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    PRESSE ET MEDIAS

    Xavier Niel, le « capitalisme cool » à l’assaut des médias (1) : la construction d’un empire


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    Mardi 20 Mars 2012 - 13:49 Maillage sécuritaire post-électoral

     



    Laurent Dauré
    Lundi 26 Mars 2012

     

    Xavier Niel, le « capitalisme cool » à l’assaut des médias (1) : la construction d’un empire
    Durant plusieurs semaines, Acrimed va tracer le portrait du patron le plus aimé des médias : Xavier Niel. Premier épisode : la construction d’un empire.
    ***

    Lorsque des dirigeants d’entreprise ou des financiers investissent dans les médias, on peut légitimement douter qu’ils soient animés par un élan philanthropique. Ils attendent un retour – un gain –, que celui-ci s’évalue en argent, en pouvoir, ou relève d’une stratégie de communication (ce qui revient généralement au même). Quand Xavier Niel, le patron de Free, un homme d’affaires à la notoriété et à la fortune grandissantes – le magazine Forbes estime cette dernière à 4,5 milliards de dollars –, actionnaire de quelque 800 entreprises, rachète avec Pierre Bergé et Matthieu Pigasse Le Monde ou investit (entre autres) dans Mediapart, Bakchich et Atlantico, qu’est-ce que cela révèle de la situation des médias ? Le pouvoir de séduction du « capitalisme cool » que voudrait incarner Xavier Niel s’exerce sur et par les médias, ceux-ci servant bien souvent de caisse de résonance à la communication des entreprises et à la promotion de leurs « valeurs ». Question naïve : faut-il s’en méfier et si oui, pourquoi ?
    Coqueluche de nombreux médias et d’adeptes de nouvelles technologies, Xavier Niel a le vent en poupe. Surtout financièrement. À la 7e place en France et à la 232e dans le monde – toujours selon Forbes (le magazine des ultra-riches, pour les riches lambda) –, la fortune de Xavier Niel se porte bien [1 ]. Tellement bien que celui qui aimerait être le Steve Jobs français peut se permettre de venir au « secours » de la presse, aussi bien papier (Le Monde) qu’en ligne (Mediapart, Bakchich, Atlantico, etc.). Peut-être n’est-il pas inutile, dans un premier temps, de mieux connaître les diverses activités – passées et présentes – de cet homme d’affaires puissant qui s’intéresse de plus en plus aux médias. Sommes-nous en train d’assister à la naissance d’un nouvel empire mêlant dangereusement industrie des télécommunications, argent et médias ?
    Un empire des télécommunications
    En 1991, Xavier Niel rachète Fermic Multimédia, un éditeur de services de Minitel rose et le rebaptise Iliad. Le groupe Iliad, qui lancera notamment – en 1996 – le premier service d’annuaire inversé sur Minitel (3617 Annu) et la banque de données Société.com, est la maison-mère de Free, un fournisseur d’accès à Internet et depuis peu, un opérateur de téléphonie mobile (Free Mobile). Iliad est le 2e fournisseur d’accès à Internet haut débit en France (Free + Alice). Mais le groupe propose bien d’autres prestations de services : diffusion de contenus audiovisuels par l’ADSL, hébergement de sites (Online.net, le n° 2 français), enregistrement de noms de domaine, téléphonie fixe (One.Tel et Iliad Telecom), terminaison d’appels (Kedra), annuaires, courtage d’assurance (Assunet.com), etc. Xavier Niel est le vice-président et le directeur de la stratégie d’Iliad ; il en est également l’actionnaire majoritaire : environ 64 % du capital. En 2011, le chiffre d’affaires du groupe s’élève à 2,12 milliards d’euros. Dans un communiqué daté du 8 mars 2012, l’opérateur de télécommunications annonce qu’il prévoit une « forte augmentation » de son chiffre d’affaires en 2012 et des revenus « de plus de 4 milliards d’euros à horizon 2015 » [2 ].
    Le 25 janvier 2012, alors qu’il est auditionné par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale pour faire un point sur le lancement de Free Mobile, Xavier Niel déclare : « Mon salaire est de 173 000 euros brut annuel [3 ]  ». Stupéfaction chez les députés, cela ne fait « que » 14 400 euros brut par mois... Seulement l’homme d’affaires oublie de dire qu’il a également touché 14 millions d’euros de dividendes – en 2010 – pour ses parts dans Iliad (Capital.fr, 23 août 2011).
    Xavier Niel n’en est pas à sa première cachotterie. Il a financé l’un des tout premiers fournisseurs d’accès à Internet, World-Net, lancé en 1994. Lorsque la société est revendue en 2000 pour 40 millions d’euros, Xavier Niel omet de « déclarer sa plus-value de 12 millions d’euros » : « taxable à 25 %. Il écope d’un énorme redressement fiscal » (Libération, 14 et 16 septembre 2006).
    Dans un entretien accordé aux Échos, Niel, altruiste, déclare : « Chez Free, nous allons souvent à contre-courant, en nous opposant à l’ordre économique établi et en contestant toute forme de monopole préjudiciable aux Français » (18 octobre 2010). Pourtant, jusqu’à son introduction en bourse en 2004, on trouvait dans le capital d’Iliad – à hauteur de 6,9 % – une banque qui elle aussi s’oppose « à l’ordre économique établi » : Goldman Sachs... Xavier Niel s’est de nouveau associé à cette société bienfaitrice en 2011 pour une tentative de rachat des activités d’Orange en Suisse (Les Échos, 21 octobre 2011). Niel et Goldman Sachs ont alors un autre partenaire : Doughty Hanson & Co (La Tribune, 26 décembre 2011), l’un des plus grands fonds d’investissement privés d’Europe [4 ]. Avec de telles fréquentations professionnelles, on comprend que Xavier Niel « vilipende le capitalisme d’héritiers, exècre la vieille France et raille le peu d’appétit au changement des Français » (Les Échos, 11 janvier 2012).
    Celui que les médias présentent volontiers comme un « un homme d’affaires visionnaire et atypique » (AFP, 25 juin 2010), un « entrepreneur libertaire » (Libération, 29 juin 2010), un « trublion » (Ouest-France, 10 janvier 2012), le « poil à gratter des télécoms » (L’Expansion.com, 28 juin 2010), le « franc-tireur des télécoms » (L’Express.fr, 24 septembre 2010), parle lui-même de Free comme d’une entreprise de « chiens fous » venant « d’un monde Internet qui est différent » (RMC/BFM TV, 11 janvier 2012). Quand on lui demande quels sont les objectifs de sa société en termes de parts de marché – au moment du lancement de la « Freebox Révolution » –, il répond : « Les objectifs, je ne les connais pas, c’est pour les entreprises classiques ça et pour les financiers » (Les Numériques, 17 décembre 2010). Dans le même entretien « hors norme », il précise sa stratégie de distinction : « Le mot trublion n’est qu’à nous, il représente très bien Free, alors celui-là, c’est presque une marque déposée. C’est ce qu’on a envie de faire. […] On est heureux quand on nous dit qu’on est des grands malades. Sur les offres mobiles, par exemple, si dans un an vous ne vous dites pas "Free, ce sont des fous", on arrête tout de suite, et on passe à autre chose. »
    Free cultive une image d’entreprise iconoclaste, différente, déconnectée du monde du pouvoir et de l’argent. Or, le directeur financier d’Iliad – la maison-mère de Free, donc –, Olivier Rosenfeld, est un ancien des banques d’investissement Merrill Lynch et Goldman Sachs ; le président du conseil d’administration, Cyril Poidatz, est un ancien auditeur chez Coopers & Lybrand (devenu PricewaterhouseCoopers après une fusion) et a travaillé pendant dix ans chez Cap Gemini ; Maxime Lombardini, le directeur général du groupe, a été successivement directeur du développement de TF1 et directeur général de TF1 Production ; on trouve aussi au conseil d’administration d’Iliad Virginie Calmels, PDG d’Endemol France et d’Endemol Développement, Orla Noonan, administrateur et secrétaire générale du groupe AB, ainsi que présidente de la chaîne de télévision NT1, et Pierre Pringuet, directeur général de la société Pernod-Ricard. On peut prendre connaissance du pedigree de l’ensemble des membres du CA d’Iliad sur le site du groupe. C’est intéressant et... éclairant.
    Un « trublion » actionnaire de 800 entreprises
    Pour sa part, Xavier Niel est également membre de « Free Minds, une holding d’investisseurs parmi lesquels figurent l’homme d’affaires Charles Beigbeder, Marc Simoncini, fondateur de Meetic, […] ainsi qu’Arnaud Dassier, fondateur de l’agence de communication L’Enchanteur des médias, qui a animé la campagne de Nicolas Sarkozy sur le Web en 2007 » (Le Monde.fr, 28 février 2011). Xavier Niel a aussi sa propre holding d’investissement : NJJ Holding. Il est notamment actionnaire du service d’écoute de musique en ligne Deezer [5 ], de la plate-forme de vidéos Vpod.tv, d’Ateme, une société spécialisée dans les technologies de compression vidéo, et de Square, une start-up dirigée par Jack Dorsey, le co-fondateur de Twitter. Bref, « cet autodidacte aux cheveux longs a placé son argent dans environ 800 entreprises [6 ] » (AFP, 28 juin 2010). Xavier Niel est par ailleurs membre du Conseil national du numérique créé par Nicolas Sarkozy en avril 2011. À la tête d’un vaste patrimoine immobilier, il est propriétaire du Golf du Lys à Chantilly. Il détient les droits des succès du chanteur Claude François avec trois autres investisseurs [7 ]. Enfin, Xavier Niel habite la prestigieuse Villa Montmorency dans le XVIe arrondissement de Paris, à côté d’Arnaud Lagardère et de Vincent Bolloré. « Toujours dans les bons coups, ce diable de Xavier Niel » (Le Point.fr, 25 novembre 2009)...
    Mais heureusement, « [p]ère de deux enfants, il a gardé sa simplicité. Comme tous les employés de Free, il partage son bureau » (L’Expansion.com, 28 juin 2010). Et puis, incroyable : « Rémunéré 173 040 euros par an, il n’a pas rempli sa fiche au "Who’s Who" » (Paris Match, 9 octobre 2009). Plus émouvant encore : « Chez lui, aucun signe extérieur de richesse. Niel l’ascète se meuble chez Ikea et ne possède aucun tableau de maître » (L’Express.fr, 24 septembre 2010). Les médias semblent par ailleurs fascinés par la façon de travailler de l’homme d’affaires : « À pied d’œuvre une quinzaine d’heures par jour » (L’Expansion.com, 28 juin 2010), « connecté quasi en permanence, [Xavier Niel] gère tout par courrier électronique » (AFP, 10 janvier 2012) ; « cet accro au BlackBerry ne travaille que par mails » (Paris Match, 9 octobre 2009), il « est chaque jour derrière son e-mail à 5 heures du matin » (Entreprendre, 28 janvier 2012) ; il « est capable de piloter son entreprise à distance » et « répond de façon aussi laconique qu’efficace » à ses courriels (Le Monde, 8 novembre 2010). « Très réactif, hyperconnecté, le patron passe ses matinées à répondre aux centaines d’e-mails qu’il reçoit », « il communique par e-mails à toute heure, ponctuant la plupart de ses messages de clins d’œil complices » (L’Express.fr, 24 septembre 2010). Xavier Niel nous parle lui aussi de ses activités de petit artisan : « Mon boulot ? C’est faire des mails. J’en reçois 1 500 ou 2 000 par jour » (NouvelObs.com, 3 janvier 2012 [8 ]). Et donc ? « Un mode de gestion peu orthodoxe qui donne un aperçu d’un personnage complexe, original » (Reuters, 13 décembre 2011).
    Storytelling d’entreprise
    Que Xavier Niel et Iliad – via Free – souhaitent se donner une image décontractée, sans intérêt particulier pour l’argent et le pouvoir, malgré des profits colossaux, une place de choix dans l’univers des télécommunications, un conseil d’administration peuplé de hauts cadres issus du monde des banques et des grandes entreprises, et des associations directes avec (entre autres) les joyeux drilles de Goldman Sachs ou les plaisantins de Doughty Hanson & Co, cela relève de leur stratégie de communication. Mais les médias sont-ils obligés de relayer et d’accréditer ce storytelling d’entreprise ? De même, est-ce bien leur rôle de vanter les mérites du « patron trublion de Free », « un homme d’affaires visionnaire et atypique » (AFP, 25 juin 2010), « l’inventeur génial de la "box" » (L’Express.fr, 24 septembre 2010) ? De faire la promotion de « Free avec sa box d’enfer » (Libération, 18 décembre 2009) ? Ou de parler lors du lancement de Free Mobile d’un « buzz géant digne de ceux que savait créer Steve Jobs » (Entreprendre, 28 janvier 2012) ? Le magazine Entreprendre est littéralement conquis par Xavier Niel ; pris par l’enthousiasme, il le compare à une référence irréprochable du monde des affaires : « Depuis Tapie, ça fait longtemps qu’on en n’avait pas eu un comme ça. »
    Ajoutons que Xavier Niel a créé « l’École européenne des métiers de l’Internet (EEMI) […] avec Marc Simoncini (ex-Meetic) et Jacques-Antoine Granjon (Vente Privée) » (Le Point, 22 décembre 2011). « Uniquement financée sur fonds privés – les trois fondateurs ont injecté 500 000 euros chacun », l’EEMI « forme en trois ans aux métiers du numérique » (La Tribune, 7 juin 2011). L’école a ouvert « ses portes en septembre 2011 au Palais Brongniart, dans les anciens locaux de la Bourse de Paris » ; le « coût de la scolarité [est] de 9 500 euros » par an (AFP, 6 mai 2011).
    Mais, au fait, comment le « facétieux Xavier Niel » (Le Figaro, 11 janvier 2012) a-t-il construit la fortune qui lui permet aujourd’hui d’investir à tout-va ? Comme nous l’apprend dans un élan romanesque un article paru sur le site Internet de L’Express (24 septembre 2010) : « Rien ne prédisposait le jeune Xavier à devenir le sauveur d’une presse en crise »...
    L’industrie du sexe : un « retour sur investissement intéressant et non fiscalisé »
    Xavier Niel n’est pas un héritier, c’est un self-made man [9 ] ; il débute sa carrière professionnelle dans les années 80 en créant des services de Minitel rose et en exploitant des peep-shows et des sex-shops. À l’écoute des évolutions technologiques (et techniques), il se diversifie plus tard dans d’autres domaines : sites pornos, vente par correspondance de sex-toys. En 2006, comme le raconte en détail cet article de Libération, ce jardin secret qu’il cultivait depuis une vingtaine d’années « lui vaut de comparaître [...] en correctionnelle pour abus de biens sociaux, après avoir échappé aux poursuites pour proxénétisme » (14 septembre 2006).
    Xavier Niel avait investi dans une dizaine de peep-shows à Paris et à Strasbourg avec Fernand Develter, un ancien fondé de pouvoir à la Société générale qui était aussi son partenaire historique dans Iliad [10 ]. C’est en tant qu’actionnaire de ces établissements dans les années 90 que Niel est poursuivi, la justice s’intéressant aux nombreuses transactions en liquide. Il déclare aux enquêteurs que l’industrie du sexe est une source d’ « argent facile » et permet un « retour sur investissement intéressant et non fiscalisé [11 ] ». Soupçonné initialement de proxénétisme à cause des activités de prostitution des employées d’un sex-shop strasbourgeois – il est mis en examen et fait un mois de détention provisoire à la Santé en juin 2004 –, Niel obtient un non-lieu sur ce volet.
    Xavier Niel plaide coupable pour les faits de détournement de fonds [12 ], il est finalement condamné à deux ans de prison avec sursis et à 250 000 euros d’amende par le tribunal correctionnel de Paris. Il doit également verser 188 000 euros de dommages et intérêts aux parties civiles, ce montant correspondant à une partie de l’argent qu’il avait prélevé sur les recettes non déclarées d’un des sex-shops. Au sujet de ces péripéties, Xavier Niel déclare : « Je n’éprouve que de la honte. À chacun sa croix [13 ] ». Et puis : « Ce fut presque une bonne chose, la justice a fouillé toute ma vie et franchement, on n’a pas trouvé grand-chose. […] Il faut payer pour les conneries qu’on fait, mais là, j’ai payé cher [14 ] ».
    Si Xavier Niel, bon prince, reconnaît sa défaite, il n’empêche que son tempérament procédurier (contre la presse, ses concurrents ou les syndicats) sera aussi un outil efficace au service de ses affaires… comme nous le verrons dans notre prochaine livraison.
    À suivre, donc.
    Laurent Dauré

    Notes

    [1 ] L’estimation de Forbes (4,5 milliards de dollars, soit environ 3,44 milliards d’euros) date de mars 2012. Le magazine Challenges juge quant à lui que « Xavier Niel et sa famille » possèdent la 12e fortune française avec 3,15 milliards d’euros. Voir ici (dernière consultation du site le 25 mars 2012).
    [2 ] « Notre rentabilité s’explique par un choix stratégique pris dès 1999 : avant de penser média et contenu, nous avons pensé tuyaux et avons développé notre propre réseau, dont plus de 7 000 km de fibres optiques détenues en propre » (Xavier Niel, cité par Le Figaro, 18 décembre 2003).
    [3 ] Propos cités par le NouvelObs.com, 25 janvier 2012.
    [4 ] C’est finalement Apax Partners, un autre fonds d’investissement, qui remporte les enchères et acquiert la filiale suisse de France Télécom pour 1,6 milliard d’euros.
    [5 ] Signalons que Xavier Niel et Free ont fait partie des opposants à la loi Hadopi (AFP, 6 octobre 2010).
    [6 ] « En Israël, il a même créé le cinquième opérateur mobile Golan Telecom avec l’ex-DG d’Iliad », à savoir Michaël Boukobza (Les Échos, 21 octobre 2011).
    [7 ] Selon Le Monde, « My Way [version anglaise de Comme d’habitude] est l’une des trois chansons les plus interprétées au monde, générant près d’un million d’euros de recettes et de droits par an » (28 novembre 2009).
    [8 ] Précision : ces propos de Xavier Niel avaient été recueillis en 2010 ; il « passait alors de dix à douze heures quotidiennes à gérer son courrier électronique. » Il est probable que le « faiseur de mails » soit encore plus sollicité aujourd’hui.
    [9 ] Nous aurions pu écrire « un homme qui s’est fait tout seul » mais Xavier Niel affectionne les anglicismes, qui comme chacun sait donnent un air cool, jeune et branché. Lorsqu’il envoie son premier tweet à ses followers le 13 décembre 2011 pour faire du teasing et susciter un buzz autour du lancement prochain de Free Mobile, Xavier Niel métaphorise dans la langue de Shakespeare : « The rocket is on the launchpad » (la fusée est sur la rampe de lancement). Le Point, en admiration devant cette audace linguistique, commente : « Niel, ou le tycoon new wave » (22 décembre 2011). « The Point is so hype* ! » comme disent les jeunes lorsqu’ils s’arrachent dans les kiosques les derniers exemplaires de l’hebdomadaire de François Pinault. (*Nous ne traduisons pas. Il faut vivre avec son temps...)
    [10 ] Le même article de Libération précise qu’en 2001, Fernand Develter « avait vendu [à Xavier Niel] une partie de ses actions. Le prix de cession étant discutable, ils auraient convenu d’un complément de la main à la main : 9 100 euros mensuels, sur une durée de... trente ans. »
    [11 ] Propos cités dans l’article de Libération.
    [12 ] Au tribunal, Xavier Niel déclare : « Je savais que ces paiements en espèces provenaient d’un recel d’abus de biens sociaux » (propos cités par Libération, 16 septembre 2006).
    [13 ] Propos cités par Paris Match, 9 octobre 2009.
    [14 ] Propos cités par Le Monde, 8 novembre 2010.

    Acrimed
    http://www.alterinfo.net/Xavier-Niel-le-capitalisme-cool-a-l-assaut-des-medias-1-la-construction-d-un-empire_a73635.html
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    Lire aussi :
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  • Les journalistes du "Petit Journal" de Yann Barthès vont-ils perdre leur carte de presse ?

    " Le Petit Journal " de Yann Barthès est-il une émission d'information comme une autre ou un simple divertissement ? Ses journalistes ont-ils droit à la carte de presse comme les reporters de TF1, France 2 ou les rédacteurs de la presse écrite ? Ce sont les questions posées par le site Arrêt sur images à la commission de la carte des journalistes professionnels après la polémique avec Jean-Luc Mélenchon qui accusait l'émission de "tordre la réalité" .


    "Je pense que la question de ce renouvellement (de leurs cartes de presse) peut se poser. Est-ce que le Petit journal, c'est du divertissement ou de l'information ? s'interroge Eric Marquis, président de la commission de la carte des journalistes professionnels (...) Je suis assez réservé sur le mélange des genres (...) Les auteurs des Guignols, par exemple, n'ont pas de carte de presse. Ce n'est pas parce que l'on utilise les mêmes outils - reportage, interview ... - qu'il y a une démarche d'information derrière".


    Quelle définition du journaliste ?


    Si la question se pose pour les journalistes du Petit Journal, elle devrait aussi se poser pour bon nombre d'émissions où des journalistes travaillent en coulisses pour un format qui n'est pas de l'information pure et dure. " Le Grand Journal ", " L'Edition Spéciale ", " Salut les terriens", "C'est au programme", "Toute une histoire", "[show_restrictif=40928]Midi en France " ne sont pas des émissions d'information, elles ne dépendent pas de la direction de l'info de leurs chaînes mais bien souvent des divertissements. On parle alors d' infotainment , formats mélangeant divertissement et information.


    Par ailleurs, les reporters et rédacteurs du "Petit Journal" n'exercent-ils pas un métier journalistique quand ils relèvent une tentative de bidonnage sécuritaire dans une (...)

     

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  • PRESSE ET MEDIAS

    Présidentialisme et lutte des places dans les médias audiovisuels

     

    Présidentialisme et lutte des places dans les médias audiovisuels
    Dans les institutions de la Vème République, le rôle central joué par l’élection présidentielle favorise indéniablement la personnalisation de la vie politique. Alors qu’Olivier Besancenot a annoncé le 5 mai 2011 qu’il renonçait à porter les couleurs du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) en 2012, et qu’au contraire, Jean-Luc Mélenchon a été désigné pour porter celles du Front de gauche, étudions l’évolution de la médiatisation accordée à ces deux porte-parole de la contestation (de gauche) sur la période du 1er janvier 2008 à décembre 2011, à travers l’analyse de leurs passages dans les principaux médias audiovisuels nationaux [1 ].
    Cette analyse a pour objectif de mettre en évidence le pouvoir de consécration des grands médias, et notamment celui de la télévision, et de pointer les dangers qu’il recèle du point de vue du débat démocratique, qu’il s’agisse de l’accentuation du bipartisme ou de la personnalisation de la vie politique.
    I. Une imposition médiatique du bipartisme politique
    Si Besancenot et Mélenchon ont été (ou sont) entendus et vus régulièrement dans les médias, il ne faut pas pour autant oublier que le nombre de leurs prestations reste très largement inférieur à celui des représentants des deux principaux partis politiques français, l’Union pour un mouvement populaire (UMP) et le Parti socialiste (PS), qui cannibalisent l’espace médiatique.
    Pour prendre la mesure de cette disproportion, un repère parmi d’autres possibles peut être fourni par le résultat du premier tour de l’élection présidentielle de 2007. Pour mémoire Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ont obtenu environ 57 % de suffrages exprimés (respectivement 31,18 et 25,87%) et tous les autres 43 % [2 ]. Or cette « représentativité » n’apparaît pas dans les médias. Trois exemples (décompte effectué par nos soins) :
    - Le « Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI » du 3 septembre 2006 au 4 décembre 2011. Sur 226 invités :

    - UMP, apparentés, membres du gouvernement ou appartenant à la majorité présidentielle, conseillers, proches : 106 invités, soit 46,90 % du total (auxquels on peut ajouter un ex-UMP) ;
    - PS et apparentés : 55 invités, soit 24, 33 % du total ;
    - Autres formations politiques : LCR/NPA (4 invitations), Parti de Gauche (3), PC (1) et gauche antilibérale-Bové (1), UDF/Modem (9), Europe Ecologie - Les Verts (8), FN (7) ;
    - Patrons et assimilés : 20 invités ;
    - Syndicats de salariés : 9 invités (CFDT (4), CGT (4), FO (1),
    - Divers : Cour des Comptes - Philippe Séguin et Didier Migaud (2), association - Nicolas Hulot (1).
    - Le « Grand-rendez-vous Europe 1- Le Parisien/Aujourd’hui en France/I>télé » [3 ] du 2 janvier au 4 décembre 2011. Sur 49 invités :
    - UMP, apparentés, membres du gouvernement ou appartenant à la majorité présidentielle, conseillers, proches : 16 invités soit 32, 65 % du total (auxquels on peut ajouter un ex-UMP) ;
    - PS : 16 invités soit 32, 65 % du total ;
    - Autres formations politiques : Parti de Gauche (2), Europe Ecologie - Les Verts (2), Modem (1), FN (1) ;
    - Patrons et assimilés : 6 invités ;
    - Syndicats de salariés : 2 invités (CFDT) ;
    - Divers : Cour des Comptes - Didier Migaud (1), Ambassadeur du Japon (1).
    Passons (du moins cette fois) sur la surepésentation des patrons par rapport aux syndicats de salariés. Le constat est accablant : UMP et PS et leurs apparentés bénéficient de respectivement de 71, 23 et 65, 30 % des invitations ! Si on ne conserve que les invités rattachés strictement à des formations politiques on obtient le chiffre de 82, 56 % pour RTL (161 sur 195) et 82,05 % pour Europe 1 (32 passages sur 39) !!!
    - L’émission quotidienne « Bourdin and co » sur RMC du 2 mai 2011 au 6 décembre 2011 donne des résultats identiques. Sur 136 invités politiques :

    - UMP, apparentés, membres du gouvernement ou appartenant à la majorité présidentielle, conseillers, proches : 67 invités soit 49, 26 % du total (auxquels on peut ajouter 3 ex-UMP) ;
    - PS et apparentés : 40 invités soit 29, 41 %. Soit un total cumulé de 78, 67 % ;
    - Autres formations politiques : Europe Ecologie - Les Verts et apparentés (8), Parti de Gauche (5), Modem (5), FN et CAP 21 de Corinne Lepage (3), Debout la République de Nicolas Dupont-Aignan (2).
    UMP et PS et leurs apparentés bénéficient donc de 80 % des invitations. Pourtant, face à Jean-Luc Mélenchon (qui ne démentira pas), Jean-Jacques Bourdin affirme, et sans complexe le 18 août : «  Ici, encore une fois, tout le monde est invité sur un pied d’égalité , vous reviendrez.  » Il ne parlait sans doute pas du nombre d’interventions et n’en tenait guère compte...
    Mais ces exemples n’ont qu’une valeur d’indice et devraient être complétés par une évaluation des temps de parole ainsi qu’une étude qualitative du traitement des invités. Mais l’indice est clair : à en juger par ces trois émissions (et celles sur lesquelles nous avons déjà fait ce type de comptage), 80% environ des invités politiques appartiennent à deux formations politiques dont les candidats, lors de la présidentielle de 2007 n’avaient pas atteint, ensemble, 60% des suffrages. Pis : le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) n’a que faire de cette disproportion, puisqu’il n’a pour objectif (en dehors des périodes électorales) que de faire respecter la règle des « trois tiers » (un tiers de temps de parole pour le gouvernement, un tiers pour la majorité parlementaire, un tiers pour l’opposition parlementaire).
    Le bipartisme auquel poussent les institutions [4 ]est donc gravement conforté par les médias audiovisuels : le moins que l’on puisse dire, c’est que le pluralisme dont le CSA se prétend le garant est totalement déséquilibré et, pour une large part, illusoire. En effet, c’est une place étroite que doivent se partager des formations politiques minoritaires, au point que la concurrence politique et électorale est amplifiée par la concurrence médiatique : qui sera le plus visible ?
    II. La lutte des places
    Cette question se pose à tous ces courants politiques dont on peut douter qu’ils figurent au deuxième tour de l’élection présidentielle à venir. On examinera ici uniquement les effets de la lutte des places parmi les courants qui se situent ou que l’on peut situer « à gauche du Parti socialiste » : toute autre appellation déplairait sans doute à certains d’entre eux.
    Les porte-parole des différentes formations contestataires ne sont pas, loin s’en faut, sur un même pied d’égalité en matière d’accès aux principaux médias. Pour bénéficier de leur l’hospitalité, plusieurs conditions doivent être réunies :
    - Mieux vaut être candidat réel ou potentiel à la Présidentielle (mais ce n’est pas gagné !)
    Olivier Besancenot a commencé à être médiatisé à partir du moment où la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) l’a choisi pour la représenter aux élections présidentielles de 2002. La personnalisation médiatique a redoublé très vite la personnalisation électorale : Besancenot était un « bon client » qui incarnait la nouveauté, un « produit » très recherché et un personnage pour médias construit par eux : « le facteur de Neuilly.
    De la même manière, Jean-Luc Mélenchon a vu son audience médiatique progressivement augmenter dès l’instant où il a annoncé son départ du PS le 7 novembre 2008 pour fonder le Parti de gauche (PG) [5 ] avec, dans la foulée, le 18 novembre, la création, avec le Parti communiste français (PCF), du Front de gauche. Avec l’annonce de sa candidature d’abord déclarée le 21 janvier 2011, puis officialisée le 20 juin après le vote des militants communistes, Jean-Luc Mélenchon surpasse largement Olivier Besancenot comme meilleur « bon client », qui lui, annonce, qu’il ne sera pas le candidat du NPA. La « sanction » a donc été immédiate : le NPA disparaît pratiquement des grands médias. En effet, le candidat désigné par les militants du NPA – Philippe Poutou – est rarement invité sur les principaux plateaux télé, Olivier Besancenot y faisant des apparitions de plus en plus espacées.
    Etre candidat est nécessaire, mais ne suffit pas… Ainsi, Nathalie Arthaud, candidate officielle à l’élection présidentielle 2012 pour Lutte Ouvrière (LO) est quasi-absente des principaux médias. Depuis son intronisation comme porte-parole de son parti, puis comme candidate à l’élection présidentielle, ses passages dans les journaux télévisés ou principales émissions politiques se comptent sur les doigts des deux mains (Voir annexe 2). Quant au Parti ouvrier indépendant (POI) [ancien Parti des travailleurs], c’est assez simple : l’accès aux principaux médias lui est tout simplement « interdit » [6 ]. Le fait que ce parti ait finalement renoncé le 2 octobre 2011 à présenter un candidat n’a donc pas amplifié sa représentation médiatique !
    - Mieux vaut être candidat à la Présidentielle que « simple » porte-parole et responsable politique.
    Alors que le NPA a désigné deux porte-parole en avril 2011, ce sera Olivier Besancenot et, faute de « mieux », Philippe Poutou, ou rien ! Il en va de même pour le Parti de gauche : sa co-présidente et porte-parole – Martine Billard – reste invisible et inaudible, excepté sur La Chaîne Parlementaire (LCP).
    Mais le cas le plus emblématique reste sans doute celui du PCF, la principale force politique composant le Front de gauche. Ses représentants devraient être les candidats de ce rassemblement aux législatives dans près de 80 % des circonscriptions. Mais les législatives n’intéressent guère les experts en interviews et autres animateurs de débats. Pierre Laurent, le 8 avril 2011 devant le conseil national du PCF, peut le déplorer [7 ] : la sélection médiatique est impitoyable.
    - Mieux vaudrait tout accepter, plutôt que prendre le risque de disparaître ?
    La rareté des émissions véritablement politiques, voire leur absence totale jusqu’à une période récente, sur des chaînes comme TF1 ou M6, a pour conséquence de pousser les contestataires à se précipiter dans des émissions de pur divertissement ou de mélange des genres, dans l’espoir d’élargir l’audience de leurs idées [8 ].
    Or, même si ces émissions permettent parfois de disposer de conditions d’expression équivalentes voire meilleures que celles qu’offrent les entretiens proprement politiques, force est de constater qu’elles contribuent généralement à une personnalisation excessive des enjeux et des idées politiques. Ces émissions tendent à effacer le collectif que le candidat est censé représenter et, surtout quand les jeux du cirque l’emportent, constituent des espaces de dépolitisation, comme l’a encore parfaitement illustré le passage du candidat du NPA à la présidentielle Philippe Poutou, le 29 octobre dernier à l’émission « On n’est pas couché  » sur France 2 [9 ]. Une dépolitisation qui serait éminemment démocratique, si l’on en croit l’ineffable Jean-Michel Aphatie, pour qui la présence des politiques « dans les endroits où on s’amuse [...] c’est plutôt le signe d’une forme de démocratisation des esprits [10 ]. » Difficile dans ces conditions de contester ce type d’émission et l’ordre médiatique dont elles sont l’un des fleurons !
    - Mieux vaudrait devenir un personnage pour médias que le porte-voix d’un collectif ?
    La sélection des porte-parole, opérée de facto par les médias audiovisuels, pour leur accorder le droit de siéger dans l’espace rétréci qui leur est réservé, privilégie certains d’entre eux, parce qu’ils sont de « bons clients ». Seuls Olivier Besancenot et Jean-Luc Mélenchon ont, dans la période récente, bénéficié d’un tel « privilège », très grossièrement fondé sur les scores électoraux, sur les sondages et sur l’audience espérée.
    Très vite, la personnalisation médiatique redouble la personnalisation électorale, dépendante de l’élection présidentielle. Mais il n’existe pas assez de place pour tout le monde. Aussi, Olivier Besancenot, après avoir fait la course en tête jusqu’à la fin 2009, a-t-il été concurrencé, puis dépassé et remplacé par Jean-Luc Mélenchon, en fonction de l’évolution des scores électoraux (voir en « Annexe 1 » la trajectoire de leur médiatisation) et de son renoncement à se présenter à la Présidentielle en 2012.
    Or, cette personnalisation médiatique est aussi une fabrique de rôles de plus en plus distincts du collectif qu’est censé représenter le porte-parole ; et cette individualisation s’accompagne de la construction médiatique de personnages : Jean-Luc Mélenchon dans le rôle du « populiste-dévoreur-des-journalistes » ou Olivier Besancenot dans celui du « facteur de Neuilly » [11 ]. Ces personnages succédant à d’autres : la « travailleuse » Arlette Laguiller et José « Astérix » Bové.
    * * *
    Les questions alors se bousculent. Comment éviter que l’élection présidentielle dicte sa loi à l’impératif de pluralisme politique ? Comment éviter la sous-représentation médiatique des courants minoritaires, qui représentaient tout de même environ 40% de l’électorat lors de l’élection présidentielle de 2007 ? En particulier, les courants situables « à gauche du Parti socialiste » peuvent-ils, sans se renier, accepter une personnalisation et des jeux de rôle qui contredisent leurs ambitions collectives ? Et comment pourraient-ils mettre en cause cette personnalisation et les mutilations du pluralisme sans critiquer les médias dans les médias et, défendre en leur sein, des projets de leur transformation qu’ils ont pourtant dans leurs « cartons » ? [12 ]. Questions bonnes à ressasser, pour peu qu’on ait l’intention, plutôt que de subir, de leur apporter véritablement des réponses [13 ]
    Pourquoi ne pas s’inspirer des mouvements des « indignés » américains qui ont inscrit « la critique des médias au cœur de leur mouvement »  ?
    Henri Maler Denis Perais et Mathias Reymond

    Annexe 1 :
    De Besancenot à Mélenchon ?

    En 2008 et 2009, Olivier Besancenot a la faveur des médias [14 ]. La consécration médiatique d’Olivier Besancenot est confirmée en août 2008 par son entrée dans le « Top 50 » des personnalités les plus populaires publié par Le Journal du Dimanche : « Du côté des politiques, Nicolas Sarkozy tient la tête (au 44ème rang contre un 32ème rang en décembre 2007), tout juste devant Olivier Besancenot qui apparaît pour la première fois dans le classement (45ème rang). Quant à Ségolène Royal, elle descend du 36ème au 49ème rang ».
    Dans ce contexte, il n’est guère surprenant qu’Olivier Besancenot bénéficie alors de beaucoup plus d’invitations dans les médias audiovisuels, alors que Jean-Luc Mélenchon n’en reçoit que 38 [voir Annexe 2]. La différence de fréquence n’est pas tout : Olivier Besancenot est accueilli à six reprises sur les plateaux de journaux télévisés et une fois sur le divan de Michel Drucker.
    Fin 2009, Jean-Luc Mélenchon et Olivier Besancenot sont autant présents dans les médias.
    Cette inflexion se produit dans un contexte où le Front de gauche a réalisé de meilleurs scores aux élections européennes [15 ]. Dans la perspective de la présidentielle, pour les médias, Jean-Luc Mélenchon, qui n’est pourtant pas encore candidat, devient pratiquement l’égal d’Olivier Besancenot comme « meilleur contestataire ».
    A partir de 2010, la courbe s’inverse assez nettement en faveur de Jean-Luc Mélenchon. Ce n’est pas tant, globalement, le nombre de plateaux accordés à Olivier Besancenot qui fléchit, puisqu’il reste à 32 durant l’année 2010 mais celui dévolu à Jean-Luc Mélenchon qui explose littéralement : 55.
    Avec l’annonce de sa candidature d’abord déclarée le 21 janvier 2011, puis officialisée le 20 juin après le vote des militants communistes, Jean-Luc Mélenchon surpasse Olivier Besancenot, qui lui, annonce, qu’il ne sera pas le candidat du NPA. La « sanction » a donc été immédiate : le NPA disparaît des médias. En effet, Philippe Poutou est rarement invité sur les principaux plateaux télé. L’effet direct est le score du NPA dans des sondages (entre 0% et 1%) qui servent largement de boussole aux médias dominants. Comme le rappelle Alain Garrigou, professeur en sciences politiques à l’université Paris X - Nanterre : « Les sondages sont devenus un instrument de pouvoir. Quand ils sont associés à des lois sur le financement public des partis et que les banques ne prêtent qu’aux candidats « faisant » 5% au moins dans les intentions de vote, on imagine les tentations. Cela devient même une condition pour l’accès aux médias. La sondomanie prospère sur un paradoxe et une tromperie : il faut sonder à satiété pour confisquer la démocratie en restaurant des mécanismes censitaires et ploutocratiques. » [16 ].
    Annexe 2 :
    À gauche du PS : Relevé de prestations des porte-paroles dans les médias audiovisuels(2008-2011).

    Ci-dessous, en Pdf, un relevé (effectué par Denis Perais) qui n’a qu’une valeur d’indices de la place occupée par les différents porte-paroles et de la lutte des places entre eux dans un espace retreint. Ces indices devraient être complétés par une évaluation des temps de parole et une étude qualitative du traitement des invités : les premiers de la classe et les autres…

    Notes

    [1 ] TF1, France 2, France 3, Canal+(« Le Grand Journal » « Dimanche + » , « La matinale » et « Salut les terriens »), France Inter, France Info, Europe 1, RMC et RTL, de janvier 2008 au 6 décembre 2011).
    [2 ] François Bayrou 18,57% ; Jean-Marie Le Pen 10,44% ; Olivier Besancenot 4,08 ; Philippe de Villiers 2,23 ; Marie-George Buffet 1,93 ; Dominique Voynet 1,57 ; Arlette Laguiller 1,33 ; José Bové 1,32 ; Frédéric Nihous 1,15 ; Gérard Schivardi 0,34.
    [3 ] La chaîne d’information en continu du groupe Vivendi Universal est partenaire depuis le 28 août 2011.
    [4 ] En raison, surtout, du poids de élection présidentielle qui ne laisse en en lice au second tours que deux candidats. Mais aussi des règles adoptées par le CSA qui ne reconnaît comme « opposition » que les ârtis représentés à L’assemblées nationale.
    [5 ] Création officielle : le 1er février 2009
    [6 ] Constat établi à partir de la consultation du site internet du parti.
    [7 ] Sur le site du PCF  : « La seconde remarque porte sur les médias. L’absence persistante de la présence des dirigeants communistes [et des autres composantes du Front de gauche], non pas dans tous les médias, mais dans la plupart des émissions télévisuelles de grande audience et dans la totalité des grandes émissions politiques radiophoniques du week-end est une anomalie démocratique. L’invitation de Jean-Luc Mélenchon, avancée par les chaînes en question pour justifier cette discrimination, n’est pas une explication convaincante, elle n’est pas recevable. Pourquoi le Front de gauche, rassemblement divers, subirait-il un traitement univoque quand EELV, le PS, et que dire de la droite, voient leurs représentants défiler les uns après les autres ? Comment justifier cette interdiction d’antenne de fait dans ces grandes émissions au lendemain des résultats des élections cantonales ? La démocratie en souffre, et la dynamique collective du Front de gauche aussi. »
    [8 ] Tel est l’argument défendu par Alain Krivine le 22 mai 2004 dans L’Express pour justifier le passage d’Olivier Besancenot aux « Grosses têtes » en 2003 ou dans d’autres émissions de ce genre : « Même si Olivier n’aime pas ça, mieux vaut ne pas refuser ces émissions, sinon nous disparaîtrons  » (cité par Le Plan B n°3 de juillet-septembre 2006. Tel est également l’argument de Jean-Luc Mélenchon, exposé sur son blog le 9 novembre 2010, pour justifier sa présence sur le divan de Michel Ducker : « On me dit que c’est un record d’audience. » Arlette Laguiller, pour Lutte ouvrière, et José Bové ont défendu le même point de vue.
    [9 ] Voir notre article à ce sujet.
    [10 ] Interview paru sur [LePoint.fr, le 2 novembre 2010.
    [11 ] Olivier Besancenot, confirmé dans ce rôle par des journalistes, à l’occasion de la lettre où il refusait de s’y laisser enfermer et, plus généralement, de subir la personnalisation à outrance imposée par les médias, comme on peut le lire ici même sous le titre : « Médiatisation et personnalisation (à propos d’une lettre d’Olivier Besancenot) ».
    [12 ] Ainsi, le Front de gauche, le PCF, la défunte LCR par la voix d’Olivier Besancenot puis le NPA.
    [13 ] Une urgence à s’engager dans cette voie lucidement relevée le 15 avril 2010 dans l’hebdomadaire du NPA, Tout est à nous  : « Aucune organisation de gauche – et le NPA pas plus que les autres – n’a pris au sérieux et à bras le corps cette question en élaborant et en propageant une critique politique des médias[...]. Le champ médiatique constitue un obstacle spécifique pour toute politique d’émancipation en réservant la parole aux élites politiques et économiques, en rendant les luttes sociales invisibles ou en les réduisant à quelques clichés, en proposant une lecture systématiquement compassionnelle des oppressions et en présentant comme utopique tout projet de transformation radicale de la société. À nous, y compris dans les grands médias, de populariser une critique et des propositions anticapitalistes dont pourraient s’emparer les mouvements sociaux – et les salariés du secteur ! – pour contester le pouvoir d’une minorité sur l’information et le débat public. »
    [14 ] Le 5 juillet 2011, Paris Match publie un article sur Philippe Poutou, le nouveau candidat à la présidentielle du NPA pour 2012. En marge de cet article, on peut lire un bref historique sous le titre « Février 2009. “Olivier superstar” »
    [15 ] 6,47 % des suffrages exprimés pour le premier contre 4,88 % pour le second
    [16 ] Dans un entretien accordé au site scienceshumaines.com.

    ACRIMED
    http://www.alterinfo.net/Presidentialisme-et-lutte-des-places-dans-les-medias-audiovisuels_a67678.html

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    http://itunes.apple.com/fr/app/medias-2010/id406471216?mt=8
    .
    Le magazine américain, "Time", a dévoilé, ce mercredi, son traditionnel classement des personnalités de l'année. C'est Mark Zuckerberg, le fondateur du célèbre réseau social «Facebook», qui a été désigné "homme de l'année 2010".
    Le fondateur du réseau social «Facebook», Mark Zuckerberg, 26 ans, a été élu "homme de l'année" du magazine américain, «Time», a annoncé la direction de l'hebdomadaire. C'est la direction de «Time Magazine» qui a décidé du classement final, alors que les lecteurs avaient placé, en premier, Julian Assange, le fondateur de «Wikileaks». Assange termine, finalement, troisième, derrière le mouvement politique conservateur américain «Tea Party».
    La désignation du fondateur du réseau social «Facebook», en tant qu’homme de l'année, est intervenue, à un moment où ce réseau a été mis en cause, à plusieurs reprises. Le 17 octobre, le journal «Frankfurter Allgmeine Sonntagszeitung» a rendu public le fait que si quelqu'un s'enregistre sur «Facebook» et au lieu de communiquer son adresse e-mail, donne celle d'un non-utilisateur du réseau, il peut, alors, accéder au répertoire de contacts de la personne, dont il a détourné l'adresse, même si celle-ci n’est pas enregistrée sur «Facebook». De cette manière, l’utilisateur malveillant de «Facebook» accède aux contacts de l’internaute victime. Plus tard, ce dernier découvre la tromperie, car il reçoit de «Facebook» un e-mail de confirmation de coordonnées de compte.
    La «Stiftung Warentest», une association testant les produits pour les consommateurs, a dénoncé des failles, dans le réseau «Facebook». Le responsable de la protection des données de Hambourg a accusé «Facebook» de puiser, à des fins publicitaires, dans les répertoires d'adresses de ses membres, pour «établir des profils de personnes non membres du réseau». La ministre allemande de la Consommation et la ministre de la Justice ont dénoncé «toute une série de pratiques douteuses» et «le manque de considération de «Facebook», dans la gestion des données privées». Ce n'est pas la première fois que la sécurité de «Facebook» est mise en cause. Au mois de mars 2008, un informaticien a accédé, très facilement, aux photos privées postées par des utilisateurs, bien que celles-ci aient été «taguées», pour n'être vues que par leurs amis. En juin 2009, le site FBHive.com a dévoilé une faille de sécurité qui permettait d'accéder à certaines données privées des profils d'utilisateurs du réseau social.
    En 2010, d'importantes révélations ont été faites sur «Google». Robert David Steele, ancien agent de la CIA, a révélé, en 2006, que «Google» «is in bed» (s’entend) avec la CIA. Il soupçonne, même, celle-ci d’avoir investi sur «Google», à son lancement, en vue d’en faire un outil d’espionnage futur. Aussi, afin d’appuyer ses propos, il citait, directement, le nom du directeur responsable de la recherche et du développement, Rick Steinheiser. Lors de son témoignage, il termine en expliquant que les derniers conflits entre «Google» et le ministère de la Justice américaine (propriété intellectuelle, situation de monopole, etc…) ne seraient qu’une manœuvre stratégique, dont l’objectif est de cacher la nature de leurs relations. Des faits récents viennent appuyer les déclarations de Robert David Steele. En 2010, la CIA avait demandé à «Google» de l’aider à récolter de l’information concernant les cyber-attaques venues de Chine.
    On peut, alors, s’interroger sur le type d’entente qu’entretiennent ces deux institutions. Mais, aussi, qu’elle utilisation les Etats-Unis vont-ils faire de ces outils technologiques et stratégiques qui peuvent s’avérer être des armes redoutables contre un/des adversaire(s).
    En 2010, les Etats occidentaux ont eu recours à un virus dit «Stuxnet», pour perturber le programme nucléaire iranien. «Stuxnet» est un ver informatique très sophistiqué qui s'est propagé, en Iran, en Indonésie et en Inde, et il a été élaboré, pour parvenir à un seul objectif: entraver le fonctionnement de la centrale nucléaire de Bouchehr, en Iran. Les chercheurs s'accordent sur le fait que «Stuxnet» a été conçu par un attaquant très sophistiqué et il a été imaginé pour détruire quelque chose de grand. Il s'agit d'un virus qui s'attaque aux systèmes de contrôle et de supervision des usines et des grands complexes industriels. Mais, grâce à la vigilance et à l'efficacité des experts de la sécurité iraniens, la tentative du régime sioniste et des Etats-Unis, pour stopper le fonctionnement de la centrale nucléaire de Bouchehr, a échoué. Il y a ceux parmi les Etats qui se donnent tous les moyens, y compris, la propagation du terrorisme, dans l'espace virtuel, pour assurer leurs propres objectifs. C'est pour cette raison qu'en 2010, de nombreux peuples du Moyen-Orient ont été victimes, de manière sans précédent, d’attaques cybernétiques.
    "Dans le classement annuel de la liberté de la presse, les pays membres de l'Union européenne ont perdu leur place.", a regretté Jean-François Julliard, le Secrétaire général de «Reporters sans frontières». «Reporters sans frontières» a exprimé, à plusieurs reprises, son inquiétude, face à la dégradation de la situation de la liberté de la presse, dans l’Union européenne. Le classement 2010 confirme ce constat. Sur les vingt-sept pays membres de l’UE, treize pays se trouvent dans les vingt premiers. Quatorze pays sont sous la vingtième place et certains se retrouvent même très bas, dans le classement : Grèce (70e), Bulgarie (70e), Roumanie (52e), Italie (49e). L’Union européenne n’est pas un ensemble homogène, en matière de liberté de la presse. Au contraire, l’écart continue de se creuser entre les bons et les mauvais élèves. Plusieurs pays démocratiques, où «Reporters sans frontières» avait signalé un certain nombre de problèmes, ne connaissent aucune progression. Il s’agit, en premier lieu, de la France et de l’Italie, où incidents et faits marquants ont jalonné l’année en cours, confirmant leur incapacité à renverser la tendance : violation de la protection des sources, concentration des médias, mépris et même impatience du pouvoir politique envers les journalistes et leur travail, convocations de journalistes devant la justice.
    En 2010, 57 journalistes sont morts en relation avec leur travail, contre 76, en 2009, soit une diminution de 25%. Moins de journalistes ont été tués, dans les zones de guerre, au cours de ces dernières années. Fait notable, il devient de plus en plus difficile d’identifier les assassins parmi les groupes mafieux, armés ou religieux et les États. « Moins de journalistes ont été tués en zones de guerre que lors des années précédentes. Les professionnels des médias sont, avant tout, victimes des criminels et trafiquants en tous genres. En 2010, environ, 529 journalistes, ont été tués, dans le monde, surtout, dans les pays, tels que le Mexique, l'Afghanistan, le Pakistan et l'Irak.



    Lundi 17 Janvier 2011



    http://french.irib.ir http://french.irib.ir

     

    http://www.alterinfo.net/Les-Medias-en-2010_a53919.html


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