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    http://www.alterinfo.net/Ecole-de-journalisme-et-voyage-en-Israel-finance-par-le-CRIF-lettres-aux-etudiants-et-au-directeur-de-l-ESJ_a83361.html

    alterinfo.net

    Ecole de journalisme et voyage en Israël financé par le CRIF: lettres aux étudiants et au directeur de l'ESJ

    Ecole de journalisme et voyage en Israël financé par le CRIF : lettres aux étudiants et au directeur de l’ESJ

    jeudi 8 novembre 2012

     

    Ci-dessous le tract qui a été diffusé ce matin aux 60 élèves de l’Ecole de Journalisme de Lille qui partent demain en Israël à l’invitation du CRIF, ainsi que la lettre adressée ce jour par Michel Warschawski au directeur de l’Ecole.

     

    Etudiants de l’ESJ, ne vous vendez pas au CRIF avant même d’être journalistes !


    Nous, militants de la solidarité avec le peuple palestinien, vous adjurons de ne pas compromettre votre honneur et votre futur métier en participant à une opération flagrante de propagande organisée par le CRIF. C’est par un article du site Rue89 que nous avons pris connaissance du projet de voyage organisé par la direction de l’école en Israël, en collaboration avec le CRIF.

    Pour ceux qui l’ignoreraient, le CRIF (« Conseil Représentatif des Institutions Juives de France ») a cessé depuis longtemps de représenter les intérêts de la population juive française, pour devenir une simple courroie de transmission, assumée d’ailleurs, de la politique du gouvernement d’extrême-droite dirigé par Benyamin Netanyahou et Avigdor Lieberman. Ceux qui en douteraient n’ont qu’à consulter le site web de cette agence http://www.crif.org, et deux minutes leur suffiront pour être convaincus sur ce point.

    Il n’est pas besoin non plus d’être grand clerc pour observer que si le CRIF finance la plus grosse partie (« billet d’avion + une partie du logement » selon Rue89) du voyage de soixante d’entre vous pendant 9 jours, c’est qu’il y trouve son intérêt : vous emmener là où il veut, rencontrer qui il veut, pour y débiter sa propagande habituelle, loin, le plus loin possible, des millions de Palestiniens enfermés et parqués derrière les murailles de l’occupation.

    La direction de votre établissement, qui n’avait pas jugé bon de communiquer sur ce voyage avant la parution de l’article de Rue89, a publié mercredi soir un texte sur le site de l’école. Contrairement à vous qui pouvez poser les bonnes questions à la direction de l’école, nous n’avons pas les moyens d’évaluer les contradictions flagrantes entre le programme tel que conçu par le CRIF et celui affirmé par l’école sur son site, qui prévoit effectivement une série de déplacements dans les territoires palestiniens occupés.

    Mais une chose saute aux yeux dans le communiqué de l’ESJ : c’est que le rôle du CRIF dans l’aventure y est carrément zappé. Alors, gêne, incompétence ou ingratitude du rédacteur ?

    Nous penchons pour la première hypothèse, car les déclarations du directeur des études Pierre Savary à Rue89 (que l’intéressé n’a pas démenties) sont elles-mêmes empreintes d’un parti-pris n’ayant rien à envier au discours officiel israélien.

    Pour Pierre Savary, les colonies juives de Cisjordanie, définies comme telles par l’ONU et les gouvernements du monde entier à l’exception d’Israël, et dont le caractère illégal est tout aussi unanimement établi, ne sont pas nécessairement des colonies. Selon lui, on « doit se poser la question » d’écrire que ce sont des « implantations », autrement dit reprendre à leur égard le terme soft et indolore utilisé par la seule propagande israélienne et ceux qui la servent.

    Idem pour ses déclarations sur la ville palestinienne d’Hébron, où quelques centaines de colons fanatiques, protégés par des milliers de soldats israéliens, interdisent toute vie un tant soit peu normale aux 200.000 habitants palestiniens de la cité.

    « Où mettre le curseur historique quand on raconte l’histoire d’Hébron. La question doit se poser », écrit Pierre Savary, bien dans la ligne de Netanyahou et consorts, qui répètent matin et soir que même dans le cadre d’un accord avec l’Autorité Palestinienne, Israël conservera son contrôle de la ville. Pour ceux qui l’ignorent, Hébron est au milieu de la déjà toute petite Cisjordanie, et fait partie avec elle des territoires occupés illégalement par Israël depuis 1967.

    Etudiants de l’ESJ, nous ne doutons pas qu’un déplacement au Proche-Orient, d’une dizaine de jours qui plus est, soit a priori attrayant. Mais nous pensons qu’en l’effectuant dans de telles conditions, vous prendriez un mauvais chemin professionnel, en plus de cautionner l’occupation criminelle de tout un peuple.

    Le groupe de Lille de CAPJPO-EuroPalestine

    **************************

    Lettre ouverte a Pierre Savary – Ecole Supérieure de Journalisme de Lille

    ​Cher collègue,

    Par des collègues journalistes, nous avons eu connaissance du voyage d’étude en Israel qui s’organise, sous le patronage – et le financement – du CRIF. Sans faire de fausses analogies, un tel projet nous rappelle les invitations de journalistes en Afrique du Sud organisés et payes par le régime de Pretoria, a l’époque de l’apartheid.

    Que des étudiants en journalisme se rendent sur le terrain, en particulier dans des régions de conflits, est tout a leur honneur, mais qu’ils acceptent d’être pris en charge par une organisation qui sert d’agence de propagande pour la politique du gouvernement d’extreme droite israélien n’est pas seulement surprenant, mais aussi désolant.

    Le fait d’"equilibrer" ce voyage par un détour à Ramallah ou par une rencontre avec nos amis de Breaking the Silence, ne change pas grand-chose au caractère propagandiste de cette initiative. Pour exemple : dans la visite du Golan, y aura-t-il une rencontre avec des représentants de la population syrienne qui y vit sous occupation ? J’en doute.

    Le Centre d’Information Alternative dont je suis le co-President organise souvent le programme de journalistes, de délégations et de missions professionnelles en Israel ET dans les territoires palestiniens occupes. Le fait d’être une organisation mixte, palestino-israélienne, nous permet d’avoir un regard précis et une connaissance intime des deux réalites qui caractérisent cette région.

    Nous comprenons qu’il n’a plus moyen de faire marche arrière. Du moins, pouvons essayer non pas d’"équilibrer" – il ne saurait y avoir d’équilibre entre occupants et occupés, colonisateurs et colonisés – mais au moins de permettre aux étudiants-journalistes de sortir du cadre propagandiste de cette initiative.

    Nous sommes a votre disposition pour une réorganisation du programme, de telle sorte qu’il devienne une rencontre avec la réalite, telle qu’elle est des deux côtés du mur : entre autres un tour de la colonisation et du mur autour de Jérusalem, rencontre avec des femmes et des femmes qui représentent la societé civile palestinienne, ainsi que des militant/es d’organisations anti-colonialistes israéliennes ; rencontre avec des Syriens du Golan occupé.

    Cordialement,

    Michel Warschawski

    President/Centre d’Information Alternative

    Jerusalem/Beit-Sahour

    CAPJPO-EuroPalestine

     

    http://www.europalestine.com/spip.php?article7783


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    Honteuse manipulation des Médias !

    Par eva R-sistons

     

     

    Voici un exemple type de désinformation caricaturale,

    avec une inversion totale des faits en SYRIE :

     

    France 24, le 10.11.2012 :

     

    " L'Armée de Bachar-el-Assad bombarde les villes,

    et ensuite vient la riposte

    avec des attentats ".

     

    Voici comment nos médias "démocrates"

    justifient la guerre d'agression contre la Syrie,

    et pire encore, les attentats terroristes meurtriers,

    dont l'Occident est en réalité co-responsable

    en armant, en formant et en finançant les Salafistes.

    Bachar-el-Assad avait 70 % de la population avec lui,

    maintenant il en a + de 80 %,

    car les Syriens sentent bien qu'il est le REMPART contre

    le chaos, la ruine et la désintégration

    via l'occident et ses islamistes fanatiques !

    Bachar-el-Assad ordonne le bombardement

    des zones infestées de terroristes,

    il répond aux attaques, évidemment !

    Aucun Etat ne laisserait massacrer sa population

    sans réagir !


    Et lorsqu'un immeuble ou même un hôpital

    est bombardé, c'est parce que les mercenaires

    y ont trouvé refuge,

    en terrorisant la population,

    voilà la vérité !

    Bachar ne bombarde pas son peuple,

    il le défend comme il peut !

     

    Honte à nos merdias au seul service

    de l'impérialisme occidental !

    C'est une haute trahison qui devrait être poursuivie

    devant les Tribunaux !

     

    Nos médias sont seulement des relais de l'OTAN,

    des instruments au service des sales guerres permanentes

    de cette organisation hautement terroriste

    sacrifiant les peuples

    pour le seul profit des multinationales de mort

    (armement, pétrole, nucléaire, chimie, etc)

    et de la Haute Finance.

    C'est un scandale abominable !

     

    eva R-sistons

     

    .

     

    medias-TV-decrohons-copie-1.jpg


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    Argentine : Alerte, l'Empire s'en prend maintenant à Cristina Kirchner

     

     

    Cristina-Kirchner
    http://www.bresilalille.com/amerique-latine/actualites-de-l-amerique-du-sud/argentine-cristina-kirchner-prete-serment-pour-un-second-mandat.html

    .

    Argentine :

    L'Empire s'en prend à Cristina Kirchner. 

     

     

    Affaire à suivre ! Cristina, la grande Cristina, a osé !

    L'Argentine, avec courage, rompt l'isolement diplomatique de l'Iran

    Et donc l'Empire usraélien veut le lui faire payer

    (d'autant que c'est une femme vraiment de gauche

    et que les époux Kirchner ont défié les banksters !) :

    En déstabilisant le pays,

    en utilisant les réseaux sociaux pour pousser

    les Argentins à manifester contre elle.

    Et ensuite imposer un pion de Washington et de Tel-Aviv !

     

    NB : C'est la méthode "Obama" qui prévaut !

    Romney, lui, aurait utilisé la manière forte

    envers les pays non-alignés;

    Obama-Brzezinski choisit la manière "douce", subtile :

    Par la déstabilisation du pays, de l'intérieur

    (genre Révolution de couleurs)

     

    Chantal Dupille (eva R-sistons)

     

    La propagande commence :

    Argentine : manifestations massives contre Cristina Kirchner

    NB : Les Argentins oublient le rôle des Kirchner dans la résurrection du pays miné, ruiné par les exigences du BM et du FMI. Les banksters veulent reprendre la main ! (Chantal)

     


    Bashar al-Assad et sa femme Asma

    Bashar al-Assad et sa femme Asma

     

    Et pour venir à bout de la Syrie,

    tous les moyens sont bons :


    Le dernier en date,

    après avoir tenté de pousser Mme Assad

    à quitter son mari et à se réfugier... à Londres :

    L'Appel aux femmes contre les dirigeants non-alignés.

    "Le temps est venu pour les dames de défiler" !

    Notons au passage le courage de Bachar-el-Assad

    à qui Cameron propose l'exil à son tour :

    "Je suis né dans mon pays, j'y mourrai aussi" !

    Vous voyez nos larbins servir leur pays jusqu'à la mort ?

    Et lorsque l'Occident impose le départ à Bachar,

    il répond aujourd'hui avec courage :

    "Seules les urnes peuvent

    décider de l'avenir du Président".

     

    Evidemment ! Belle leçon d'un "dictateur"

    en matière de démocratie !

     

    Et les Médias participent de la désinformation

    institutionnalisée

    contre les pseudo "dictateurs corrompus"

    Cristina Kirchner et Bachar-el-Assad,

    d'une même voix mensongère !

     

    .

     

    Chantal

     

    __________________________________________

     

    .

     

    Rappel : Contre l'Europe de l'austérité imposée,

     

     

     

     

      Silence Médias !

     

    Gréve Générale ...

     

     

     

    Grève générale 1411

     

    .
    .
    ..
    En espérant que ce mouvement populaire sera le déclencheur
    d'un changement radical indispensable...
    .
    Lire ausssi mon post :
    .

    .


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    Comment séduire les gogos

    par eva R-sistons

     

     

    Comment nous séduire pour ensuite mieux nous conditionner ? Il y a plusieurs méthodes. En voici trois, parmi d'autres. Je me contenterai de l'exemple de France2, la chaîne la moins nationale et la plus communautariste.

     


    laurent delahousse-copie-1

    http://www.paperblog.fr/3454954/flash-sur-laurent-delahousse/


     

    Pour attirer les dames et si possible les retenir, voici Laurent Delahousse, beau gosse, certes mièvre et douceureux, mais beau gosse. Elles mordent à l'hameçon ? En tous cas, le bonhomme est docilement aux ordres des Maîtres de la désinformation.

     


    http://farm4.static.flickr.com/3189/2799953581_6749ce29d1.jpg

     

    Avec Pujadas (Laisse d'Or du journaliste le plus servile), comme il est moche et ridicule avec sa grosse tignasse qui ressemble à une perruque masquant sans doute une calvitie précoce, autre registre. Là, on joue la carte de la pédagogie, du didactique. Avec moult cartes et schémas très orientés (suivez mon regard, à côté on fait mieux que chez nous avec le moins disant... il s'agit de conduire le public à accepter la réduction des coûts du travail donc des revenus, entre autres), le pseudo maître d'école nous explique tout. Il faut donner l'impression d'être sérieux, neutre, alors que le Journal est un vulgaire instrument de propagande au service des intérêts des plus nantis, de la Finance, des Anglo-Saxons, du peuple "Elu", etc

     

     

     

     

    Et le matin, réveil en fanfare dans le rire, dans la bonne humeur, la joie, la détente forcées avec le vieux Leymergie (dument lifté) et son Journal à l'américaine, un véritable show, un ballet rose-bonbon. Souriez, bonnes gens, vous êtes roulés !

     

    Vous voulez mon conseil ? Décrochez !

     

    eva R-sistons

     

    TV-jaune-decrochons.jpg

     

    .................


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    Vendredi 26 octobre 2012

     

    LIVRE : "Propaganda" ou Comment manipuler l'opinion en démocratie

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    Propaganda

    «Le manuel classique de l'industrie des relations publiques », selon Noam Chomsky. Véritable petite guide pratique écrit en 1928 par le neveu américain de Sigmund Freud, ce livre expose cyniquement et sans détour les grands principes de la manipulation mentale de masse ou de ce que Bernays appelait la « fabrique du consentement ».
    Comment imposer une nouvelle marque de lessive ? Comment faire élire un président ? Dans la logique des « démocraties de marché », ces questions se confondent.
    Bernays assume pleinement ce constat : les choix des masses étant déterminants, ceux qui viendront à les influencer détiendront réellement le pouvoir. La démocratie moderne implique une nouvelle forme de gouvernement, invisible : la propagande. Loin d'en faire la critique, l'auteur se propose d'en perfectionner et d'en systématiser les techniques à partir des acquis de la psychalanyse.
    Un document édifiant où l'on apprend que la propagande politique au XXe siècle n'est pas née dans les régimes totalitaires mais au cœur même de la démocratie libérale américaine. Texte présenté par Norman Baillargeon, philosophe, professeur à l'université du Québec à Montréal et auteur d'un Petit cours d'autodéfense intellectuelle, paru chez Lux en 2007.

    L'avis de la presse lors de la parution du livre "PROPAGANDA" en 2007

    « Ce livre devrait être inscrit au programme de tous les lycéens. Sa valeur civique serait au moins égale à celle de la lettre de Guy Môquet. La lecture et le commentaire à voix haute de l'ouvrage d'Edward Bernays, tranquillement sous-titré Comment manipuler l'opinion en démocratie, serait une oeuvre de salut public. »
    L'EXPRESS

    « Neveu de Sigmund Freud, diplômé d'agronomie et journaliste occasionnel, Edward Bernays fut un personnage haut en couleurs, qui prodigua ses conseils à de nombreuses entreprises et orchestra maintes campagnes d'opinion, aux Etats Unis comme en Amérique latine. Avec Propaganda, il signa un volume mince et incisif, qu'un regard trop pressé qualifierait de cynique. »
    LE MONDE

    « ... un passionnant Propaganda, de l'Américain Edward Bernays, énonçant les grands principes de la manipulation mentale de masse. Un document révélant que la propagande politique moderne a bien vu le jour au coeur d'une démocratie libérale. »
    REGARDS

    « Un bouquin qui donnera envie à ceux qui ne le sont pas encore de devenir des résistants à l'agression publicitaire. »
    LA DÉCROISSANCE

    « Propaganda est le témoignage des efforts accomplis par une certaine élite pour limiter la conscience sociale du peuple. »
    FORCE OUVRIÈRE HEBDOMADAIRE

    Brève présentation de l'auteur

    edward-bernays.jpgedward bernays

    Edward Bernays (1891-1995), neveu de Sigmund Freud émigré aux États-Unis, fut l’un des pères fondateurs des « relations publiques ». Conseiller pour de grandes compagnies américaines, Bernays a mis au point les techniques publicitaires modernes. Au début des années 1950, il orchestra des campagnes de déstabilisation politique en Amérique latine, qui accompagnèrent notamment le renversement du gouvernement du Guatemala, main dans la main avec la CIA.

    Lecture du livre en ligne

    Les éditions ZONES donnent gratuitement accès au contenu des livres publiés par Zones, en particulier celui-ci.

     

    Remarque des éditions ZONES :

    Nous espérons que ces lybers vous donneront envie d’acheter nos livres, disponibles dans toutes les bonnes librairies. Car c’est la vente de livres qui permet de rémunérer l’auteur, l’éditeur et le libraire, et… de vous proposer de nouveaux lybers… et de nouveaux livres.

     

    Edward Bernays

    Propaganda

    Comment manipuler l'opinion en démocratie

    Traduit de l'anglais (États-Unis) par Oristelle Bonis

    Préface de Normand Baillargeon

    Ouvrage initialement paru sous le titre Propaganda aux éditions H. Liveright, New York, en 1928 et réédité chez Ig publishing en 2004. © Edward Bernays, 1928. © Pour la traduction française, Zones / Éditions La Découverte, Paris, 2007.

     

    SOMMAIRE :

    Préface
    1. Organiser le chaos
    2. La nouvelle propagande
    3. Les nouveaux propagandistes
    4. La psychologie des relations publiques
    5. L'entreprise et le grand public
    6. La propagande et l'autorité publique
    7. La propagande et les activités féminines
    8. La propagande au service de l'éducation
    9. La propagande et les œuvres sociales
    10. L'art et la science
    11. Les mécanismes de la propagande

     

    http://www.islamnord.fr/manipulation/

     

    .

    neuro_esclaves.jpg?w=640

     

    Lire : La fabrication du consentement, de Noam Chomsky et Edward Herman (un extrait)

    le 26 novembre 2008

    L’ouvrage de Noam Chomsky et Edward Herman, Manufacturing consent, vient de reparaître dans sa version intégrale sous le titre La fabrication du consentement : une nouvelle édition revue et actualisée, une nouvelle traduction [1] aux Editions Agone.

    On lira ci-dessous, précédé d’une rapide présentation du livre, de très larges extraits (reproduits avec l’autorisation de l’éditeur) de l’analyse de l’un des filtres du « modèle de propagande » proposé par les auteurs : le filtre constitué par les sources d’information.

    Présentation de l’éditeur

    « Dans cet ouvrage, désormais un classique outre-Atlantique (1988, rééd. 2002), les auteurs présentent leur « modèle de propagande », véritable outil d’analyse et de compréhension de la manière dont fonctionnent les médias dominants. Ils font la lumière sur la tendance lourde à ne travailler que dans le cadre de limites définies et à relayer, pour l’essentiel, les informations fournies par les élites économiques et politiques, les amenant ainsi à participer plus ou moins consciemment à la mise en place d’une propagande idéologique destinée à servir les intérêts des mêmes élites.

    En disséquant les traitements médiatiques réservés à divers événements ou phénomènes historiques et politiques (communisme et anticommunisme, conflits et révolutions en Amérique Latine, guerres du Vietnam et du Cambodge, entre autres), ils mettent à jour des facteurs structurels qu’ils considèrent comme seuls susceptibles de rendre compte des comportements systématiques des principaux médias et des modes de traitement qu’ils réservent à l’information. Ces facteurs structurels dessinent une grille qui révèle presque à coup sûr comment l’inscription des entreprises médiatiques dans le cadre de l’économie de marché en fait la propriété d’individus ou d’entreprises dont l’intérêt est exclusivement de faire du profit ; et comment elles dépendent, d’un point de vue financier, de leurs clients annonceurs publicitaires et, du point de vue des sources d’information, des administrations publiques et des grands groupes industriels. »

    En attendant de proposer ici même une présentation plus détaillée, on se bornera à ajouter que La fabrique du consentement propose une modélisation de la propagande – ce que les auteurs appellent « Le modèle de propagande » - qui repose sur l’identification de cinq filtres : 1. Tailles, actionnariat, orientation lucrative – 2. La régulation par la publicité - 3. Les sources d’information - 4. Contrefeux et autres moyens de pressions 5. L’anticommunisme.


    Chomsky-Herman-04381.jpg

     

    Extrait (sous-titres d’Acrimed)

    Chapitre I. Un modèle de propagande
    3. Troisième filtre : Les sources d’information

    Les médias sont en symbiose avec de puissantes sources d’information pour des raisons économiques et du fait d’intérêts partagés. Ils ont impérativement besoin d’un flux continu et stable d’information brute. Ils sont confrontés à une demande d’information quotidienne et à une grille horaire qu’ils doivent remplir. Pour autant, ils ne peuvent se payer le luxe de maintenir en permanence reporters et caméras partout où un événement important peut se produire. Les limites de leurs budgets leur imposent donc de concentrer leurs moyens là où les événements significatifs sont les plus fréquents, où abondent fuites et rumeurs, et où se tiennent régulièrement des conférences de presse.

    Des sources officielles

    La Maison-Blanche, le Pentagone, et le département d’État à Washington sont des épicentres de ce type d’activités. Au niveau local, la mairie et le siège de la police jouent le même rôle. Les grandes entreprises et sociétés commerciales sont également des producteurs réguliers et crédibles d’informations jugées dignes d’être publiées. Ces bureaucraties produisent en masse un matériel idéal pour alimenter la demande d’un flux régulier et planifié d’information, qui est celle des salles de rédaction : selon ce « principe d’affinité bureaucratique, seules d’autres bureaucraties peuvent satisfaire aux besoins d’une bureaucratie de l’information [2] ».

    Les sources proches du gouvernement ou des milieux d’affaires ont aussi le grand avantage d’être reconnues et crédibles sur la seule base de leurs statut et prestige – ce qui est très important pour les médias. Mark Fishman observe que « les travailleurs de l’info sont prédisposés à prendre les déclarations des bureaucrates pour argent comptant car ils participent au renforcement d’un ordre normatif accréditant les experts officiels de la société. Les journalistes se comportent comme si les personnes autorisées savaient ce qu’il est de leur responsabilité professionnelle de savoir. […] En particulier, un journaliste tiendra les allégations d’un responsable, non pour de simples allégations, mais pour des faits crédibles et établis. Cela revient à une division morale du travail : les responsables connaissent et communiquent les faits, les journalistes les relaient pour l’essentiel [3]  ».

    Autre raison du poids considérable accordé aux sources officielles : les médias prétendent dispenser « objectivement » l’information. Afin de préserver cette image d’objectivité, mais surtout pour se mettre à l’abri de toute accusation de partialité et d’éventuelles poursuites pour diffamation, ils ont besoin de sources qui puissent être données comme a priori au-dessus de tout soupçon [4]. C’est aussi une question de coût : tirer des informations de sources tenues pour crédibles réduit d’autant les frais d’enquêtes ; tandis que les autres informations impliquent de minutieux recoupements et des recherches coûteuses.

    La taille des services de communication des bureaucraties gouvernementales comme privées qui sont les sources primaires d’information est immense ; et elle assure un accès privilégié aux médias. Le service de presse du Pentagone, par exemple, emploie plusieurs dizaines de milliers de personnes et dépense annuellement des centaines de millions de dollars. En comparaison, les groupes ou individus dissidents sont des nains – pris individuellement mais également si on additionne les capacités de communication de toutes les organisations de ce type. Pour 1979-1980, au cours d’une très éphémère période d’ouverture (bien révolue), l’US Air Force (USAF) détailla l’ensemble de sa communication, soit :

    - 140 journaux, tirant à 690 000 exemplaires par semaine ;
    - Airman Magazine, mensuel tirant à 125 000 exemplaires ;
    - 34 radios et 17 chaînes de télévision émettant principalement à l’étranger ;
    - 45 000 communiqués de QG et d’unités ;
    - 615 000 communiqués concernant des personnels [5] ;
    - 6 600 interviews avec des médias d’information ;
    - 3 200 conférences de presse ;
    - 500 vols de repérage pour des journalistes ;
    - 50 rencontres avec des rédactions ;
    - 11 000 discours [6] .

    Mais cela exclut encore de vastes domaines où s’exercent aussi les efforts d’information du public de l’USAF. En 1970, le sénateur J. W. Fulbright écrivait qu’en 1968 les services d’information de l’USAF employaient à plein temps 1 305 personnes, auxquels s’ajoutaient plusieurs milliers d’autres ayant « des fonctions de représentation parallèlement à d’autres responsabilités [7] ». À l’époque, l’USAF proposait aux télévisions une séquence filmée par semaine et enregistrait un programme destiné à être diffusé trois fois par semaine par 1 139 stations de radio. Elle produisit en outre cent quarante-huit films de cinéma, dont vingt-quatre furent distribués pour le grand public [8]. Selon des données plus récentes, l’USAF publiait deux cent soixante-dix-sept journaux en 1987 contre cent quarante en 1979 [9].

    Encore ne s’agit-il là que de l’armée de l’air. Les trois autres armes sont dotées de moyens tout aussi énormes, auxquels s’ajoute un programme global d’information tous publics sous la responsabilité d’un secrétaire-adjoint à la Défense pour les relations publiques au Pentagone. En 1971, une enquête de l’Armed Forces Journal révéla que le Pentagone éditait au total trois cent soixante et onze magazines, dont le coût de publication se chiffrait à quelque cinquante-sept millions de dollars, soit un budget représentant seize fois celui du plus grand éditeur américain. Lors d’une remise à jour, en 1982, le même journal des forces armées indiquait que le Pentagone publiait 1 203 périodiques [10].

    Pour donner une meilleure idée, comparons avec les moyens de l’American Friends Service Committee (AFSC) et du National Council of the Churches of Christ (NCC), soit deux des plus grandes ONG qui font entendre un point de vue défiant celui du Pentagone. Le secrétariat central des services d’information de l’AFSC disposait pour l’année 1984-1985 d’un budget inférieur à cinq cent mille dollars, pour une équipe de onze personnes. Annuellement, il publiait environ deux cents communiqués de presse, organisait environ trente conférences de presse et produisait un film et deux ou trois montages audiovisuels. Il ne proposait aucune séquence filmée ni programme radio préenregistrés aux médias. Le bureau d’information du NCC dispose, lui, d’un budget de quelque trois cent cinquante mille dollars, produit une centaine de communiqués et quatre conférences de presse par an [11]. Le ratio des communiqués de presse pour les deux ONG par rapport à l’USAF est de un pour cinquante (ou, si l’on compte aussi les communiqués sur les personnels de l’USAF, de un pour deux mille deux cents) ; celui des conférences de presse est de un pour quatre-vingt-quatorze – mais si on pouvait tenir compte de l’ensemble des services de communication du Pentagone, le différentiel se creuserait encore considérablement.

    En matière de relations publiques et de propagande, seul le monde des affaires dispose des moyens de rivaliser avec le Pentagone et les autres services gouvernementaux. Ainsi, à la différence de l’AFSC et du NCC, Mobil Oil peut-il se permettre de dépenser des dizaines de millions de dollars pour acheter de l’espace dans différents médias et imposer ses vues [12].

    En 1980, le budget relations publiques de Mobil Oil s’élevait à vingt et un millions de dollars et employait soixante-treize personnes. Entre 1973 et 1981, ce service produisit plus d’une douzaine de documentaires télévisés sur des sujets comme les fluctuations du prix de l’essence, allant jusqu’à payer des journalistes vedettes de la télévision pour interviewer les responsables de Mobil entre autres experts. Fréquemment diffusés à la télévision, ces documentaires l’étaient généralement sans aucune mention de leur financement par Mobil.

    Le nombre d’entreprises qui disposent de budgets de communication et de lobbying excédant ceux de l’AFSC et du NCC se chiffre en centaines voire en milliers. Un regroupement d’entreprises comme la Chambre de commerce des États-Unis se prévalait d’un budget de recherche, communication et activités politiques d’environ soixante-cinq millions de dollars [13] . À partir de 1980, la Chambre publia le Nation’s Business, tirant à 1,3 million d’exemplaires, et un hebdomadaire comptant 740 000 abonnés. Elle produisait en outre une émission hebdomadaire dont quatre cents stations de radio assuraient la diffusion et sa propre émission de débats télévisés, retransmise par cent vingt-huit chaînes commerciales [14].

    Mis à part ce célèbre organisme, des milliers d’autres chambres de commerce, régionales ou fédérales, et d’associations commerciales se sont engagées dans des activités de promotion et de lobbying. Le réseau qu’elles ont tissé avec les industriels « compte bien plus de 150 000 professionnels [15] » et les moyens qu’il réunit sont proportionnels aux revenus et bénéfices de l’industrie et au retour sur investissement des campagnes promotionnelles et du lobbying. Les profits avant impôt de l’industrie pour 1985 étaient d’environ 295,5 milliards de dollars. Lorsque la situation politique inquiète les milieux d’affaires, comme ce fut le cas dans les années 1970, ils ne manquent assurément pas de moyens de faire face. Les seuls fonds consacrés à la promotion de l’industrie et de ses objectifs sont passés de 305 millions de dollars en 1975 à 650 millions en 1980 [16]. Les campagnes directes par courriers, sous forme de concours et autres prospectus, la distribution de films éducatifs, de brochures, de pamphlets, les dépenses dans le cadre d’initiatives populaires et de référendums et les investissements dans les sondages, le lobbying politique et les think tanks ont suivi la même progression. Additionnés, les investissements promotionnels des entreprises et de leurs associations commerciales dans la publicité politique et visant les citoyens de base étaient déjà estimés à un milliard de dollars par an en 1978, et avaient passé le cap des 1,6 milliard de dollars en 1984 [17].

    Des médias subventionnés

    Afin de renforcer leur prédominance comme sources d’information, les fabricants gouvernementaux et commerciaux d’information se donnent beaucoup de peine pour faciliter la vie des médias. Ils mettent à leur disposition des locaux, font parvenir à l’avance aux journalistes les textes des discours et des rapports, ajustent les horaires des conférences de presse en fonction des délais de bouclage [18] ; rédigent leurs communiqués dans un langage qui peut être facilement repris ; veillent à la mise en scène de leurs conférences de presse et de leurs séances photo [19]. C’est le travail des chargés de communication que de « répondre aux besoins et à la temporalité journalistique en leur livrant un matériel préparé clés en main par leurs services [20] ».

    Dans les faits, les grandes bureaucraties des puissants subventionnent les médias et s’y assurent un accès privilégié en réduisant les coûts des nouvelles brutes et de production de l’information. Elles deviennent ainsi des sources d’information « de routine » et ont libre accès aux médias tandis que les autres sources doivent se battre pour obtenir un accès et peuvent être ignorées pour cause d’arbitraire des gate-keepers [portiers de l’information].

    S’agissant des largesses du Pentagone et du bureau de relations publiques du département d’État, ces subventions aux médias sortent de la poche du contribuable de telle sorte qu’en fin de compte ce dernier paye pour être endoctriné dans l’intérêt de puissants groupes d’intérêts comme ceux qui bénéficient de contrats d’armement et autres sponsors du terrorisme d’État.

    Du fait des services qu’ils rendent, de contacts quotidiens et de leur dépendance réciproque, les puissants peuvent compter sur des relations personnelles, recourir à la carotte et au bâton pour influencer et contrôler un peu plus les médias. Ceux-ci se sentiront obligés de colporter les nouvelles les plus douteuses et de taire les critiques pour ne pas froisser leurs sources ou ternir des relations aussi privilégiées.

    Le 16 janvier 1986, l’American Friends Service Committee publia une dépêche indiquant qu’on avait dénombré, entre 1965 et 1977, trois cent quatre-vingt-un accidents graves et « incidents » liés aux manipulations et fonctionnement d’armes nucléaires, un chiffre nettement supérieur à celui officiellement avancé jusque-là. Ces informations avaient été obtenues grâce à une requête s’appuyant sur le Freedom of Information Act. Les médias couvrirent ce sujet brûlant uniquement à travers la réponse des porte-parole de la marine américaine, qui firent de leur mieux pour minorer la portée significative de cette découverte et occulter ou noyer dans des généralités la majorité des faits mis à jour. Ainsi ce titre – particulièrement significatif – d’un article, « La Marine dresse la liste des dysfonctionnements nucléaires : selon ses services, aucun des six cent trente incidents ne mettait la population en danger » (Washington Post, 16.01.86).

    Il est assez difficile, même lorsqu’elles soutiennent des énormités, de contredire les autorités dont on tire les mensonges quotidiens qui alimentent le journal du soir. Et les sources critiques peuvent être écartées non seulement parce qu’elles sont moins accessibles et plus difficilement vérifiables mais aussi parce qu’on pourrait froisser les sources primaires – qui pourraient même se faire menaçantes.

    Ces sources puissantes peuvent aussi utiliser leur prestige et leur importance comme un levier pour interdire aux critiques l’accès aux médias. Le département de la Défense, par exemple, refusait de prendre part à des débats radiophoniques à propos de questions militaires si des experts du Center for Defense Information comptaient parmi les invités [21]. Elliott Abrams [22] refusait d’apparaître au programme d’une série de conférences sur les droits humains en Amérique centrale – à la Kennedy School of Government de l’université de Harvard – si l’ancien ambassadeur Robert White n’était pas exclu de la liste des intervenants. Enseignant à Harvard et superviseur l’émission, Harvey Mansfield déclara que, de toutes façons, inviter Robert White avait été une erreur car « c’était un représentant de la gauche ultra » tandis que le forum avait pour objet de lancer un débat « entre libéraux et conservateurs » [23]. La journaliste Claire Sterling refusait de participer à des débats télévisés au sujet de la « filière bulgare » où ses critiques auraient eu un droit de parole [24]. Dans ces deux derniers cas, les autorités et experts officiels parvinrent à monopoliser l’accès à l’espace public par la menace.

    Plus essentiellement, ces sources puissantes tirent avantage des routines médiatiques (l’accoutumance et la dépendance à leur égard) pour pousser les médias à suivre un agenda et un angle prédéfini [25]– ainsi que nous pourrons le voir en détail dans les chapitres suivants. Ce mode de management consiste à inonder les médias de nouvelles qui peuvent servir à imposer une ligne particulière ou un angle spécifique (le Nicaragua supposé livrer illégalement des armes aux rebelles salvadoriens) ; ou, dans d’autres cas, pour concurrencer les nouvelles indésirables, voire les occulter purement et simplement (comme la prétendue livraison de Mig au Nicaragua la semaine des élections nicaraguayennes de 1984). On trouve trace de ce type de techniques au moins à partir du Committee on Public Information, chargé de coordonner la propagande durant la Première Guerre Mondiale : celui-ci « découvrit, en 1917-1918, que l’un des meilleurs moyens de contrôler l’information était de saturer les canaux de “faits” ou de tout ce qui pouvait ressembler à des informations officielles [26] ».

    Des experts

    La relation entre pouvoir et sources d’information dépasse le simple approvisionnement en nouvelles quotidiennes par les autorités et les entreprises incluant la livraison d’« experts ». La prédominance des sources officielles demeure vulnérable face à l’existence de sources non-officielles extrêmement respectables qui délivrent les points de vue dissidents avec une grande autorité. Le problème est contrôlé grâce à « la cooptation des experts [27] » – c’est-à-dire en les rémunérant comme consultants, en finançant leurs recherches, en organisant des think tanks qui les emploieront directement et aideront à diffuser leur message. De la sorte, on peut créer des biais structurels en orientant la mise à disposition d’experts dans la direction souhaitée par les autorités et « le marché » [28]. Comme le soulignait Henry Kissinger, dans cet « âge des experts » la « communauté » des experts est constituée par « ceux qui ont un intérêt particulier dans les opinions communément admises, élaborant et définissant ces consensus à un haut niveau ; c’est ce qui en fait, en dernière analyse, des experts » [29]. Une telle évolution est tout à fait logique pour permettre aux opinions les plus communément admises (à savoir celles qui servent au mieux les intérêts des élites) de continuer à prévaloir.

    Cette technique de création d’une communauté d’experts a été mise en œuvre en toute connaissance de cause et à grande échelle. En 1972, le juge Lewis Powell (qui devait plus tard être nommé à la Cour suprême) écrivit un mémo à l’attention de la Chambre de commerce américaine, pressant les milieux d’affaires « d’acheter les universitaires les plus réputés du pays afin de crédibiliser les recherches des entreprises et de leur donner davantage de poids sur les campus universitaires [30] ». On les achète et on s’assure que – selon les propres termes d’Edwin Feulner, de la Heritage Foundation – le domaine des politiques publiques soit « inondé de solides études scientifiques » aux conclusions adéquates. Dressant le parallèle avec Procter & Gamble vendant du dentifrice, Feulner expliquait qu’on peut « le vendre et le revendre jour après jour, en gardant simplement le produit toujours présent à l’esprit du consommateur ». Par un effort commercial, notamment en disséminant les idées appropriées dans « des milliers de journaux différents », on peut limiter le débat « à des limites convenables » [31].

    Conformément à cette formule, tout au long des années 1970 et au début des années 1980, on mit en place une série d’institutions, en réactivant de plus anciennes au passage, à seule fin d’imposer la propagande des industriels. Des milliers d’intellectuels furent attachés à ces institutions, qui financèrent leurs recherches et assurèrent la diffusion de leurs analyses dans les médias au travers d’un système de propagande très élaboré. Leur financement par les industriels et l’orientation clairement idéologique de la démarche d’ensemble ne nuisaient pas le moins du monde à la crédibilité de tels « experts » : bien au contraire, leurs soutiens financiers et la mise en exergue de leurs idées les catapultèrent dans les médias [32].

    […]

    Enfin, les médias produisent aussi leurs propres « experts », lesquels ne font en général que reprendre à leur compte la version officielle. John Barron [33] et Claire Sterling devinrent des références maison faisant autorité en matière de KGB et de terrorisme dès que le Reader’s Digest eut financé, publié et vendu leurs ouvrages à grand renfort de publicité. De même le transfuge soviétique Arkady Shevchenko fut-il décrété expert en armement et services secrets soviétiques aussitôt que Time, ABC-TV et le New York Times eurent décidé de le tenir pour tel (en dépit d’une crédibilité sévèrement ternie) [34]. En mettant massivement en avant ces prosélytes de la version officielle, les médias consacrent leur statut et les qualifient indiscutablement pour donner leur opinion et leurs analyses [35]

    Autre catégorie d’experts dont l’omniprésence tient en grande part à leur servilité au pouvoir : les anciens radicaux pour qui, un beau jour, « tout est devenu clair »… Les raisons qui les ont fait basculer d’une divinité à l’autre, de Staline ou Mao à Reagan et à la « libre entreprise » sont diverses. Mais aux yeux de l’industrie de l’information, la raison de ce changement tient seulement à ce qu’ils ont finalement eu la révélation de leurs erreurs. Dans un pays où les citoyens accordent de la valeur aux notions de révélation et de repentance, ceux qui retournent leur veste y gagnent une auréole de pécheurs pénitents. Il est intéressant d’observer comment ces repentis, dont les engagements antérieurs étaient sans intérêt (sinon l’objet de railleries dans les médias) se trouvent subitement promus au titre d’authentiques experts. On pourra rappeler comment, à l’époque du maccarthysme, transfuges et ex-communistes rivalisaient, entre autres affabulations effrayantes, d’absurdités au sujet de l’imminence d’une invasion soviétique [36] . Ils trouvaient dans les médias un job sur mesure, brodant à la demande sur les mythes du moment. Le flux ininterrompu d’ex-radicaux propulsés de la marginalité aux feux de la rampe médiatique montre que nous sommes témoins d’une méthode durable de production d’experts, prêts à dire tout ce que l’establishment souhaitera.

    […]

    Noam Chomsky et Edward Herman

    Notes

    [1] La première traduction en français (souvent très fautive) sous le titre (inexact et trompeur) de La Fabrique de l’opinion publique. La politique économique des médias américains, était parue en 2003 aux éditions Le Serpent à plumes.

    [2] Mark Fishman, Manufacturing the News, University of Texas Press, 1980, p. 143.

    [3] Ibid., p. 144-5.

    [4] Gaye Tuchman, « Objectivity as Strategic Ritual : An Examination of Newsmen’s Notions of Objectivity », American Journal of Sociology, 1972, 77/2, p. 662-4.

    [5] Il s’agit de communiqués destinés à la presse locale concernant l’activité de personnels originaires de la région. [note de l’éditeur].

    [6] United States Air Force, « Fact Sheet : The United States Air Force Information Program », mars 1979 ; « News Releases : 600000 in a Year », Air Force Times, 28 avril 1980.

    [7] J. W. Fulbright, The Pentagon Propaganda Machine, H. Liveright, 1970, p. 88.

    [8] Ibid., p. 90.

    [9] « Newspapers Mustered as Air Force Defends BIB », Washington Post, 3 avril 1987.

    [10] « DOD Kills 205 Periodicals ; Still Publishes 1,203 Others », Armed Forces Journal International, août 1982, p. 16.

    [11] Les neuf bureaux régionaux de l’USAF mènent aussi quelques opérations de communication ; mais à ce niveau, les moyens sont très inférieurs à ceux du secrétariat central. Il en est de même pour les niveaux locaux des ONG, comme ceux du NCC, qui produisent aussi quelques articles, des magazines, des documentaires vidéo ou cinématographiques.

    [12] A. Kent MacDougall, Ninety Seconds To Tell It All, Dow Jones-Irwin, 1981, p. 117 20.

    [13] John S. Saloma III, Ominous Politics. The New Conservative Labyrinth, Hill & Wang, 1984, p. 79.

    [14] A. Kent MacDougall, Ninety Seconds…, op. cit., p. 116-7.

    [15] Thomas B. Edsall, The New Politics of Inequality, Norton, 1984, p. 110.

    [16] Peggy Dardenne, « Corporate Advertising », Public Relations Journal, novembre 1982, p. 36.

    [17] S. Prakash Sethi, Handbook of Advocacy Advertising, Strategies and Applications, Ballinger, 1987, p. 22 ; lire aussi Thomas B. Edsall, New Politics…, « The Politicization of the Business Community », chap. III, op. cit. ; John S. Saloma III, Ominous Politics…, « The Corporations : Making Our Voices Heard », chap. IV, op. cit.

    [18] Ainsi le bombardement de la Libye par l’aviation américaine le 14 avril 1986 fut-il la première intervention militaire américaine spécialement programmée pour pouvoir être retransmise en direct au journal du soir.

    [19] Sur la manière remarquable dont l’administration Reagan utilisa ces dernières pour manipuler la presse, lire « Standups », The New Yorker, 2 décembre 1985, p. 8 sq.

    [20] Mark Fishman, Manufacturing the News, op. cit., p. 153.

    [21] Fondé en 1972, le Centre pour l’information sur la défense (division du World Security Institute), est une organisation à but non lucratif composé d’universitaires et d’officiers supérieurs retraités qui produisent des analyses critiques sur les politiques de sécurité et de défense des États-Unis.

    [22] Secrétaire aux affaires inter-américaines sous Ronald Reagan, Elliott Abrams était un farouche ennemi de tout plan de paix en Amérique centrale. Convaincu en 1991 d’avoir dissimulé des informations au Congrès dans le cadre de l’Irangate, il occupera toutefois, dans le premier gouvernement de George W. Bush (fils), le poste d’assistant spécial du Président et directeur senior du conseil national de sécurité au Proche Orient et en Afrique du Nord ; sous la seconde présidence, il fut nommé conseiller pour la sécurité nationale sur les stratégies de démocratie globale. [note de l’éditeur].

    [23] Harvard Crimson, 14 mai 1986, p. 123-4.

    [24] Lire Edward S. Herman et Frank Brodhead, The Rise and Fall of the Bulgarian Connection, op. cit., p. 123-4.

    [25] Mark Hertsgaard, « How Reagan Seduced Us : Inside the President’s Propaganda Factory », Village Voice, 18 septembre 1984 ; lire aussi « Standups », art. cit.

    [26] Stephen L. Vaughn, Holding Fast the Inner Lines, University of North Carolina Press, 1980, p. 194.

    [27] Bruce Owen et Ronald Braeutigam, The Regulation Game : Strategic Use of the Administrative Process, Ballinger, 1978, p. 7

    [28] Lire Edward S. Herman, « The Institutionalization of Bias in Economics », Media, Culture and Society, juillet 1982, p. 275-91.

    [29] Henry Kissinger, American Foreign Policy, Norton, 1969, p. 28.

    [30] Cité in Alex Carey, « Managing Public Opinion : The Corporate Offensive », University of New South Wales (document ronéotypé), 1986, p. 32.

    [31] Citations tirées de communications données par Edwin Feulner en 1978 et 1985, ibid., p. 46-7.

    [32] Pour une remarquable étude portant sur la plupart de ces organisations et sur leurs objectifs, financements, réseaux et autres programmes prospectifs, lire John S. Saloma III, Ominous Politics…, op. cit., chap. IV, VI et IX.

    [33] Fondamentalement anticommuniste, journaliste au Reader’s Digest, John Barron fut notamment l’auteur du succès de librairie KGB : The Secret Work of Soviet Secret Agents, Reader’s Digest Press, 1974.

    [34] Au sujet des qualifications d’expert de Claire Sterling, lire Edward S. Herman et Frank Brodhead, The Rise and Fall of the Bulgarian Connection, op. cit., p. 125-46 ; sur Arkady Shevchenko, lire Edward J. Epstein, « The Invention of Arkady Shevchenko, Supermole : The Spy Who Came In to Be Sold », New Republic, 15-22 juillet 1985.

    [35] Au début de 2002 était lancé un « Programme des analystes militaires du Pentagone ». L’idée était de recruter des personnes-clés susceptibles d’influencer l’opinion en prévision d’une invasion de l’Irak. Huit mille pages de documents relatifs à ce programme ont été rendus publics à la suite d’une requête d’accès à l’information en mai 2008. Ces documents attestent que les analystes militaires recrutés pour la circonstance étaient considérés comme de potentiels « multiplicateurs » pour diffuser « les thèmes et messages » de l’administration à des millions d’Américains « en les faisant passer pour leur propre opinion ». Plus de soixante-quinze officiers à la retraite furent ainsi embauchés pour délivrer ces messages sur les plateaux de radio et de télévision, ainsi que sous forme de tribunes dans les journaux. Le succès du programme a conduit d’autres branches de l’administration à recourir au programme, notamment pour légitimer les écoutes téléphoniques illégales dans le cadre de la « lutte antiterroriste » ou donner une image positive de Guantanamo. Nombre de ces « experts » étaient aussi consultants pour des firmes sous contrat avec le Pentagone. Source : . [note de l’éditeur].

    [36] Certains analystes ont mit l’accent sur le rôle crucial de l’« informateur menteur » ; d’autres sur cette pathologie maccarthyste de l’« hégémonisme soviétique » – leitmotiv maoïste – qui faisait apparaître ex nihilo la stratégie soviétique de conquête du bloc de l’Ouest par l’entremise de Cuba, des sandinistes et de divers mouvements de guérilla en divers endroits du globe. Lire David Caute, The Great Fear : The Anti-Communist Purge under Truman and Eisenhower, Simon & Schuster, 1978, p. 114-38 ; Robert Leiken, Soviet Strategy in Latin America, Praeger, 1982.

     

    http://www.acrimed.org/article3010.html

     

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    .

     

    Conférence inédite de François Asselineau à Marseille : La tromperie comme mode de gouvernement


    2 Novembre 2012
     
    Brasserie Les Danaïdes

    6 Square Stalingrad, Marseille, 13001

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    Cette conférence, dont ce sera la « première », vous donnera des éclairages inédits sur plusieurs sujets d’actualité. Nul doute que plusieurs informations non médiatisées passionneront l’auditoire….


    Exemples spectaculaires à l’appui,

    cette conférence avec support vidéo démontrera pas à pasc omment

    la tromperie, le mensonge, la désinformation,

    la manipulation et la censure,

    sont désormais devenus les principaux

    instruments de gouvernement

    dans l’ensemble du monde occidental.

     

    Et pourquoi il est de la plus grande urgence de réagir.


    Elle sera suivie :

    - d’un large débat avec la salle
    - d’une séance de dédicace par François ASSELINEAU

    du « Programme de Libération Nationale »

    dans sa version « collector » CNR 2.0 à tirage limité

     

    .

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    MODALITÉS D’ENTRÉE

    À QUI CETTE CONFÉRENCE EST-ELLE OUVERTE ?
    A tout public : adhérents ou sympathisants UPR, ou simples curieux.

    LIEU
    Cette conférence se tiendra dans une grande brasserie de MARSEILLE.

    Brasserie Les Danaïdes
    6 Square Stalingrad
    13001 MARSEILLE


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    RESTAURATION
    Consommation non alcoolisées gratuites.
    Consommation alcoolisées à régler au bar.

    HORAIRES
    Début de la Conférence à 19h30.
    Début du débat public à 21h30.
    Après le débat public : séance de dédicace avec François Asselineau pour le « Programme de Libération Nationale »
    Fermeture de l’établissement à 23H30

    DROITS D’ENTRÉE
    Les droits d’entrée sont gratuits pour toutes les personnes qui souscriront aux forfaits autocar proposés, même pour les non-adhérents de l’UPR.

    Pour le public qui se rendra sur place par ses propres moyens (habitants d’Aix ou de la région notamment), ces droits d’entrée sont fixés, comme à l’accoutumée, ainsi :

    Tarif normal : 5 € / par personne (buffet apéritif inclus)

    Tarif réduit : 3 € / par personne (buffet apéritif inclus) : pour les chômeurs, RSA, étudiants et personnes en grandes difficultés financières

    Gratuit : 0 € / par personne (buffet apéritif inclus) :

    - pour les adhérents de l’UPR (possibilité d’adhésion à l’UPR sur place, ouvrant droit à gratuité d’accès immédiate),

    - pour les moins de 18 ans

    - pour les personnes qui auront souscrit à notre offre spéciale (cf. http://www.u-p-r.fr/actualite/france/participez-vous-aussi-aux-conferences-de-la-toussaint-en-provence-avec-lupr)

    ATTENTION
    Si vous habitez à Paris, en Île-de-France, dans le nord de la France ou en région lyonnaise, nous vous conseillons de prendre connaissance avec attention de notre OFFRE SPÉCIALE pour le transport et l’hébergement :

    (cf. http://www.u-p-r.fr/actualite/france/participez-vous-aussi-aux-conferences-de-la-toussaint-en-provence-avec-lupr)

     


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