Pink Sherbet Photography - CC by(..)

Anglicisation, machinisation et mondialisation sont ici trois arguments qui font dire à l’auteur qu’Internet est loin d’être neutre et nous oblige implicitement ou explicitement à adopter certaines valeurs, avec toutes les conséquences que cela implique[1].

 

Utiliser Internet nous force-t-il à adhérer automatiquement à certaines valeurs ?

 

(..) E.F. Schumacher (Small is Beautiful) va plus loin encore et je suis aussi entièrement d’accord avec lui. Il écrit (dans Work) que dès lors que nous adoptons une technologie (conçue par quelqu’un d’autre probablement), nous absorbons l’idéologie (une manière de voir les choses, un système de valeurs) qui va avec.

 

Utiliser Internet nous force-t-il à adhérer automatiquement à certaines valeurs ?

 

Ci-dessous une intervention de Roberto Verzola, extraite de la liste de diffusion « p2p-foundation » :

« Je suis assez d’accord avec Doug Engelbart, l’inventeur de la souris, quand il dit que nous façonnons nos outils, et que nos outils nous façonnent à leur tour. Il parle d’une co-évolution de l’homme et de ses outils. Nous devrions peut-être appeler cela « un déterminisme réciproque ». Quand il dit « nous façonne », je suppose que le « nous » désigne aussi les relations sociales.

E.F. Schumacher (Small is Beautiful) va plus loin encore et je suis aussi entièrement d’accord avec lui. Il écrit (dans Work) que dès lors que nous adoptons une technologie (conçue par quelqu’un d’autre probablement), nous absorbons l’idéologie (une manière de voir les choses, un système de valeurs) qui va avec. Schumacher pensait que beaucoup de technologies venaient imprégnées d’idéologies, et que ceux qui pensaient pourvoir en importer une en refoulant l’idéologie qui va avec se trompent. Cette vision met sûrement plus l’accent sur le « déterminisme technologique » que celle de Engelbart, mais je pense tout de même que E.F. Schumacher a raison, du moins pour certaines technologies.

En fait, j’ai analysé Internet avec la perspective de Schumacher, et j’y ai trouvé quelques états d’esprit et systèmes de valeurs que ses utilisateurs sont obligés d’absorber, souvent sans en prendre conscience (pour avoir la liste entière suivre ce lien). Il me suffira d’en mentionner trois :


1. L’usage généralisé de l’anglais dans les technologies liées à Internet, jusqu’aux micro-codes des microprocesseurs, nous force à apprendre l’anglais. Et si vous apprenez la langue anglo-saxonne, vous allez sûrement acquérir certains goûts anglo-saxons. Apprendre la langue, c’est choisir la culture.


2. L’esprit de robotisation : remplacer les hommes par des machines. Cela prend du sens dans un pays riche en capital (même si ça se discute), mais beaucoup moins dans un pays où le travail prévaut. Quand nous remplaçons la force musculaire par celle des machines, nous sommes en moins bonne santé. Mais que va-t-il se passer si l’on substitue des machines au travail mental ?


3. Le parti pris implicite (en fait, une subvention) en faveur des acteurs globaux, et pour la mondialisation. C’est flagrant si l’on considère la struture des coûts sur Internet : un prix indépendant des distances. Un fichier de 1 Mo envoyé à un collègue utilisant le même fournisseur d’accès à Internet coûte le même prix qu’un fichier de taille équivalente envoyé à l’autre bout du globe. Pourtant le deuxième utilise bien plus de ressources réseau (serveurs, routeurs, bande passante, etc.) que le premier. Ainsi les utilisateurs locaux paient plus par unité de consommation de ressources que les utilisateurs globaux, ce qui est une subvention déguisée à la mondialisation intégrée à Internet tel qu’il est aujourd’hui.

 

http://www.framablog.org/index.php/post/2011/01/24/internet-en-question

 

 

 

Avenir de la langue française - Un geste d'éclat pour protéger le français

Daniel Turp - Professeur à la faculté de droit de l'Université de Montréal  1 juin 2010  Actualités en société
Au Québec, la deuxième ville francophone du monde, Montréal, s’anglicise. La langue française pourrait prendre sa place parmi les langues du monde si des mesures audacieuses étaient adoptées.
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir
Au Québec, la deuxième ville francophone du monde, Montréal, s’anglicise. La langue française pourrait prendre sa place parmi les langues du monde si des mesures audacieuses étaient adoptées.
Je suis préoccupé par l'avenir de la langue française, mais aussi et surtout inquiet pour cet avenir. Je suis déçu par l'importance très relative que la Francophonie confère elle-même à la protection et à la promotion de la langue française et je crois qu'il y a urgence d'agir pour que la langue que 70 États et gouvernements disent avoir en partage ne soit pas marginalisée au sein de la communauté internationale.

Ma préoccupation et mon inquiétude sont fondées sur des réalités et des faits qui annoncent un dangereux déclin de la langue française. Au Québec, la deuxième ville francophone du monde, Montréal, s'anglicise. Au Canada, le Commissaire des langues officielles a déclaré dans son dernier rapport que des fonctionnaires francophones ont toujours de la difficulté à travailler dans leur langue et que les Canadiens continuent de résister à l'idée que les juges de la Cour suprême du Canada aient une connaissance du français. En France, j'ai récemment été accueilli à mon arrivée à l'aéroport Montpellier-Méditerranée par des affiches commerciales unilingues anglaises et ai vu un journal télévisé de France 24 «en anglais», sans pouvoir d'ailleurs avoir accès à TV5... et retrouver dans la grille horaire du journal Le Monde celle de TV5!

Les droits linguistiques de certains francophones belges semblent en péril, et l'Association suisse des journalistes de langue française a plaidé, au début de la présente année, pour la présentation au Parlement de la Confédération helvétique d'un projet de loi concernant l'usage de la langue française. Sur le continent africain, le ministre de l'Éducation nationale du Rwanda a décrété la fin de l'enseignement du français au Rwanda pour 2011, alors qu'au Vietnam l'anglais est devenu la langue étrangère choisie par 85 % des lycéens du pays.

J'ai constaté que la langue française n'avait pas droit de cité dans le nouvel aéroport de Barcelone, qui se trouve pourtant à une centaine de kilomètres de la frontière française, comme c'est le cas de la très grande majorité des aéroports, gares et ports du monde où les francophones sont orphelins de leur langue. Comme chercheur, j'ai constaté que le portail de l'Union européenne ne présente les nouveautés qu'en anglais, que le site de l'Union africaine (www.africa-union.org) nous accueille, sur sa page en français, par le slogan «Make Peace Happen 2010» et que le site de l'Organisation des États américains, dont le français est une l'une des quatre langues officielles, ne réserve qu'une place infime à la langue qu'ont pourtant en partage deux de ses États membres, le Canada et Haïti, et que parlent des millions de francophiles répartis dans les Amériques.

Prendre sa place

Je pourrais multiplier les exemples qui tendent à démontrer que la langue française est en voie d'être oblitérée dans l'espace public international et que les États et gouvernements de la Francophonie eux-mêmes n'exercent pas la vigilance qui s'impose pour prévenir son effacement de l'espace public national.

Sans souscrire à l'idée que l'avenir de la langue française est irrémédiablement compromis, je crois que celle-ci peut prendre sa place parmi les langues du monde si des mesures audacieuses sont adoptées. Les initiatives récentes de la Chine et de la Russie pour que leurs langues s'imposent comme langues internationales devraient être un réel incitatif pour que la Francophonie agisse avec célérité pour assurer la protection et la promotion de la langue française au sein de ses propres États et gouvernements de la Francophonie et qu'il s'agit d'une action qui devrait d'ailleurs précéder toute initiative visant à assurer la protection et la promotion de la diversité linguistique, et à promouvoir l'adoption par l'UNESCO d'une nouvelle convention analogue à celle relative à la diversité des expressions culturelles.

Test de volonté

Un geste d'éclat doit être fait, un geste symboliquement fort et juridiquement contraignant en cette année du 40e anniversaire de la Francophonie: l'annonce de l'élaboration d'une Convention internationale sur la protection et la promotion de la langue. La Charte de la Francophonie, telle qu'elle a été adoptée lors de la Conférence ministérielle de la Francophonie du 23 novembre 2005, n'énumère même pas parmi ses objectifs la promotion et la protection de la langue française, et l'élaboration d'une telle convention lancerait un message clair à la communauté internationale sur la volonté des États et gouvernements de la Francophonie de passer à l'offensive.

Une telle convention testerait la volonté réelle des membres de la Francophonie de s'engager dans un combat réel en faveur de la langue française. Cette convention devrait contenir des engagements à caractère national, inspirés par ceux contenus dans la Charte de la langue française adoptée du Québec et la loi Toubon en France, régissant le statut de la langue française et reconnaissant des droits linguistiques fondamentaux. Les États et gouvernements devraient également s'y engager à protéger et à promouvoir l'utilisation de la langue française comme langue de la législation et de la justice, de l'Administration, du travail, du commerce et des affaires et de l'enseignement.

S'agissant des engagements à caractère international, la future convention pourrait faire fond sur les énoncés relatifs à la langue française contenus dans le Cadre stratégique décennal de la Francophonie (2005-2014) et la Déclaration finale du Sommet de Québec (2008), mais également s'inspirer du contenu de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de l'UNESCO. La création d'un Fonds international pour la protection et la promotion de la langue française pourrait être envisagée et l'on devrait également songer à la création d'une Conférence ministérielle permanente des ministres responsables de langue française (CONFELF) pour assurer la mise en oeuvre et le suivi de la nouvelle convention.

Pour rendre hommage aux pionniers de la Francophonie, Léopold Sédar Senghor, Hamani Diori, Habib Bourguiba et Norodom Sihanouk ainsi qu'au Québécois Jean-Marc Léger, le secrétaire général de la Francophonie, M. Abdou Diouf, doit prendre l'initiative et inviter ses États et gouvernements membres de la Francophonie à être audacieux en adoptant une Convention internationale sur la protection et la promotion de la langue française qui contribuera à assurer la pérennité et le rayonnement de la langue française comme la langue internationale.

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Extraits d'une communication prononcée lors des dixièmes Entretiens de la Francophonie le 27 mai 2010 à Lyon. La version intégrale peut être consultée à l'adresse www.danielturpqc.org.

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Daniel Turp, Professeur à la faculté de droit de l'Université de Montréal
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/289962/avenir-de-la-langue-francaise-un-geste-d-eclat-pour-proteger-le-francais
http://www.cyberpresse.ca/images/bizphotos/435x290/200905/10/70402.jpg
http://www.cyberpresse.ca/images/bizphotos/435x290/200905/10/70402.jpg
Jean-François Lisée
Dans l'Actualité du 3 août 2010
J.-F. Lisée est un universitaire et analyste réputé, leader indépendantiste et conseiller de plusieurs Premiers Ministres du Québec

Éloge de l’anglicisation de la France

Il faut lire, dans une récente édition du magazine français Le Point, l’essai de l’écrivain Frédéric Martel (l’auteur du récent Mainstream, sur la culture mondiale).

Intitulé Français, pour exister, parler English, il annonce tout simplement le déclin international définitif du français et invite ses compatriotes à utiliser l’anglais le plus possible, non seulement en devenant bilingues, ce qui se comprend, mais en adoptant avec enthousiasme tous les anglicismes qui se présentent. Un extrait:

"Oui à l’impérialisme cool de l’anglais. Entre-temps, bien sûr, l’anglais s’impose peu à peu. C’est vrai dans les domaines déjà fortement américanisés que sont les sciences hard, la médecine soft, l’écologie green, l’alimentation light, mais aussi l’entertainment avec ses pitches, l’information avec ses lives, le business avec ces CEO, sans parler de tout le domaine d’Internet où la langue anglaise est constamment réinventée par les geeks et autres nerds. Il y a quinze ans, les titres des films américains étaient systématiquement francisés ; aujourd’hui, ils sont en langue originale. Les mots de la com’, ceux de la pub se servent du cool de l’anglais. Le commerce le sait également : la marque Monoprix est vieillotte, mais le Daily Monop, la nouvelle enseigne de Monoprix, est beaucoup plus trendy. L’écologie n’est pas en reste : les taxis Green Cab G7 fleurissent, plus attirants que si on les avait baptisés ” taxis parisiens G7 verts “. Le café Starbuck’s que l’on a vu dans la série ” Friends ” est plus cool, même si son café est plus mauvais, que le bar français du coin où le service est inévitablement désagréable et le petit crème à un prix exorbitant. Et l’on préfère un jean slim et un vêtement medium à un habit seulement ” moyen “. Dans l’univers du tourisme, un trip ou même un travel, c’est mieux qu’un ” voyage ” et on vous vend un package car vous ne voudriez pas d’un ” paquet “."


Sans commentaires.
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Et hier, au journal télévisé belge, on eu droit au car wash qui lave probablement beaucoup mieux que notre bon vieux lave-auto. Il faisait suite à un récent call center beaucoup plus explicite et efficace que le centre d'appel. Évidemment tout cela prononcé de façon telle qu'aucun anglophone n'aurait jamais pu comprendre! À surveiller dans les prochaines éditions des dictionnaires comme le Larousse et le Robert... le Bob, you get it?

N.C.

Re: Éloge de l’anglicisation de la France

Message par maxi le Mer 4 Aoû - 10:24

ben oui que dire ? c'est la réalité de la mondialisation US

en international il est évident que le français est désuet depuis la déroute de 40, il l'est déjà en Europe que nous avons cru créer à notre image, alors pour des chinois, des japonais ou même des africains, c'est le passé, c'est une langue inutile, et c'est la réalité.

Quant à l'anglicisation du monde, dont la France, elle est inéluctable puisque tlm est d'accord, nos voisins sont 1000x plus avancés, surtout les nordiques et les allemands, mais les pays de l'Est semblent redoubler d'efforts, je ne vois guère que les pays latins, Espagne et Italie pour résister.

En France c'est irréversible, le formatage culturel étant massif du matin au soir depuis 30 ans, la génération des moins de 30 ans est totalement américanisée, sans s'en apercevoir, tout en douceur, et elle est consentante puisque c'est désormais SA culture. quand tu le leur fait remarquer ils poussent au minimum des cris d'orffraies, mais la plupart du temps ils t'insultent !!

il n'y a que la vérité qui fache ...

comment résister Normand ? on est plus en 1970 ! entre les séries télés, les films, les jeux vidéos, les pubs Coca, McDo ou Nike, la musique, les fringues, etc... les enfants ont baigné là dedans depuis leur naissance, ils sont des américains d'Europe, le bilinguisme progresse logiquement.

C'est fini la France grande puissance, le présent et l'avenir c'est La Chine, l'Inde, et probablement la Russie, nous avons un avenir avec une Europe unie si elle s'émanscipe des USA, ce qui est impossible avec la castration OTANienne.

ce constat est d'ailleurs le même pour les vieilles nations européennes, seule l'UK peut se réjouir de voir sa culture dominer le monde sans coup férir
http://politiclub.forumpro.fr/t5829-eloge-de-langlicisation-de-la-france