• Publié le 20 septembre 2010 par Henri Maler, Olivier Poche


    On le sait, la tâche des éditorialistes n’est pas, à la différence des journalistes de terrain, de « rendre compte », mais de prendre de la hauteur et, synthétisant les faits et les chiffres, de délivrer une analyse de la situation, ouvrant des perspectives, creusant des pistes, non sans parti pris, bien au contraire. Journalisme d’opinion, par conséquent, dont la diversité, nous dit-on, est un gage de démocratie.

    Or qu’en est-il de cette diversité dans la presse quotidienne régionale, quand il n’existe, en général, qu’un seul quotidien par région et que les éditorialistes de la « P.Q.R. » valent bien, comme on pourra le vérifier à la fin de cet article, ceux de la presse parisienne que l’on dit « nationale » ? Pour ceux-ci comme pour ceux-là, rien n’est plus pressé que d’en finir avec le conflit, quitte à entériner la contre-réforme.

    C’est ce que montre un passage en revue des éditoriaux de la presse régionale (du 6 au 9 septembre 2010).

    Dès avant les manifestations du 7 septembre et, particulièrement la veille, se répandent des bouffées d’inquiétudes, comme celles-ci :
    - « Avant d’abattre ses cartes, François Fillon attend de mesurer l’ampleur de la mobilisation dans la rue et les risques de prolongation. Le bulletin d’alerte est encore à l’orange. On verra mardi si le rouge s’impose. » (Hervé Favre, La Voix du Nord, 6 septembre)
    - « ... Vraiment tous les ingrédients pour une rentrée brûlante !  » (Michel Lepinay, Paris Normandie, 6 septembre)


    Mais avec quel enjeu ?

     

     

    I. L’avenir de Nicolas Sarkozy et de son quinquennat

     

    Pour la plupart de nos éditorialistes régionaux, le principal enjeu de cette mobilisation est... le sort du quinquennat sarkozien, la trace qu’il laissera dans l’histoire, l’image de Nicolas Sarkozy que conservera la mémoire collective… et, naturellement, ses chances de réélection en 2012 – puisque, comme le dit Philippe Waucampt, dans Le Républicain Lorrain du 6 septembre, la réforme des retraites, « la dernière avant la présidentielle [...] donnera le signal de la campagne  » !

    Quelques exemples ?
    - «  S’il sort sans dommages de cette journée, Nicolas Sarkozy pourra se targuer d’avoir fait taire tous les clivages dans son camp  » (La Montagne, Daniel Ruiz, 6 septembre).
    - « Un coup de tonnerre suffit parfois à dégager le ciel. Pour Nicolas Sarkozy s’ouvre une semaine à hauts risques […]. Si le président passe sans trop d’encombres ce moment clé, il pourra, après avoir remanié le gouvernement, "ne plus faire que de la politique" en vue de 2012.  » (L’Est Républicain, Rémi Godeau, 6 septembre).
    - «  Face à cela, Nicolas Sarkozy joue gros lui aussi […]. Il n’est donc pas question d’échouer sur cette réforme devant servir à fixer l’électorat de droite à l’orée de la mère de toutes les élections. D’autant que la crainte grandit dans la majorité d’un 21 avril à l’envers. Autrement dit d’un second tour confrontant le - ou la - candidat(e) socialiste à celui - ou celle - du Front National.  » (Le Républicain Lorrain, Philippe Waucampt, 6 septembre).
    - « Nous y sommes. Cette rentrée 2010 est un moment clé du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Et cette semaine qui s’ouvre en est la configuration la plus flagrante […] Le président de la République entend imprimer sa marque en mettant en place une réforme sur laquelle tous les gouvernements depuis des années se sont cassé les dents. S’il devait échouer, lui aussi, son électorat, déjà miné par le doute (...) lui en tiendrait fatalement rigueur. » (La Nouvelle République du Centre-Ouest, Hervé Cannet, 6 septembre).
    - «  Le dossier des retraites est une superbe opportunité pour Nicolas Sarkozy de se refaire une santé en ressoudant sa majorité autour de sa fermeté. De décrocher le brevet de bravoure dont il rêve pour entamer la prochaine campagne présidentielle.  » (Ouest-France, Paul Burel, 8 septembre).
    - «  Nicolas Sarkozy, au plus bas dans les sondages, et s’attaquant ici au plus grand des totems de la gauche, joue ni plus ni moins sa crédibilité pour le reste du quinquennat et, peut-être même, pour un éventuel second mandat.  » (L’Est-Eclair, Patrick Planchenault, 8 septembre).
    - « Toutefois, en montant en première ligne plutôt que de laisser François Fillon annoncer les dites mesures, Nicolas Sarkozy prend un risque. Celui de transformer les manifestations des prochaines semaines en référendum contre sa politique et sa personne. Or, l’adoption de cette réforme conditionne les chances de sa réélection. Elle sera en effet décisive car l’image de réformateur du chef de l’État est en jeu ». (Le Télégramme, Hubert Coudurier, 9 septembre).

    Diagnostics de la situation ou témoignages de sollicitude ? Il est souvent difficile de trancher. En tout cas, la question de l’avenir de Nicolas Sarkozy se pose et peut être posée.

    Mais que la plupart des éditoriaux l’agitent en tous sens comme le problème central du moment montre qu’à force de prendre de la hauteur, on finit par perdre de vue l’essentiel, du moins pour les grévistes et manifestants, et ceux qui les soutiennent : le contenu et les enjeux de la contre-réforme gouvernementale.

     

     

    II. Une réforme inéluctable, des manifestations inutiles (bis)


    Un sondage n’a-t-il pas « montré » que « les Français » étaient majoritairement opposés à cette réforme des retraites et favorables à la mobilisation, mais qu’ils estimaient que le gouvernement ne reculerait pas ? Les éditorialistes de France et de Navarre traduisent aussitôt qu’ils jugent « la réforme » inéluctable. Ce qu’ils avaient déjà décrété bien avant eux. Sans doute ont-ils fait preuve d’assez de pédagogie... Ainsi, Jacques Camus, dans La République du Centre du 6 septembre, fait ce constat à demi rassurant : « les derniers sondages montrent une adhésion très majoritaire des Français à la mobilisation, même s’ils savent la réforme inéluctable ». Ce que Philippe Waucampt, par exemple, s’empresse de confirmer, au lendemain des manifestations, dans Le Républicain Lorrain : « Et maintenant ? Il serait naïf de croire que le gouvernement va plier sur l’essentiel de sa réforme ».

    D’une réforme inéluctable à des manifestations inutiles, il n’y a qu’un pas que nombre de nos commentateurs franchissent donc allègrement.

    Dès le 6 septembre, dans L’Est Républicain, Rémi Godeau semblait dubitatif, car « il est bien difficile de savoir si ce 7 septembre tiendra du baroud d’honneur ou du début d’incendie social ». Mais il avait néanmoins quelques certitudes – il connaissait même les certitudes des autres : « le chef de l’État bénéficie d’un atout majeur : ses adversaires savent qu’il ne peut reculer. [...] Que plus de 2 millions de grévistes battent le pavé ne changera donc pas l’essentiel : en 2018, l’âge de départ à la retraite sera de 62 ans  ».

    Et dès le lendemain de la manifestation Patrick Planchenault, dans L’Est-Eclair du 8 septembre confirme : « N’en déplaisent aux syndicats [...] - la mobilisation, même record, d’hier n’amènera pas le gouvernement à battre en retraite et ne remettra certainement pas les compteurs à 60 ans. Un. Parce que cette réforme est nécessaire et “inéluctable” comme l’admet, d’ailleurs, une majorité de Français, un brin résignés  » … Comme n’ont cessé de l’affirmer les prescripteurs d’opinion (Lire ici même et comme ils l’affirment encore : pour en avoir confirmation, suivre la note [1].

    Et si vus de l’Est, les jeux sont faits, ils le sont aussi vus du Nord : « sur le parcours des manifestations à venir les bornes de 62 ans pour l’âge légal et de 67 ans pour l’accès à la retraite sans décote paraissent déjà scellées !  » (Hervé Favre, La Voix du Nord, 8 septembre). Et à l’Ouest, le rêve est devenu réalité : « Passer le pont de la réforme sous la mitraille syndicale, avec plus de deux millions de manifestants, ce n’est d’ailleurs plus un fantasme, c’est déjà une réalité. » (Paul Burel, Ouest-France, 8 septembre).

    Ces prophéties auto-réalisatrices ne sont d’ailleurs pas l’apanage de la presse régionale : elles sont fort goûtées aussi à Paris. Gérard Carreyrou, au matin du 7, a consulté sa boule de cristal et dresse en avant-première, pour les heureux lecteurs de France-Soir, le bilan d’une journée de mobilisation qui n’a pas encore eu lieu : « Il y aura, annoncé bruyamment sur toutes les antennes par MM. Thibaud de la CGT, Chérèque de la CFDT et Mailly de Force ouvrière, non pas deux millions de manifestants, la fourchette basse décrétée unilatéralement par les états-majors syndicaux, mais plus : 2 millions et demi voire 3 millions de manifestants. Ce qui sera bien la preuve que c’est un extraordinaire succès, que la France est dans la rue, que le Président est dans les choux, que les adversaires de la réforme des retraites ont gagné. Gagné quoi ? Rien du tout, puisque la réforme enrichie des concessions annoncées pour le débat parlementaire sera votée dans les prochaines semaines par les deux assemblées et que l’âge de la retraite sera désormais de 62 ans avec retraite pleine à 67 ans . »

    Sans doute le gouvernement n’a-t-il pas l’intention de « reculer ». Peut-être même va-t-il ne pas le faire. En le déclarant, il est en tout cas dans son rôle. Mais en le répétant sur tous les tons, nos grands analystes de la « P.Q.R. » endossent celui que leurs confrères de la « P.Q.N. » affectionnent tout autant : l’éditorialiste d’accompagnement.

     

     

    III. Avis de recherche des concessions

     

    Et si les éditorialistes accompagnent le gouvernement, c’est que le gouvernement mène une réforme dont ils avaient noté depuis longtemps l’urgence et la nécessité. Tous les moyens sont bons pour la défendre, plus ou moins directement. Et si les sondages semblent indiquer qu’elle est apparemment rejetée par une bonne majorité de Français, c’est simplement qu’«  une réforme des retraites est par définition impopulaire, soit qu’on allonge la durée de cotisation, soit qu’on réduise le montant des prestations, en France comme ailleurs », note subtilement l’éditorialiste du Journal de la Haute-Marne qui ne connaît que cette alternative (Patrice Chabanet, 6 septembre). « Un texte forcément douloureux  », répond « forcément » en l’écho l’éditorialiste des Dernières Nouvelles d’Alsace (Olivier Picard, le 6 septembre).

    Le soutien au projet de contre-réforme peut s’afficher pratiquement sans fard, en répétant l’argumentaire gouvernemental. Ainsi dans L’Alsace (8 septembre), Patrick Fluckiger écrit : « C’est l’avenir même du système de retraites qui est en cause. Tous les pays qui ont adopté le principe de la répartition sont confrontés au même défi du déséquilibre démographique, et la plupart ont déjà rallongé la durée des carrières. La France ne pourra pas faire bande à part. » La seule originalité, toute relative, consiste ici à menacer les manifestants de « difficultés sociales accrues » dont ils seraient les premiers responsables (pour suivre le raisonnement, suivre la note [2]. Et pour défendre une réforme inéluctable, Nicolas Sarkozy « est condamné à poursuivre le bras de fer ». « Forcément »…

    Et puisque les jeux sont faits, restent les « concessions » et la « négociation ».

    Avant même que Sarkozy s’exprime, il ne reste rien d’autre à attendre que des concessions – que l’on espère ardemment :
    - Comme Patrick Pépin, dans Nord Eclair (8 septembre) : «  Il en aurait fallu plus pour que l’Elysée reconsidère sa position. Cependant, il ne peut être sourd et aveugle face à ces salariés du public et du privé qui acceptent d’amputer leurs revenus d’une journée de travail pour faire grève et manifester. Il lui faut chercher maintenant, et sans tarder, des concessions pour ne pas alimenter le mouvement de contestation.  »
    - Comme Jean-Marcel Bouguereau dans La République des Pyrénées (8 septembre) : « La marge de manœuvre de Sarkozy est petite. Il lui faut absolument, pour 2012, apparaître comme le vainqueur de cette bataille, il lui faut donner des gages aux agences de notation et maintenant il lui faut faire des concessions aux syndicats. Beaucoup plus qu’il ne l’avait initialement prévu.  »

    Des « concessions » que l’on tient même pour acquises et qui, croit-on, devraient ouvrir (enfin ?) la voie à des « négociations » :
    - Comme l’affirme Patrice Chabanet, dans Le Journal de la Haute-Marne (8 septembre) : « Dès ce matin, le chef de l’Etat fera une déclaration lors du Conseil des ministres. […] Il confirmera sans doute, comme l’a fait Eric Woerth, que la porte reste ouverte pour des négociations sur la pénibilité et les longues carrières. »
    - Ou Jacques Guyon dans La Charente Libre (8 septembre) : « Même si les syndicats ont tenu leur pari et qu’ils n’ont pas dit leur dernier mot, le gouvernement a réussi hier à passer un cap risqué. Et le voici désormais prêt à faire des concessions. Pas évidemment sur l’essentiel. Mais sur quelques points qui sont loin d’être accessoires comme les carrières longues ou la pénibilité. Depuis hier, on sait de chaque côté, qu’il reste du grain à moudre.  » [3]

    Les aménagements mineurs (et prévus de longue date pour faire mine de répondre à la mobilisation) se sont ainsi miraculeusement transformés en « concessions » qui ouvrent la porte à des « négociations ».

     

     

    IV. Que la paix sociale soit avec nous !

     

    Dès lors retentissent de vibrants appels à l’apaisement et au dialogue.

    - Les uns rêvent, comme Patrick Pépin, dans Nord Eclair du 9 septembre : « Un effort mieux réparti, un débat sans arrière-pensées et qui laisserait du temps au temps serait de nature à calmer la confrontation. Ce sera difficile, tant l’affaire est lancée comme une partie de bras de fer. »
    - D’autres s’alarment, comme François Martin (Le Midi Libre, 9 septembre) : « Comment arriver à un compromis acceptable pour les deux partis ? Encore une fois, notre bon vieux pays joue avec le feu : l’affrontement en guise de dialogue social. Sacrée habitude qui s’installe à chaque soubresaut. N’empêche ! Exécutif et syndicats sont dans le même bateau. Faire vite. Avant que le malaise social ne se radicalise. Un embrasement reste possible tant la France a peur de son ombre. Et de son avenir. L’apaisement, donc, plutôt que l’affrontement.  »

    Et nombre de nos effarouchés s’indignent de cette (mauvaise) « habitude qui s’installe à chaque soubresaut »,
    - Comme Rémi Godeau, dans L’Est Républicain : « La justice des mesures sera au cœur du débat. Un sujet explosif dans un pays – exception européenne - allergique au consensus. Même lorsque se règle la survie de notre régime par répartition.  »
    - Comme Patrice Guillier, étincelant de mépris, dans Le Courrier de l’Ouest (8 septembre) : « Une dramaturgie très française. Régulièrement ce pays, où les slogans fermentent aussi facilement que les fromages, se convoque lui-même en une sombre liesse protestataire. Hier était bien l’une de ces journées culminantes. Mais un gros coup de tonnerre ne résume pas l’orage à lui seul. Et une cohorte interminable de quelque 2,5 millions de manifestants ne clarifie pas tout une bonne fois. Ce serait trop simple. »
    - Comme Patrick Fluckiger dans L’Alsace (9 septembre) : « En fixant la barre à un niveau irréaliste, ils [Les syndicats] prennent le risque de transformer leur succès dans la rue en défaite finale. […] Chacun réclame un dialogue social de qualité, mais tous les prétextes sont bons pour le saboter. Résultat : personne ne sait comment sortir du blocage. Dans d’autres pays aussi, les salariés se mobilisent pour défendre leurs droits.  » Et après l’exemplaire exemple allemand, cette sentence : « En France, on préfère rester dans le conflit. C’est beaucoup plus cher, mais tellement plus romantique.  »

    Jacques Camus, dans La République du Centre, se « mobilise », lui aussi, pour appeler à l’apaisement.
    - Le 8 septembre, il se pose en arbitre « Reste pour les syndicats à gérer le succès d’hier en poussant leur avantage sans s’abandonner à un “aventurisme” qui rebuterait la base. […] C’est donc à Nicolas Sarkozy de reprendre le main et de dire à quels amendements il consent pour calmer l’ardeur retrouvée des syndicats et combattre ce “mécontentement sociétal” diffus qui a poussé hier beaucoup de manifestants dans les rues. Au-delà du seul problème des retraites.  »
    - Et le 9 septembre, les « amendements » de Sarkozy étant officiellement connus, il entreprend de dissuader de pousser trop loin l’expression de ce « mécontentement sociétal » : « La tentation existe […] chez certains, notamment dans les transports, d’une grève reconductible qui plongerait le pays dans de graves difficultés. Pas sûr, malgré les imperfections de la réforme, que l’opinion approuve des mouvements conduits par ceux qui ont été les plus "ménagés" à travers leurs régimes spéciaux.  » « Les imperfections de la réforme » : n’est-ce pas joliment dit pour l’entériner ?

    Signalons pour conclure que La Dépêche du Midi est l’un des très rares quotidiens régionaux (le seul de notre échantillon [4]), à épouser le point de vue des manifestants :
    - Le 6 décembre, Jean-Claude Souléry, note judicieusement : « Les Français ne veulent pas de cette réforme des retraites. Les Français n’ont plus confiance en Nicolas Sarkozy. […] Dès lors, les cortèges de mardi prendront valeur d’un ’non’ tonitruant à une politique dite de réforme - le mot “réforme” signifiant pour beaucoup une variété ’light’ de la régression sociale. […] Dès juillet, Nicolas Sarkozy admettait que la mobilisation syndicale serait puissante, mais ajoutait néanmoins qu’il ne reculerait pas d’un pouce. Autant dire que nous sommes bel et bien à la veille d’une épreuve de force. »
    - Et le 9 septembre le même éditorialiste traduit ainsi, le 9 septembre, l’attitude du gouvernement : « Autrement dit : manifestez, manifestez ! - moi, je trace ma réforme. » Et de poursuivre : « Peu importe que cette réforme des retraites soit rejetée par la grande majorité des Français, peu importe que, mardi, les syndicats aient clairement remporté la bataille de la rue, au final le chef de l’État en personne vient de réaffirmer hier ce qu’il avait déjà martelé à chaque occasion : on corrige la copie à la marge, on gomme une virgule, mais, qu’on se le dise, pas question de reculer sur l’essentiel ! »

    ***

    Comme le note avec justesse l’éditorialiste de l’Est Républicain, au lendemain de la manifestation : « Ainsi la rue a parlé. Mais qu’a-t-elle dit au juste ? Dans une partition très française, les ventriloques de tous bords ont livré leur version du “message” des manifestants. » Savoureux mélange de lucidité et d’aveuglement, car le même poursuit ainsi : « Les Français ont été bien plus nombreux à faire entendre leur opposition à la retraite à 62 ans. La France réclame-t-elle pour autant un retrait pur et simple du projet ? À voir. » Et de fait, les ventriloques de la presse régionale, de quelque « bord » qu’ils soient, ont livré à de rares exceptions et nuances près une « version » singulièrement monocolore du « message » des manifestants, expurgée de l’essentiel de son contenu politique, et globalement favorable, directement ou plus insidieusement, aux principales dispositions de la contre-réforme gouvernementale.


    Soit. Mais, heureusement pour le pluralisme, la presse parisienne nationale sait rééquilibrer les choses. La preuve ? Il y a L’Humanité, par exemple, pour porter une autre voix et une autre analyse, comme celle que propose Jean-Emmanuel Ducoin le 7 septembre : « La France des luttes, celle qui ne se résout jamais à la domination de puissants, a rendez-vous avec son destin, cette semaine, et plus particulièrement ce mardi 7 septembre, jour de grandes mobilisations partout dans le pays pour refuser le projet gouvernemental de démantèlement de nos retraites. L’enjeu enjambe de loin le strict cadre d’une nouvelle journée d’action. N’ayons pas peur des mots, notre avenir commun est en cause. Un choix de civilisation. »

    ...Mais c’est le seul exemple. Qu’ils soutiennent ouvertement la contre-réforme (Le Figaro), qu’ils défendent ses principales dispositions (Le Monde) ou qu’ils les entérinent à mot couvert (La Croix, Libération), les éditorialistes des principaux journaux de la presse nationale nous offrent toutes les nuances d’une même couleur.

    - Le Figaro – c’est sans surprise – soutient Nicolas Sarkozy et son électorat dans lequel on peut compter la majeure partie du lectorat du Figaro. Dès le 6 septembre, Paul-Henri du Limbert fixe le cap :

    « Si cette semaine est décisive, c’est parce que Nicolas Sarkozy, s’attaquant au plus grand des totems de la gauche, s’attaque aussi au symbole d’une époque révolue où les gouvernements étaient persuadés que l’on pouvait dépenser sans compter. Sur ce dossier comme sur d’autres, c’est comme si le chef de l’État sifflait la fin d’une ’récréation’ qui aura tout de même duré une trentaine d’années. […] Nicolas Sarkozy peut faire de cette bataille le premier chapitre de la reconquête. Ses électeurs de 2007 lui réclament simplement de tenir bon. C’est un exercice qu’il connaît bien. »

    - Dans Le Monde, Eric Fottorino, (9 septembre) se penche sur « Les Français et la peur de l’avenir ». C’est le titre. Et c’est ce qu’« on pouvait percevoir […] dans les cris et les protestations du million et demi - au moins - de personnes descendues dans la rue ». Après une brève litanie sur « les inquiétudes très concrètes  » des manifestants, Eric Fottorino, perspicace, en relève quelques autres (« C’est précisément la question de l’emploi qui enlève aux Français toute vision sereine de l’avenir  », « Le passage du témoin de la prospérité d’une génération à l’autre n’est plus assuré  »), avant de prendre nettement position : « Sur le fond, pourtant, repousser l’âge légal du départ à la retraite est une nécessité largement admise. Sauf à entretenir un mensonge général sur la capacité de l’Etat à financer le système, il faut bien regarder les réalités en face. » Regarder la réalité en face, pour Le Monde, c’est entériner la réforme Sarkozy…

    - Dans La Croix, le 6 septembre, François Ernenwein prophétise ; « Nicolas Sarkozy voulait mener à bien cette réforme centrale pour son quinquennat et, selon toute vraisemblance, il y parviendra.  » Mais, le 8 septembre, au lendemain de la manifestation, le même « négocie » : « C’est donc dès maintenant que le gouvernement devra faire les ouvertures déjà annoncées. En laissant aux syndicats le plaisir d’annoncer ce qu’ils ont “arraché”. Ce compromis serait une conclusion acceptable pour une réforme que de nombreux manifestants d’hier savaient à la fois nécessaire et inéluctable.  »

    - Et dans Libération, Laurent Joffrin affiche paisiblement ses désirs et prend ses désirs pour la réalité. Dès le 8 septembre, il écrit : « Confronté à la protestation, il [le gouvernement] affiche une attitude plus ouverte et parle même de négociation. Il reste à passer de la parole à l’acte. Même dans le cadre très contestable du projet, il existe une place pour les compromis. On peut atténuer l’injustice de la réforme, par exemple, en se penchant plus sérieusement sur le sort de ceux qui entament très tôt leur vie active ou encore en prenant en compte les carrières incomplètes. Mais pour cela, une seule manifestation ne suffira pas ».

    Et le 9 septembre, il se réjouit : « Etrange négociation, sans discussions directes ni contacts à ciel ouvert. Mais négociation tout de même. Dès lors, il s’agit d’obtenir des concessions aussi substantielles que possible, mais néanmoins partielles et non le retrait du projet, demandé seulement par une minorité. Par des voies indirectes et bien françaises sous le couvert d’un langage qui reste rude, un syndicalisme de négociation se substitue progressivement au syndicalisme de protestation  ».

    ... Tandis que le journalisme d’opinion se réduit chaque jour davantage au journalisme d’« opinons »...

    Henri Maler et Olivier Poche
    - Illustration de Sébastien Marchal

    Notes

    [1] Tantôt c’est le gouvernement qui parie sur l’usure et la résignation :
    - « Tout le pari repose ainsi sur la lecture que chacun fera de cette journée. Le président est convaincu que les Français grognent, mais admettent la nécessité de la réforme. » (Xavier Panon, La Montagne, 8 septembre). _ - « Son pari [celui du président] est qu’une majorité de Français s’est résignée à travailler plus longtemps, à condition d’avoir l’impression que l’effort est justement réparti. Et il veut croire que la répétition des manifestations et des grèves, avec les tracas qu’elles charrient, finira par lasser  » (Le Progrès de lyon, Francis Brochet, 8 septembre).
    - «  Ce dernier[le gouvernement] compte sur l’usure de la contestation. Son projet n’est pas populaire, mais dans le même temps les Français plaident pour la réforme du régime des retraites. Un match serré, diraient les sportifs.  » (Patrice Chabanet, Le Journal de la Haute-Marne, 8 septembre).

    Tantôt, c’est l’éditorialiste qui l’affirme, sans s’abriter derrière les « paris » du gouvernement :
    - « Les Français, s’ils soutiennent majoritairement le mouvement de la rue, semblent s’être résignés à l’idée de la réforme. Sarkozy le sent. Le sait. Aussi, reste-t-il droit dans ses bottes. [...] pas question de toucher au report de l’âge légal, 62 ans désormais. Circulez, y’a rien à voir ! Le chef de l’État tient sa réforme clé. Comme les footeux, leur match de référence. Elle est primordiale dans son aventure présidentielle.  » (Midi Libre, François Martin, 8 septembre).

    [2] «  Si Nicolas Sarkozy retirait sa réforme, son quinquennat exploserait en vol. Les dix-huit mois qu’il lui resterait à passer à l’Élysée seraient une longue litanie de sanctions européennes pour déficit excessif, de baisse de la note souveraine de la France par les agences de notation, peut-être de crise majeure de l’euro. Et, forcément, de difficultés sociales accrues…  »

    [3] Mais dès le lendemain, le même ironisera à propos des aménagements mineurs proposés par Sarkozy « Autant de concessions arrachées par la rue ? Rideau de fumée ? En tout cas, à force d’exception et de dérogations dans les exceptions, on a le sentiment qu’on est en train de bâtir une véritable usine à gaz en multipliant les régimes spéciaux. Ironie de l’histoire sociale : hier ce sont les syndicats qui ont dit tout le mal qu’ils pensaient de ces régimes spéciaux.  » (La Charente Libre, 9 septembre).

    [4] Qui s’appuie, pour l’essentiel, sur la revue de presse du nouvelobs.com.

     

    http://www.acrimed.org/article3443.html


    votre commentaire
  • 20/09/2010 19:25

    PARIS (AFP) - La plainte du Monde sur la violation du secret des sources a été déposée


    .

     

    .


    Le Monde a déposé plainte pour violation du secret des sources comme il l'avait annoncé il y a une semaine après avoir fait état d'une enquête du contre-espionnage français sur un de ses journalistes travaillant sur l'affaire Woerth/Bettencourt, a indiqué lundi le quotidien.


     

    Merci de lire la suite de la dépêche sur le site du journal

     

     

     

    http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=16009

     


    votre commentaire
  • Christian Poveda, photographe journaliste et réalisateur du documentaire "La Vida Loca", a été assassiné au Salvador en septembre 2009.

    Depuis un an, l'interminable enquête de l'instruction ne cherche en fin de compte qu'a dissimuler l'entière vérité.
    Qui ou plutôt Pour Qui et Pourquoi a-t-il été assassiné.

    De nombreuses sources dont le syndicat des journalistes du Salvador mentionnent que l'on n'a pas recherché les véritables raisons et les responsables de ce meurtre.
    Que l'on s'est contenté d'en faire porter l'entière responsabilité aux membres de la maras 18 que Christian avait côtoyés pendant plus d'un an durant le tournage de son documentaire.

    Plus de 35 personnes inculpées, seulement sur des présomptions à charge, comme le témoignage d'un prisonnier ex-membre de la mara 18 "repenti" qui de sa prison aurait entendu, sans s'y avoir participé, que l'ordre de l'assassinat aurait été pris et organisé par des chefs de la mara 18 lors de deux réunions qui auraient eu lieu dans la prison.
    Parmi les prévenus, il y a aussi un policier de l'unité 911 "anti-pandillas" qui aurait manipulé des membres de la mara 18, en leur faisant croire que Poveda sous couvert de faire un documentaire sur les maras était en fait un indicateur de police.
    En résumé le bilan de cette instruction: une rafle des maras de la région du lieu le meurtre, on ajoute d'autres maras déjà en prison et un policier du bas de l'échelle.

    Christian Poveda était gênant, car il remettait bruyamment en cause, la police, la justice, et derrière les réels bénéficiaires des profits (drogues, rackets, trafic d'armes, sociétés privés de sécurité) de cette délinquance violente.

    Pour la remise en cause de l'enquête judiciaire sur le meurtre de Christain Poveda ( journaliste assassiné au Salvador le 02/09/2009)


    Auteur : Chien Guevara - Source : http://forget.e-monsite.com/accueil.html...

     

    http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=16011


    votre commentaire
  • L'image de notre pays est ternie !

    On nourrit le rejet de l'autre et les extrémismes,

    on prépare le choc de civilisations et la guerre contre l'Iran,

    car on ne cesse de donner une tribune à la propagande contre l'Islam !

    Ci-joint une parution sur mon blog R-sistons,

    mon post puis celui de Michel  Chossudovsky,

    enfin voici ce que Pujadas vient de dire sur FR2 (eva):

     

    islamophobie--banderole-j.jpg

     

     

    Non à la diabolisation plus ou moins déguisée

    de l'Islam, 3e grande religion monothéiste

    Par eva R-sistons

     

     

    Bonjour

     

    J'étais en train de ferrailler sur un site évangélique "apocalyptique"  pour défendre l'Islam subtilement attaqué,  lorsque je reçois cet avis de parution d'un article sur la "sainte" croisade des Etats-Unis contre le monde musulman, à pic  pourrait-on dire, si l'on souhaite alimenter le débat et refuser le conditionnement permanent.

     

    Actuellement, les Médias plus ou moins sionisés se sont emparés, avec délices et surtout opportunisme, de l'initiative d'un pasteur américain comme il y en a tant aujourd'hui, aux USA, à la sauce Bush, stupide, haineux, assoiffé de gloriole et surtout bien peu animé de l'amour authentiquement chrétien. Celui-ci veut brûler des Corans, il n'a rien trouvé de mieux pour sortir de l'anonymat. Et les Médias aux ordres des Anglo-Saxons et des Israéliens brûlant d'en découdre avec les Musulmans qui refusent de s'aligner sur leur modèle militaro-financier ultra-libéral et assassin, hégémonique et prédateur, et qui vivent sur des terres bien situées et riches en ressources convoitées, ces Médias, donc, relaient frénétiquement l'odieuse initiative du Pasteur en mal de notoriété pour s'en servir à des fins de diabolisation de l'Islam, encore et toujours, mais cette fois masquée, déguisée.

     

    Tout est prétexte à taper sur les Arabes, les Musulmans, pour dresser l'opinion mondiale contre eux, et les préparer au choc de civilisations programmé par la Haute Finance et les Multinationales de mort. Encore aujourd'hui, la très sioniste chaîne FR2 s'est emparée de l'occasion, pour sans en avoir l'air attaquer les Musulmans, perfidement, sous tous les prétextes. Les Médias ne sont pas en reste, comme France24 d'Ockrent, la compagne du néoconservateur Kouchner, qui en soulignant le réveil de l'islamophobie aux Etats-Unis, espère bien réveiller celle des Européens, au passage, au cas où ils n'auraient pas été assez matraqués. Du joli boulot !

     

    Quand comprendrons-nous qu'en diabolisant sans cesse les Musulmans, que l'on  assimile de plus en plus aux Islamistes, nous travaillons au choc de civilisations,  à la préparation des guerres futures planétaires, totales et nucléaires dont nous serons, aussi, d'une façon ou d'une autre, victimes ? Déjà, aujourd'hui, j'apprends que le Spécialiste, en France, de la lutte contre le terrorisme, a affirmé que la France était grandement menacée, par sa participation aux guerres de l'OTAN et par sa dénonciation des valeurs islamiques, par ses mesures contre le port de la burka, etc... Ceux qui sèment le vent, en effet, finissent tôt ou tard par récolter la tempête. Avec à la tête de notre pays un pouvoir inféodé aux grands stratèges du choc de civilisations, nous serons aux premières loges des attaques des résistants à l'occidentalisation forcée du monde.

     

    Que pouvons-nous faire, à notre niveau ? Au moins refuser d'entrer dans le jeu de la diabolisation machiavélique de ceux qui refusent notre Ordre, ou plutôt nos désordres, informer nos concitoyens des manipulations qui les guettent, et surtout, le moment venu, résister à l'enrôlement pour les guerres au service des multinationales apatrides.

     

    Déjouons les pièges de la communication, de la désinformation, de la propagande plus ou moins déguisée !

     

    Votre eva R-sistons

     

    TAGS: Choc de civilisations, Etats-Unis, ultra-libéralisme, Coran, Islam, musulman, Arabe, Bush, Israël, Anglo-Saxons, guerres, médias, chrétiens, FR2, France24, Ockrent, Kouchner, islamophobie, islamisme, OTAN, Européens, diabolisation, lutte anti-terroriste, France, burka, apatride, nucléaire...

     

    Je viens de poster ce commentaire sur un forum:

    Mais en posant cette question ("est-ce que l'Islam est une religion de paix"), tu fais le jeu de la Pensée unique occidentale nous préparant au choc de civilisations. La situation est aigüe, nous sommes peut-être au bord de l'attaque de l'Iran par l'Empire.
    Ce qu'il faut voir, c'est que quand bien même ce ne serait pas une religion de paix, ils ne sont pas armés comme l'occident, ils n'ont pas ses moyens financiers, et ils ne sont pas dangereux comme lui. Ce ne sont pas les Musulmans qui bombardent partout. Quant à Al Quaïda, ce sont (dixit spécialiste du terrorisme en France) 2000 islamistes dans le monde. Ils effraient l'Occident ? Mieux vaut en rire, c'est un prétexte pour nous faire peur, pour nous faire accepter les guerres juteuses et les lois liberticides.
    Cordialement, eva

     

    800px-Thetriumphofdeath-copie-1.jpg

     

     

    La sainte croisade des États-Unis contre le monde musulman

    Michel Chossudovsky, 11.9.10

     

    L’évolution de la doctrine de l’armée étasunienne a amorcé une transition critique. La « guerre mondiale au terrorisme » (GMAT) lancée contre Al-Qaïda dans la foulée du 11-Septembre se transforme en véritable « guerre de religion », en « sainte croisade » contre le monde musulman.

     

    Le dogme de l’armée étasunienne et la propagande de guerre durant l’administration Bush ont été fondés sur la lutte contre le fondamentalisme islamique, non pas contre les musulmans. « Il ne s’agit pas d’une guerre entre l’Occident et l’Islam, mais […] d’une guerre contre le terrorisme. » Il faut distinguer les soi-disant « bons musulmans » des « mauvais musulmans » :

     

    Le 11 septembre 2001, la poussière des tours jumelles effondrées à peine retombée, on s’est mis à chercher fébrilement des « musulmans modérés », des gens pouvant nous donner des réponses, qui se distancieraient de cette indignation et condamneraient ces actes violents d’« extrémistes musulmans », de « fondamentalistes islamiques » et d’« islamistes ». Deux catégories distinctes de musulmans ont rapidement émergé : les « bons » et les « mauvais », soit les « modérés », « libéraux » et les « laïques »¸ par opposition aux « fondamentalistes », aux « extrémistes » et aux « islamistes ».(Tariq Ramadan, Good Muslim, bad Muslim, New Statesman, 12 février 2010)

     

    Dans la foulée du 11-Septembre, dans la plupart des pays occidentaux, la communauté musulmane était nettement sur la défensive. La division entre les « bons » et les « mauvais » musulmans était largement acceptée. Les attaques du 11 septembre, prétendument perpétrées par des musulmans, était non seulement condamnées, mais les communautés musulmanes appuyaient également l’invasion des États-Unis et de l’OTAN et l’occupation de l’Afghanistan, considérées comme une campagne légitime contre le fondamentalisme islamique.

     

    L’objectif de Washington était d’inculquer un sentiment de culpabilité au sein de la communauté musulmane. Cette dernière a rarement admis que les attaques n’ont pas été incitées par des musulmans. La relation continue d’Al-Qaïda avec la CIA, son rôle à titre d’« élément actif du renseignement » depuis la guerre soviéto-afghane ne sont pas mentionnés. (Michel Chossudovsky, America's "War on Terrorism"  Global Research, Montreal, 2005)

     

    Depuis le début des années 1980, Washington a clandestinement appuyé les factions les plus conservatrices et les plus fondamentalistes de l’Islam, surtout dans le but d’affaiblir les mouvements laïques, nationalistes et progressifs du Moyen-Orient et de l’Asie centrale. Connues et documentées, les missions fondamentalistes wahhabites et salafistes de l’Arabie Saoudite expédiées non seulement en Afghanistan, mais aussi dans les Balkans et dans les républiques musulmanes de l’ancienne Union Soviétique, ont été clandestinement appuyées par les services de renseignement des États-Unis. (Ibid.) Ce que l’on appelle « islam politique » est en grande partie une création de cet appareil de renseignement étasunien (avec le soutien du MI6 britannique et du Mossad israélien).

     

    La mosquée

    de Ground Zero

     

    Des développements récents suggèrent un point de rupture, une transition de la « guerre au terrorisme » à la diabolisation catégorique des musulmans. Tout en soulignant la liberté de religion, l’administration Obama « appelle » à une guerre élargie contre l’Islam :

     

    En tant que citoyen et président, je crois que les musulmans ont le droit de pratiquer leur religion comme n’importe qui dans ce pays […] Nous sommes aux États-Unis et notre engagement envers la liberté de religion doit être incontestable. (Cité dans  Obama Backs Ground Zero Mosque; Iranian Link Questioned, Israel National News, 15 août 2010)

     

    Derrière l’écran de fumée politique, la distinction entre les « bons » et les « mauvais musulmans » est abandonnée. La proposition d’une mosquée à Ground Zero est prétendument financée par « l’État iranien, radical et voyou […] au moment où les États-Unis durcissent les sanctions contre le régime en riposte à son soutien au terrorisme et à ce que l’on soupçonne être un programme visant à fabriquer des armes nucléaires » ( Ground Zero mosque developers refuse to outright reject funding from Iranian president Mahmoud Ahmadinejad - NYPOST.com, August 19, 2010)

     



    La vague de xénophobie déclenchée par la mosquée et le centre communautaire envisagés à Ground Zero a toute les apparences d’une PSYOP (opération psychologique), contribuant à fomenter la haine envers les musulmans dans le monde occidental.

     

    Le but est d’inculquer la peur, de provoquer et d’exploiter le soutien inflexible des citoyens pour la prochaine étape de la « longue guerre » des États-Unis, laquelle consiste à lancer des attaques aériennes « humanitaires » contre la République islamique d’Iran, représentée dans les médias comme un souteneur du terrorisme.

     

    Bien que « tous les musulmans ne soient pas des terroristes », les médias rapportent que toutes les attaques terroristes (planifiées ou réalisées) sont perpétrées par des musulmans.


    Aux États-Unis, toute la communauté musulmane est ciblée. On décrit l’Islam comme une « religion de guerre ». On claironne que le projet de mosquée et de centre communautaire sont une « violation du caractère sacré de Ground Zero ».

     

    […] construire une mosquée à Ground Zero est offensant et irrespectueux pour la ville et les personnes mortes lors des attaques. Ce projet « crache au visage de tous ceux qui ont été assassinés le 11 septembre. (Plan to build mosque at Ground Zero angers New Yorkers ,National Post, 17 mai 2010)

     

    « Terrorisme

    d’origine intérieure »

     

    Les arrestations de soi-disant « terroristes islamiques d’origine intérieure » fondées sur des accusations inventées, ainsi que leurs procès spectacles, occupent une fonction importante. Dans l’inconscient des Étasuniens, ils entretiennent l’illusion que les « terroristes islamiques » constituent non seulement une menace réelle, mais aussi que la communauté musulmane à laquelle ils appartiennent est largement favorable à leurs actions.

     

    [D]e plus en plus, la menace ne provient pas des étrangers parlant un anglais approximatif et détenant des passeports douteux, elle est plus près de la maison. Elle réside dans les maisons en rangée urbaines, dans les sous-sols obscurs, partout où il y a un accès internet. Le terrorisme d’origine intérieure est la plus récente incarnation de la menace d’Al-Qaïda. (How terror came home to roost, Ottawa Citizen, 27 août 2010, article sur une prétendue attaque terroriste au Canada)

     

    À l’heure actuelle, un mécanisme généralisé de diabolisation d’un groupe entier de population se déroule par un processus visant de manière sélective les musulmans aux tendances radicales (ou supposément associés à des « organisations terroristes »).


    Les musulmans font de plus en plus l’objet de discrimination de routine et de profilage racial. Ils sont considérés comme une menace potentielle à la sécurité nationale. On dit de la menace qu’elle est « bien plus près de la maison », « dans votre voisinage ». Autrement dit, ce qui se déroule est une chasse aux sorcières sans réserve évoquant l’Inquisition espagnole.


    Par ailleurs, on décrit Al-Qaïda comme une puissante organisation terroriste multinationale (possédant des armes de destruction massive), avec des filiales (soutenues clandestinement par les services de renseignement des États-Unis et de leurs alliés) dans de nombreux pays musulmans. Al-Qaïda se trouve (avec des acronymes équivalents) dans divers points chauds géopolitiques et dans des théâtres de guerre.


    Al-Qaïda en Irak (AQI), Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) (composé d’Al-Qaïda en Arabie Saoudite et du Djihad islamique du Yémen) Al-Qaïda en Asie du Sud-Est (Jamaah Islamiyah), l’organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique, Al-Shabbaab en Somalie, le Djihad islamique égyptien, etc.

     

    Les atrocités commises à l’endroit de plusieurs millions de musulmans en Irak et en Afghanistan ne sont jamais considérées comme des actes terroristes perpétrés par les forces d’occupation.

     

    L’Inquisition

    étatsunienne

     

    Une « guerre de religion » se déploie dans le but de justifier une croisade militaire mondiale. Dans l’inconscient de bien des Étasuniens, la « sainte croisade » contre les musulmans  est justifiée. Le président a beau maintenir la liberté de religion, l’ordre social inquisitorial des États-Unis a institutionnalisé des tendances discriminatoires, préjudiciables et xénophobes envers les musulmans. Le profilage racial s’applique au voyage, au marché du travail, à l’accès à l’éducation, aux services sociaux et de manière plus générale à la mobilité et au statut sociaux.

     

    En tant que concept idéologique, l’Inquisition des États-Unis est semblable à bien des égards à l’ordre social inquisitorial qui régnait en France et en Espagne au Moyen-âge. L’Inquisition, qui a débuté en France au 12e siècle, a servi à justifier des conquêtes et des interventions militaires. (Voir Michel Chossudovsky, Le 11 septembre et l'« Inquisition américaine », Mondialisation.ca, 11 septembre 2008).

     

    Les arrestations, les procès et les sentences des prétendus « terroristes d’origine intérieure » (de la communauté musulmane aux États-Unis) suite à des accusations inventées perpétuent la légitimité de l’État de la Sécurité intérieure et de son appareil inquisitorial légal et d’application de la loi.

     

    Une doctrine inquisitoriale bouleverse les réalités. Il s’agit d’un ordre social fondé sur des mensonges et des fabrications. Mais puisque ces mensonges émanent de la plus haute autorité politique et font partie d’un « consensus » largement admis, ils demeurent invariablement incontestés. Ceux qui contestent l’ordre inquisitorial ou s’opposent d’une quelconque manière à l’armée des États-Unis ou à leur programme de sécurité nationale sont étiquetés comme étant des « théoriciens de conspiration » ou de purs terroristes (tout est inversé, eva).

     

    Outre le processus d’arrestations et de poursuites inquisitoriales qui surpasse l’Inquisition espagnole, un programme d’assassinat extrajudiciaire opportun approuvé par la Maison-Blanche a été mis en branle. Celui-ci permet aux forces spéciales étasuniennes de tuer des citoyens étasuniens et ceux soupçonnés d’être des terroristes d’origine intérieure. (Voir Chuck Norris, Obama's US Assassination Program? "A Shortlist of U.S. Citizens specifically Targeted for Killing"?, Global Research, 26 août 2010)

     

    Le but est d’entretenir l’illusion que « les États-Unis sont attaqués » et que les musulmans  partout au pays sont complices et approuvent le « terrorisme islamique ».

     

    La diabolisation des musulmans préserve le programme militaire mondial. Sous l’Inquisition des États-Unis, Washington possède un mandat sacré autoproclamé lui permettant d’anéantir l’Islam et de « propager la démocratie » dans le monde.


    Nous faisons face à une acceptation totale et aveugle des structures de pouvoir et de l’autorité politique.

     

    La sainte croisade des États-Unis contre le monde musulman est un véritable acte criminel à l’endroit de millions de personnes. Il s’agit d’une guerre de conquête économique.

    Plus de 60 % des réserves mondiales de pétrole et de gaz naturel se trouve sur des terres musulmanes. « La bataille pour le pétrole » menée par l’alliance militaire des États-Unis, de l’OTAN et d’Israël requiert la diabolisation des habitants de ces pays détenant ces vastes réserves de pétrole et de gaz. (Voir Michel Chossudovsky, La « diabolisation » des musulmans et la bataille pour le pétrole, Mondialisation.ca, 7 janvier 2007) 

     


    Article original en anglais :  America's Holy Crusade against the Muslim World, publié le 30 août 2010.


    Traduction : Julie Lévesque pour Mondialisation.ca.

    Michel Chossudovsky est directeur du Centre de recherche sur la mondialisation et professeur émérite de sciences économiques à l'Université d'Ottawa. Il est l'auteur de Guerre et mondialisation, La vérité derrière le 11 septembre et de la Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial (best-seller international publié en 12 langues).  

     

    http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=21001   

     


     

    Lire aussi :

     

    Diabolisation de l’Islam : l’Avènement du choc des ignorances

    Extrait : La tolérance Islamique ne se limite pas aux Peuples du Livre, mais s’étend
    à tous ceux qui aiment la vérité avec foi, sincérité et droiture. Dieu
    affirme dans le Saint Coran : «Ceux qui croient (dans le Coran) et ceux qui
    observent (les Ecritures) des Juifs, des Chrétiens et des Sabéens, et ceux qui
    croient en Dieu, et au Jour Dernier, et ceux qui agissent avec droiture, ils
    recevront leur récompense de leur Seigneur, ils n’auront rien à craindre,
    ils ne seront pas affligés.» Sourate 2, (La Vache), Verset 62.

     

     

    Origines et raisons de la progression de l'islamophobie en Occident

    Introduction de l'article: On constate depuis quelques temps une montée de l'islamophobie en occident. Paroles décomplexées, liberté d'insulte et de calomnie, l'Islam est aujourd'hui l'exutoire idéal sur lequel on peut tout dire et faire passer un racisme souvent peu avouable,et assez mal vu, pour de la liberté d'expression et de critique saine.

    Toutefois que l'islamophobie n'est pas juste un sentiment ponctuel et une libre critique d'une religion, mais s'inscrit au contraire dans un processus de propagande bien organisé et bien huilé dont nous verrons les visées politiques.

     

     
    Propagande contre l'Islam sur une chaîne publique:

    FR2  13 septembre 2010:

     

     

    Un fils de dirigeant du Hamas devenu espion pour le compte d'Israël,

    Journal de 20 h, de David Pujadas, "Le Prince vert Palestinien",

    "Histoire d'un traître ou d'un héros, question de point de vue".

     

    Je cite:

     

    "Il renie l'Islam à une époque où les attentats-suicides se multiplient, d'une grande violence", 

    (NB Islam donc assimilé à attentats-suicides)

    "Il pense que l'ISLAM  EST  DANGEREUX  POUR  l'OCCIDENT  ET  POUR  LES  MUSULMANS  EUX-MEMES,

    les Musulmans sont en retard à cause... de l' Islam !"

     

    Voilà comment on incite à la haine, au rejet, au racisme, au choc de civilisations, et comment on prépare les guerres futures notamment contre l'Iran, si juteuses pour l'Occident prédateur et dominateur, hégémonique.

     

    Quand on connaît l'orientation politique de cette chaîne essentiellement aux mains des néo-sionistes,

    on ne s'étonne plus de cette partialité absolument scandaleuse.

     

    Eva R-sistons à l'intolérable


     



    votre commentaire
  •  Djamelito   Lundi 13 Septembre 2010
    La Vérité sur Hugo CHAVEZ  

     

    La Vérité sur Hugo CHAVEZ


    Face à la calomnie médiatique :

    Les manipulations et l’acharnement contre le Venezuela qu’on voit tous les jours dans la boîte à caca (la télévision) c’est-à-dire par les Médias-Mensonges-Manipulateurs-Collabos tiennent simplement au fait que ce pays dérange les «forces du mal» c'est-à-dire l'empire impérialiste et capitaliste…

     
    Si le gouvernement qu’il dirige fait l’objet de tant d’attaques et d’acharnements c’est uniquement à cause de l’expérience remarquable qui s’y déroule, soutenue par une large majorité des vénézuéliens. Cette expérience dérange tous ceux qui veulent perpétuer la spoliation de l’Amérique du Sud. En d’autres termes, c’est l’engagement et la vison du gouvernement du président Hugo Chavez en vers son peuple et ceux du Sud, pour un autre monde possible qui sont ici ciblés. Les faits suivants en témoignent :


    - L’éradication de l’analphabétisme (« Mission Robinson »), au bout de deux ans avec la méthode cubaine « Yo, si puédo ».


    - Permettre aux adultes de poursuivre gratuitement leurs études : « Mission Ribas », pour le secondaire. « Mission Sucre », pour l’Université.


    - Au plan de la santé-médecine, « l’opération Miracle » a permis à des milliers de vénézuéliens démunis de bénéficier gratuitement d’une opération de la cataracte, avec l’assistance de la coopération médicale cubaine.


    - L’octroi d’une pension de retraite à toutes les personnes âgées de 60 ans, anciens salariés ou non, grâce aux ressources tirées du pétrole.

     
    - (...)

     
    S’agissant du Sud, L’Accord Bolivarienne des Amériques, la Banque du Sud (ALBA), Télé Sud, Pétro Caraïbes, le Sommet Afrique/Amérique Latine ainsi que le Festival Culturel avec les Peuples d’Afrique, sont autant de réalisations auxquelles le Venezuela a grandement contribué, dans le cadre de la coopération Sud-Sud. Ce qui constitue une rupture avec cette veille coopération de type néocoloniale, « Nord-Sud ».

    Voila les raisons, les motivations profondes qui donnent des sueurs froides aux gourous de la haute finance internationale des places boursières de Wall Street, de la City de Londres, Bonn, Tokyo et autres. Mais il ne fait aucun doute que le peuple et le gouvernement du Venezuela, viendront à bout de tous leurs ennemis et de toutes les forces réactionnaires…
     

    C’est notre Devoir de soutenir Hugo Chavez ! Longue Vie à Hugo Chavez !

    DJAMELITO

    http://djamelitoinfo.blogspot.com


    Lundi 13 Septembre 2010

     

     

     

    ______________________________________________________________________

     

     

     

    Auteur : Théophraste R. - Source : Le Grand Soir

    Dans le dénigrement systématique, le mensonge, la haine, contre la « révolution bolivarienne » au Venezuela et le président HUGO CHAVEZ, satanisé par Washington.... il est difficile de faire plus que le quotidien socialiste espagnol « El Pais » et notre champion de l’objectivité : « Le Monde » et son inimitable Pablo P.Paranagua.


    On vote pour des législatives au Venezuela le 26 septembre. Depuis des mois, le matraquage médiatique annonçait Chavez battu : insécurité, pénuries, violence, trafic de drogue, risque de guerre avec la Colombie, censure... Le peuple en avait marre ! Et voilà que dans un édito du 28 août, « El Pais » devance le camouflet et le déshonneur...


    Il écrit, dans un océan de mauvaise foi (risque de fraude, « croissante colonisation des médias pour faire obstacle à la campagne de l’opposition », etc.) que « l’appui populaire à Chavez est très large ».


    Tiens, tiens, on le croyait politiquement moribond ! L’édito concède aussi « l’amélioration du niveau de vie de la plus grande partie de la population ». Peut-on en dire autant à propos de la France et de l’Espagne zapatériste ?


    Chavez est vraiment un sacré dictateur qui affame son peuple ! Il est grand temps que le peuple vénézuélien, instruit par les médias d’opposition (plus de 80% du spectre) et par la bienpensance occidentale, ouvre les yeux ! Sinon, que restera-t-il à ces médias : changer de peuple ?


    Théophraste R. (legrandsoir.info).


    PS. Je ne sais pas pourquoi, Hugo Chavez me fait penser à une chanson estudiantine dont le couplet dit « Non, non, non Saint Eloi n’est pas mort… » et dont le refrain me renvoie à « Quand je pense à Fernande » de Georges Brassens.

     

    http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=15761


    votre commentaire