• PRESSE ET MEDIAS

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    C'politic
    Lundi 11 Octobre 2010



    « Les cartes de Presse, c’est comme les permis de conduire, certain(e)s l’ont eu dans une pochette surprise! »

    Plus que de ses politiques, la France est malade de son journalisme: ce vrai quatrième pouvoir capable de renverser des gouvernements…autrefois. N’allez pas croire en la thèse du « tous pourris » translatée sur ce qui doit être la plus belle émanation de la liberté d’expression et d’information.
    Non car fort heureusement pour nous, France d’en bas, une minorité de preux journalistes résiste encore aux envahisseurs corrompus par les facilités du système et de ce capitalisme débridé.
    Car c’est avant tout l’indépendance qui constitue la clé de voute d’un vrai journalisme et par extension du ou de la vraie journaliste.
    Et toutes celles et ceux qui n’y obéirait pas devraient plutôt déchirer leur carte de presse, leurs activités étant forcément entachées de l’ombre de l’auto-censure voire de la complaisance sinon de la collusion, soit avec le pouvoir en place, soit avec des intérêts privés, soit des deux ce qui est d’autant plus commun en Sarkozia.
    Ethique, Droit et devoirs…
    Accès privilégié à des lieux et des documents habituellement réservés
    Protéger ses sources et autres témoins.
    Ne pas déformer la réalité.
    Ne pas mentir par omission.
    Garder son indépendance comme sa lucidité.
    Résister à l’appât du gain.
    Conserver son avis pour soi, voire l’oublier.
    Du travail, de l’investigation, de la patience…
    Posons donc les questions qui méritent d’être posées aux chantres du « journalisme professionnel »:
    Alors Mr Nicolas Demorand, combien de zéros sur le gros chèque signé par Mr Lagardère fils pour oublier les « valeurs du service public », vous qui vous vantiez de repousser les propositions de TV et de radio privées? Un certain Fogiel n’a d’ailleurs pas oublié de vous le rappeler… le même Fogiel convoqué ensuite par le patron très protecteur de son nouveau collaborateur débauché de France Inter.
    « je suis journaliste avant tout…j’ai une carte de presse »

    Fogiel bizute Demorand sur Europe 1
    envoyé par TELEOBS. – Regardez les dernières vidéos d'actu.
    Alors Mr Guy Birenbaum, expliquez-nous comment vous pouvez survivre déontologiquement parlant, en bouffant à tous les râteliers?
    Vous qui êtes le matin sur Europe 1 (Lagardère Média) à pondre une chronique aussi courte qu’inutile voire de caniveaux, préférant la facilité en ciblant les buzz du net trop souvent en-dessous de la ceinture, servant par là-même la soupe aux détracteurs d’un internet trop trash.
    Vous qui êtes le midi à donner des leçons de « journalisme » dans votre Ligne Jaune d’Arrêt sur Images, histoire de restaurer a minima votre e-réputation.
    Vous qui êtes le soir à publier un article sur votre blog en « toute honnêteté », évidemment.
    Du journalisme digne d’un Morandini donc, un twitter menaçant de votre part pour un éventuel « face à face », rappelant que vous n’aimez pas cette comparaison avec votre pourtant ami et collègue… ni la liberté d’expression d’ailleurs après un commentaire très critique à la suite de cet article dédié à Fabrice Lhomme, vrai journaliste, lui.
    Article où un certain Cpolitic commentait:
    Joli résumé de l’état du journalisme en France:
    Fabrice Lhomme c’est plutôt scandales Méry, Karachi, Woerth…à Mediapart.
    Guy Birenbaum c’est plutôt speech sur Chatroulette… à Europe1
    Le même genre de comparaison que feu Patrick Bourrat et Jean-Marc Morandini
    Quant à choisir, y’a pas photo!
    Par contre, d’après la bio, il aurait fait tomber Plenel au Monde, et finalement, Plenel le prend dans ses équipes chez Mediapart. Pas rancunier, le Edwy.
    A moins qu’il n’y autre chose derrière? Plus d’infos?

    La vérité n’est jamais bonne à dire, ni à écrire…et ne fait jamais plaisir. Mais elle a le mérite de faire réfléchir.
    Alors Mr David Pujadas toujours spécialiste Liebig pour le président, avec les lardons de démagogie et de sécurité avec les croutons de l’immigration? Votre ambition personnelle vaut-elle la réputation de toute une rédaction de journalistes? Pas d’accablement ici, juste des petits rappels d’articles:
    - Pujadas, Journaliste avec Oreillette en direct de l’Elysée
    - Quand Arlette Chabot et David Pujadas se vengent: les Déplacements Présidentiels Organisés par l’UMP
    - Hier Soir, Sarkozy dans « Lie To Me »
    - Ce soir, on sert la soupe sur la Première Chaîne de l’ORTF
    Et après, si dans un réflexe, comme n’importe quel téléspectateur, un certain Mélenchon ose un « salaud » au visionnage de vos méthodes, inutile de venir pleurnicher, ni de faire naître une polémique fantoche et ignoble. Ce n’est pas l’homme politique qui vous déshonore par cette insulte mais c’est bien vous qui déshonorez, qui insultez le métier de journaliste.

    pujadas sert la soupe à l'ump
    Alors Mr David Abiker, combien pour votre prestation au Microsoft Days cette semaine, à faire ce qu’on appelle des « ménages »? Tout en rappelant que Microsoft, au cas où vous l’ignoriez, c’est aussi ça :
    - Corruption, Je te vois: Quand l’UMP fornique avec le n°1 des logiciels Microsoft…
    - Le mythe Bill Gates Ou Windows 7 péchés capitaux !
    Ce qui ne vous empêche pas de vous moquer de votre généreux employeur, chantant la Marseillaise, sur votre tweet. Pas de leçon mais un conseil: mieux vaut parfois faire profil bas, car à vouloir gagner sur les deux tableaux, on finit par tout perdre, y compris son « honneur de journaliste ».
    Microsoft, ayant fait couler bon nombre d’assembleurs français (comme Brett Computers) en liant l’OS Windows et Office, son patron tentant de chanter la marseillaise. Et Mr Abiker en Mr Loyal

    Alors Mr Jean-François Kahn, toujours prêt à tout pour vendre? Oh certes le titre racoleur de « Nicolas Sarkozy, le Voyou de la République » était justement jouissif, mais votre collusion avec le parti Modem et son président guimauve François Bayrou, ne porte-t-il pas atteinte à l’Ethique du journalisme que vous défendez à longueur de journée? Un franc-parler au goût amer, une lame à double-tranchant.
    Alors Mme Catherine Nay et Mr Michel Denisot aucun regret de posséder une carte de presse et d’avoir écrit une hagiographie chacun sur Nicolas Sarkozy? Nicolas alors candidat de la Rupture, devenu depuis, président de la Fracture…
    - Un pouvoir nommé désir
    - Au bout de la Passion, l’Equilibre par Michel Denisot

    Mais les pires des journalistes, ne sont-ils pas ceux qui, profitant de leur notoriété passée, utilisent leurs éditoriaux pour distiller la voix des lobbies et la vision des néoconservateurs qui les emploient.
    Ressorti des archives, le Direct Matin du 25 novembre 2009, l’édito d’un certain Philippe Labro qui ne peut que provoquer la gêne, avec la fin que l’on connaît du scandale économico-sanitaire de la Grippe A. On peut y lire un Labro, donneur de leçons comme souvent chez les journalistes ripoux, ridiculisant l’opinion publique, tapant joyeusement sur Internet tout en préservant une Bachelot, aujourd’hui clairement inadaptée à un tel poste, coupable d’avoir favorisé l’intérêt du lobby pharmaceutique (son ancien employeur) au dépend de la santé financière de l’Etat et de la santé du public! A vomir…



    La France Malade de son Journalisme
    Finalement, à l’instar des meilleurs agents secrets, le véritable journalisme d’investigation n’est l’apanage que des hommes et des femmes de l’ombre, celles et ceux y croyant et le pratiquant avec l’audace, le culot, l’acharnement et l’Ethique nécessaires pour le mener, parfois au péril de leur vie.
    Évidemment devant tant de talents et de travail, de manière régulière lors des promotions de livre car il faut bien « manger », de manière ponctuelle lorsque d’autres journalistes s’intéressent à l’origine du scandale, de manière heureusement rare en cas de décès accidentel ou de prises d’otages, la lumière des médias vient les effleurer…
    Mais ces hommes et ces femmes savent retourner en toute humilité à leur labeur sans être aveuglés par les projecteurs, ni corrompus par les ponts d’or d’éventuels admirateurs privés.
    Hommage à eux, les Taponier, les Ghesquière, les Bourrat, les Poveda, les Nérac, les Politkovskaïa, mais aussi les Pierre Péan, les Fabrice Lhomme, les Bernard Nicolas, et tant d’autres inconnus qui se reconnaîtront.
    Honte aux autres, anti-modèles des étudiant(e)s en journalisme, préférant les caméras et micros au terrain, bouffons aux grelots et à l’égo surdimensionnés, phagocytant les temps de parole au détriment des premiers.
    Trop d’informations tuant l’Information.
    Droit de Réponse
    MAJ 10/10/2010: Précisions de Mr David Abiker par mail
    « Juste pour vous informer que ne pas être remuneré a été la condition de ma participation pour le plaisir au jeu de Microsoft. Ni gadget, ni cheque avant pendant après. Je ne leur dois rien. Donc j’aimerais que vous en teniez compte avant votre prochain papier sur « la verification des sources de l’editorialiste citoyen »… C’est pas politique mais ça peut être utile avant de suggérer des choses fausses à ses lecteurs. »
    Mr Abiker fait donc des ménages bénévolement pour une grande multinationale comme Microsoft.
    Original… Pour répondre à la question posée, « combien pour votre prestation? », 0 euro pour M Abiker cette semaine au Microsoft Days. C’est tout à son honneur.



    Lundi 11 Octobre 2010



    http://www.cpolitic.com/cblog/2010/10/10/la-france-malade-de-son-journalisme/ http://www.cpolitic.com/cblog/2010/10/10/la-france-malade-de-son-journalisme/

     

     

    http://sos-crise.over-blog.com/ext/http://www.alterinfo.net/Pourquoi-vous-devriez-vous-inquieter-de-la-vaccination-pandemique_a35816.html

     

     

     

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    Vladimir MARCIAC
    Le 30 juin 2010, alors que le présentateur du JT de France 2 David Pujadas quittait les bureaux de France Télévisions, une délégation l’attendait sur le trottoir pour lui remettre le trophée le plus convoité du Parti de la presse et de l’argent (PPA) : « la Laisse d’or ». L’objet, composé d’un collier en métal doré avec lanière lui fut offert avec une boîte de cirage, une brosse et un plumeau.

    Les organisateurs récompensaient le « journaliste le plus servile ». Selon eux, Pujadas mérite la Laisse d’or pour son amour des euros (12 000 par mois) sa haine des syndicalistes et son dévouement pour les puissants, réaffirmé dans le film culte de Denis Jeambar, Huit journalistes en colère (Arte, 9.2.10), qui le montrait fustigeant la surmédiatisation des humbles : « Le journalisme des bons sentiments, c’est aussi une bien-pensance. C’est l’idée que, par définition, le faible a toujours raison contre le fort, le salarié contre l’entreprise, l’administré contre l’État, le pays pauvre contre le pays riche, la liberté individuelle contre la morale collective. En fait, c’est une sorte de dérive mal digérée de la défense de la veuve et de l’orphelin. »

    Au moment où Pujadas sortant des studios s’apprêtait à enfourcher son scooter, un groupe surgit pour l’acclamer, le couvrir de confettis et lui enrouler sa laisse autour du cou avant de dorer son deux-roues avec de la peinture aérosol (lavable) aux cris de « Vive le laquais du Siècle ! Vive le roi des laquais ! ». J’emprunte cette information au Plan B. J’ai même fait un peu de copié-collé, sachant qu’il n’y trouvera pas à redire.

    Le Plan B assure que les images de la scène figureront dans le prochain film de Pierre Carles, "Fin de concessions" qui sort en salles le 27 octobre prochain.

    Pierre Carles y a également filmé Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de Gauche et député européen, réagissant à un extrait du journal de 20 heures présenté par David Pujadas : « Larbin », « salaud ». Plus tard, il ajoutera : « Laquais ».

    Et tout ça parce que David Pujadas titillait Xavier Mathieu, responsable CGT de l’usine Continental de Clairoix (Oise) en essayant de lui faire condamner les violences (sur du matériel) de ses petits camarades, alors que par étourderie, il n’avait jamais pensé à demander à Laurence Parisot si ce n’est pas se livrer à des violences physiques que de fermer des usines qui marchent, de tout prendre aux pauvres, de ruiner les familles, de les faire se disloquer dans leur malheur, d’hypothéquer l’avenir des enfants, de sinistrer une ville ou une région au profit de ceux qui ont assez d’argent mais qui pourront dès lors en gagner plus ailleurs.

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    Journaliste

    Pas davantage, il n’interrogea des patrons sur le fait qu’ils soient obligés de se déguiser en « entrepreneurs », sur le foutage de gueule qui consiste à proposer à un Continental un job en Tunisie pour 137 euros brut par mois, sur la violence exercée par les CRS sur des crânes prolétariens en révolte contre leur malheur volontairement déclenché par des « entrepreneurs ».

    Invité dimanche 10 octobre 2010 au « Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro » Jean-Luc Mélenchon a comparu devant le tribunal formé par Etienne Mougeotte, Jean-Michel Apathie et Eric Revel, scandalisés par ce qu’il avait dit de Pujadas, vieux routier des médias, s’échinant (en vain) à essayer de rouler dans la farine un prolo qui parle au micro et à qui il semblait d’abord facile, puis possible (en s’y prenant à quatre fois) de lui arracher une condamnation des violences, faites aux vitres innocentes d’une sous-préfecture, par des individus jetés à la rue : ses frères, ses compagnons de résistance, même pas masqués.

    Pujadas : Est-ce que ça ne va pas trop loin ? Est-ce que vous regrettez ces violences ? Pour vous la fin justifie les moyens ? Est-ce que vous lancez un appel au calme ce soir ?

    En 1911, à Paris, Georges Clemenceau avait réussit à piéger Marcellin Albert, héros de la révolte des vignerons du Languedoc. A son retour au pays, le malheureux au coeur pur fut accueilli par une foule qui voulait le lyncher. Il mourut dans le désespoir et la misère.

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    révolte des vignerons

    Clemenceau, quel « salaud » quel « larbin », quel « laquais » du grand capital ! Si la télé avait existé et s’il avait rasé sa moustache, il pouvait présenter le JT sur n’importe quelle chaîne.

    Vous le saviez, vous, que les salariés de Continental avaient renoncé depuis deux ans à leur prime de fin d’année et aux 35 heures pour sauver l’emploi ?

    Que les dégâts qu’ils ont causés dans les bureaux de la sous-préfecture à Compiègne sont estimés à 12 000 euros ?

    Vous le saviez, vous, que la direction de l’usine Continental de Foix (Ariège) exige des salariés leur accord pour une baisse de salaires 8 %, sinon l’usine (bénéfice : 38 millions d’euros en 2009) n’ira pas loin ?

    Vous le saviez que Continental a demandé exactement la même chose dans ses filiales en Espagne et en Allemagne ?

    Vous savez ce qu’ils sont devenus, les ex-salariés de Continental Clairoix ?

    Vous savez que Jean-Michel Apathie a plus passé de temps à reprocher à J.L. Mélenchon son propos sur David Pujadas qu’à parler du sort des « Continental » ?

    Vous saviez que Jean-Michel Apathie travaille pour RTL, France 3, Canal + ?

    Vous saviez que son compère, Étienne Mougeotte, a dépassé depuis plus de dix ans l’âge légal de départ à la retraite et qu’il cumule des jobs à TF1, au Figaro, à RTL ?

    Vous saviez qu’Eric Revel travaille pour RTL et est directeur de LCI ?

    Vous saviez que toutes les chaînes de télés sur lesquelles vous zappez sont de droite ?

    Vous savez si Pujadas, Mougeotte, Apathie trouvent que les ouvriers de Clairoix sont plus violents, Mélenchon plus grossier que les patrons de Continental ?

    Vous savez qu’il est possible, dans un article, en guise de conclusion, de répéter un paragraphe remarquable ? Tenez : Pujadas fustigeant la surmédiatisation des humbles : «  Le journalisme des bons sentiments, c’est aussi une bien-pensance. C’est l’idée que, par définition, le faible a toujours raison contre le fort, le salarié contre l’entreprise, l’administré contre l’État, le pays pauvre contre le pays riche, la liberté individuelle contre la morale collective. En fait, c’est une sorte de dérive mal digérée de la défense de la veuve et de l’orphelin. »

    Vladimir Marciac.

    PS. Au cours du Grand Jury, Apathie, faisant flèche de tout bois, révéla que le véhicule de Pujadas avait été vandalisé. Il en conclut à demi-mot que ceux qui le critiquent ouvrent la bonde des violences. Mélenchon, par exemple. Celui-ci lui répliqua que, critiqué par les médias, il avait été frappé la veille dans la rue par un énergumène lui reprochant sa vulgarité. Le silence d’Apathie et de Mougeotte fit la démonstration qu’ils avaient épuisé tout leur réservoir d’indignation pour « le véhicule vandalisé » (le scooter repeinturluré ?) de leur complice de France 2.

    Ah ! les s…, non, rien.

    Voir aussi sur le site d’Acrimed une analyse détaillée du traitement de l’information sociale par nos télés :


    http://www.acrimed.org/article3132.html

    URL de cet article
    http://www.legrandsoir.info/Ah-les-s-les-l-les-l-Ne-sont-pas-designes-ici-Pujadas-Mougeotte-Apathie-Revel.html


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  • Projet censuré 2010

     

    États-Unis : l’hyper-réalité d’une presse commerciale

    en pleine décadence
    par Peter Phillips*, Andrew Hobbs*

     

    Le genre médiatique dominant aux Etats-Unis est représenté par des commentateurs radio comme Rush Limbaugh ou télé comme Glen Beck. Ils ne cherchent pas à comprendre le monde et à le faire découvrir au public, mais à exciter des passions, et en premier lieu la haine. Ce journalisme de l’irrationnel convient aux médias commerciaux parce qu’il fidélise le public dans un état émotionnel qui le rend vulnérable à la publicité. Il sert aussi à défendre l’idéologie du système économique dont les grandes holding médiatiques sont le produit.

     

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    Glen Beck, présentateur vedette de Fox News

    Cet article fait suite à : « Journalisme et presse aux États-unis aujourd’hui : triste bilan »

    L’hyper-réalité n’est rien d’autre que l’incapacité à distinguer ce qui est réel de ce qui ne l’est pas. La presse commerciale [aux USA], Fox News Channel en particulier, publie des nouvelles tendant à créer une réalité parallèle des thèmes et problèmes agitant le monde. Les téléspectateurs des chaînes commerciales, et en particulier ceux dont la vision du monde s’est forgée quasi uniquement au contact de ce type de médias, sont plongés dans une sorte de délire exacerbé par l’ignorance.
    Les médias commerciaux n’ont pas agi comme un pouvoir uni, protecteur, un « quatrième pouvoir » depuis décennies, ainsi que le démontrent les exemples les plus récents tels que la guerre d’Irak, la torture ou l’ampleur réelle des dégâts causés par l’ouragan Katrina.

    Les informations des médias commerciaux se laissent examiner plus efficacement dans une perspective post-moderniste d’hyper-réalité : le traitement de l’information par les réseaux états-uniens est basé sur des présentations de sujets partiellement factuels, articulés sur une ligne socio-émotionnelle opposant le « mal » au patriotisme et à la foi chrétienne. On en trouve de multiples exemples, mais nous nous arrêterons à deux d’entre eux.

    La tendance à l’hyper-réalité, inhérente aux médias actuels, est si répandue qu’il suffit aux consommateurs d’allumer leur téléviseur pour y être exposés.
    Nous examinerons ici le traitement de deux personnalités notoires et controversées pour expliquer ce que nous entendons par l’hyper-réalité de la méconnaissance : le président vénézuélien Hugo Chavez et l’animateur radio [de tendance politique néoconservatrice de droite] Rush Limbaugh [1], des exemples révélateurs, de par leurs positions diamétralement opposées et de par leurs ressemblances qui ne sautent pas aux yeux.

    Tous deux devraient n’avoir qu’un faible impact aux États-Unis, au moins sur la politique intérieure de ce pays, puisque l’un appartient à l’industrie du divertissement et l’autre est le dirigeant d’un Etat étranger. Mais il s’agit dans les deux cas de figures médiatiques : l’un parce qu’il dit toucher 20 millions d’auditeurs chaque semaine [2], et l’autre parce qu’il participe tous les dimanches à une émission de télévision [3] qui lui permet de s’adresser à des millions de Vénézuéliens.

    En outre, ils sont tous deux très idéologiques dans la défense de leurs points de vue qui sont diamétralement opposées.
    Malheureusement, tous deux jouissent aujourd’hui d’une importance mal acquise, et due en partie – car telle est l’ironie du sort –, à l’énorme attention qu’attirent sur eux leurs adversaires de la presse. Ce qui nous amène à poser une autre question : quel est l’effet réel de cette focalisation médiatique, que sa charge soit positive ou négative ?

    Hugo Chavez, le « méchant »

    Les grandes multinationales auraient tort d’ignorer la menace qui plane sur leurs fournisseurs au Venezuela, quand l’influence croissante d’Hugo Chavez semble pouvoir atteindre des économies beaucoup plus puissantes. À supposer que la révolution populaire du Venezuela gagne du terrain ailleurs, il deviendra difficile de critiquer ces modèles économiques similaires depuis les États-Unis. Car, si un pays doté de ressources comme le Venezuela peut offrir des services publics de qualité, pourquoi les États-Unis, dont les ressources sont supérieures, ne peuvent-ils pas en faire autant ?
    En réalité, les progrès sociaux acquis par le peuple vénézuélien sous la conduite de Chavez étant contraires aux objectifs des capitaines de l’industrie états-unienne, chacune de ses initiatives est la cible de toutes les attaques des médias commerciaux.

    La chaîne Fox News constitue le noyau dur de ce front. Fox News est un des grands médias des États-Unis. Fox News a pour animateurs des personnages aussi lumineux que Glen Beck, qui a un jour traité Cindy Sheehan [mère de famille, son fils, soldat, est mort en Irak] de « pute tragique » et qui a lancé l’idée de l’assassinat de Michael Moore [4] en cours d’émission.
    Les espaces conçus par Fox News pour attaquer Chavez sont si fréquents et pareils les uns aux autres qu’ils en deviennent monotones. Si l’on examine le vocabulaire que Fox News accole à Chavez, on retrouve constamment des termes descriptifs qui sont, émotionnellement parlant, négatifs : autoritaire, homme fort, socialiste, cruel, sinistre, radical, activiste et dictateur. Or, au fil des dix dernières années, Chavez a été élu à plusieurs reprises et démocratiquement par l’immense majorité du peuple du Venezuela, mais cela n’a pas empêché les médias commerciaux des États-Unis de livrer contre lui leur combat invariable et prévisible assaisonné de calomnies d’ordre émotionnel.

    Lorsque Chavez a recouru à la loi sur les licences pour fermer RCTV à Caracas, probablement parce que la direction de RCTV s’était impliquée à fond dans le complot du coup d’État de 2002, Fox News a couvert l’incident comme si le seul et unique mobile de Chavez avait été la censure. Les premiers titres et premiers reportages de Fox News montraient constamment les balles de caoutchouc et les gaz lacrymogènes, les jours passaient et Fox News n’en finissait pas de lancer des estimations non vérifiées sur le nombre de manifestants et de brandir le spectre d’un autoritarisme virulent [5].

    Pratiquement toutes les nouvelles publiées par les médias commerciaux sur Chavez revêtent cette caractéristique essentielle.
    Bien malheureusement, Fox News ne se charge jamais d’examiner, par exemple, l’origine de la manifestation : qui y participe ? S’agit-il des mêmes personnes qui avaient opté pour l’opposition violente quelques années plus tôt ?
    Une enquête menée au Venezuela après la fermeture de RCTV montrait que les avis étaient ambivalents ; près de 70 % des personnes interrogées s’opposaient à la fermeture, mais c’était, pour la plupart, parce que cette chaîne diffusait leurs feuilletons favoris, ainsi condamnés à disparaître [6].

    Fox News et Glen Beck ne démordent pas de leur intention d’accuser le gouvernement d’Obama de socialisme. Si Chavez était l’homme idéal pour attaquer les tendances progressistes et socialistes, le président Obama s’y prête fort bien aussi. En février 2009, dans un espace télévisé intitulé « Voteriez-vous pour Hugo Chavez ? » [7], Beck affirmait que la nation (les États-Unis) était engagée « sur l’autoroute du socialisme », suite aux mesures de « nationalisation des banques ».
    En finançant une seule banque de plus, disait-il, les États-Unis seraient prêts à offrir la présidence à Chavez. Pour Fox News, Chavez était devenu le symbole du Mal dont on pouvait user pour miner la présidence d’Obama en jouant sur les touches de l’ignorance et de l’émotion. Fox News se garde bien de parler d’actions du même genre – le renflouement de banques – soutenues par l’ancienne administration George W. Bush, comme dans les cas de Bear Stearns et AIG. Par contre, Fox News plaque sur Obama les calomnies utilisées contre Chavez, sans la moindre logique mais pour susciter les mêmes émotions.

    Dirigé par le président Hugo Chavez, le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) remporte plus d’un million et demi de votes de majorité aux élections du 23 novembre 2008.
    Avant l’élection de Chavez à la présidence, en 1998, l’éducation était principalement réservée aux riches. Aujourd’hui, plus de 1 800 000 Vénézuéliens vont à l’Université, soit trois fois plus qu’il y a dix ans.

    Pour les deux tiers des Vénézuéliens dont les revenus sont bas, Hugo Chavez signifie soins médicaux, emploi, alimentation et sécurité dans les quartiers pauvres où bien souvent le dénuement était absolu dix ans plus tôt. Au Venezuela, où le taux de chômage est inférieur à celui des États-Unis, le partage équitable des richesses est quelque chose qui a un sens concret.
    Malgré la hausse des prix des denrées alimentaires de 50 % enregistrée l’année dernière, les MERCAL (marchés alimentaires) offrent de l’huile, de la farine de maïs, de la viande et du lait en poudre à des prix subventionnés par le gouvernement : de 30 à 50 % moins cher qu’ailleurs. En outre, il existe actuellement 3 500 banques mutuelles dotées d’un budget global de 1,6 milliard de dollars, offrant des microcrédits pour améliorer les logements des quartiers pauvres, créer de petites entreprises et même pour répondre à des situations individuelles d’urgence.

    Au Venezuela, les médias commerciaux sont encore entre les mains des élites. Les cinq plus grandes chaînes de télévision et neuf quotidiens sur dix poursuivent leur travail de sape contre Chavez et la révolution socialiste.
    Malgré la puissance des médias commerciaux ligués contre lui et le soutien financier fourni en permanence par le contribuable états-unien aux institutions antichavistes par le biais de l’USAID et de la National Endowment for Democracy (20 millions de dollars par an), les deux tiers de la population vénézuélienne continuent de soutenir le président Hugo Chavez et son Parti socialiste unifié du Venezuela.

    L’obsession de Fox News n’a pas de limites : ce groupe a diffusé des sujets sur l’ex-épouse de Chavez, les difficultés du divorce, les litiges autour de la garde de l’enfant, des enregistrements de Chavez pour un album d’artistes « engagés pour la Révolution bolivarienne ». La manière dont Barack Obama a salué Chavez lors de la réunion de l’Organisation des États américains et ses éventuelles conséquences diplomatiques ont, à l’antenne, donné du grain à moudre non seulement à Karl Rove, mais aussi à John Bolton, ex-ambassadeur des États-Unis auprès de l’ONU, et à Beck. [8]

    Les dépêches de l’Associated Press constituent également une source abondante d’articles antichavistes, dont les contenus alimentent l’allégation de Fox News, selon laquelle le Venezuela est devenu un pétro-fief socialiste.
    Chavez met en œuvre de nombreuses mesures politiquement sensibles et, comme tout leader élu démocratiquement, il lui faut parfois y mettre de la poigne. Mais aux États-Unis, on a tendance à ne raconter que la moitié de l’histoire. Le meilleur exemple de reportage partiel et partial est la couverture du refus de rénover la licence de transmission de RCTV en 2006, sur la base de la Loi de responsabilité sociale de la radio et de la télévision. Cette couverture fut d’une myopie phénoménale. Si les producteurs ou les cadres exécutifs d’un média états-unien avaient conspiré contre le gouvernement des États-Unis, il ne fait pas de doute que les mesures prises à leur encontre auraient été bien plus dures que celles qui ont été appliquées à RCTV, autorisé à émettre tout le temps que lui permettait encore sa licence.

    Prenons un autre exemple, celui des réformes constitutionnelles de 2007, lorsque les médias commerciaux des États-Unis commencèrent à affirmer que Chavez avait amendé la constitution de manière à devenir potentiellement un « président à vie ». Une fois de plus, il s’agit là d’une simple manipulation. Les changements comportaient une réforme qui autorisait un éventuel troisième mandat de Chavez. En Allemagne, au Royaume uni et en Australie, le nombre de mandats n’est pas limité, mais les médias étasuniens ne qualifient pas pour autant les gouvernements de ces pays de dictatures. L’ironie du sort a voulu que la réforme de 2007 soit rejetée, mais un nouveau projet de loi, qui élimine toute limite au nombre de mandats, a été approuvé en février 2009.

    Les médias commerciaux états-uniens ne semblent pas causer beaucoup de problèmes à Chavez ni à son programme démocratique : il gagne toutes les élections depuis 1998. Ce que fait Chavez au Venezuela a peu d’impact sur les politiques et la conjoncture des États-Unis. Toutefois, les efforts déployés pour le discréditer perpétuent une hyper-réalité affective profondément ancrée dans la conscience du public états-unien. Le Chavez hyper-réel est contrasté systématiquement avec d’autres thèmes d’actualité.

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    Rush Limbaugh, autre pseudo journaliste fanatique vedette de la presse américaine, spécialiste de l’hyper-réalité et véritable phénomène médiatique aux USA, capable de dominer et captiver des foules entières.

    La gloire de Rush Limbaugh

    Rush Limbaugh s’est vu dans une position si influente que personne, sauf lui, ne l’aurait jamais cru. Consacré « patron » aussi bien par les médias que par les législateurs de droite qui lui présentent leurs excuses quand ils le contredisent dans son idéologie, Limbaugh a érigé sa popularité croissante en sacerdoce et ne cesse de gonfler son agenda.

    Depuis les élections de 2008, Limbaugh a perfectionné ses attaques, comme on a pu le constater lors de son interview de Sean Hannity [9] [10], le 4 juin 2009. Pour Hannity, Limbaugh est quelque chose comme une autorité à la fois morale et constitutionnelle, ce qui lui permet d’adopter une conduite quasiment doctorale, distribuant des sermons dogmatiques sur l’art d’être un bon Américain. Limbaugh maintient la position selon laquelle les efforts de Barack Obama pour restaurer l’économie malade de son pays équivalent au socialisme ou au fascisme. Evoquant la transformation de General Motors en « Government Motors », il lance, d’un air badin : « Fidel Castro et Moi (Hugo Chavez), nous devons faire attention si nous ne voulons pas nous retrouver à la droite d’Obama. » Et d’ajouter : « Vous pouvez faire des statistiques pour déterminer qui nationalise le plus, d’Obama ou de Chavez : à mon avis, ils se talonnent probablement. » Rush Limbaugh se trouvait au centre d’échanges agressifs entre la direction démocrate et la direction républicaine au printemps 2009.

    Le directeur de cabinet de la Maison Blanche, Rahm Emanuel [11], affirma sans sourciller que l’animateur était « la voix, la force, l’énergie intellectuelle qui impulsait le Parti républicain ». Michael Steele, président du Comité national républicain, a indiqué qu’il avait appelé Rush Limbaugh pour lui dire qu’il n’avait pas voulu l’offenser lorsqu’il avait déclaré que l’émission du populaire et très conservateur « animateur » pouvait être « incendiaire ». « Je n’avais pas du tout l’intention d’attaquer Rush, je le respecte profondément », a confirmé Steele. « Sans doute me suis-je mal exprimé : je n’ai jamais eu la moindre intention de minimiser sa voix ni son autorité. »

    Crooner Pat Boone (chanteur et acteur américain avec une posture politique reactionnaire) [12] l’a couvert d’éloges dans un article : « Rush Limbaugh est un patriote. Un patriote, tout simplement. Je le situe dans l’illustre compagnie d’autres patriotes comme Paul Revere, Thomas Paine et Benjamin Franklin. Heureusement qu’on ne lui a pas demandé de faire une déclaration solennelle pour la postérité, comme l’a fait Nathan Hale : ‘‘ Je regrette de n’avoir qu’une seule vie à donner à mon pays ’’, mais je ne doute pas qu’il le ferait si l’occasion s’en présentait. »
    Phyllis Schlafly [13], un militant conservateur, maintient que Rush est un citoyen modèle : « Un des secrets du succès de Limbaugh tient au fait qu’il n’a pas peur de faire face aux groupes de pression qui en intimident tant d’autres à coups de discours politico-moraux.

    Il les interpelle tous : les féministes radicales, les environnementalistes zinzins, les défenseurs de l’ouverture des frontières, et même le président George W. Bush lorsqu’il s’écarte du conservatisme pur et dur. » Rush Limbaugh est un homme de valeurs chrétiennes – bien qu’on ignore à ce jour à quelle Eglise il appartient – et il croit dur comme fer que les États-Unis sont une nation fondée sur les principes chrétiens.

    Né en 1951 d’une famille illustre du Missouri, le jeune Rush fut un boy-scout comme un autre, sans mérite particulier. Sans doute pour faire plaisir à ses parents, Limbaugh s’inscrivit pour deux semestres à un stage d’été à l’Université d’État du Sud du Missouri. Sa mère racontait au biographe Paul Colford qu’il avait raté tous ses examens [14], qu’il ne s’en sortait même pas au cours de danse de salon. Dans les années 70, il était DJ sur une radio musicale, et fit des petits boulots de ce genre avant de devenir directeur des promotions pour les Kansas City Royals, en 1979. Il revint à la radio en 1984, et il lui fallut attendre que le gouvernement de Reagan révoquât la doctrine de l’impartialité pour frapper un premier grand coup.
    Mais comment et quand a-t-il acquis l’aisance dont il se flatte, et comment se manifeste-t-elle ?

    Examinons le commentaire de Limbaugh du 14 mai 2008, dans son émission de radio sur la Crise économique de 1929, et les adversaires qu’il s’est choisis pour cibles.
    Une des tactiques favorites de Rush consiste à s’emparer d’un bouc émissaire. Il cherche sur Google quelques termes, avec l’espoir de réunir quelques données déjà connues et expliquant la Crise de 29. C’était à prévoir : il tombe sur une étude intitulée Les principales causes de la Grande Dépression, publiée en 1996. Sur le ton docte du professeur indigné, il tire à boulets rouges sur ce travail, le ridiculise plutôt qu’il ne le critique, en conclut qu’il faut le réviser à fond parce que ce pourrait bien être un plagiat d’un livre de Karl Marx. Il insiste : « l’auteur, Paul Gusmorino, se trompe du tout au tout ». Et d’en conclure : « J’ai bien fait de ne pas terminer l’Université, j’en serais ressorti contaminé, victime du lavage de cerveaux opéré par ce groupe de professeurs marxistes ».

    Malheureusement pour Rush, l’auteur du travail, Gusmorino, n’a pas non plus terminé l’université. Il est aujourd’hui administrateur de programmes pour Microsoft, et il était encore à l’école secondaire en 1996, lorsqu’il a écrit ce travail. Il n’était donc pas non plus professeur d’économie politique au service du marxisme !
    Rush Limbaugh fait figure, dans la presse corporative, de caricature du patriotisme et des valeurs chrétiennes. Qu’il ne comprenne rien aux conjonctures sociopolitiques qu’il commente ne pose pas problème dans le cadre de l’hyper-réalité des médias. Le seul fait qu’il soit ouvertement discuté par les deux partis politiques ouvre la voie à une parodie basée sur l’affectif et met en marche un véritable délire associé à l’ignorance.

    Et le score, il en est où ?

    Un autre animateur radio conservateur, Michael Savage, s’est vu interdire l’accès au territoire du Royaume uni [15] pour avoir « encouragé l’extrémisme et la haine » en affirmant que « Le Coran… est un livre de haine ». Pourtant, aux États-Unis, les orateurs qui agitent la haine dans les médias commerciaux, et Limbaugh fait figure de bon exemple, ne se heurtent pas à ce genre de problèmes.
    Il est indiscutable que l’on assiste à une montée de l’extrémisme au sein de la société états-unienne depuis le changement de gouvernement. Des individus appartenant à la droite ou défenseurs traditionnels des causes réactionnaires, telles que la libre détention d’armes et l’interdiction de l’avortement, sombrent dans un délire exacerbé par la haine.

    Durant la soirée d’investiture présidentielle d’Obama, Keith Luke, qui se déclare « suprématiste blanc », a été arrêté suite à un apparent crime multiple de viol et d’homicide, dont le triste bilan est de deux morts et d’une personne grièvement blessée et violée. Toutes ses victimes étaient noires de peau et il pensait terminer les réjouissances avec un massacre dans une soirée loto à la synagogue locale.
    Trois policiers de Pittsburgh ont payé de leur vie la paranoïa de Richard Poplawski, qui craignait que l’administration Obama aille saisir ses armes.
    Le Dr George Tiller, qui a survécu à de multiples attentats contre sa vie, a été tué par balles dans sa propre église avant la messe du dimanche 31 mai 2009.

    Dix jours plus tard, James von Brunn, un membre de « Suprématie blanche » âgé de 88 ans, a tué un gardien et en a blessé un autre en ouvrant le feu au Musée de l’holocauste de Washington. Tous ces faits reflètent une tendance alarmante, et certains se posent déjà des questions sur le rôle que pourraient jouer les médias dans ces poussées de violence [16]. Il serait sans doute injuste de rendre la presse commerciale responsable de tous ces extrémistes, mais il est certain que la désinformation croissante joue un rôle dans ces faits.

    Sans la moindre preuve à l’appui, Glenn Beck est capable d’annoncer au journal télévisé de Fox News que la fusillade du Musée de l’holocauste aurait été soutenue ouvertement par les défenseurs de la vérité sur le 11-Septembre.
    Beck a affirmé [17] que ceux-ci voient dans James von Brunn un héros. La déclaration de Beck n’est basée sur rien de concret et représente un coup d’éclat de l’hyper-réalité émotionnelle dirigée contre un groupe conspué et classé par les médias commerciaux sous l’étiquette de théoriciens de la conspiration. Beck a poursuivi sa diatribe en mettant dans le même sac les défenseurs de la vérité sur le 11-Septembre, la Suprématie blanche et Al Qaeda, affirmant que tous voulaient « détruire le pays ».

    Notre décadence culturelle progressera tant qu’il existera un mouvement qui l’y incite. Le consommateur décidera, le moment venu, que ces messages sont dépourvus de sens. La perte de confiance dans les médias commerciaux à laquelle on assiste actuellement montre que la pensée change. On s’en rend compte lorsque les journaux télévisés, comme les médias qui se consacrent au divertissement, suivent le même paradigme, cyclique et répétitif par nature : ils perdent leur attrait pour finalement péricliter.

    En attendant, de nombreux États-uniens demeurent immergés dans un état d’excitation délirante dû à l’ignorance. Inverser cette tendance constitue une tâche vitale si l’on veut démocratiser les médias. Seuls des médias indépendants et actifs, se basant sur une information vérifiée et rationnelle, peuvent remédier à notre crise d’hyper-réalité.



     Peter Phillips

    Sociólogo estadounidense, es el Director de Project Censored, Universidad Sonoma State, Californ

     

     

    http://www.voltairenet.org/article166994.html


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  • Par Pierre Haski | Rue89 | 27/06/2010 | 19H57

    Des exemplaires du Monde à la rédaction du quotidien à Paris, le 25 juin 2010 (Philippe Wojazer/Reuters)

     

    .

    Alors que c'est le trio constitué du banquier Matthieu Pigasse, de Pierre Bergé et du patron de Free Xavier Niel qui l'emporte au Monde, entretien avec l'historien des médias Patrick Eveno.

    Avec la réunion, lundi, du conseil de surveillance du Monde pour choisir le repreneur du quotidien du soir, c'est la fin programmée d'un système dans lequel les journalistes avaient un pouvoir important sur le fonctionnement du groupe. Comment, dès lors, garantir l'indépendance du titre ? Pourquoi n'y a-t-il pas de grands groupes de presse en France ? L'historien des médias Patrick Eveno répond.

    Auteur d'une « Histoire du journal Le Monde » publiée en 2004, et plus récemment de « La presse quotidienne nationale, fin de partie ou renouveau ? », Patrick Eveno considère que les journalistes font fausse route lorsqu'ils font de la détention d'une part du capital la clé de voute de leur indépendance. Ils feraient mieux, estime-t-il, de s'occuper de mieux faire leur travail de journalistes et de s'occuper de leurs lecteurs, seuls vrais garants de l'indépendance…

    Il prend à témoin l'histoire du Monde, et celle de la presse française :

    « Il y a deux périodes dans l'histoire du Monde. D'abord celle de Hubert Beuve-Méry, le fondateur, patron emblématique, charismatique, de droit divin -du pouvoir politique aussi, puisque c'est de Gaulle qui l'a nommé… Même s'il y a une Société des rédacteurs (SRM) qui, à partir de 1951, détient un pourcentage du capital, elle n'a pas voix au chapitre.

    A la succession de Beuve-Méry, la SRM fait de la possession d'une part du capital, et d'un droit de véto érigé ensuite en droit d'élection du président du groupe, le gage de l'indépendance du Monde.

    Je crois pour ma part que quand Beuve-Méry dirigeait Le Monde, il avait une totale indépendance parce que c'était lui qui le voulait, qu'il avait forgé une rédaction autour de lui qui voulait cette indépendance. Et Beuve-Méry n'avait que 20% du capital. C'était Beuve-Méry qui décidait de l'indépendance du Monde, pas la Société des rédacteurs.

    C'est évidemment la fin d'un modèle. Mais est-ce pour autant la fin de l'indépendance ? Je n'en suis pas sûr. Posséder une part du capital ou un pouvoir de nomination du président du journal, c'est une spécificité française, c'est la méfiance du capital. En France, les journalistes, et pas seulement eux, se méfient de la possession du capital des entreprises de presse. »

    Cela signifie-t-il que, selon vous, il n'y a pas de rapport entre le capital et l'indépendance d'un journal ?

    Pas forcément. A l'étranger, des journaux qui ont été faits à l'image du Monde, comme La Repubblica, El País ou Le Temps, appartiennent à des groupes capitalistiques -qui sont certes des groupes de médias et qui ne sont pas extérieurs aux médias, ce qui est peut-être la définition importante-, mais ils sont parfaitement indépendants, dans le cadre de leur ligne rédactionnelle.

    Le New York Times appartient à la famille Sulzberger, même si un milliardaire mexicain a fait son entrée au capital : est-ce que le New York Times a jamais été plus indépendant que sous la tutelle de la famille Sulzberger ? Ben Bradley [ex-patron du Washington Post à l'époque du scandale du Watergate, ndlr] disait qu'il y avait trois conditions pour faire un bon journal :

    1. L'actionnaire,
    2. L'actionnaire,
    3. L'actionnaire !

    Si l'actionnaire cherche à avoir la rémunération de son capital et ne s'occupe pas du contenu éditorial, il n'y a pas de problème.

    Mais en France, la plupart des médias privés n'appartiennent pas à des groupes de médias…

    C'est le vrai problème de la presse française, dont les origines remontent au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. On a balayé tous ceux qui existaient avant 1939. On a confié la radio-télévision et l'agence de presse à l'Etat, et complètement transformé le système médiatique français.

    On a donné les journaux à des groupes politiques, les démocrates chrétiens, les socialistes, les communistes, des groupes de résistants, etc. Et on a fait en sorte que ces journaux, avec le soutien de l'Etat, puissent vivre.

    C'est très bien, mais ça maintient à flot des journaux qui auraient dû mourir depuis longtemps, L'Humanité, Libération… Qu'on me comprenne bien : je ne souhaite pas leur mort, je suis un grand défenseur des journaux, mais s'ils avaient été laissés à l'économie ordinaire, ils seraient morts depuis longtemps. Il faut savoir que quasiment aucun quotidien français n'est rentable.

    Un grand nombre sont morts dans les années suivant la guerre. Ceux qui ont survécu ont prospéré pendant un temps. Mais ensuite, ils n'ont pas suivi l'évolution sociologique des Français, les journaux populaires comme France Soir ont décliné, il n'y a guère que les régionaux qui s'en sont bien sortis en se concentrant.

    Les quotidiens nationaux ont commencé à entrer en crise dans les années 70. Alors l'Etat a mis de l'argent, et, depuis 1972, il ne cesse de rajouter de l'argent. On atteint des sommes qui dépassent désormais 1,5 milliard d'euros, pour aider à la démocratie.

    Pourquoi investit-on dans la presse alors ?

    Comme les journaux n'étaient pas rentables, les gens intéressés par le business de la presse n'ont pas été intéressés par les journaux. Toutes les tentatives des Allemands ou des Britanniques d'investir dans la presse en France ont tourné court, car ils ont constaté que les journaux ne pouvaient pas être rentables en France.

    Ils sont sous la coupe du pouvoir politique, ou sous la coupe de gens qui veulent de l'influence, de la notoriété, de la reconnaissance. Il faudrait sonder les cœurs de quelques-uns, Serge Dassault (Le Figaro), Bernard Arnault (Les Echos), Edouard de Rothschild (Libération), et plusieurs autres… Ils n'achètent évidemment pas pour la rentabilité.

    Lorsque Bernard Arnault achète Les Echos 250 millions d'euros, et donne 35 millions d'euros à Alain Weil pour se débarrasser de La Tribune, soit 285 millions d'euros alors que tout le monde disait que Les Echos valaient au maximum 120 à 130 millions d'euros, il paye plus du double la valeur du titre. Ce n'est donc pas pour faire des affaires.

    Avec le bénéfice des Echos, il mettra 100 ans avant de rembourser le capital investi. Ce n'est pas un investissement d'investisseur, c'est un investissement d'influence, de notoriété, de reconnaissance, je ne sais pas.

    Idem pour Serge Dassault quand il achète le groupe Hersant. Le Figaro lui revient à environ 600 millions d'euros. Cela signifie qu'il va mettre 95 ans pour rembourser sa mise. J'ai peur qu'il ne tienne pas jusque-là… C'est donc que ce n'est pas le business qui l'intéresse mais autre chose.

    Ça fait quand même penser à la période d'avant-guerre…

    Mais oui ! Les milliardaires de la Belle Epoque se payaient des danseuses… Les hommes d'affaires d'aujourd'hui se sont acheté des danseuses qui leur coûtent de l'argent, mais doivent leur rapporter sur un autre plan.

    Mais est-ce la même chose qu'avant la guerre ? Je ne suis pas d'accord, même si on entend souvent répéter cette théorie. C'était vrai pour les journaux financiers ou politiques. Mais les grands quotidiens étaient de vraies affaires de presse, généralement détenus par de vrais patrons de presse qui n'avaient pas de problèmes financiers. Le Petit Parisien, Paris Soir, Le Petit Journal, étaient extrêmement rentables. Beaucoup plus que nos journaux actuels.

    Mais il y a aussi des milliardaires qui s'emparent de journaux. Deux exemples importants : Le Figaro, racheté en 1922 par François Coty, milliardaire aux idées fascisantes. Il en fait un journal fasciste. Résultat ? En quelques années, les lecteurs désertent Le Figaro et c'est là que réside le rempart des journalistes. La bonne bourgeoisie française qui lisait le Figaro depuis longtemps était conservatrice et militariste, mais pas fasciste.

    Entre 1924 et 1934, le Figaro a perdu 80% de ses lecteurs. Je trouve ça merveilleux, car ça montre que l'indépendance, ce n'est pas l'actionnaire qui la crée, c'est le public qui en décide. Quand le public veut un journal indépendant, il l'achète, quand il n'en veut plus, il ne l'achète plus.

    Le deuxième cas, le plus emblématique, est le rachat du Temps, l'ancêtre du Monde, qui était le grand quotidien de la IIIe République. Il est mis en vente en 1929, et François Coty, le milliardaire qui avait déjà le Figaro, veut le racheter. Les grands patrons français, le Comité des forges, le Comité des houillères, etc, se mettent à 25 pour racheter Le Temps, afin qu'il ne tombe pas dans les mains de François Coty ou dans celles d'un autre candidat, un marchand d'armes international qui était une crapule sans nom.

    Le seul problème est qu'ils ne veulent pas apparaître et font ça via un prête-nom. Lorsque celui-ci meurt, l'affaire est dévoilée et on dit « c'est le journal du Comité des forges »… Mais François de Wendel, le président du Comité des forges, note dans ses carnets qu'il n'a aucune influence sur le journal. L'influence du capital, ce n'est pas aussi simple que ça.

    Le CAC 40, c'est un peu le Comité des forges actuel, non ?

    Oui, bien sûr. Le vrai problème français est que nous n'avons pas su créer de vrais groupes de presse nationaux. Il n'y a que Lagardère, mais qui n'a que très peu investi dans la presse quotidienne, et qui a aussi ses alliances dans l'armement, l'aviation.

    Les groupes espagnols italiens, allemands, britanniques, sont de vrais groupes de médias ou d'industrie culturelle. Nos hommes d'affaires s'emparent de la presse comme une danseuse, car ça n'a pas de sens financier pour eux. C'est juste une goutte d'eau dans leur empire.

    Que reste-t-il aux journalistes pour défendre l'indépendance des rédactions ?

    Je pense que l'indépendance est une conception bizarre, car on se méfie du capital. En France, on croit toujours que le capital détermine toujours le sens du rédactionnel.

    Il faudrait d'abord montrer que c'est le rédactionnel qui détermine la puissance du journal. C'est faire bien son boulot de journaliste -je ne vais pas me faire que des amis…- en adéquation avec ses lecteurs. C'est là que réside le gage de l'indépendance.

    C'est le lecteur qui fait la presse. Ce n'est pas le patron, ce n'est pas le journaliste. C'est le lecteur qui détermine si la presse est indépendante, si elle est rentable. Donc il faut d'abord s'occuper du lecteur, ce que les journalistes et les actionnaires n'ont pas assez fait.

    Photo : des exemplaires du Monde à la rédaction du quotidien à Paris, le 25 juin 2010 (Philippe Wojazer/Reuters)

    http://www.rue89.com/entretien/2010/06/27/cest-le-lecteur-qui-decide-de-lindependance-dun-journal-156626


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  • Carte de la liberté de la presse dans le monde en 2010

    Source : Reporters sans frontières (RSF)
    http://www.populationdata.net/indexcarte.php?option=article&origine=accueil&aid=795&article=2010-09-27-Liberte-de-la-presse-dans-le-monde-en-2010&mid=2604&nom=monde-liberte-presse-2010

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