• Crise bancaire : Le casse du siècle (Le Monde Diplomatique)

    15 septembre 2011
    Le Monde diplomatique
    En kiosques et sur notre boutique en ligne

    Manière de voir n°119 / Octobre-novembre 2011

    Crise bancaire : le casse du siècle

    Numéro coordonné par Renaud Lambert et Pierre Rimbert

    Avec trois décennies de recul, l'assujettissement des économies au pouvoir des banquiers paraît limpide. Il procède d'une triple automutilation des Etats, qui au final héritent d'une même équation : moins de recettes, plus de besoins, une dépendance accrue vis-à-vis des créanciers.

    La suite de l'éditorial : Bâtisseurs de ruines

    Lexique

    I. Alchimistes du guichet

    Derrière les façades centenaires des institutions de Wall Street, de Londres, de Paris ou de Hongkong, un nouvel ordre bancaire s'est mis en place imperceptiblement au milieu des années 1970. Les fondements du commerce de l'argent codifiés après le krach de 1929 pour les besoins du capitalisme industriel se sont effrités, puis ont explosé, sous la poussée d'une force brute nommée finance. En moins d'une décennie, les frontières nationales et les chaînes législatives qui reléguaient les établissements de crédit au troisième rang économique derrière les Etats et les grandes entreprises ont tour à tour été brisées. Le marché planétaire appelait un système bancaire global.

    Ce nouvel ordre dispose d'outils, d'agents, d'institutions et de régulations spécifiques. Dans les bureaux haut perchés, le jeune loup au costume clinquant a évincé l'homme gris et son sous-main de cuir ; des instruments d'une sophistication inédite, des tactiques florentines, des profits himalayens ont supplanté le ronron du prêt à intérêt garantissant une marge de 3 % ; l'informatique et les mathématiques ont aboli l'espace et le temps des transactions.

    L'Art d'ignorer les pauvres

    de John Kenneth Galbraith.
    Le premier titre de la collection Prendre parti, une coédition du Monde diplomatique et des Liens qui libèrent.

    Disponible sur la boutique en ligne
    et en librairies

    En Europe, la politique monétaire, rouage central du gouvernement économique, fut soustraite au monde politique et placée sous le contrôle d'une Banque centrale « indépendante », c'est-à-dire proche des milieux d'affaires. Après quatre ans de tempête financière, un regard sur les ruines de l'économie mondiale inspire une question qui peut sembler triviale : au fait, à quoi devaient servir les banques ?

    Une galerie de voyous respectables
    Nicolas Guilhot

    D'où viennent les produits dérivés ?
    Ibrahim Warde

    Néoconquistadors
    Pedro Ramiro

    HSBC, histoire d'eau et d'opium
    Jean-Louis Conne

    Les banquiers centraux, pompiers pyromanes
    Frédéric Lebaron

    Protéger le « mur de l'argent »
    Serge Halimi

    L'absurde statut de la Banque centrale
    John Grahl

    Pour quelques milliards de plus
    Paul Lagneau-Ymonet et Angelo Riva

    Leçons d'histoire financière
    P. L.-Y. et A. R.

    Infortunes des normes internationales
    Dominique Plihon

    II. Une emprise tentaculaire

    Que la faillite, en septembre 2008, d'une seule entreprise, Lehman Brothers, ait pu conduire le monde au bord du gouffre indique assez la centralité des banques dans la vie économique. Que celles-ci aient ensuite forcé les Etats à échanger leurs dettes « pourries » contre de l'argent frais (c'est-à-dire contre le travail) du contribuable suggère cette fois l'ampleur du problème : le rouage a domestiqué la machine, le moyen s'est métamorphosé en fin.

    A cela rien d'étonnant. Au gré de leur expansion, les banques ont projeté dans tous les domaines de l'activité humaine leur logique (celle du crédit et du profit), leurs intérêts (les anciens de Goldman Sachs hantent les coulisses de Washington), leurs pratiques (celles du jeu spéculatif) et leurs produits (ô les dettes douteuses titrisées et dispersées aux quatre vents !). Qui veut remonter aux racines d'une crise immobilière en Espagne, d'une opération de blanchiment en faveur d'un dictateur chilien, de l'endettement de pauvres au Bangladesh tombe à coup sûr sur une banque ; l'enquêteur qui cherche à démêler les pratiques opaques d'une chambre de compensation luxembourgeoise tombe en revanche sur un os...

    Les présidents américains passent, Goldman Sachs demeure
    I. W.

    Un réseau serré d'amitiés haut placées
    I. W.

    La Riggs, blanchisseuse de dictateurs
    Alain Astaud

    « Mon cher général Pinochet... »
    A. A.

    La machine sacrée
    Yves Jeanneret et Emmanuël Souchier

    Complicités dans le trafic de drogue
    Christian de Brie

    Pauvres, votre argent les intéresse
    Jean-Loup Motchane

    A Madrid, des vies « sous hypothèque »
    Raúl Guillén

    « Ma victoire dans l'affaire Clearstream »
    Denis Robert

    III. L'ère du parasitisme

    Economie de spéculation contre économie de production : c'est l'Annapurna contre les causses du Larzac. D'un côté, la valeur des produits dérivés fabriqués par les banques vole vers les cimes ; de l'autre, la richesse mondiale trace sa courbe débonnaire, plafonnée à un niveau dix fois moindre (voir Production et spéculation). Problème : les titres spéculatifs les plus alambiqués reposent en dernier ressort sur des actifs bien réels, comme la tique sur le dos de sa proie. Quand crève la bulle du capital fictif, ce ne sont pas les parasites mais les peuples qui écopent.

    Le tour de passe-passe n'a pas échappé aux Islandais, mis en demeure de rembourser une ardoise vertigineuse laissée par les banquiers. Consultés par référendum, ils ont par deux fois dit « non ». On imagine sans peine le résultat d'un tel scrutin organisé en Grèce, en Irlande, en Espagne, au Portugal, en Italie, bref dans tous les pays où la collectivisation de la dette bancaire privée se traduit par l'austérité publique.

    Si les populations ainsi rançonnées se défient des acrobaties financières, le petit milieu des économistes, courtiers et analystes semble n'avoir rien appris. Serait-ce parce qu'il n'a rien encouru ? Après la faillite des caisses d'épargne américaines à la fin des années 1980, des centaines de responsables avaient fini derrière les barreaux. Cette fois, les aigrefins qui pilotent les institutions faillies ont exposé leurs turpitudes devant des commission parlementaires. Puis ils ont repris leurs affaires.

    Les Islandais votent contre les banquiers
    Silla Sigurgeirsdóttir et Robert Wade

    Primes et châtiments des traders
    I. W.

    Tout travail mérite-t-il salaire ?
    P. R.

    Lumière dans la salle des coffres
    Juliette Renaud et Juliette Rousseau

    L'exemplaire faillite des caisses d'épargne américaines.
    Jacques Decornoy

    Comme si rien ne s'était passé..
    I. W.

    Les marionnettes politiques et leurs bienfaiteurs
    S. H.

    Pour un système socialisé du crédit
    Frédéric Lordon

    Ce numéro est accompagné de photographies tirées de l'ouvrage « Détroit, vestiges du rêve américain », d'Yves Marchand et de Romain Meffre (éditions Steidl, Göttingen, Allemagne).

    Cinéma

    « Cleveland contre Wall Street ».

    De la corbeille à la barre

    « Espanistan ». De la brique à la trique

    « Inside Job ». De la chaire au tiroir-caisse

    Littérature

    Charles Dickens, « Temps difficiles »

    William Shakespeare, « Le Marchand de Venise »

    Woody Guthrie, « The Jolly Banker »

    Goethe, « Faust »

    Cartographie

    Cécile Marin (conseiller scientifique, Dominique Plihon)

    Le circuit de la création monétaire

    Les banques dans la machinerie financière

    Régulation et collusions

    Chronologie

    Un moteur à explosion

    Chaos

    Documentation

    Olivier Pironet

    Essais

    Sur la Toile






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