• Danger Média: influence, manipulation ...aliénation?
     
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    Danger Média: influence, manipulation ...aliénation?
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    Le récent débat sur l’immigration, et l’identité nationale, fut révélateur de l’aliénation populaire dont souffrent  les français à leur dépens et de l’emprise qu’exerce les médias. Car seul existe dans l’esprit du public ce qui existe dans les médias.


    En mettant en avant des évènements et en en occultant d’autres, ils nous présentent une réalité partielle, quand ils ne créent pas carrément dans le public une vision déformée de la réalité. Poussés par la recherche de l’audience la plus large et suivies par une partie de la presse, ils se permettent dangereusement d’accorder une place de choix dans leurs informations aux actes xénophobes, racistes, et chaque jour nous pouvons remarquer la vision étroite, et étroitement nationale, pour ne pas dire nationaliste, qu’ils ont de la politique.


    Leurs outils, radio, tv, journaux, se changent ainsi en d’ extraordinaires instruments d’oppression symbolique. Mais Comment en est-on arrivé là ?


    Les conditions: Le fait que les sujets soient imposés, et les conditions de communication sont les premières raisons de la difficulté de traiter une information correctement. La limitation du temps impose aussi au discours de nombreuses contraintes .


    Un contrôle politique :
     
    Le fait que l’état finance ou donne des subventions au monde audiovisuel à titre de « culture », est la face immergée de l’ iceberg, et là n’est pas notre problème. La face cachée, c’est l’influence du gouvernement sur le programme télévisuel qu’on nous propose entre autres. Est-ce une illusion ? Bien qu’il soit fait en sorte de cacher toute preuve de cette proximité, force est de constater qu’indéniablement, une autorité « élysée-ène » est exercée sur les émissions passées par les médias, sur les thèmes abordés, sur la façon de les aborder, et sur le traitement de l’information . La proximité de Nicolas Sarcozy avec les présidents de firmes que nous citerons plus loin, nous confirme notre sentiment : manipulation, censure , préférences pour telle ou telle personnalité, droit à la parole pour certains, privation d’antenne pour d’autres. Les exemples bien concrets sont multiples.


    Une grande précarité d’emploi dans les professions de la télévision, et de la radio, fait que la propension à la conformité est ainsi plus grande. Ce qui a pour résultat que les gens se conforment par une forme consciente ou inconsciente d’auto-censure, sans qu’il soit besoin de faire des rappels à l’ordre. Les journalistes en sont les premières victimes et se plient par crainte de perdre leur emploi, voir par peur de représailles et menaces. (Certains « qui dérangent » en font régulièrement les frais). Ainsi l’ on comprend que les gens qui participent au fonctionnement que nous détaillons, sont finalement manipulés autant que manipulateurs...


    La concurrence pour les parts de marché et la publicité:
     
    A cause de recherche continuelle d’annonceurs publicitaires, la tentation est grande pour les médias de ne considérer un sujet qu’à la lumière de sa capacité à faire de l’audience, car on le sait plus l’audience est élevée, plus les annonceurs payent cher pour une insertion. Si les informations sont banales et peu susceptibles d’attirer du monde (après tout, un chat perdu sur les toits on s’en fiche un peu), on leur fait dégager de l’émotion en mettant en scène l’inquiétude de la mamie propriétaire de la bête etc...


    Les affaires ! Ce qui passe à la tv, est déterminé par les gens qui la possèdent, par les annonceurs qui payent la publicité, par l’état qui donne des subventions, et surtout par les firmes, (par exemple TF1 est la propriété de Bouygues, ou Direct 8 de Bolloré) .
    En publiant des informations et en en occultant d’autres, connexes, les médias contribuent à créer un climat serein, qui favorise les affaires; et si par la force des choses, le climat n’est pas tout à fait serein, les médias s’emploient afin qu’il soit au moins rassurant au point de ne pas trop gêner les affaires.  C’est du pur calcul économique !


    Le mécanisme


    En deçà se cachent des mécanismes anonymes, invisibles, occultes, au travers duquel s’exercent des censures de toutes ordres, qui font de la télévision et des informations qu’elle véhicule  un formidable instrument de maintien de l’ordre public !


    Les prestidigitateurs, dont quelques uns sont cités plus haut : "firmes, grands patrons, états" ont un principe élémentaire: Attirer l’attention sur autre chose que ce qu’ils font !


    La télé prend du temps, du temps qui pourrait être employé à dire autre chose. On choisit des thèmes qui intéressent donc tout le monde, des thèmes polémiques (identité, immigration, musulman/ islamisme, banlieue) mais qui dans le fond … eh bien … ne touchent à rien d’important …


    Et si l’on emploie des minutes si précieuses, pour dire des choses si futiles c’est que … ces choses si futiles sont en fait très importantes, dans la mesure ou elles cachent des choses précieuses…. Vous suivez ?


    En mettant l’accent sur des faits divers, ou des polémiques, en remplissant notre temps avec… du vide, on écarte les informations pertinentes, celle qui peut être feraient taire justement ces polémiques... Et cacher en montrant autre chose, ou en montrant ce qu’il faut montrer mais en le rendant insignifiant, c’est construire l’information de telle manière qu'elle ne correspond plus du tout à la réalité, c’est à dire d’un point de vue émotionnel.


    Le fait que des dizaines de nouvelles chaînes de télévision ont vu le jour ces dernières années n’a pas favorisé l’éclosion d’une information plurielle. Que l’on regarde Tf1, fr2, Bfm ou i-télé, les informations se suivent et se ressemblent. Dans le contenu, bien sûr, mais aussi dans une certaine scénarisation croissante des sujets. Tel un film de cinéma, l’information est censée dégager de l’émotion afin de provoquer l’adhésion d’un plus grand nombre de téléspectateurs. L’évènement est donc mis en scène en exagérant l’importance, la gravité, le tragique, le dramatique.. sans oublier des mots qui créent le fantasme. Flaubert disait : « il faut peindre bien le médiocre », rendre extraordinaire l’ordinaire et spectaculaire, la banalité .


    Ainsi, par ce mécanisme, les médias ont une sorte de monopole de fait sur la formation des cerveaux d’une partie très importante de la population.


    Les idées reçues


    Les médias arrivent à penser à des conditions où personne ne pense plus, parce qu’ils pensent en fait par idées reçues . Etant donné que ces idées sont plus ou moins présentes dans l’imaginaire collectif,  il ne reste qu’à …. les attiser .


    Et vu que le souci du médium en terme de communication audiovisuelle  est la réception, c’est à dire que celui qui écoute, et regarde, ait le code pour décoder, avec des idées reçues, le problème ne se pose pas. Rien de mieux qu’un journal télévisé qui vient confirmer ce que tout le monde pense tout bas, donc parfaitement ajusté aux structures mentales.


    Conclusion


    La télévision est devenue en quelques décennies un véritable directeur de conscience, qui me dit ce qu’il faut penser, ce qu’ils appellent « les problèmes de société », qui je dois aimer ou détester, ce que je dois acheter et consommer, comment je dois m’habiller - et ouvrir les yeux sur cette réalité est essentiel, celle-ci nous encourage à regarder l’information d’un oeil nouveau .


    Finalement, la formule: « je ne crois que ce que je vois » n’a jamais été aussi appropriée que dans ce cas présent .
     
    Laura Asma 
     

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  • grippe-aviaire-j.jpg
     
    Certaines tactiques de suppression de la vérité
    Pour éviter les débats scientifiques


    Il y en a plusieurs autres, mais en voici quelques unes. Quand on connait ces tactiques, on n'est plus surpris des réponses des provaccins purs et durs, les arrogants. Ils ne sont pas très originaux dans leur manière de répondre.

    - Ignorer complètement les preuves ou arguments : comme se faire silencieux au sujet du rapport de Thomas Jefferson, du groupe Cochrane, au sujet de la vaccination contre la grippe saisonnière

    - Demander des solutions complètes.: « Avez-vous lu toute la littérature sur le sujet ? » ou « si tu veux enquêter au sujet de X parce que tu crois qu’il a tué Y, alors dis-moi donc quels sont ses motifs, comment il a fait, etc »

    - Focuser sur la personne, et non sur les preuves ou arguments. Tenter de discréditer les personnes en leur disant par exemple:  ‘vous n’êtes pas un expert en microbiologie pour parler ainsi’ ou ‘ce sont des gens de la biologie totale qui sont contre le vaccin h1n1, ce sont des complotistes et des charlatans’

    - Ridiculiser : ridiculiser internet comme si c’était une mauvaise source d’information, ridiculiser les gens qui s’opposent au vaccin h1n1 en les associant à des sectaires, illuminés, conspirationnistes.

    - Hit and Run : Je cite un exemple, Jean Barbeau microbiologiste qui m’a écrit sans plus d’explications : ‘Merci de m'envoyer toute cette littérature incomplète et citée hors contexte’.

    - Invoquer les autorités : ‘vous n’êtes pas un expert. L’OMS est une source crédible, entourée des meilleurs experts du monde entier, pas vous’
     
    Nathalie Roussy
    Nathalie Roussy

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    Si Hamid Karzaï s'est dit "surpris" par l'agitation qui a suivi ses propos, il se range du côté des USA (Afp)

     

     

    Utilisez ce lien si vous voulez ajouter un signet ou un lien direct vers cet article... L'Occident orchestre les crises internationales, et les peuples sont les dindons de la farce !
    04-04-2010 Général
    • Il  faut  voir  la  réalité  en  face : L'Occident  est  derrière  la plupart  des  crises  internationales !

    Lorsque les enfants vont voir Guignol, ils savent qu'il y a des personnages, et derrière, un  marionnettiste.  Mais leurs parents ne savent pas que derrière les principaux événements du monde, il y a des personnes, des groupes d'intérêts, des Services secrets, des Etats... afin de fausser le cours des choses ! Pour une fois, ceux-ci sont pris la main dans le sac. Grâce à la marionnette qu'ils ont pourtant placée à la tête d'un Etat, afin de servir leurs intérêts - pas ceux du pays, dont ils se moquent bien évidemment. 

    Ca tangue, au Vénézuela ? L'Opposition hausse la voix ? Chut, bonnes gens, la CIA orchestre la dissidence. D'autant que le pays fleure bon le pétrole... En Iran, les turbulences, réelles ou pas, sont abondamment relayées par la Presse occidentale de propagande. L'enjeu est de taille: La mise en place d'une marionnette au service des intérêts des Anglo-Saxons et d' Israël, afin de "sécuriser" ce dernier pays, de lui permettre de dominer la région, et d'offrir aux Occidentaux de nouvelles occasions de juteux profits.  Mais ça n'a pas marché, contrairement à la Georgie ou en Ukraine voici quelques années. Alors, pour l'Iran la mise au pas passera par une bonne guerre, détruisant toutes ses infrastructures, laissant le pays exsangue, en ruines, et les femmes sans leurs hommes, les enfants sans leurs parents, et puis l'air irrespirable, etc... Qu'importe, l'essentiel est de transférer les ressources dans les poches des bons chrétiens américains, envoyés par Dieu lui-même en mission civilisatrice...  Y'a bon l'homme occidental !

    Et on pourrait multiplier les exemples. Mais cette fois, il y a un grain de sable: La marionnette installée par l'Occident en Afghanistan, Hamid Karzaï, ose révéler un secret de polichinelle: C'est l'Occident qui a faussé le résultat des élections, pour servir ses intérêts ! Bigre, où va-t-on si maintenant les marionnettes se rebiffent ! 

    Bonnes gens, oyez ! On se moque de vous, on vous ment, les médias sont les rois des menteurs, vos gouvernants sont indignes de confiance, les peuples sont le dernier de leurs soucis, les maîtres du monde ne songent qu'à remplir leurs coffres-forts !

    Voici l'article qui vous dira tout. Jusqu'à quand accepterez-vous d'être les dindons de la farce ? C'est toute la question. Reconnaissez qu'elle mérite d'être posée... Votre Eva, toujours aussi malicieuse !  

     

     

    http://r-sistons-actu.skynetblogs.be/post/7788744/loccident-orchestre-les-crises-internationale

     

     

     

     

     


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  • image 1« Toute propagande efficace doit se limiter à des points fort peu nombreux et les faire valoir à coups de formules stéréotypées aussi longtemps qu'il le faudra, pour que le dernier des auditeurs soit à même de saisir l'idée. » Adolf Hitler




         
         Qui est Edward Bernays ?

     

        Il est à la fois le rêve et le cauchemar des américains des années vingt. Ses idées continuent aujourd’hui encore d’être le rêve et le cauchemar des millions de « moutons » de la société de consommation un peu partout dans le monde. Edward Bernays est le Machiavel de la propagande.

        Il a fait des premiers psychanalystes ses conseillers et de la manipulation des masses son fonds de commerce. Il s’est très tôt rendu compte que si on pouvait efficacement utiliser la propagande pour faire la guerre pourquoi pas l’utiliser pour faire du commerce. Après tout, les foules sont les mêmes, un « troupeau de moutons » [1] à conduire à gauche, à droite, ou même vers l’abîme. [2] Il suffit de savoir jouer sur les cordes des « forces et émotions irrationnelles cachées en l’être humain » découvertes par un certain Sigmund Freud qui n’est autre que l’oncle d’Edward Bernays. [3]

        Le procédé était simple. Sigmund Freud qui n’était pas le complice direct de Bernays, raisonnait pour la science et son neveu qui était aussi son agent aux Etats-Unis [4] s’appuyait sur ses théories et « raisonnait » pour le commerce et les multinationales après avoir « raisonné » à l’époque de Woodrow Wilson pour la propagande politique [5] et la guerre. [6]     

        « Conseil en relations publiques » [7] supplanta alors le mot « propagande » [8] et Bernays  transforma les produits et le profit des multinationales en « valeurs » et en « culture » [9] chez les américains et leurs copieurs (les européens et les élites occidentalisées des pays du sud). Il est amusant d’entendre certaines personnes appeler les « artifices » de Bernays « nos valeurs judéo-chrétiennes ». Une partie importante de la « culture » ou de l’inculture des occidentaux  [10], ils la doivent à Edward Bernays. N’avait-il pas convaincu les femmes de fumer comme les hommes ?

        George Hill, président de l’American Tobacco Corporation voulait coûte que coûte briser le tabou de la cigarette pour les femmes. S’appuyant sur les analyses et les conseils du célèbre psychanalyste américain A. Brill,  Bernays a compris alors que la cigarette était le symbole du « pénis » et du pouvoir sexuel chez l’homme. Pour vaincre l’homme sur son terrain et remettre en question sa domination, il fallait procurer à la femme son propre « pénis », la cigarette.

        « Torches de la liberté » [11] fut le slogan idéal pour « émanciper » la femme et lui donner un pénis/épée pour son duel final avec l’homme, et avec comme « dommages collatéraux » de gros  bénéfices pour l’American Tobacco Corporation  bien sûr!

        Bernays a compris aussi grâce aux écrits de son oncle, que tout est question de virilité pour l’homme. Avec une voiture de luxe, des « costards » signés, des montres de luxe, des cigares etc., l’érection de l’homme était en couleurs et en public.

        Avec tous ces gratte-ciel, c’est la course effrénée au plus phénoménal « pénis » et dont le « Viagra » n’est autre que le libéralisme sauvage et les richesses des pays exploités et pillés des générations durant. [12] De l’obscénité architecturale. Bientôt, notre planète sera classée « X » !


     [1] Bernays employait l’expression « troupeau de moutons » et « troupeau de bêtes sauvages » pour désigner les masses. Au Maghreb l’élite en place emploie l’expression « El-Hwala » (les moutons) et « El-Bger » (troupeau de vaches) etc.
    [2]
    Pour lui « Seule l’énergie déployée par quelques brillants cerveaux peut amener la population toute entière à prendre connaissance des idées nouvelles et à les appliquer. ». 
    [3]
    Lire Tim Adams: « How Freud got under our skin
    ».
    [4]
    C’est Edward Bernays qui a orchestré la promotion et la célébrité de son oncle aux Etats-Unis. Il l’appelait, une fois célèbre, « Oncle Sigmund ».
    [5]
    Il est d’ailleurs l’auteur de l’incontournable ouvrage machiavélique des temps modernes « Propaganda. Editions H. Liveright, New York 1928 » (traduction française de l’ouvrage : Propaganda. Comment manipuler l’opinion en démocratie. Éditions La Découverte, Paris 2007). Dans son ouvrage, Edward Bernays définit la propagande comme « un effort cohérent et de longue haleine pour susciter ou infléchir des événements dans l’objectif d’influencer les rapports du grand public avec une entreprise, une idée ou un groupe », « Ce qu’il faut retenir c’est d’abord que la propagande revient à enrégimenter l’opinion publique exactement comme une armée enrégimente les corps de ses soldats. ».
    [6]
    Voir l’excellent documentaire d’Adam Curtis « The century of the self
    »
    [7]
    Aujourd’hui on préfère parler de « Marketing » (mercatique en français) etc.
    [8]
    Goebbels, fasciné par les idées de Bernays, redonna une nouvelle vie au mot « propagande ».
    [9]
    Après la première et la seconde guerre mondiale l’objectif des firmes américaines était de faire passer l’Amérique d’une culture du besoin à une culture du désir. Cette « culture » arriva après en Angleterre, puis au Continent et aujourd’hui dans les pays du sud.
    [10]
    Lire John Kenneth GALBRAITH : Le Nouvel Etat industriel. Editions Gallimard, Paris 1968.
    [11]
    Une référence machiavélique à la fameuse torche de la statue de la liberté.
    [12]
    Pour Gandhi la Tour Eiffel n’est qu’un «  immense jouet » et « une excellente preuve de ce que nous sommes tous des enfants que séduisent les hochets. ». Tolstoï quant à lui la considérait comme un « monument à la folie ». Enfin je trouve qu’il s’agit plutôt du « pénis » des Parisiens. Les Bruxellois quant à eux ont un drôle de « pénis », non, pas celui de Manneken-Pis, mais l’Atomium 
    !
    © Crédit Photos. Couverture de la traduction française de l’ouvrage « Propaganda » d’Edward Bernays. Zones / Éditions La Découverte, Paris 2007.

     

    © Chahid Slimani

    Mardi 1 juillet 2008

    http://chahidslimani.over-blog.com/pages/Chahid_Slimani_Edward_Bernays_la_manipulation_des_foules_et_les_Torches_de_la_liberte_-2736234.html

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  • La bataille à laquelle les médias ont cru

    Gareth Porter 
      

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    David Petraeus, le général de la contre insurrection et de la manipulation médiatique

    En février, tous les médias nous ont relaté le récit valeureux de l'offensive de Marjah en Afghanistan. Une importante opération autant militaire que médiatique. Nous avons pu découvrir dans nos journaux et sur nos écrans de télévision comment 7500 soldats de l'armée afghane et des forces internationales menées par les Etats-Unis sont partis à l'assaut de ce bourg du sud de l'Afghanistan, bastion des Talibans et centre de production d'opium. Pour Washington, il s'agissait de marquer le coup en démontrant à quel point sa présence militaire était efficace et nécessaire. Oui mais voila: l'historien et journaliste d'investigation Gareth Porter nous explique dans cet article que Marjah n'est pas ce bastion de l'insurrection qu'on a voulu nous faire croire. Ce n'est ni une ville et même pas un village. On pourrait parler de zone agricole peu habitée tout au plus! Il paraît qu'à vaincre sans péril on triomphe sans gloire. Les choses sont probablement différentes quand on est expert en manipulation de l'information. (Investig'Action)


    Pendant des semaines, le public états-unien a suivi ce qui semblait être l’offensive la plus importante de leurs troupes en Afghanistan: celle contre Marjah, «une ville de 80'000 habitants» et le centre logistique du mouvement islamiste taliban dans la province du Helmand, au sud-ouest du pays.

    L’idée – répandue en février 2010 – que Marjah avait 80'000 habitants était un élément clé pour donner l’impression que la localité représentait un objectif stratégique beaucoup plus important que d’autres districts du Helmand.

    En réalité, l’image que les militaires ont fournie de Marjah, et qui a été fidèlement reproduite par les principaux médias des Etats-Unis, constitue l’un des exemples les plus dramatiques de désinformation de toute cette guerre qui a commencé en octobre 2001, apparemment dans le but de présenter cette offensive comme étant un tournant historique du conflit.

    Marjah n’est pas une ville, ni même un vrai village, mais plutôt un groupe d’habitations de producteurs ruraux ou une zone agricole étendue comprenant une grande partie de la vallée du fleuve Helmand, au sud du pays.

    Un fonctionnaire de la Force Internationale d’assistance et de sécurité (ISAF), qui a demandé de conserver l’anonymat, a reconnu auprès du journaliste de l’IPS (Inter Press Service) que cette localité «n’est absolument pas urbaine. Marjah est une communauté rurale. Il s’agit d’un groupe d’habitations paysannes de bourgade, avec des maisons familiales typiques». Le fonctionnaire a ajouté que les résidences sont relativement prospères dans le contexte afghan.

    Richard B. Scott, qui a travaillé jusqu’en 2005 à Marjah en tant qu’expert dans le domaine des risques – pour l’Agence des Etats-Unis pour le Développement International (USAID, d’après le sigle en anglais) – est d’accord sur le fait qu’il n’y a rien dans cette localité qui puisse la faire passer pour un site urbain.

    Pendant un entretien téléphonique avec le journaliste de l’IPS, il a expliqué qu’il s’agissait «d’un site rural» avec «une série de marchés agricoles dispersés».

    Selon le fonctionnaire de l’ISAF, ce n’est qu’en prenant compte de la population qui se trouve dispersée dans plusieurs bourgades et sur presque 200 kilomètres carrés, qu’il est possible d’arriver au chiffre de dizaines de milliers de personnes. D’après lui, Marjah n’a même pas été intégrée dans une communauté, même si maintenant il y a des projets de formaliser sa situation en tant que «district» de la province du Helmand.

    Le fonctionnaire a reconnu que la confusion concernant la population de Marjah a été facilitée par le fait que ce nom a été utilisé pour désigner non seulement une zone agricole étendue, mais également la localité spécifique où se réunissent les producteurs ruraux pour tenir leurs marchés.

    Néanmoins, la dénomination de Marjah «a été plus étroitement associée» à une localité spécifique, où il existe également une mosquée et quelques magasins.

    C’est cette zone très limitée qui était l’objectif apparent de l’ «Opération Mushtarak» («Ensemble»), au cours de laquelle 7500 militaires états-uniens, afghans et de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) se sont engagés dans ce qui allait devenir la bataille entourée de la publicité la plus intense depuis le début de la guerre en territoire afghan.

    Comment a pu débuter cette fiction que Marjah serait une ville de 80'000 habitants ?

    L’idée a été divulguée aux médias par les «marines» (fantassins de la marine états-unienne) au sud du Helmand. Les premiers reportages mentionnant Marjah comme étant une ville avec une population importante font suite à un communiqué du 2 février par des sources militaires du Camp Leatherneck, la base états-unienne sur place.

    Le même jour, un article de l’agence d’informations Associated Press (AP) citait des «commandants» des «marines» qui s’attendaient à trouver entre 400 et 1000 insurgés «cachés» dans cette «ville du sud de l’Afghanistan de 80'000 habitants». Le texte laissait penser qu’il y aurait des combats de rue dans un contexte urbain.

    Ce même article caractérisait Marjah comme étant «la plus grande ville sous le contrôle des Talibans» et la qualifiait comme «axe logistique et de contrebande d’opium des insurgés». Il ajoutait que 125'000 personnes habitaient dans «la ville et dans des villages avoisinants».

    Le lendemain, ABC News, qui fait partie de la chaîne de télévision états-unienne ABC, faisait référence à «la ville de Marjah» et assurait que celle-ci et les territoires environnants étaient «plus peuplés, urbains et denses (du point de vue démographique) que d’autres lieux que les ‘marines’ ont été capables de libérer et de contrôler».

    A partir de là, les autres médias d’information ont adopté l’image d’une Marjah urbanisée et animée, en alternant les termes «agglomération» et «ville». Le 9 février, l’hebdomadaire Time parlait d’une «population de 80’000» personnes, et le 11 février le Washington Post faisait de même.

    Lorsque l’Opération Mushtarak a été déclenchée, des porte-parole militaires des Etats-Unis se référaient à Marjah comme étant un centre urbain. Le 14 février, soit le deuxième jour de l’offensive, le lieutenant-colonel Josh Diddams a dit qu’en ce moment les ‘marines’ occupaient «dans la majeure partie de la ville».

    Son exposé évoquait également des images de combats urbains et il mentionnait que les insurgés contrôlaient plusieurs «quartiers».

    Quelques jours après le début de l’offensive, certains journalistes ont commencé à utiliser le terme «région», mais cela a contribué à la confusion plutôt que de clarifier la question.

    Dans un même article du 15 février 2010, la chaîne d’informations CNN mentionnait Marjah à deux reprises, une fois en tant que «région» et l’autre comme s’il s’agissait d’une «ville», sans fournir d’explication sur cette apparente contradiction.

    L’agence Associated Press a encore aggravé la confusion dans un communiqué du 21 février, en parlant de «trois marchés de l’agglomération qui s’étend sur 207 kilomètres carrés».

    Une agglomération qui s’étendrait sur 207 kilomètres carrés serait plus grande que les villes de Washington, de Pittsburgh et de Cleveland aux Etats-Unis. Mais l’agence AP ne s’est pas aperçue de cette erreur de taille.

    Bien après que les autres médias aient cessé de parler de Marjah comme étant une ville, le quotidien The New York Times la qualifiait encore de «ville de 80'000» personnes dans un article du 26 février.

    La décision d’exagérer l’importance de Marjah en tant qu’objectif de l’Opération Mushtarak n’aurait pas été prise de manière indépendante par les marines du Camp Leatherneck.

    D’après le manuel sur la contre-insurrection de l’armée, révisé par le Général David Petraeus en 2006, une des tâches centrales des «opérations d’information» dans ce type de guerre est d’ «imposer la narration COIN (acronyme de contre-insurrection)». Le manuel signale qu’habituellement cette tâche est de la compétence des «quartiers généraux supérieurs» plutôt que directement sur place.

    D’après le manuel, les médias influent «directement sur l’attitude des publics visés en ce qui concerne la contre-insurrection, leurs opérations et l’insurrection contre laquelle ils se battent». Il ajoute que c’est une «guerre de perceptions... dirigée de manière constante par l’utilisation des médias».

    Le général Stanley A. McChrystal, commandant de l’ISAF, se préparait visiblement à mener une telle guerre en prévision de l’opération de Marjah. Lors de remarques faites juste avant le début de l’offensive, McChrystal reprenait les termes du manuel de la contre-insurrection, notamment lorsqu’il a déclaré «Tout ceci est une guerre de perceptions».

    Le quotidien The Washington Post a rapporté le 22 février que la décision de lancer l’offensive contre Marjah avait pour objectif d’impressionner l’opinion publique états-unienne avec l’efficacité des forces militaires de son pays en Afghanistan, démontrant ainsi qu’ils pouvaient obtenir «une victoire importante et éclatante».

    L’idée que Marjah était une ville importante était une partie essentielle de ce message.

     

    Source : A l'encontre

    Source originale: IPS

    http://www.michelcollon.info/index.php?option=com_content&view=article&id=2612:la-bataille-a-laquelle-les-medias-ont-cru&catid=7:attention-medias-&Itemid=12


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