• "En Iran, nos synagogues ne sont pas gardées, elles sont en sécurité."

     

     

     
    ciamak.jpgCiamak Morsadegh est le député représentant la minorité juive au Parlement iranien. Il vient d'effectuer une visite en France, où il a participé à un colloque sur les minorités religieuses dans la République islamique.
     

     
     
    Le Figaro : quel est le sens de votre visite en France ?
     
    Ciamak Morsadegh : A titre privé, j’ai rencontré des membres de la communauté juive française pour leur dire que la perception donnée par les médias des minorités religieuses en Iran est erronée. L’Iran a la plus large communauté juive du Moyen-Orient après Israël, avec entre 25 et 30 000 membres. Nous sommes politiquement et socialement intégrés. Nous n’avons pas de problèmes avec les musulmans. Il y a vingt ans, il y avait 35-40000 juifs en Iran. Après la révolution, certains ont émigré surtout aux Etats-Unis, moins de 1% sont allés en Israël. Savez-vous que nous avons l’un des taux d’assimilation et de mariages mixtes les plus faibles des communautés juives à travers le monde, à peine 2%. Nos jeunes n’ont pas de problèmes pour se marier. Nos synagogues ne sont pas gardées, elles sont en sécurité.
     

     
     
    Vous vous considérez d’abord comme juif ou comme Iranien ?Ce sont deux questions différentes. Je suis Iranien de nationalité, mais religieusement, je suis juif. Je prie en hébreu, mais je pense et parle en farsi. Comme près de 90% des juifs iraniens, je respecte le shabbat, je suis observant.
     

     
     
    Quand le président de la République, Mahmoud Ahmadinejad, met en doute la réalité de l’holocauste ou déclare qu’il veut rayer Israël de la carte, ne vous sentez-vous pas offensé par de telles attaques négationnistes ?
     
    Le président Ahmadinejad a dit qu’Israël, par sa politique agressive, serait tôt ou tard rayé de la carte. Quant à l’Holocauste, c’est une réalité historique que personne ne peut nier. Je sens cette blessure en moi. Des millions de juifs ont été massacrés. Personne ne peut dire le contraire. Mais qui sont les coupables ? Des Européens, et même des Français qui ont collaboré avec les Allemands. En tant que juif, je me sens vraiment attaché au souvenir de l’holocauste. Mais j’ai aussi le devoir d’empêcher que les droits de l’homme soient bafoués ici ou là. La victime ne peut s’arroger le droit de faire ce qu’elle veut, sous prétexte qu’elle a été victime. C’est pourquoi Israël doit cesser d’occuper la terre des Palestiniens. C’est mon devoir de défendre les Palestiniens dans leur combat pour leur indépendance. Il n’y a ni bonne ni mauvaise ségrégation.
     

     
     
    Comment améliorer les relations franco-iraniennes, actuellement exécrables ?
     
    L’Iran et la France ont beaucoup en commun : un passé révolutionnaire, un patrimoine culturel important. Les deux pays peuvent travailler ensemble, surtout aujourd’hui que la domination américaine est remise en question par de nombreux pays à travers le monde. Mais pour cela, les Français doivent définir une nouvelle ligne de conduite qui prenne en compte leurs intérêts propres, et non pas s’aligner derrière tel ou tel pays. Réfléchissez à ce que sont vos intérêts à moyen terme en Iran ? En s’associant à la décision de sanctionner l’Iran à l’ONU, la France va perdre beaucoup d’opportunités d’investissements dans notre pays, qui est un pays riche dans lequel les entreprises françaises avaient une position importante il y a seulement cinq ans de cela.
     

     
     
    En cas de frappes militaires contre l’Iran, comment réagiront vos concitoyens ?
     
    Je n’imagine pas que des militaires occidentaux  mettent à exécution un tel projet. Mais je rappellerai tout de même un point d’histoire. Pendant la guerre que nous déclara l’Irak en 1980, et que beaucoup de pays occidentaux soutenaient dont la France afin de faire pression sur l’Iran révolutionnaire, qu’a fait le peuple à l’époque ? Les Iraniens se sont serrés les coudes. Peu importe les ethnies, peu importe les religions : lorsqu’il s’agit de la défense de l’intégrité territoriale, il n’y a plus de différence entre un juif, un musulman et un chrétien en Iran. Tous les Iraniens seront prêts à sacrifier leur vie pour défendre leur pays.
     

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  • Segolene_Royal.jpg

     

    J'ai attendu quelques heures pour mettre ces extraits du discours de Sélogène Royal qui date d'hier.

    Le bog de l'express titre sur la Statue Africaine offerte à Ségolène par Martine,

    Le Figaro met les vidéos (bravo)  des discours de ségolène et martine...

    http://www.lefigaro.fr/elections-europeennes-2009/2009/05/27/01024-20090527ARTFIG00583-aubry-et-royal-mettent-en-scene-leur-unite-.php

    Et pour lui avantage à l'applaudimètre à Martine !

    Quand à la presse dite de gauche elle ne parle quasiment que de la forme tout comme la presse régionale elle met tout de même les extraits des discours de Ségolène et Martine mais pas grand-chose de plus . Quand à libération il nous dit carrément que La maire de Lille enverrait bien la présidente de la région Poitou-Charentes ramasser des feuilles en automne.  Même si c'est de la caricature avec Polémix et la Voix Off

     

    Quelques extraits de la presse régionale qui ne fait à priori que très peu d'analyse de fond.

    http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/revues_de_presse/francaise/20090528.OBS8319/le_meeting_commun_daubry_et_royal.html

     

    Pourtant il y avait de quoi faire, sur ce discours ! Certes on pouvait parler de la robe de Ségolène, de la statue de Martine mais sur le fond, il y avait quand même pas mal de choses à dire. Je vous laisse apprécier

    (j'ai souligné les points qui m'ont paru essentiels, mais c'est purement subjectif...)

     

    Rien ne peut se faire sans l'unité de la gauche.
    Et l'unité de la gauche ne peut se faire sans l'unité des socialistes.

     

    Pour contrer une droite puissante et arrogante qui vient de nous inventer le travail à domicile pour les salariés malades et les femmes enceintes, nous nous avons la puissance de notre idéal de justice et de fraternité.
    Aujourd'hui, ce qui menace, c'est l'abstention, l'indifférence parfois même le dégoût.

    (...)

    Ecoutez ce que disaient les « Conti » de Clairvoix en manifestant en Allemagne avec les ouvriers allemands : « on voudrait nous mettre en concurrence mais nous sommes main dans la main, poing dans le poing, Français, Allemands, Européens ».
    Poing dans le poing. Salariés, cadres, jeunes, femmes, retraités d'Europe, unissons-nous, tous ceux qui veulent pour leurs enfants des jours meilleurs, unissons-nous.
    Unissons-nous malgré les épreuves, malgré les doutes, malgré les peurs, malgré le ras le bol, malgré le découragement.

    Unissons-nous pour l'Europe sociale. Personne d'autre que la gauche pour la construire. Personne.

    Et dans socialiste il y a social, et c'est sur nous que repose la responsabilité et le devoir de faire l'Europe Sociale.

    C'est pourquoi, je lance un appel vibrant à la participation. Les travailleurs frappés de plein fouet par la crise libérale et financière doivent être au premier plan de l'Europe sociale.

    Salariés de Gandrange « l'Europe sociale a besoin de vous ».
    Salariés de Continental « l'Europe sociale a besoin de vous ».

    Salarié de Molex, d'Heuliez, de Peugeot, « l'Europe sociale a besoin de vous ».
    Salariés de toutes les entreprises menacées, fragilisées, subissant des plans de licenciement dont plusieurs dizaines annoncées encore ce matin à travers toute l'Europe.

    Nous sommes solidaires de vous, qui subissez les logiques féroces du capitalisme financier.

    Salariés de Natixis, Calyon, Sanofi-Aventis, MBO et Innovex, Continental, Renault, Valeo, Tyco Electronics, Faurecia, Rieter, Fulmen, Scapa, Amora, Alcatel-Lucent, Nufarm, Hewlette-Packard, Celanes, l'Europe a besoin de vous.
    Femmes discriminées dans leur salaire, salariés précaires, jeunes sans emploi et sans espoir, artisans et commerçants, l'Europe sociale a besoin de vous.

    Agriculteurs, producteurs de lait en colère, chefs d'entreprise, entrepreneurs sans soutien bancaire, l'Europe sociale a besoin de vous.

    Enseignants et chercheurs abandonnés, l'Europe sociale a besoin de vous.

    Salariés de tous les secteurs publics, éducation, recherche, hôpital, transports, justice, police, défense nationale, l'Europe sociale a besoin de vous.

    Travailleurs étrangers malmenés, l'Europe sociale a besoin de vous.

    Oui, l'Europe sociale a besoin de vous, et, bien au-delà des socialistes, toutes celles et ceux qui ne se reconnaissent pas dans l'axe Sarko-berlusconien et qui le refusez, mobilisez-vous !

    Parce que nous avons soif de liberté d'expression, de dignité, de respect, de culture, d'éducation, de valeurs  morales.

    Oui, pour tout cela, mobilisons massivement.

    Et c'est pourquoi je lance un appel vibrant à la participation.

    La crise nous donne une leçon. Elle nous aura montré que par delà nos différences, nous affrontons les mêmes séismes et les mêmes défis.

    Je lance ce soir un appel à un nouveau patriotisme européen, un esprit d'engagement et de responsabilité.

    C'est parce que vous serez nombreux et exigeants que nous aurons, comme le dit la belle devise de l'Internationale socialiste « Le courage de faire la différence ».

    C'est quoi faire la différence ?

    C'est que l'esprit de paix l'emporte sur les conflits et les souffrances, que la justice sociale l'emporte sur l'injustice libérale, que la culture l'emporte  sur l'obscurité, que le respect l'emporte sur le racisme ordinaire , que la générosité de la vie l'emporte sur la brutalité qui humilie, que la cohésion l'emporte sur la division, que la fraternité l'emporte sur toutes les formes de mesquinerie et que la construction d'une sécurité et d'un ordre juste - avec une justice et une police républicaine, dotée de moyens et de considération - l'emporte sur l'hystérie législative de la droite pour mieux faire oublier qu'elle est chargée de ces questions depuis 2002 ; qui fait que la République ne sait plus où elle en est lorsque des enfants de 6 ans sont mis en garde à vue pour un vol de vélo qu'il n'ont pas pris.

    Venez voter toutes celles et ceux qui veulent que ça change. Ne vous abstenez pas.

    Le combat est difficile mais tellement important. La confiance est à reconquérir. Tout devrait réussir à la gauche européenne. La faillite de Wall Street et la crise financière mondiale ont entraîné la condamnation du libéralisme et ont fait place à des demandes que la gauche a toujours défendues : le besoin d'Etat, la demande de protection sociale, des règles financières réelles, la nécessité de mettre la finance au service de l'économie et l'économie au service du progrès humain, l'urgence écologique

    Seulement voilà, les droites au pouvoir ont aussi compris cette mutation. Et après avoir, comme la droite en France, promis les ruptures libérales et même affirmé leur admiration du système des prêts hypothécaires de l'administration Bush, parce qu'au lieu de distribuer du pouvoir d'achat elles ont distribué du crédit, les droites retournent leur veste et reprennent sans vergogne le vocabulaire de la gauche, sans changer pour autant de politique : mollesse dans la régulation d'un système bancaire qui n'en fait toujours qu'à sa tête, injustice fiscale insolente qui perdure, des paradis fiscaux d'autant plus prospères que les dénonciations n'ont été suivi d'aucunes actions, des services publics en détresse comme l'enseignement supérieur , l'hôpital, la culture et la recherche.

    Qu'est ce qu'un contrat non tenu ? N'est ce pas un abus de  confiance ? Une promesse non tenue, n'est ce pas un abus de confiance ? que la fraternité l'emporte sur toutes les formes de mesquinerie et que la construction d'une sécurité et d'un ordre juste - avec une justice et une police républicaine, dotée de moyens et de considération -

    Et enfin - et la liste n'est pas close - une timidité coupable  de la droite dans les politiques de développement durable alors que le réchauffement planétaire s'accélère et qu'il y a, dans la croissance verte, la clé d'un combat victorieux contre la désindustrialisation de l'Europe.

    Et qui peut dire que les valeurs écologiques ne sont pas de gauche ? Elles le sont. Profondément. Voilà pourquoi.

    Penser aux générations futures avant de penser à soi-même, partager un patrimoine que l'on sait limité, réparer ce qui a été détruit par l'autre, économiser l'eau même si on la croit abondante, penser qu'à l'autre bout de la planète, des centaines de millions d'êtres humains n'ont pas accès à l'eau potable et que les guerres, les déplacements massifs de population viendront désormais de la lutte pour l'accès à l'eau potable. Oui, ces raisons et ces façons de faire et de penser sont passionnément de gauche.

    La crise a révélé notre communauté de destin. De Paris à Vilnius, de Stockholm à Athènes, il existe une fraternité de ceux qui souffrent et qui espèrent, une fraternité des peuples, et une « communauté des ébranlés » pour reprendre le beau et le puissant concept du philosophe Jan Patockà.

    Notre devoir est là, à nous les gauches européennes, c'est la tâche historique de notre génération, au même titre que celle d'avant nous a fait l'élargissement et la réunification après la chute du mur, et que celle d'avant a fait l'Europe après les horreurs de la guerre.

        Oui, la tâche historique de notre génération c'est de transformer les ébranlements, les basculements de notre époque pour construire, grâce à un idéal d'avenir commun, une nouvelle harmonie humaine, bâtie sur des actions concrètes et efficaces.
    Oui, je crois que nous sommes engagés dans une profonde mutation, ce  basculement des repères,  et  c'est  à nous, socialistes européens, de construire cette nouvelle civilisation.
    Regardez la carte politique de l'Europe.

    Le constat est là. Au fil de la décennie qui vient de s'écouler, nous avons assisté à l'impitoyable progression de cette droite décomplexée qui séduit en flattant ce qu'il y a de plus négatif dans la nature humaine :

    -  l'individualisme  là où nous, nous pensons qu'il ne peut y avoir  concorde civile que dans la cohésion sociale. 

    - l'avidité : boulimie  d'argent , de bénéfices, de stock options,  d'acquisitions, de pouvoir , de retraites chapeaux, de parachutes dorés :  là ou nous, nous pensons que le progrès social passe par le soutien  aux  entreprises  mais aussi   par  une redistribution plus juste. 
    - la brutalité : le plus fort écrase le plus faible, là où nous, nous pensons  qu'il faut avant tout rendre leur dignité humaine à ceux qui se sentent humiliés.

         - l'imposture : faire croire aux pauvres qu'ils peuvent devenir riches et aux classes moyennes qu'elles peuvent progresser alors que jamais le descenseur social n'a été aussi cruel.

         - le populisme : diviser, dresser certaines catégories les unes contre les autres , menacer, puis flatter. Là où nous, socialistes,  pensons que le respect de chacun, du citoyen au parlementaire d'opposition, du journaliste critique au salarié ou à l'étudiant en grève est une condition des réformes efficaces et rapides.

    - la démagogie : vider les mots de leur sens tout en préservant les privilèges fiscaux et clientélistes pour leurs amis. Là où nous socialistes pensons que les citoyens éclairés ont droit à un langage de vérité.

    Les voilà les repères de cette droite décomplexée dite «  moderne » : individualisme, avidité, brutalité, imposture, populisme et démagogie.

    A ce cynisme libéral, nous devons opposer la réconciliation sociale. La tâche est difficile, mais parce que nos idées sont plus grandes que nous et que nous les servons, nous aurons la force de réussir.

        La réconciliation sociale est un  vaste chantier.

    - réconcilier le citoyen avec cette Europe qui semble si lointaine. Une Europe qui ne doit plus être étrangère à la souffrance de ses ouvriers, licenciés dans le flot des délocalisations, de ses cadres moyens, qui se demandent s'ils vont eux aussi préserver leur emploi, de cette jeunesse , frappée plus que tout autre catégorie par le chômage et par un mal plus pernicieux encore : l'impossibilité à imaginer le futur.

    - Il faut aussi réconcilier la gauche avec la radicalité qui se développe partout en Europe.

    Oui je crois qu'il faut se battre, donner de la voix, mener le rapport de force jusqu'au bout lorsqu'une situation est parfaitement injuste et qu'elle résulte d'un cynisme absolu de quelques prédateurs financiers avec la complicité des pouvoirs en place.

        Parce que nous sommes de gauche, nous avons aussi le devoir d'agir puissamment en faveur des jeunes, qui sont particulièrement frappés par le chômage en Europe ; cette jeunesse en colère qui , manifeste un peu partout avec tant de force son angoisse de demain.

         C'est à nous, socialistes européens, de mener ce  grand plan de lutte contre le chômage des jeunes,  véritable fléau qui frappe les 27 pays de l'Union.

    Non, ne nous résignons pas à voir triompher, année après années, en Europe les forces les plus conservatrices qui divisent là où nous devons unir.

    Non, ne nous résignons pas à l'avidité des plus fort là ou nous devons protéger les plus  vulnérables.

    Non, ne nous résignons pas aux préjugés et aux idées reçues là ou nous devons inventer et briser les dogmes dépassés.

    Non, ne nous résignons pas au repli identitaire là où nous devons  regarder au-delà de la ligne d'horizon.

    Oui, c'est notre mission historique, à nous socialistes européens, de retrouver notre unité, notre combativité, notre efficacité pour faire triompher ce social-humanisme du 21 ième siècle.

        Chers amis, chers camarades,

    Un mot pour conclure.

    Je voudrais m'adresser à nos candidats, dont je souhaite qu'ils soient demain tous nos députés européens.

    Je voudrais leur dire combien grande est la mission d'un élu du peuple. Mais la vôtre, la leur, est particulière. Elle est unique.

    Demain à Strasbourg et à Bruxelles, vous serez les peuples de l'Union européenne ; vous serez les peuples d'Europe. Vous serez porteurs  de nos espérances. Alors ne les décevez pas.

    Vous travaillerez, vous assisterez aux séances, vous ferez des lois, vous ferez tout cela et nous le savons.

    Mais vous devez faire plus, vous devez faire l'Europe unie, l'Europe unie des peuples d'Europe.

    Votre mandat sera peut être historique, il dépend de  vous qu'il le soit.
    La crise arase les statuts, les salaires dévalent la pente, l'insécurité sociale grandit, le climat malade bouleverse nos équilibres, l'environnement est pollué par la cupidité.

    Il y a urgence.

    Et comme toujours, dans ces moments là, les mauvais démons de la  xénophobie, du nationalisme revanchard, ou de la haine communautariste sont à l'affût.

    Alors il faut que les peuples s'unissent. Et pour cela il faut que les élus, les députés, donnent l'exemple de l'union, le signal de la marche en avant.

    Face aux périls nous aurons besoin d'un continent uni.
    Face aux dangers, nous aurons besoin d'un parlement à l'avant-garde de la démocratie en Europe. Portant la voie des peuples.

    Nous aurons besoin d'un gouvernement démocratique en Europe, pas seulement d'un gouvernement économique, pas seulement d'un directoire de la zone euro.

    Car quand les dangers se feront plus pressants nous devront décider en commun de notre avenir.

    Il est là le moment. Le rêve d'hier des bâtisseurs. Elle est là, la nécessité pour demain.
    Il est là le tournant, le message secret des berlinois qui éboulaient le mur de Berlin, rassemblant deux villes en une seule, deux Europe en une seule.

    C'est cela qu'attendent, même confusément, les peuples. Et c'est cela qui les dépite, tellement nous leur répondons en deçà de leurs désirs, nos désirs,  parfois les plus enfouis.

    Nous peuples d'Europe nous ne demandons pas une directive de plus, même si c'est utile.
    Nous ne demandons pas un règlement de plus, même si c'est indispensable.

    Nous socialistes, nous peuples d'Europe qui voulons une vie meilleure, nous voulons plus d'Europe et, mieux encore, une Europe de plus.

    Une Europe plus juste, plus attentive, plus démocratique, plus efficace, plus passionnée, plus combative pour la paix du monde. Qui, par exemple, est capable de se dresser contre la junte birmane en gelant leurs avoirs financiers pour obtenir la libération d'Aung San Suu Kyi. Par exemple en soutenant la Fédération Internationale des Droits de l'Homme qui a fait la proposition de priver la junte de ses revenus gaziers en les versant sur un compte placé sous séquestre et sous le contrôle de la Communauté internationale, tant que persistera en Birmanie l'asservissement d'un peuple.

    A vous les députés européens socialistes de saisir toutes les occasions pour faire bouger les lignes et laisser envahir d'espoir les travées du Parlement européen.

    A vous de décider que nos prochaines listes seront transnationales ;

    A vous de décider que nous élirons un président de l'Europe ;

    A vous de décider le moment venu qu'il faut enfin créer les Etats-Unis d'Europe.

    Saisissez l'occasion, ne la laissez pas passer, elle sera historique. N'écoutez pas le moment venu ceux qui vous diraient que ce n'est pas votre mandat. Les délégués des Etats généraux n'avaient pas reçu non plus le mandat de décréter les droits de l'homme.
    Et pourtant ils l'ont fait. Et qui songerait à leur reproche ?

    N'hésitez pas à faire rentrer l'Europe dans l'histoire.

    Appelez les parlements nationaux en renfort. Ils vous rejoindront.
    Appelez les peuples en soutien, ils convergeront.

    Des obstacles vous en aurez. Les forces de l'argent vous barreront le chemin. Et si vous trébuchez, relevez-vous. Reprenez votre souffle pour continuer l'effort jusqu'à la ligne d'arrivée.

    Ce jour là, enlevez vos écouteurs et écoutez le tumulte des places et des rues, la joie et la fête, un langage qui se passe de traduction, le langage des peuples unis.

    Ce jour là vous proclamerez les Etats-Unis d'Europe.

    Et si ce n'est pas ce jour là ce sera le lendemain, et si ce n'est pas le lendemain, remettez vous au combat et à l'ouvrage. Mais ce jour viendra.
    Sinon, l'alternative nous la connaissons parfaitement et il n'y aura pas d'échappatoire lorsqu'il faudra dresser les bilans :

    Ou l'Europe marche vers l'unité politique, ou elle se disloquera dans les nationalismes.  Et souvenons-nous de François Mitterrand, le nationalisme c'est la guerre.

    On ne veut pas de la guerre économique de tous contre tous, où l'homme devient un loup pour l'homme.

    A l'opposé, nous les connaissons les ciments politiques des Etats Unis d'Europe : justice sociale au service de l'efficacité économique, démocratie exemplaire, combat écologique, libertés.

    Les socialistes se sont donné la mission de l'Europe unie, sociale et humaniste.

    C'est aux socialistes, fidèles à leur promesse,  de préparer le grand destin politique qui attend les peuples du continent et c'est à nous de le commencer dans le futur parlement européen d'abord.

    Vous aurez, futurs députés européens, mandatés par les peuples impatients, une grande responsabilité.

    Nous vous regarderons, nous vous soutiendrons.

    Concentrez-vous sur l'essentiel, car à force de sacrifier l'essentiel à l'urgent, on oublie l'urgence de l'essentiel.

    Rendez-vous le 7 juin, c'est urgent, c'est essentiel ! Pas nous.

    Que pas une voix ne manque.
     

     

    Les quelques point que je retients

    Entre l'Europe Sociale, l'unité Politique , l'appel à la réconciliation sociale, que la fraternité l'emporte sur toutes les formes de mesquinerie et que la construction d'une sécurité et d'un ordre juste - avec une justice et une police républicaine, dotée de moyens et de considération - l'emporte sur l'hystérie législative de la droite pour mieux faire oublier qu'elle est chargée de ces questions depuis 2002

    Ce dernier point me parait essentiel. Depuis 2002, ni l'Europe ni la France n'a connu la crise ou la récession de façon constante, pour autant la situation de la France n'a cessé de se détériorer

    Alors le 7 juin Votez !

    Lire la suite : http://front-europeen-et-republicain.blogspirit.com/archive/2009/05/28/segolene-royal-pour-un-patriotisme-europeen.html.

     

    http://www.come4news.com/index.php?option=com_content&Itemid=999&id=27088&task=view&mosmsg=Impossible+de+voter+deux+fois+de+suite+%21

     

     


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  • DSK, le queuttard sioniste aux ordres du système mondialiste, s'apprête à remplacer le nabot. 

    DSK à la place de Sarkozy ?

    La peste ou le choléra ! (Thierry Meyssan)

     

    Note de TSS: l'article ci-après date d'octobre 2007. Nul doute qu'il sera bientôt actualisé...Les veaux étant ce qu'ils sont et la France ce que nous savons qu'elle est devenue, les media dominants préparent chaque jour les esprits égarés à une candidature DSK. Le titre est, bien entendu de TSS, dans son style inimitable.


    Dominique Strauss-Kahn est un homme aimable et cultivé. Il s’est construit une image positive d’homme de gauche soucieux du bien être des plus démunis. Mais alors, comment est-il devenu directeur général du Fonds monétaire international, l’organisation internationale qui a institutionnalisé le pillage des pays du Sud ? Thierry Meyssan répond en révélant tout ce que la presse mainstream vous a caché depuis des années sur les relations de DSK avec les États-Unis.


    La nomination triomphale de Dominique Strauss-Kahn à la direction générale du Fonds monétaire international (FMI), le 28 septembre 2007, a donné lieu à deux messages contradictoires. D’un côté la presse occidentale exalte la capacité du bloc atlantiste à imposer son candidat face à celui de la Russie, Josef Tosovsky ; d’autre part, elle affirme que la principale mission de M. Strauss-Kahn sera d’associer plus largement les pays du Sud aux décisions, c’est-à-dire de mettre fin à la domination du bloc atlantiste.


    Avec chauvinisme, la presse française se félicite que des Français se trouvent aujourd’hui à la tête de quatre grandes organisations internationales. En effet, outre Dominique Strauss-Kahn au FMI, Pascal Lamy dirige l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), Jean Lemierre préside la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD), et Jean-Claude Trichet la Banque centrale européenne (BCE). Mais doit-on mettre ces quatre institutions sur le même plan ? Et surtout, doit-on se réjouir d’une situation qui, loin de manifester la place de la France dans le monde, illustre l’intégration des élites françaises dans la mondialisation, c’est-à-dire leur acharnement à détruire leur pays, en tant qu’État-nation, un cadre politique qu’ils jugent dépassé ?


    Le dernier exploit en date laisse songeur : le FMI est une des organisations internationales la plus critiquée dans le monde. Il a abondamment financé l’installation de dictatures dans les pays du Sud, notamment en Argentine, au Brésil, en Indonésie, au Nigéria, aux Philippines, en Thaïlande etc… En outre, ses exigences soudaines de remboursement immédiat de prêts ont contraints des États à sacrifier leur avenir en dévaluant et en fermant écoles et hôpitaux. Ses adversaires l’accusent donc d’avoir provoqué, par l’oppression et la famine, des centaines de millions de morts en un demi-siècle, c’est-à-dire bien plus que les agressions militaires des États-Unis durant la même période. De son côté, le FMI considère au contraire que ses politiques « d’ajustement structurel » loin d’avoir provoqué ces catastrophes y ont mis fin. Des « Prix Nobel » d’économie aussi divers que le néo-keynésien Joseph Stiglitz ou le libertarien Milton Friedman ont accusé le FMI d’être le grand organisateur des déséquilibres Nord-Sud. En effet, l’action principale du FMI aura été de financiariser l’économie mondiale, permettant ainsi aux spéculateurs du Nord de s’enrichir en exploitant le travail, plus encore que les ressources, des pays du Sud. S’il n’était la vénération que la société de consommation voue à ses banquiers, il y a longtemps que le FMI aurait été déclaré organisation criminelle. Pourtant, c’est bien cette institution que le socialiste Dominique Strauss-Kahn a ambitionné de diriger, et c’est bien M. Strauss-Kahn qui a obtenu le soutien appuyé des grands argentiers de la planète, pressés de toutes parts par les multinationales les moins scrupuleuses.


    Si l’on laisse de côté l’intérêt personnel de Dominique Strauss-Kahn, qui devient ainsi le haut-fonctionnaire le mieux payé de Washington avec un salaire annuel de base de 461 510 dollars net d’impôts, l’on doit se poser la question de ses objectifs politiques. Pour y répondre, jettons un coup d’œil sur sa biographie et découvrons-y ce que la presse mainstream cache depuis des années : ses liens avec les principaux dirigeants de l’administration états-unienne.


    Issu d’une famille aisée de gauche, « DSK » a été élevé au Maroc, puis à Monaco. Il reçoit une éducation juive —plus séfarade qu’ashkénaze—, à laquelle il accorde plus d’importance au plan culturel que religieux. Il est diplômé de Sciences-Po Paris, ancien élève d’HEC, licencié en droit et agrégé de sciences économiques. Il se destine à être avocat d’affaires.


    Il entre en 1976 au Parti socialiste où il milite au Cères, le courant social-étatiste animé par Jean-Pierre Chevènement. Il ne tarde pas à s’en séparer pour se rapprocher de Lionel Jospin et Jean-Christophe Cambadélis, les deux meilleurs élèves français d’Irving Brown, l’agent de liaison de la CIA avec la gauche ouest-européenne [1]. Jospin et Cambadelis sont issus d’un petit parti trotskiste (les « Lambertistes ») traditionnellement lié à la CIA. Avec une centaine de camarades, ils ont infiltré le PS et ont réussi à prendre les renes.


    Il entre en 1986 à l’Assemblée nationale à la faveur du scrutin proportionnel alors brièvement mis en place. Il choisit de s’implanter, en 1988, dans une circonscription du Val-d’Oise, à Sarcelles, qui abrite une forte communauté juive. Il s’y fait élire en faisant jouer le réflexe identitaire. Il devient président de la Commission des finances de l’Assemblée, puis, en 1991, ministre délégué à l’Industrie et au Commerce extérieur auprès du ministre de l’Économie Pierre Bérégovoy. Tout oppose les deux hommes : « DSK » est un brillant dilettante vivant au milieu des grandes fortunes comme un poisson dans l’eau, tandis que « Béré » est un pénible tâcheron partagé entre ses idéaux ouvriers et son besoin de reconnaissance personnelle par le monde de la finance. « DSK » s’amuse de se dire socialiste tout en faisant le contraire, tandis que « Béré » a des états d’âme.


    Alors qu’il est ministre délégué à l’Industrie, il a connaissance des problèmes rencontrés par son ami Jean Peyrelevade à la tête du Crédit Lyonnais. Il intervient personnellement pour favoriser diverses opérations hasardeuses réalisées en faveur de son ami Franck Ullman-Hamon. Cet homme d’affaires est connu pour avoir par ailleurs réalisé diverses interventions en Amérique latine pour le compte d’Israël et pour être actionnaire-fondateur du magazine Marianne de Jean-François Kahn. Les montages de M. Ullman-Hamon avec les filiales du Crédit lyonnais coûteront plusieurs dizaines de millions de francs au contribuable français.


    À la même époque, Dominique Strauss-Kahn épouse à la synagogue —en troisièmes noces— une star d’une rare beauté, Anne Sinclair, la journaliste préférée des Français. Le couple choisit de tenir la presse à l’écart de la cérémonie, mais de donner de l’éclat à la fête au sein de la communauté juive, où ils s’affirment comme des personnalités brillantes. Leurs deux témoins de mariage sont le professeur de philosophie Élisabeth Badinter (héritière du Groupe Publicis et épouse du Garde des Sceaux Robert Badinter) et la journaliste Rachel Assouline (épouse du patron de presse Jean-François Kahn).


    En 1987, il se démarque de François Mitterrand, il conduit une délégation du Parti socialiste en Israël et se rend à la mairie de Jérusalem qu’il considère comme capitale de l’État hébreu. En 1991, il participe à un voyage de solidarité en Israël, organisé par le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) en pleine Guerre du Golfe.


    En 1994, usant de sa qualité d’ancien ministre de l’Industrie, il créé le Cercle de l’Industrie auquel il parvient à faire adhérer en six mois 48 des 50 plus grands patrons français. La moitié d’entre eux au moins payent une cotisation annuelle de 200 000 F pour que leurs intérêts soient défendus à Bruxelles. Il laisse la présidence de cette association patronale à Raymond Lévy (ex-Pdg de Renault) et en assure la vice-présidence. Incidemment, le même Raymond Lévy sera nommé à la tête du Consortium de réalisation, chargé de liquider les placements pourris du Crédit Lyonnais et, au passage, d’étouffer les affaires Ullman-Hamon.
    Simultanément, DSK devient consultant auprès des mêmes patrons ou avocat d’affaires et établi son bureau dans les locaux du Cercle. La Cogema, la Sofres et EDF, entre autres, lui versent des émoluments exorbitants pour quelques conseils ou un mot transmis à un grand de ce monde. Cette activité peu contraignante lui assure des revenus de plus de 2 000 000 F par an [2].
    Par la suite, il donne des cours à l’université, à Stanford et Casablanca, sans compter des conférences ici et là, toujours royalement payées.
    Précisément, aux États-Unis Stanford est le bastion des Républicains. C’est là qu’ils ont leur propre centre de recherches, la Hoover Institution [3]. À l’époque, le prévôt de Stanford —c’est-à-dire la personne qui négocie l’engagement de Dominique Strauss-Kahn— n’est autre que Condoleezza Rice [4]. Sur place, Dominique Strauss-Kahn fait la connaissance de George P. Schultz et des universitaires qui formeront le vivier de l’administration Bush.


    En 1995, il rédige la partie économique du programme électoral de Lionel Jospin, candidat à la présidence de la République, Propositions pour la France. Il défend alors le principe de la « taxe Tobin » sur les transactions en devises, dont il affirmera plus tard qu’elle est impraticable.


    Député de Sarcelles, il en est aussi brièvement le maire, avant d’en confier les clefs à son fidèle François Pupponi. Le temps de « jumeler la plus juive des communes françaises avec la plus française des communes d’Israël », Netanya.


    De 1997 à 1999, il est ministre de l’Économie et des Finances. Il pilote le passage à l’euro et la privatisation de France-Télécom. Surtout, il fait entrer la France dans le processus de financiarisation de l’économie en multipliant les mesures démagogiques sectorielles. L’adoption de la semaine de 35 heures diminue considérablement le nombre d’heures travaillées ; tandis que l’exonération de charges sociales sur les stock-options déplace les revenus des cadres du travail vers la finance. Il résulte de cette politique que le début de décroissance de la production française est compensée, au plan statistique, par un développement des profits financiers. Cependant, en fin de compte, le pouvoir d’achat des classes moyennes s’effrite sensiblement.


    Dominique Strauss-Kahn fréquente les cercles les plus prestigieux du pouvoir. Dès 1993, on le voit au Forum de Davos. Anne Sinclair l’introduit au Siècle, l’association la plus mondaine de Paris. Puis, Antoine et Simone Veil le font entrer au Club Vauban. En 2000, l’OTAN l’invite au Club de Bilderberg où il retrouve Pascal Lamy et Jean-Claude Trichet qui occupent avec lui aujourd’hui de prestigieux fauteuils dans les institutions internationales.


    Dominique Strauss-Kahn est piégé par son perpétuel mélange des genres entre engagement politique et lobbying rémunéré. Il fait l’objet d’une mise en examen dans une affaire concernant la principale mutuelle étudiante, la MNEF, puis dans une autre relative à la caisse noire de la compagnie pétrolière nationale Elf. Les magistrats estimeront en définitive que ses activités étaient licites, à défaut d’être morales.

     

    Cependant les instructions pénales et une commission d’enquête parlementaire mettront en évidence ses méthodes peu orthodoxes. Lionel Jospin, lorsqu’il était ministre de l’Éducation, avait modifié par décret le taux des remboursements effectués à la MNEF par la Sécurité sociale, transformant la Mutuelle en véritable pompe à finances pour le compte du PS. Puis, il avait étendu les activités de la MNEF dans les campus toujours pour détourner plus d’argent. Dominique Strauss-Kahn lui-même recevait des émoluments considérables pour des prestations imaginaires. Plus tard, il avait fait prendre en charge le salaire de sa secrétaire au Cercle de l’Industrie (ou à son cabinet, il n’est guère possible de différencier) par le groupe Elf.


    Derrière des manières policées, un goût prononcé pour la bonne chère et les belles femmes, Dominique Strauss-Kahn est un tueur : lorsqu’apparaît, à titre posthume, l’enregistrement vidéo du promoteur immobilier Jean-Claude Méry mettant en cause Jacques Chirac, on ne tarde pas à découvrir qu’il est un des organisateurs de ce mauvais coup.


    Ses démêlés avec la Justice l’écarteront un temps de la scène politique. Pendant sa traversée du désert, son épouse, Anne Sinclair, fera preuve de sang-froid et de dignité, plaidant auprès du public en sa faveur par sa seule attitude.


    Opérant son grand retour, en 2001, après avoir bénéficié de non-lieux, il prend en mains le développement de la Fondation Jean-Jaurès, le partenaire de la National Endowment for Democracy (NED) pour la gauche française [5]. La chose est d’autant plus aisée que, depuis Stanford, il connaît la nouvelle conseillère nationale de sécurité des États-Unis Condoleezza Rice, et que c’est la sœur adoptive [6] de celle-ci, Mardeleine Albright qui dirige le National Democratic Institute (NDI), organisme tampon de la NED chargé d’acheminer les subsides du département d’État US dans les caisses du Parti socialiste français.


    En 2003, le German Marshall Fund of the United States, une des principales officines atlantistes, crée un Forum sur le commerce et la pauvreté. DSK devient l’un des six administrateurs, rémunéré comme toujours [7]. Il y écrit, ou tout au moins signe, divers rapports en faveur du libre-échange absolu.


    La même année, il contraint un expert du Parti socialiste, Pascal Boniface, à démissionner. Ce spécialiste en relations internationales a eu le toupet de souligner que le soutien aveugle du parti à Israël est idéologiquement incohérent et électoralement contre-productif alors que le PS doit ambitionner de réunir derrière lui les six millions de Français de culture arabe.
    En outre, Dominique Strauss-Kahn pilote la création du Cercle Léon Blum, au sein du PS, dont l’objectif est de veiller au soutien du parti au mouvement sioniste.


    En 2004, il déclare lors d’une interview sur France-Inter : « Je considère que tout juif de la diaspora et de France doit apporter son aide à Israël. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est important que les juifs prennent des responsabilités politiques. En somme, dans mes fonctions et dans ma vie de tous les jours, à travers l’ensemble de mes actions, j’essaie d’apporter ma modeste pierre à la construction d’Israël. » [8]


    En 2005, il lance les clubs « À gauche en Europe » (AG2E) en faveur du « oui » au référendum d’approbation du projet de Traité constitutionnel européen. Il travaille alors en lien avec le Policy Network (Grande-Bretagne) et la Fondation Friedrich-Ebert (Allemagne). Mais les Français votent « non ».


    En 2007, alors que l’écrivain Claude Ribbe ouvre un débat sur les conséquences sociales actuelles de l’esclavage et de la colonisation, DSK participe activement à la création du Conseil représentatif des noirs de France (CRAN), une organisation qui bénéficie de conseils techniques de spécialistes israéliens et reproduit le modèle du Conseil représentatif des juifs de France (CRIF) [9]. À défaut de trouver un écho parmi les noirs de France, cette initiative sera une réussite médiatique, comme l’avait été quelques années plus tôt la création de SOS Racisme pour stopper la structuration des beurs.


    Lorsque s’ouvre la compétition au Parti socialiste pour désigner le candidat à l’élection présidentielle de 2007, Dominique Strauss-Kahn apparaît à la fois comme le candidat le mieux placé face à son rival déclaré, l’ancien Premier ministre Laurent Fabius, et comme le candidat officiel des États-Unis pour la gauche française. Ainsi, il donne un entretien à la revue néo-conservatrice Le Meilleur des mondes, dans lequel il brocarde la politique arabe de la France et plaide pour un rapprochement avec Washington et Tel-Aviv [10].


    Tout semble réglé à l’avance. Les cotisations d’adhésion au Parti socialiste ont été réduites à un montant négligeable de sorte que les quelques milliers de membres de parti lambertiste ont pu acquérir des cartes, juste pour participer au vote de désignation interne du candidat. La manœuvre a été organisée par le lieutenant de DSK, Jean-Christophe Cambadelis, lui-même ancien dirigeant de ce parti et que nous avons déjà présenté à propos de ses relations avec la CIA. Pourtant, contre toute attente, c’est un outsider, Ségolène Royal, qui est désigné. C’est qu’à Washington on a un autre projet : placer Nicolas Sarkozy à l’Élysée. Pour cela, il convient d’installer face à lui un concurrent peu crédible. En échange de son retrait silencieux, DSK sera largement récompensé par la direction générale du FMI.


    Peu après son accession à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy présente la candidature de DSK à Washington, et Condoleezza Rice lui apporte son soutien. Tout en participant à la création de l’European Council on Foreign Relations (E-CFR) [11], il sillonne le monde, officiellement pour convaincre les États du Sud de soutenir également sa candidature. En réalité, leur vote importe peu, puisque les USA et l’Union européenne ont à eux seuls 48 % des voix. La campagne de DSK est payée par la France et organisée par l’agence de relations publiques TD International. Ce que le cabinet de M. Strauss-Kahn minimisera en prétendant ne travailler qu’avec la correspondante française de l’agence. TD International « vendra » à la presse la légende d’un DSK désœuvré, téléphonant au Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker lors d’un colloque à Yalta, lequel lui aurait suggéré d’ambitionner le FMI. En réalité, Dominique Strauss-Kahn et Christine Ockrent participaient au Yalta European Seminar, moyennant un défraiement de 7 000 euros chacun indirectement versés par George Soros. Ce colloque avait pour but de soutenir la « révolution orange » et l’arrimage de l’Ukraine à l’OTAN. Or, TD International est une officine de la CIA, notamment chargée de la construction de l’image publique de la « révolution orange ». Elle est dirigée par William A. Green III, un célèbre agent qui n’était ni plus ni moins que le chef de poste du stay-behind en France et qui fut expulsé en 1995 pour des motifs d’une extrême gravité qui ne furent jamais dévoilés au public.


    Hugo Chavez, le président de la République bolivarienne du Vénézuela, quant à lui, n’a pas été convaincu par le show de Dominique Strauss-Kahn. Il a confirmé le retrait de son pays du FMI « avant qu’ils ne nous pillent » et invité tous les États du Sud qui le peuvent à faire de même.


    ____________
    [1] Selon les propos d’Irving Brown lui-même, rapportés dans Éminences grises, par Roger Faligot et Rémi Kauffer, Fayard 1992. Sur le réseau US, voir « Stay-behind : les réseaux d’ingérence américains », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 20 août 2001.

    [2] « Dominique Strauss-Kahn, 1993-1997, profession – conseil », par Laurent Mauduit, Caroline Monnot et Martine Orange, Le Monde, 11 décembre 1999. « Influents dans le monde de l’entreprise », par Bérengère Mathieu de Heaulme, Le Figaro, 22 janvier 2002.

    [3] « La Hoover Institution, archives réservées aux Républicains », Réseau Voltaire, 26 octobre 2004.

    [4] « La fulgurante intégration de Condoleezza Rice », par Arthur Lepic et Paul Labarique, Réseau Voltaire, 8 février 2005.

    [5] « La NED, nébuleuse de l’ingérence démocratique », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 22janvier 2004.

    [6] Op. cit.

    [7] « Le German Marshall Fund, un reliquat de la Guerre froide ? », Réseau Voltaire, 5 octobre 2004.

    [8] Cité in Encyclopédie politique française, Tome 2, Facta éd., 2005.

    [9] Les Nègres de la République, par Claude Ribbe, Jean-Paul Bertrand éd., 2007.

    [10] « MM. Sarkozy et Strauss-Kahn affichent leurs allégeances », par Cédric Housez, Réseau Voltaire, 7 novembre 2006. Article plagié depuis. La position de Dominique Strauss-Kahn est partagée par le premier secrétaire du PS, François Hollande, voir « France : le Parti socialiste s’engage à éliminer les diplomates pro-arabes », Réseau Voltaire, 9 janvier 2006. Les propos imputés à M ; Hollande dans ce dernier article ont fait l’objet d’un démenti de l’intéressé, mais ont été maintenus sur le site internet du CRIF.

    [11] « Création accélérée d’un Conseil européen des relations étrangères », Réseau Voltaire, 3 octobre 2007.

     

    Thierry Meyssan*

    http://r-sistons.over-blog.com/article-pourquoi-la-ballade-de-sarko-en-chine-alerte-superflicage-des-medecins-49517960.html

     

    http://www.toutsaufsarkozy.com/cc/article04/EkZkVuFAyyKUNbNICm.shtml

    http://www.marcfievet.com/article-dsk-le-queuttard-mondialiste-s-apprete-a-remplacer-le-nabot-49518216.html

     

     

    Vous pouvez aussi lire mon article sur DSK

    http://r-sistons.over-blog.com/article-d-strauss-kahn-serait-une-catastrophe-pour-la-france-societe-toxique-44131622.html

    (sélectionné par le site M. Collon)

     

     

     


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    Tout ce que vous ne devriez pas savoir sur l’Erythrée (1/3)
     
    Mohamed Hassan   
     
    La Corne de l’Afrique est une des régions les plus meurtries du continent : guerres incessantes, famine, pauvreté… Des images que tout le monde connaît. Mais peu de gens savent que l’Erythrée estime possible de sortir de ce cercle infernal, de résoudre les conflits par le dialogue et d’atteindre un important niveau de développement. On pourrait s’en réjouir. Pourtant, aux yeux de la communauté internationale, l’Erythrée est un Etat paria, mis au banc des accusés du Conseil de Sécurité de l’ONU ! En quoi ce pays, dont personne ne parle, menace-t-il les puissances occidentales ? Dans ce nouveau chapitre de notre série « Comprendre le monde musulman », Mohamed Hassan dévoile tout ce que nous ne devrions pas savoir sur l’Erythrée.
     
     
    INTERVIEW: Grégoire Lalieu & Michel Collon

    L’Erythrée serait-elle la source de toutes les violences dans la Corne de l’Afrique ? C’est ce que semble penser le Conseil de Sécurité des Nations Unies qui a récemment voté des sanctions contre ce pays. L’Erythrée est notamment accusée de fournir des armes aux rebelles somaliens.
    Ces sanctions reposent sur une campagne mensongère visant à déstabiliser le gouvernement érythréen. Il y a un embargo sur la fourniture d’armes vers la Somalie depuis 1992, des experts internationaux sont présents sur place pour contrôler la situation et il existe aujourd’hui, pour toute arme, un numéro de série qui permet d’assurer sa traçabilité. Malgré toutes ces dispositions, le Conseil de Sécurité n’a pas plus de preuves sur ce présumé trafic qu’il n’en avait sur les armes de destruction massive en Irak ! Par contre, vous retrouvez encore une fois Washington derrière ce type de campagne mensongère. Pourtant, même le secrétaire d’Etat adjoint aux Affaires africaines des Etats-Unis, Johnnie Carson, n’y croit pas. La vérité, explique-t-il, c’est que la Somalie est en guerre depuis vingt ans et regorge d’armes. N’importe qui peut en vendre ou en acheter sur le marché noir. Les rebelles somaliens n’ont donc pas besoin de l’Erythrée pour s’approvisionner.

    L’Erythrée est également accusée d’entretenir des tensions avec Djibouti sur un différend frontalier. Il y a d’ailleurs eu un accrochage entre les deux armées en 2008.
    L’Erythrée n’a jamais manifesté la moindre revendication territoriale sur Djibouti. Comme la plupart des frontières en Afrique, celle qui sépare les deux pays a été tracée par les puissances coloniales. Elle a donc été marquée il y a bien longtemps et n’a jamais été discutée.
    Cet « incident » de 2008 est une pure fabrication de l’administration Bush. Tout a commencé au mois d’avril lorsque le président érythréen, Isaias Afwerki, a reçu un appel téléphonique de l’émir du Qatar. Ce dernier rapportait une plainte du président djiboutien, Ismail Omar Guelleh : l’Erythrée amasserait des troupes à la frontière. Or, le président Afwerki n’avait rien ordonné à son armée et a été très surpris par cet appel. Pourquoi son homologue djiboutien passait-il par une tierce partie ? Isaias Afwerki proposa tout de même de rencontrer Guelleh à Djibouti, en Erythrée ou même au Qatar s’il le souhaitait. Le président djiboutien ne répondit pas à l’invitation.
    Quelques semaines plus tard, le 11 juin 2008, des soldats de l’armée de Djibouti attaquèrent des troupes érythréennes à la frontière. Un bref combat s’engagea causant une trentaine de morts et des dizaines de blessés de part et d’autre. Le président djiboutien clama aussitôt que l’Erythrée avait attaqué son pays. Avec une rapidité déconcertante, les Etats-Unis produisirent un communiqué condamnant l’ « agression militaire de l’Erythrée contre Djibouti ». Le Conseil de Sécurité des Nations Unies fit aussitôt écho à cette condamnation. Et ce n’est qu’ensuite qu’il proposa d’envoyer une commission d’experts pour analyser la situation sur place et établir les faits. Pourquoi le Conseil de Sécurité a-t-il mis la charrue avant les bœufs ? Sur quoi se basaient ses accusations ? Il n’y a pas de différend entre l’Erythrée et Djibouti. Les peuples de ces deux pays ont toujours été en bonnes relations. Mais une fois de plus, les Etats-Unis manipulent la communauté internationale et le Conseil de Sécurité pour faire pression sur l’Erythrée.

    Comment expliquer l’attitude de Djibouti ?
    Le président Ismail Omar Guelleh n’a pratiquement pas de base sociale. Il est seulement maintenu au pouvoir grâce au soutien de puissances étrangères.  Par conséquent, il ne peut rien leur refuser. Cela explique notamment pourquoi il y a tant de soldats étrangers à Djibouti. Par exemple, les Etats-Unis n’ont qu’une base militaire en Afrique, et elle se trouve à Djibouti. Ce petit pays abrite également des contingents d’autres nations et la plus grande base française du continent.
    Guelleh est donc totalement dépendant de Washington. Si les Etats-Unis ont besoin de lui pour créer une nouvelle crise dans la région, il s’exécute. C’est devenu une spécialité US : fomenter des problèmes pour ensuite proposer de les résoudre. Ici, les Etats-Unis cherchent à faire passer l’Erythrée pour un pays belliqueux qui serait la cause de tous les problèmes dans la Corne de l’Afrique.   

    Pourquoi les Etats-Unis veulent-ils marginaliser l’Erythrée ?
    Le gouvernement érythréen a une vision pour son propre pays et pour la région : il est possible d’atteindre un bon niveau de développement et de résoudre les conflits par le dialogue si on se débarrasse des interférences des puissances étrangères. Si vous regardez la crise en Somalie, l’Erythrée a toujours prôné de rassembler tous les acteurs politiques de ce pays autour d’une table pour dialoguer. Pour trouver une solution au conflit et reconstruire la Somalie, l’Erythrée propose également d’impliquer la société civile : femmes, vieillards, chefs religieux… Rassembler tout le monde au delà des clivages pour rebâtir un pays qui n’a plus de gouvernement depuis vingt ans. Cette méthode serait certainement efficace pour ramener la paix dans le pays. Mais, de leur côté, les Etats-Unis ont volontairement maintenu la Somalie dans le chaos. En 2007, ils ont même ordonné à l’armée éthiopienne d’attaquer Mogadiscio alors que la paix était revenue. Et au bout du compte, c’est l’Erythrée qui est sanctionnée par l’ONU !
    En fait, les Etats-Unis craignent que la vision érythréenne ne fasse des adeptes dans la Corne de l’Afrique. Cela signifierait la fin de l’ingérence américaine dans cette région stratégique. Washington cherche donc à mettre l’Erythrée en quarantaine pour éviter que le « virus » se propage. C’est une technique que les Etats-Unis ont toujours appliquée et que Noam Chomsky a étudiée. Il parle de « théorie de la pomme pourrie » : si une pomme pourrit dans un panier, il faut vite la retirer avant que les autres pommes pourrissent à leur tour. C’est pourquoi les Etats-Unis ont toujours cherché à renverser des gouvernements (avec ou sans succès) : Castro à Cuba, Allende au Chili, le Laos dans les années 60… Chomsky remarque que Washington intervient alors sous prétexte d’assurer la « stabilité » du monde. Mais cette « stabilité », nous explique-t-il, signifie « sécurité » pour les multinationales et les classes dirigeantes.

    Pour Washington, l’Erythrée est donc la pomme pourrie de la Corne de l’Afrique ?
    Tout à fait. Mais le véritable ennemi de la région, c’est l’impérialisme. Particulièrement l’impérialisme US. L’Erythrée souhaite donc que les pays de la Corne de l’Afrique se débarrassent des ingérences des puissances néocoloniales et développent un projet commun. La Corne de l’Afrique jouit d’une position géographique très avantageuse : elle est à la fois connectée aux pays du Golfe et à l’Océan Indien où s’effectue la majeure partie du commerce maritime mondial. Elle dispose également de nombreuses ressources : minerais, gaz, pétrole, biodiversité… Si les pays de cette région se libéraient du néocolonialisme et unissaient leurs efforts, ils parviendraient à sortir de la pauvreté. Voilà ce que souhaite l’Erythrée pour la Corne de l’Afrique. Bien évidemment, les Etats-Unis ne souhaitent pas que ce projet voie le jour car ils pourraient faire une croix sur le contrôle de cette région stratégique et sur l’accès à ses matières premières. Washington essaie donc de faire pression sur le président Isaias Afwerki pour qu’il change sa politique. En fin de compte, l’Erythrée, qui a dû mener un long combat pour obtenir son indépendance en 1993, lutte encore aujourd’hui pour protéger sa souveraineté nationale.

    Le combat pour l’indépendance mené par l’Erythrée est le plus long de l’histoire de l’Afrique. Le pays a d’abord été colonisé par les Italiens en 1869. Comment l’Italie, qui n’était pas un grand empire colonial, s’est-elle retrouvée en Erythrée ?
    Il faut replacer cela dans le contexte de l’Europe au 19ème siècle. A l’époque, le vieux continent était le théâtre d’une lutte sans merci entre les puissances impérialistes pour le contrôle des colonies et de leurs matières premières. Il y avait déjà une très forte rivalité entre la France et la Grande-Bretagne. Et l’unification de l’Italie en 1863 puis celle de l’Allemagne en 1871 firent apparaître de nouveaux concurrents de taille. De plus, le monde capitaliste connut sa première crise majeure en 1873. Cette crise entraîna le démantèlement progressif de l’empire ottoman et exacerba encore plus les appétits rivaux des puissances européennes. L’Allemagne, par exemple, voulait profiter du démantèlement de l’empire ottoman pour acquérir de nouvelles colonies. De leur côté, les Britanniques soutenaient Istanbul pour bloquer l’expansion allemande.
    Le chancelier Bismarck décida donc d’organiser la conférence de Berlin en 1885. C’est un événement majeur dans l’histoire du colonialisme : alors que jusque là, elles s’étaient surtout installées sur les côtes de l’Afrique pour y établir des comptoirs commerciaux, les puissances européennes projetèrent lors de cette conférence de coloniser graduellement l’ensemble du continent. Ainsi, pour éviter de nouveaux conflits et relancer l’économie capitaliste, l’Europe se mit d’accord sur le partage du gâteau africain. Durant ces discussions, la Grande-Bretagne encouragea les Italiens à s’installer dans la Corne de l’Afrique. La stratégie des Britanniques était d’inviter une puissance coloniale pas très menaçante (l’Italie) pour bloquer l’expansion de concurrents plus sérieux (la France et l’Allemagne).

    L’Europe se partagea l’Afrique mais au début du 20ème, l’Ethiopie était le seul pays indépendant du

    continent. Pourquoi ? 
    Cette particularité résulte d’un compromis entre les Français et les Britanniques. Les premiers avaient pour projet de s’étendre de Dakar à Djibouti. Or, les seconds ambitionnaient de déployer leur empire du Caire au Cap, en Afrique du Sud. Si vous observez une carte de l’Afrique, vous verrez qu’immanquablement, ces projets coloniaux étaient amenés à se télescoper. Pour éviter un conflit qui aurait entraîné de grosses pertes dans les deux camps, la France et la Grande-Bretagne ont décidé de ne pas coloniser l’Ethiopie. Mais les impérialistes n’ont pas pour autant renoncé à ce territoire. Ils ont soutenu et armé Menelik II qui régnait sur une des régions les plus riches d’Ethiopie. Avec le soutien des puissances coloniales, Menelik II a pris le pouvoir dans toute l’Ethiopie et permis aux Français et aux Britanniques d’avoir accès aux ressources de son empire.
    Finalement, si l’Ethiopie était le seul pays à ne pas être colonisé, on ne peut pas dire pour autant qu’elle était indépendante ! Celui qui se faisait appeler Menelik II, Negusse Negest d’Ethiopie, lion conquérant de la tribu de Judah, élu de Dieu, n’était qu’un agent des puissances impérialistes, incapable de bâtir un Etat moderne. Il avait été choisi notamment parce que c’était un chrétien orthodoxe et qu’il provenait d’une des régions les plus riches d’Ethiopie. Menelik II dirigeait donc un régime minoritaire dans un système féodal où la majorité des nationalités n’avaient aucun droit. L’esclavage y était pratiqué. Tout cela a créé de nombreuses inégalités qui se ressentent encore aujourd’hui en Ethiopie.

    L’Erythrée, par contre, fut colonisée par l’Italie. Mussolini déclara même plus tard qu’elle serait le cœur du nouvel empire romain. Quels furent les effets de la colonisation italienne en Erythrée ?
    Quand elle colonisa l’Erythrée, l’Italie comptait trop de paysans dans ses frontières. Beaucoup ont  émigré en Suisse ou en France. Et d’autres sont partis s’installer en Erythrée. Avec son paysage de carte postale et son climat agréable, la nouvelle colonie italienne en faisait rêver plus d’un. Des colons se sont implantés sur place avec les paysans. La bourgeoisie italienne a alors beaucoup investi en Erythrée. La situation géographique de cette colonie l’intéressait particulièrement. En effet, le pays a de longues côtes bordant la mer Rouge. Il est proche du Canal de Suez au nord et du détroit de Bab-el-Mandeb au sud : un des couloirs de navigation les plus fréquentés du monde, reliant la mer Rouge à l’Océan Indien.
    Les Italiens ont donc investi en Erythrée et développé des plantations, des ports, des infrastructures… Pour vous donner une idée du niveau de développement de cette colonie, lorsque les Britanniques vont envahir l’Erythrée durant la Seconde Guerre mondiale, ils vont carrément démonter des usines pour les emporter !

    On paraît loin des pillages habituels ou des mains coupées du Congo belge. L’Erythrée était-elle une exception dans le monde impitoyable du colonialisme ?
    Il y a eu des aspects positifs mais il ne faut pas se leurrer, le colonialisme italien restait un concept discriminatoire où les Noirs n’avaient pas beaucoup de droits par rapport aux Blancs. Pourquoi ? En fait, quand l’Italie s’est emparée de l’Erythrée et d’une partie de l’actuelle Somalie à la fin du 19ème siècle, elle a tenté de poursuivre son expansion en Ethiopie. Mais les soldats italiens ont été vaincus par Menelik II durant la bataille d’Adoua en 1896. Dans les années suivantes, l’idéologie fasciste s’est développée au sein de l’intelligentsia italienne avec la volonté de restituer l’honneur du pays qui avait été vaincu par des Noirs. Le colonialisme italien était donc très raciste envers ces derniers. La population érythréenne avait été intégrée au projet colonial mais en tant que classe inférieure.
    D’ailleurs, le fascisme italien (qui arrive au pouvoir en 1922) était avant tout basé sur un racisme anti-noir, il n’était pas antisémite comme le fascisme allemand. Des juifs ont travaillé au sein d’organisations fascistes en Italie ! Et Mussolini avait une maîtresse juive. Imaginez cela pour Hitler ! Ce n’est que plus tard, vers la fin des années trente, que l’Italie va commencer à persécuter les juifs. D’abord, parce que Mussolini s’était rapproché d’Hitler. Ensuite, parce que le parti fasciste italien avait besoin d’un second souffle. Il utilisa donc la communauté juive comme bouc émissaire pour mobiliser la population italienne.

    Finalement, les fascistes italiens ont eu leur revanche sur l’Ethiopie : en 1935, les troupes de Mussolini envahirent le seul pays non colonisé de l’Afrique.
    Oui, même si l’occupation de l’Ethiopie ne dura pas très longtemps. En 1941, en pleine guerre mondiale, l’armée britannique chassa les Italiens de la région et les Alliés prirent le contrôle de la Corne de l’Afrique. Au lendemain de la guerre, si l’Ethiopie retrouva son « indépendance », le sort de l’Erythrée, par contre, fit débat.
    L’Union soviétique souhaitait que cette colonie obtienne son indépendance. De leur côté, comme ils l’avaient fait un peu partout, les Britanniques souhaitaient diviser le pays en deux sur base de la religion : les musulmans devaient rejoindre le Soudan et les chrétiens orthodoxes l’Ethiopie. Il est intéressant de noter que l’Eglise éthiopienne était favorable à cette option et faisait pression sur les chrétiens d’Erythrée pour qu’ils l’acceptent. Elle leur disait que s’ils refusaient, ils ne seraient pas enterrés et leur âme ne rejoindrait pas le paradis. Malgré tout, les chrétiens d’Erythrée refusèrent : ils se sentaient Erythréens avant toute chose ! Ce sentiment d’appartenance s’explique notamment par le fait que les Italiens, à l’inverse de nombreuses puissances impérialistes, avaient intégré le peuple érythréen au projet colonial sans distinction ethnique. Mais finalement, ce fut la troisième option qui l’emporta, celle des Etats-Unis : l’Erythrée devait être intégrée à l’Ethiopie dans un système fédéral.

    Pourquoi les Etats-Unis soutenaient-ils cette option ?
    Sa position géographique avait conféré à l’Erythrée une grande importante aux yeux de Washington pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Dès les années 40, le Pentagone et des firmes d’armement privées développèrent d’importants projets dans le pays : une ligne d’assemblage d’avions, des ateliers de réparation, une force navale… Et surtout, dans les années 50, les services de renseignement américains établirent dans sa capitale Asmara une de leurs plus importantes bases de télécommunication à l’étranger. A l’époque, il n’y avait pas de surveillance satellite comme aujourd’hui et les systèmes d’écoute avaient une portée limitée.  Mais depuis l’Erythrée, vous pouviez surveiller ce qui se passait en Afrique, au Moyen-Orient, dans le Golfe et même dans certaines parties de l’Union soviétique.
    Les Etats-Unis plaidèrent donc pour que l’Erythrée soit rattachée à l’Ethiopie, qui était un allié de Washington. John Foster Dulles, une figure éminente de la politique américaine, dirigeait le bureau des Affaires Etrangères. Il reconnut dans un débat du Conseil de Sécurité : « Du point de vue de la justice, les opinions du peuple érythréen doivent être prises en considération. Néanmoins, les intérêts stratégiques des Etats-Unis dans le bassin de la mer Rouge, et les considérations pour la sécurité et la paix dans le monde, rendent nécessaire  que ce pays soit rattaché à notre allié, l’Ethiopie ». Voilà comment fut réglé le sort de l’Erythrée. Avec de lourdes conséquences : la plus longue lutte pour l’indépendance en Afrique allait commencer…

    A suivre dans les prochaines semaines, les deuxième et troisième parties de notre interview sur l’Erythrée. Avec Mohamed Hassan, nous retracerons les trente ans d’un combat épique mené par les résistants. Nous découvrirons les enjeux de la révolution érythréenne, ses similitudes avec Cuba. Nous aborderons également la question des droits de l’homme en Erythrée, objet d’attaques des puissances occidentales. Enfin, nous analyserons ce fameux paradoxe africain : tant de richesses pour une population si pauvre.

     

     

    Mohamed Hassan recommande les lectures suivantes:

    - Dan Connell, Against All Odds. A Chroincle of the Eritrean Revolution , The Red Sea Press, Inc, 1997

    - Firebrace & Holland, Never Kneel Down, Spokesman, 1984

     

    Mohamed Hassan* est un spécialiste de la géopolitique et du monde arabe. Né à Addis Abeba (Ethiopie), il a participé aux mouvements d’étudiants dans la cadre de la révolution socialiste de 1974 dans son pays. Il a étudié les sciences politiques en Egypte avant de se spécialiser dans l’administration publique à Bruxelles. Diplomate pour son pays d’origine dans les années 90, il a travaillé à Washington, Pékin et Bruxelles. Co-auteur de L’Irak sous l’occupation (EPO, 2003), il a aussi participé à des ouvrages sur le nationalisme arabe et les mouvements islamiques, et sur le nationalisme flamand. C’est un des meilleurs connaisseurs contemporains du monde arabe et musulman.

     

    http://sos-crise.over-blog.com/article-tout-ce-que-vous-ne-devriez-pas-savoir-sur-l-erythree-1-3-49433161.html 

     

    Déjà paru dans notre série "Comprendre le monde musulman":

    - Comment expliquer le succès du Hamas?

    - Réponse à vos questions sur le Hamas: "Gaza est un endroit normal avec des gens normaux"

    - Crise au Darfour: le sang, la faim et le pétrole

    - Afghanistan-Pakistan: Le trou noir de l'Empire

    - Que doit faire Ahmadinejad pour recevoir le Prix Nobel?

    - Somalie: Comment les puissances coloniales maintiennent le pays dans le chaos

    - Yémen: Ce n'est pas Al-Qaïda que les USA combattent, mais la démocratie

    http://www.michelcollon.info/index.php?option=com_content&view=article&id=2709:tout-ce-que-vous-ne-devriez-pas-savoir-sur-lerythree-13&catid=6:articles&Itemid=11

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  • Minnie en burqa

     

     


     

      lundi 26 avril 2010

     

    La face cachée du voile intégral, par Jean Lévy

     

     

          

    Ainsi, Nicolas Sarkozy déclare la guerre totale à la « burqa ».
    Il décide même que la loi sera examinée « en urgence » dès le mois de mai par les Assemblées…  

    La « burqa » serait, dit-il, « une atteinte intolérable à la dignité féminine ».    

    Les médias aux ordres et la majorité, se réjouissent de cette décision présidentielle (les lois sont-elles maintenant décidées à l’Elysée ?). Elle aurait été prise, dit-on, « pour protéger les femmes ». La sous-ministre Amara et son ancienne organisation « Ni putes, ni soumises » tressent des couronnes de fleurs à notre auguste président.

          

         

    Plus détonnant, dans ce concert de louanges, celles du député communiste André Gerin. Certes, on savait sa répulsion pour toute forme de communautarisme, qui l’avait conduit à signer une préface d’un livre écrit par le député UMP de droite extrême, élu de Montfermeil, Eric Raoult, mais de là à encenser Sarkozy !  

        

         

    Moins étonnante, l’adhésion du socialiste Manuel Valls, toujours favorable aux mesures les plus droitières et les plus ultralibérales, prises par le pouvoir.  

     

         

    Mais pourquoi cette précipitation présidentielle, alors que le Conseil d’Etat, qui n’est pas composé de « barbus » intégristes, a émis d’amples réserves quant à l’interdiction du voile intégral dans tout l’espace public.  

        

         

    Les raisons invoquées en haut lieu ne tiennent pas la route.  

     

    Le chanoine d’honneur de Saint-Jean de Latran, par ailleurs président de la République, n’est guère qualifié pour donner des  leçons de « laïcité ». Ses propos méprisants à l’égard des instituteurs, moins aptes, selon lui, à faire la morale que les  curés, et surtout sa propension à inonder l’école dite « libre » de ses dispendieux cadeaux, ne font pas de Nicolas Sarkozy, l’expert in contesté de la laïcité.  

        

         

    D’ailleurs, lui et les partisans de l’interdiction de la « burqa » répètent à loisir que la religion n’est pas en cause, seul « le droit des femmes », est mis en péril par le voile intégral.  

     

      Et bien parlons-en du « droit des femmes » dans notre société !  

        

         

      Faut-il rappeler les discriminations dont sont victimes les salariées dans les entreprises, privées comme d’Etat, en matière de qualification, de rémunération, de promotion ?  

     

    Les patrons et les politiques nous renvoient à une affaire « d’état d’esprit », déplorable certes, mais ancrée dans l’opinion et « qu’il est difficile d’en sortir ».  Ces messieurs nous serinent la même chanson depuis un demi-siècle, comme si, en matière de rémunérations, ils n’étaient pas les seuls décideurs !  

        

         

      Faut-il rappeler que les « congés de maternité » sont opposés aux mères qui travaillent, comme un handicap pour leurs carrières, et souvent motif de licenciement. Sans que le pouvoir intervienne : « les patrons sont maîtres dans leurs entreprises ». Et celles-ci ne sont pas « un espace public »  

        

         

    Pas question là de faire appel à la protection de « la liberté des femmes ».  

     

    On pourrait parler des crèches qui manquent cruellement, du chemin de croix des femmes, qui se lèvent dès l’aube pour revenir, tard le soir du travail, pour un salaire dérisoire, et qui sont les premières à être licenciées, après avoir laissé leur santé à l’entreprise.  

     

    C’est la loi du marché, nous dira-t-on. Et il faut respecter la loi.  

     

    Peu importe la dignité, la liberté des femmes en régime capitaliste.  

     

    Et ce sont les mêmes qui s’indignent de la « burqa », la prison du vêtement, disent-ils, les hypocrites !  

     

      En fait, l’offensive du pouvoir vise bien d’autres choses. Elle s’insère dans une politique globale remise au goût du jour à la suite des résultats calamiteux de Nicolas Sarkozy et de son UMP aux élections régionales. Le président veut regagner les voix du Front National, perdues lors du dernier scrutin.  

     

      Et tout lui est bon pour atteindre ce but.  

     

      La « burqa » donc, mais aussi l’installation fixe de policiers dans les écoles, la suppression des allocations familiales en cas d’absences scolaires répétées, pour ne parler que des dernières mesures annoncées.

       

         

      Ne nous « voilons pas la face », sous la « burqa », il y a la  face cachée du  président

     

     

    [http://canempechepasnicolas.over-blog.com/]

     

     

     

    10 raisons d’être contre l’interdiction de la Burqa..

    http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=12416


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