis, il s’en faut. Mais, contre les abus, se sont toujours dressés des femmes et des hommes, pour les dénoncer et appeler leurs compatriotes à la raison, à la générosité et à l’honneur. Si peu nombreux les protestataires aient-ils d’abord été, ils ont toujours fini par emporter la conviction générale. Toutes les opinions, des plus chimériques aux plus pertinentes, des plus tyranniques aux plus généreuses, ont déjà été débattues en français. Au fil des siècles, malgré les défauts de leur organisation et les injustices de leur société, et même après que certains d’entre eux aient commis des crimes, les Français ont toujours su finalement se réformer. Souvent cela n’alla pas sans difficultés, ni sans fautes parfois sordides. Cependant, par leur attachement sans mysticisme à l’image idéale de la France, les Français expriment leur consentement à l’effort d’humaniser la société, cet effort que chaque génération doit continuer, en bénéficiant du labeur des générations qui l’ont précédé pour alléger les peines des générations qui lui succéderont.

    Dans le désordre du monde, la France est le seul pays autour duquel des oppositions à un impérialisme puissent se cristalliser pacifiquement. C’est le seul pays qui pourrait, s’il se donnait à nouveau un Gouvernement, proposer une réforme globale des relations internationales. Cette proposition pourrait être d’autant plus favorablement accueillie que l’impérialisme français date désormais d’un passé ancien.

    La crise en cours, économique, financière, politique, morale, et aussi guerrière puisque les puissances anglo-saxonnes ont perpétré deux agressions au Moyen-Orient et y ont entraîné leurs alliés, démontre l’excès d’ambition de l’oligarchie. Les événements châtient cette démesure. En répandant partout le trouble et la violence, les puissances « occidentales » se sont fait haïr dans le monde entier. Leurs industries sont à présent très menacées par des concurrents que les dirigeants ont eux-mêmes favorisés le plus possible, sous la pression de financiers avides de multiplier les échanges, occasions de profits. Ces concurrents sont sans scrupules et exploitent leurs peuples sans pitié. Si ce déséquilibre perdurait, le risque de grave conflit s’accroîtrait. Seule une calme fermeté peut rétablir à la fois l’équilibre international et la liberté.

    La dynamique propre du système international, mais aussi les interventions des acteurs politiques, détermineront la coopération ou l’affrontement, la prospérité ou l’appauvrissement, le rétablissement de la démocratie ou l’instauration d’une dictature durable, la paix ou la guerre. Notre liberté dépend de notre lucidité et de notre ténacité. Pour que les peuples d’Europe ressaisissent une prise sur leur avenir, la priorité est d’abattre l’irréformable Union Européenne, de quitter l’OTAN, et de remettre en chantier la coopération internationale.

    Les Français peuvent en prendre l’initiative.

    Christian Darlot

     

    http://www.observatoiredeleurope.com/Ce-que-signifie-Monsieur-Van-Rompuy_a1389.html

     

    http://r-sistons.over-blog.com/article-l-afrique-du-sud-et-le-non-alignement-france-profonde-instantanes-52102670.html

    Liste complète

     

     

     

    Lire aussi  (Belgique):

    http://www.alterinfo.net/La-Belgique-une-victime-du-Nouvel-Ordre-Mondial_a47193.html

     


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    Le directeur du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, et la chancelière allemande, Angela Merkel. Interdite de retourner au Deutschemark, l’Allemagne a dû consentir à un emprunt européen auprès du FMI

     

     

    €uro : l’hypothèse du pire
    par Jean-Michel Vernochet*

     

     

    La crise budgétaire grecque, devenue crise de l’euro, n’est pas la conséquence fatale d’une autorégulation des marchés, mais d’une attaque délibérée. Pour Jean-Michel Vernochet, elle participe d’une guerre économique conduite, depuis Washington et Londres, selon les mêmes principes que les guerres militaires actuelles : recours à la théorie des jeux et stratégie du chaos constructeur. L’enjeu final est de contraindre les Européens à s’intégrer dans un Bloc atlantique, c’est-à-dire dans un Empire où ils payeront automatiquement le déficit budgétaire anglo-saxon par le biais d’un euro dollarisé. Un premier pas a déjà été franchi avec l’accord conclu entre l’Union européenne et le FMI, accordant au Fonds une tutelle partielle sur la politique économique de l’Union.

     

     

    L’attaque financière lancée contre la Grèce en raison de sa dette souveraine et de son insolvabilité potentielle, s’est vite révélée être en fait une offensive contre l’Euro et n’avoir qu’un rapport lointain avec les tares et déficits structuraux de l’économie hellénique elle-même. Des « vices » au demeurant largement partagés par la plupart des pays post industriels qui ont pris la très mauvaise habitude de vivre au-dessus de leurs moyens et à crédit ; d’où une inflation galopante de la dette, une « bulle » comme une autre vouée in fine à l’éclatement.

    Or tout semble indiquer que derrière la brutalité de l’attaque et qu’au-delà d’une simple ruée au pillage des économies européennes, se profilent d’autres objectifs, d’ordre géopolitique notamment, et ceux-là mûrement réfléchis. Car, en aucun cas, les appétits, aussi aiguisés soient-ils, de prédateurs financiers anonymes ne peuvent expliquer l’intensité dans la durée d’une offensive qui, à court terme, menace de faire voler en éclat la zone euro, l’Union des vingt-sept, voire bien au-delà…

    La multiplication des crises ces deux dernières décennies aidant, une lecture rapide du déplacement des pions sur le Grand échiquier eurasiatique laisse à penser que l’Europe est actuellement le théâtre d’une bataille dans le cadre d’une guerre géoéconomique (guerre au sens propre et entier), une bataille qu’elle a d’ailleurs déjà potentiellement perdue.

    En effet, l’adoption d’un plan européen — sur les instances pressantes de la Maison-Blanche — pour le renflouement de la dette publique des Etats membres de l’Union ne constitue non seulement pas une panacée, un remède durable à la crise budgétaire structurelle qui affecte désormais « tous » les États occidentaux, mais va dans le sens désiré par le mentor états-unien d’une intégration rapide de l’Union européenne, préalable obligé à la constitution d’un bloc occidental soudé.

    Un plan européen qui répond à une crise de confiance, de solvabilité (largement artificielle au départ, mais devenue contagieuse et faisant boule de neige), par la recapitalisation des États comme s’il s’agissait d’une simple crise de liquidités. Un plan européen de 750 milliards d’euros supérieur au plan Paulson d’un montant de 700 milliards de dollars destiné, après la débâcle des établissements financiers américains de septembre 2008, à les renflouer sur fonds publics. Une solution dont on voit les effets à présent en ce que la recapitalisation du secteur privé financier a eu pour conséquence aberrante d’accroître lourdement la dette des États des deux côtés de l’Atlantique.

    Ainsi, la crise financière née aux États-unis, après avoir déclenché la récession c’est-à-dire désamorcé la pompe économique, a depuis, par voie de conséquence, tari les ressources fiscales des États rendant plus difficile encore le service d’une dette de plus en plus considérable. Or l’Union européenne vient d’ajouter de la dette à la dette avec ces quelque 750 milliards d’euros qui vont grever plus encore ses budgets nationaux (le taux moyen d’endettement de la zone euro étant actuellement de 78 %), ceci en vue d’hypothétiquement « rétablir la confiance des marchés »…

    Pour ce faire l’UE vient — volontairement — de se placer sous la coupe du Fonds monétaire international qui va lui consentir des prêts à hauteur de 250 milliards d’euros. FMI qui avait jusqu’à présent plutôt vocation à soutenir les économies chancelantes du Tiers-Monde à grands coups de matraque assénés au moyen de ses plans dits d’ajustement structurel. C’est donc une entité supranationale à vocation « mondialiste » qui va en quelque sorte chapeauter, voire superviser plus ou moins directement les structures de gouvernance économique dont l’UE va assurément se doter si la zone euro ne se disloque pas spontanément entre temps.

    Des structures intégratives réclamées à cor et à cri par Paul Volcker, directeur à la Maison-Blanche du Conseil pour la reprise économique (aux Etats-Unis), qui depuis Londres tance vertement les dirigeants européens exigeant la relance de l’euro dont Etats-uniens et Britanniques ont un besoin essentiel pour maintenir leur économie à flot.

    Notons au passage que c’est vraisemblablement la mort dans l’âme que la chancelière allemande s’est résignée à souscrire à ce plan pharamineux de soutien aux pays défaillants de la zone euro alors que son homologue français — d’après une rumeur persistante — la menaçait de revenir au Franc si elle n’obtempérait pas. Mais s’il est vrai que « la fourmi n’est pas prêteuse », le retour au Deutsch Mark équivaudrait à signer l’arrêt de mort de l’économie allemande dont la monnaie trop forte ne lui permettrait plus alors d’exporter sa production industrielle, fondement de son économie. Un levier de chantage suffisant pour obliger Berlin d’accepter volens nolens, contrainte et forcée, de passer sous les fourches caudines dressées par l’administration Obama.

    Oukases états-uniennes qui conduisent à un piège grand ouvert : les capitaux empruntés sur le marché ou prêtés par le FMI pour le sauvetage des « PIIGS » [1] menacés de cessation de paiement, doivent s’appuyer sur des structures garantissant la solvabilité à terme de l’euro ! Monnaie dont la solidité ne pourra être assurée que par ces institutions fédérales dont Jacques Attali se fait l’inlassable promoteur dans nos médias en réclamant « la création d’une Agence européenne du Trésor, immédiatement autorisée à emprunter au nom de l’Union, et d’un Fond budgétaire européen, immédiatement mandaté pour contrôler les dépenses budgétaires des pays dont la dette dépasse les 80 % du PIB ».

    Il s’agit en fin de compte, ni plus ni moins, d’imposer la mise sous tutelle économique des États sous couvert de sauver la zone euro condamnée — paraît-il — à une inéluctable faillite… puisque l’abandon de la monnaie unique est un tabou intransgressible auquel nul ne songe apparemment à toucher.

    Certains projets vont plus loin qui prévoient déjà que les budgets des Etats de la zone euro soient entièrement contrôlés et décidés par un triumvirat composé de la Commission de Bruxelles, de la Banque Centrale Européenne et de l’Eurogroupe. À ce stade quid de la volonté populaire et du Parlement de Strasbourg ?

    Or nul ne se soucie de dénoncer le sophisme ou le paralogisme que constitue cette mise en équation de l’intégration économique et du retour à la confiance des marchés. D’abord pourquoi les marchés imposeraient-il leurs lois, eux et eux seuls ? En outre, ne serait-il pas temps de remettre en question le capitalisme actionnarial, anonyme et versatile, capable de ruiner les nations selon son bon plaisir ou ses calculs ?

    La gouvernance économique européenne n’est à ce titre pas plus la panacée que l’inondation de liquidités n’est la solution à la crise actuelle. Le surendettement induit par le « plan » est à n’en pas douter une fausse solution imposée de l’extérieur avec pour finalité de nous enchaîner toujours davantage, nous autres Européens, aux marchés des capitaux et à leur dictature indicible.

    L’idée de la gouvernance économique procède de la même démarche car elle est à proprement parler un non-sens en ce qu’elle ignore tous les différentiels sociétaux intervenant à tous les étages de la construction européenne : types ou modèles de croissance, régimes fiscaux et sociaux, et cætera. Une « idée » qui n’en est pas une, et parce qu’elle est de nature foncièrement idéologique… un projet derrière lequel se tiennent en embuscade nombre d’arrière-pensées tout à fait étrangères à la prospérité économique et au bien-être des peuples de l’Union.

    D’aucuns ont bien vu que la crise n’était que le moyen et le prétexte de précipiter l’instauration d’un système fédéral dur pour les Vingt-sept en dépit et au mépris des volontés populaires auxquelles le Traité de Lisbonne a été imposé de la plus sournoise façon. Une crise qui est et demeure — gardons ce fait capital présent à l’esprit — artificielle, fabriquée, en un mot le contraire d’une « fatalité » inhérente à ce qui serait une vie autonome et désincarnée des marchés dirigés par une « main invisible ». Un processus réputé « machinal » mais qui pour être anonyme n’est pourtant pas moins constitué de la chair et des os de ces grands manieurs d’argent et autres donneurs d’ordre qui font la pluie et le beau temps sur les Bourses.

    C’est pour cette raison que les Etats-Unis parlent un double langage par le truchement d’une double voix. Celle des « marchés » et celle de son président qui intervient pour tancer les Européens et les presser impérativement de stabiliser leur monnaie, autrement dit les politiques économiques européennes indissociables de la santé, bonne ou mauvaise, de leur monnaie. Cependant n’allez pas imaginer un seul instant que cela ressemble de près ou de loin à de l’ingérence dans les affaires de l’Europe continentale. Représentez-vous Mme Merkel et M. Sarkozy enjoignant la Maison-Blanche de faire le ménage à Manhattan ?

    L’autre voix appartient à ceux qui font la pluie et le beau temps sur les marchés… bref, les donneurs d’ordre anonymes, inidentifiables pour les gouvernements eux-mêmes comme l’a piteusement avoué le ministre français des Finances, Mme Lagarde. Ceux qui jouent au yoyo avec les Bourses comme le chat joue avec la souris, anticipant les baisses et les hausses qu’ils suscitent de toutes pièces.

    Ces oligarques se recrutent en premier lieu parmi les représentants de la haute finance, des complexes militaro-industriels, des méga groupes du pétrole et la chimie ou du génie génétique, mais également parmi les idéologues et théoriciens attachés à la légitimation du « système », les nouveaux clercs (prêtres) de la religion du profit comme nouveau monothéisme, celui du marché. Or ces gens-là ont un tout autre discours en acte.

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    Pour Paul Volcker, directeur à la Maison-Blanche du Conseil pour la reprise économique, les Européens doivent accepter une gouvernance économique externe et placer l’euro à parité avec le dollar.

    Car comment expliquer l’évidente contradiction existant entre les inquiétudes exprimées par le président Obama — légitimes au demeurant, car les É-U ont besoin d’un euro fort pénalisant les exportations européennes, mais avantageant de cette manière les industries américaines ; un bonus utile au regard de déficits abyssaux (1400 milliards de dollars) et surtout nécessaire pour soutenir l’effort des guerres en cours, Irak, Afghanistan et Pakistan — et la poursuite de la déstabilisation en profondeur des économies occidentales par des attaques réitérées des marchés contre l’euro ?

    Aussi voraces, inconséquents voire irrationnels soient-ils, les « opérateurs » sont conscients que la poursuite de l’offensive contre l’euro met en péril le système dans son ensemble et risque de précipiter l’économie mondiale dans une nouvelle phase de chaos. Alors pourquoi cette danse au bord de l’abîme ? Nul ne nous fera croire à cette billevesée selon laquelle les marchés vivent de leur vie propre, qu’ils sont incontrôlables et que tout cela ne serait dû qu’à un emballement de la machine économique… Bref, que tout cela serait « la faute à personne » , mais la simple conséquence d’une impossibilité à gérer les acteurs et les dérapages irrationnels des marchés ?

    Alors disons-le tout net, le risque d’effondrement systémique est au cœur même de la partie qui se joue actuellement. Les grands joueurs, froids calculateurs, sont des adeptes manifestes de la « théorie des jeux » (de Neumann et Morgenstern), construction probabiliste à la base de ce qui fut la doctrine de la dissuasion nucléaire… Celui qui gagne est celui qui va le plus loin dans la surenchère létale. Un cas de figure qui correspond trait pour tait à ce que nous vivons actuellement : une déstabilisation croissante des économies européennes, avec des incidences non négligeables outre-Atlantique.

    Ajoutons que le chaos financier, monétaire et économique, des deux côtés de l’Atlantique est une indéniable aubaine, pour ceux, répétons-le, qui prospèrent dans le ressac des cours de Bourse, provoquant et anticipant les mouvements de panique et d’euphorie pour jouer indifféremment les courants ascendants et descendants sur des marchés rendus hystériquement erratiques.

    Au début du XXe siècle, l’économiste Werner Zombart théorisait pour sa part la « destruction créatrice » (reprise ensuite par Joseph Schumpeter). Depuis cette idée a fait son chemin via, entre autres, la théorie mathématique du Français René Thom (théorie dite des « catastrophes »). Revue et corrigée par Benoît Mandelbrot, celle-ci s’appliquera via la géométrie des fractales à la vie des marchés dès lors perçus comme relevant d’une théorie du chaos, décidément très à la mode.

    Entre-temps l’économiste Friedrich Von Hayek, l’un des théoriciens du néolibéralisme, prétendit hisser l’économie libérale au statut de science exacte. Ainsi, selon son hagiographe Guy Sorman « le libéralisme converge avec les théories physiques, chimiques et biologiques les plus récentes, en particulier la science du chaos formalisée par Ilya Prigogine. Dans l’économie de marché comme dans la Nature, l’ordre naît du chaos : l’agencement spontané de millions de décisions et d’informations conduit non au désordre, mais à un ordre supérieur »… On ne saurait mieux dire, car a priori nous détenons là la clef d’interprétation de la crise.

    À la fin des années 90, les néoconservateurs adeptes de Léo Strauss vont porter à son paroxysme logique le nouveau dogme du désordre supérieur en se faisant les chantres du chaos constreur comme légitimation a priori de toutes les guerres de conquête du XXIe siècle. De ce point de vue, chacun peut voir le chaos à l’œuvre dans le Greater Middle East comme il peut le voir à l’œuvre aujourd’hui en Europe.

    Gageons que le nouvel ordre régional que les grands agenceurs de chaos entendent faire sortir de la crise actuelle, sera une Europe unifiée, centralisée et fédérative, placée sous la coupe directe des États-unis par le truchement de la Réserve fédérale américaine dont la Banque centrale européenne ne sera plus qu’une succursale, et sous le regard vigilant du FMI, représentant ou émanation d’un pouvoir mondial émergent, aussi déterritorialisé que tentaculaire.

    On comprend assez vite que la déification du marché associée à l’idée d’un « chaos constructeur » lui-même complétée par un usage intensif de la théorie des jeux maniée par des adeptes de la démolition, constitue un mélange assez détonnant en passe de nous sauter au visage. Un constat s’impose ici : à savoir que le « chaos » (intentionnel) est à ce jour un mode de gouvernement, de transformation sociétale et de conquête sans coup férir. Une version dure du divide et impera (diviser pour régner) dussent les Nations périr et les peuples avec.

    Car le jeu en vaut la chandelle si à l’arrivée l’Europe se trouve mise à genoux. La Grèce — certes l’un des ventres mous de la zone euro mais pas tellement plus que l’Italie, l’Espagne, l’Irlande, le Portugal — a été jusqu’ici une sorte d’électron libre contrariant une pleine intégration des Balkans dans le maillage géostratégique états-unien.

    En guise de conclusion provisoire, si l’Union européenne, à l’occasion de la crise, avance à marche forcée vers une gouvernance économique fédérative, une étape sera franchie conduisant vers l’attribution d’un pouvoir quasi discrétionnaire à la Commission européenne pour l’essentiel composée de technocrates non élus et recrutés pour une allégeance atlantiste inoxydable. En clair, cela signifiera l’effacement des États-nations européens.

    De facto plus rien ne s’opposera plus à l’intégration de l’Europe au sein d’un Bloc transatlantique. À terme la fusion de l’euro et du dollar scellera la réunion de l’Ancien monde et Nouveau monde. Il ne s’agit évidemment pas de pures spéculations mais d’une simple projection des tendances architectoniques visiblement à l’œuvre dans le cadre un d’un processus de redistribution ou de recomposition géopolitique, de la carte mondiale. Autant dire que si la zone euro n’éclate pas, le sort des peuples européens semble définitivement scellé, c’est-à-dire enchaîné pour le meilleur et pour le pire à la « Destinée manifeste » des Etats-Unis. Cela indépendamment d’une réforme du système économique mondial. Les financiers y laisseront peut-être également des plumes si la Communauté internationale s’entend pour brider leurs appétits en réglementant les marchés, il n’en reste pas moins que les promoteurs du chaos constructeur auront partie gagnée en créant les conditions de nouveaux embrasements.

    Car le « pire », souvent évoqué en France par des hommes d’influence tels Bernard Kouchner et Jacques Attali, est ce qu’il y de moins improbable lorsque les gouvernements, le dos au mur, se voient réduits à la fuite en avant. Au Koweït en 1991, en Irak en 2003 parmi les buts de guerre à peine voilés se trouvaient en bonne place la relance du moteur économique par les chantiers prévus de reconstruction… Ceci pour ne pas mentionner d’autres intérêts plus évidents et plus immédiats tels les énergies fossiles, les ventes d’armes et tous les marchés qui en sont dérivés.

    Quels que soient les accords sur l’enrichissement d’uranium à usage médical passés entre la Turquie et l’Iran, quels que soient les contrariétés diplomatiques que ces rapprochements entre alliés et ennemis des États-unis procurent au Département d’État, il suffit de relire le fabuliste Jean de La Fontaine pour savoir que la rhétorique du loup l’emporte toujours sur celle de l’agneau ! Attendons-nous, dans le contexte actuel d’extrême fragilité de l’économie mondiale, à une sortie de crise par la douloureuse porte du chaos constructeur.

     

     

     Jean-Michel Vernochet

    Ancien journaliste au Figaro Magazine et professeur à l’École supérieure de journalisme (ESJ-Paris). Dernier ouvrage paru : Europe, chronique d’une mort annoncée (Éditions de l’Infini, 2009).

     

     

    http://www.voltairenet.org/article165451.html

     

     

     


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