Un C dans l’air d’une exceptionnelle hauteur et profondeur (si, si, c’est cumulable chez Calvi !) d’analyse. L’approche de Jean-Paul Delevoye, murie par ses expériences de Président de l’Association des maires de France et surtout de médiateur de la République, en a été la source première. Son diagnostic des déviances du système politico-médiatique, dans une démocratie dénaturée, éclaire un demi-siècle d’évolution de notre régime. Avec comme interlocuteurs le subtil et européen Dominique Reynié, le percutant Christophe Barbier et un historien chevronné, les échanges ont fouillé les dysfonctionnements sans faux semblant. La gestion du temps politique, obsédé par la séduction d’un électorat volatil, ne peut s’accorder avec les impératifs d’une nation surendettée. La démocratie succombera-t-elle d’avoir fait la place trop belle à la démagogie de carriéristes talentueux et rhétoriciens ? Tout ne tient encore que par le crédit accordé aux branches protectrices.
Une part croissante de la population se détourne de ce qui devrait former le fameux contrat social avec ses valeurs censées être partagées. La délicate question de la compatibilité de notre société avec les schémas d’individus faisant de leur religion un objectif politique, par conviction profonde ou provocation systématique, ne doit pas être éludée par frilosité intellectuelle.
La campagne des présidentielles 2012, avec cette explosivité du tissu social, doit-elle se concentrer sur la rébarbative déclinaison des propositions techniques et laisser les grands desseins enflammés à des lustres plus apaisés ? Si vœu il y a, il est illusoire. Le pluralisme exige la confrontation jusqu’à la mauvaise foi. Exalter son premier cercle militant pour mieux enthousiasmer les sympathisants qui eux-mêmes influenceront une partie du corps électoral.
Ça vente, les formes se brouillent, les sens dérivent, la pesanteur sociale et ses obligations maintiennent encore nos repères, mais l’effondrement n’est plus impossible.
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