vendredi 20 novembre 2015, par Comité Valmy

 

Répétez après moi : les grands médias disent toute la vérité et rien que la vérité…

 

Paul Craig Roberts : qui profite des attentats de Paris ? 
Washington affine ses opérations sous fausse bannière

Washington et ses vassaux français ont affiné la façon dont ils mènent leurs opérations sous fausse bannière (false flags). Avec l’opération Charlie Hebdo, ils ont su couler immédiatement le scénario dans le béton afin d’éviter les questions de la presse écrite et télévisuelle, et pour faire en sorte que le discours officiel tienne lieu d’enquête.

Le scénario établi a fait qu’il s’est avéré inutile d’expliquer le mystérieux « suicide » de l’un des principaux enquêteurs de la police qui collaborait à l’enquête sur l’événement. Le scénario établi a également fait en sorte qu’il s’est avéré inutile d’expliquer pourquoi il était nécessaire d’abattre les auteurs présumés, plutôt que de les capturer, ou d’expliquer comment les autorités françaises pouvaient être si mal informées sur le présumé conducteur du véhicule ayant servi à prendre la fuite, mais pas sur les deux hommes armés. Aucune explication n’a été fournie pour expliquer pourquoi les autorités croyaient à l’existence de ce conducteur, et celui-ci n’a été ni capturé ni abattu. En effet, il reste beaucoup de questions sans réponse qui sont sans intérêt pour l’ensemble des médias, sauf les médias alternatifs sur Internet.

Ce que les États-Unis et la France ont appris du scepticisme circulant sur Internet concernant Charlie Hebdo, c’est de faire en sorte que le scénario demeure fluide. Charlie Hebdo a impliqué deux scènes de violence, et la connexion entre les deux actes de terrorisme était vague. Cette fois-ci, il y a eu plusieurs scènes de violence, et elles ont été mieux intégrées dans le scénario.

Ce qui est encore plus significatif, c’est que les événements ont été rapidement suivis par encore plus d’épisodes dramatiques, comme la poursuite d’un terroriste présumé en Belgique, un bombardement français sur l’État islamique, l’envoi d’un porte-avions français au Moyen-Orient, une déclaration de guerre contre Daech par le président français, et des spéculations indiquant que Hollande, sous la pression de Washington, va invoquer l’article V de l’OTAN, ce qui conduira l’OTAN à intervenir contre l’État islamique. En faisant suivre chaque événement par un autre encore plus percutant, le public est distrait de l’attaque elle-même et des intérêts servis par cette attaque. Déjà, l’attaque elle-même est de l’histoire ancienne. L’attention du public a été dirigée ailleurs. À quel moment l’OTAN enverra-t-elle des soldats sur le terrain ?

Les médias occidentaux ont ignoré de nombreux aspects significatifs des attentats de Paris. Par exemple, de quoi ont bien pu discuter les directeurs de la CIA et des services de renseignements français lors de leur réunion quelques jours à peine avant les attentats de Paris ? Pourquoi est-ce que de faux passeports ont été utilisés pour identifier les assaillants ? Pourquoi les attaques se sont-elles produites le jour même où se tenaient des simulations d’attaques terroristes simultanées sur plusieurs sites, avec la participation des premiers intervenants, de la police, des services d’urgence et de personnel médical ? Pour quelles raisons les médias n’ont-ils pas enquêté sur les révélations indiquant que la police française a été aveuglée par une cyberattaque sophistiquée contre son système de suivi des données mobiles ? Y a-t-il des gens qui croient Daech capable d’une telle prouesse ?

Les médias occidentaux servent simplement d’amplificateur pour la propagande gouvernementale. Même les médias non occidentaux suivent ce modèle en raison de l’effet émoustillant. C’est une histoire fascinante pour les médias, et elle ne nécessite aucun effort.

Initialement, même les médias russes se sont contentés de clamer le scénario établi qui sauve l’establishment politique occidental d’une défaite politique sur le plan domestique et la Russie d’une défaite en Syrie. Mais ça n’a pas été trop long avant que certains médias russes se souviennent des nombreuses fausses allégations concernant une invasion de la Russie en Ukraine, l’emploi d’armes chimiques par Assad, le positionnement de missiles américains près des frontières de la Russie pour protéger l’Europe contre d’inexistants missiles balistiques intercontinentaux nucléaires iraniens. Et ainsi de suite.

Les médias russes ont commencé à poser des questions et ont reçu de bonnes réponses de Gearóid Ó Colmáin.

Pour comprendre les attentats de Paris, il convient de commencer par cette question : « Qui est Daech ? » Apparemment, Daech est une création de la CIA ou d’un organisme de l’État clandestin protégé par le service des opérations de la CIA. Daech semble avoir été utilisé pour renverser Kadhafi en Libye, avant d’être envoyé en Syrie pour renverser Assad. On pourrait croire que Daech est entièrement infiltré par la CIA, le Mossad, et les services de renseignements britanniques et français. Il est possible que Daech soit en train de réaliser qu’il constitue une force indépendante et qu’il s’efforce de remplacer l’ordre du jour de Washington par le sien propre. Quoi qu’il en soit, Daech semble toujours être au moins partiellement dépendant de l’aide, active ou passive, de Washington.

Daech est un nouveau groupe qui est apparu soudainement. Daech est dépeint comme un groupe de barbares fanatiques armés de couteaux et issus tout droit de l’époque médiévale. Comment un tel groupe a-t-il pu acquérir si rapidement des capacités d’intervention internationales lui permettant de souffler un avion de ligne russe du ciel égyptien, d’effectuer des bombardements au Liban et en Turquie, de déjouer les services de renseignements français, et de mener plusieurs attaques simultanées à Paris ? Comment se fait-il que Daech n’attaque jamais Israël ?

La question suivante est celle-ci : « En quoi les attentats de Paris sont-ils avantageux pour Daech ? » Est-ce un avantage pour Daech que les frontières de l’Europe soient fermées, ce qui l’empêchera d’infiltrer l’Europe sous guise de réfugiés ? Est-il utile pour Daech de provoquer le gouvernement français à bombarder ses positions au Moyen-Orient, et de susciter une invasion de l’OTAN ?

Qui bénéficie [de ces attaques] ? De toute évidence, l’establishment politique européen et américain, à bien des égards. L’establishment politique en France, en Allemagne et au Royaume-Uni est en difficulté, car ils ont facilité les guerres de Washington au Moyen-Orient qui apportent des flots de réfugiés en Europe. Pegida gagne en popularité en Allemagne, comme le Parti de l’indépendance de Farage au Royaume-Uni et le Front national de Marine Le Pen en France. En effet, un récent sondage a indiqué que Marine Le Pen arrivait en tête comme favorite aux prochaines élections présidentielles en France.

L’attaque de Paris écarte ces partis politiques dissidents et leur dérobe l’initiative. Parmi les premiers mots qu’il a prononcés en réponse à l’attaque, le président français a déclaré que les frontières de la France étaient fermées. Les alliés politiques d’Angela Merkel en Allemagne poussent déjà son gouvernement dans cette direction. « Paris change tout », déclarent-ils. Cela a certainement sauvé l’establishment politique européen de la défaite et de l’érosion de son pouvoir.

Le même résultat s’est produit aux États-Unis. Les outsiders Donald Trump et Bernie Sanders massacraient les autres candidats de l’establishment à la présidence. Trump et Sanders avaient l’élan. Mais « Paris change tout ». Trump et Sanders sont maintenant mis à l’écart, ils ne font plus les nouvelles. L’élan est perdu. Le scénario a changé. « Les attaques de Paris prennent le devant de la campagne de 2016, » déclare CNN.

Parmi les autres paroles qu’il a immédiatement prononcées, sans aucune preuve à l’appui, le président Hollande a déclaré que l’État islamique avait attaqué la nation française. De toute évidence, cela permettra à Hollande d’invoquer l’article V de l’OTAN, qui enverrait une force d’intervention en Syrie. Ce serait la façon pour Washington de contrer l’initiative de la Russie qui a sauvé le gouvernement Assad de la défaite par l’État islamique. L’invasion de l’OTAN permettrait de renverser Assad dans le cadre de la guerre contre l’État islamique.

Le gouvernement russe n’a pas reconnu immédiatement cette menace. Le gouvernement russe a vu dans l’attaque de Paris la possibilité d’obtenir la coopération de l’Ouest dans la lutte contre Daech. La ligne russe était que nous devions tous combattre Daech ensemble.

La présence russe, bien que très efficace, demeure minime en Syrie. Que fera le gouvernement russe lorsque sa politique en Syrie sera contrainte par une invasion de l’OTAN ?

Le seul bénéficiaire de l’attaque de Paris, c’est l’objectif de l’establishment politique occidental et de Washington qui consiste à détrôner Assad en Syrie. L’attaque de Paris a supprimé la menace pour les establishments politiques français, allemands et britanniques provenant du Front national, de Pegida, et du Parti de l’indépendance du Royaume-Uni. L’attaque de Paris a supprimé la menace pour l’establishment politique américain de la part de Trump et Sanders. L’attaque de Paris a fait avancer l’objectif de Washington d’éliminer Assad du pouvoir.

La réponse à la question latine, « Cui Bono » (à qui cela profite-t-il ?), est claire.

Mais ne vous attendez pas à l’entendre dans les médias occidentaux.

Paul Craig Roberts
(cliquez ici pour lire l’original en anglais)

Traduit par Henri Thibodeau avec la permission de l’auteur
19 novembre 2015

Henri’s Web Space

Paul Craig Roberts est un personnage très connu aux États-Unis. Il a été secrétaire adjoint au Trésor américain sous Ronald Reagan, et il a écrit plusieurs livres, les plus récents étant The Failure of Laissez Faire Capitalism and Economic Dissolution of the West (L’échec du libéralisme capitaliste et la dissolution économique de l’Occident) et How America Was Lost (Comment l’Amérique a été perdue). Malheureusement, aucun de ses ouvrages n’a encore été traduit en français.
Dans un article publié dans la foulée des attentats de Paris et de la réaction du gouvernement français, Monsieur Roberts a publié une analyse où il explique comment Washington et son état vassal qu’est la France ont raffiné leurs tactiques à la suite des attentats contre Charlie Hebdo au mois de janvier dernier. J’ai traduit cet article au bénéfice de mes lecteurs français qui n’ont pas nécessairement facilement accès à ce genre de point de vue qui va à contre-courant du discours officiel.
Henri Thibodeau.

http://blogdejocelyne.canalblog.com/archives/2015/11/21/32961623.html

 

De l’information à la série-télé-réalité

http://www.gaullistelibre.com/2015/11/de-linformation-la-serie-tele-realite.html?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+gaullistelibre+%28Blog+gaulliste+libre%29

 

Bien sûr, la violence et le traumatisme des attentats de vendredi est et restera encore pendant encore assez longtemps le sujet dont tous les médias parlent, du matin jusqu’au soir. Mais de plus en plus, on peut se poser la question de la pertinence et de la qualité de ce déluge.


Quantité et rapidité ou qualité ?

 

Il faut bien reconnaître que les les dernières années ne facilitent pas le travail des journalistes, entre une activité dont les équilibres économiques ont été bouleversés par l’apparition d’internet, et une accélération incroyable du temps, où les différents médias se livrent à une course permanente à l’information pour être les premiers à diffuser la dernière nouvelle nouvelle, pouvoir buzzer et être ensuite repris. Mais à force de privilégier le buzz, c’est rarement la qualité qui gagne. Depuis quelques jours, nous sommes abreuvés par un déluge de faits ou témoignages plus ou moins intéressants et rarement remises en perspective. Bien sûr, il est sans doute important de se souvenir de cette horreur, mais on peut se demander si nous ne cédons pas un peu à une forme de voyeurisme un peu malsain.

 

En réalité, les journaux télévisés finissent par ressembler à un croisement improbable entre séries télévisées et télé-réalité. Des premiers, on retrouve le côté spectaculaire, les rebondissements fréquents et montés en épingle pour s’assurer que le téléspectateur continue à regarder, le passage d’un endroit à un autre, parfois sans véritable transition. Des seconds, on retrouve les témoignages de plus en plus fréquents des individus, les reportages sur les proches, la valorisation des réactions individuelles sur les réseaux sociaux. Ce faisant, nous avons perdu les reportages de fond (qui ont le défaut de coûter cher) ou alors les débats plus ou moins contradictoires, où l’on donne véritablement du temps aux différents protagonistes, ce qui est devenu une exception, à part quand on parvient à créer le buzz…

 

Victoire du fait divers, défaite du collectif

 

Où l’on arrive à la situation où les informations se réduisent de plus en plus à une collection de faits divers, ce qui explique malheureusement la façon de traiter les attentats récents, alors qu’il aurait été possible de se poser davantage de questions de fond plutôt que d’aller interviewer les proches des victimes ou de rendre compte pour une énième fois de la chronologie des évènements de vendredi. Bien sûr, certains médias ont consacré des débats intéressants aux questions qui se posent, ou ouvert leurs colonnes ou leurs plateaux à des intervenants qui apportent de la perspective à ces attentats, mais l’essentiel de ce qui nous parvient n’est plus de l’information. A force de vouloir être branché en direct avec absolument tout ce qui se passe, s’est installé le règne du fait divers ou d’avis anodins.

 

L’autre effet que ce flux continu d’information a, c’est de provoquer une course aux réactions de la part de tous ceux qui recherchent la lumière des médias, et donc une concentration sur la communication et non la réflexion. Après tout, pourquoi faire du travail sérieux, qui prend du temps, quand il n’attire pas la moindre caméra ou le moindre micro, alors qu’un bon mot, ou une déclaration bien polémique assure une reprise dans les réseaux sociaux et des dépêches qui démultiplieront. Encore pire, les médias relaient sans doute avec insuffisamment de recul les photos ou les vidéos des djihadistes, qui sont pourtant conçues pour faire la publicité de Daech, sans se demander s’ils ne servent pas malgré eux les intérêts des terroristes, dont certains y voient une forme de starisation valorisante.

 

 

Je pense que les journalistes préfèreraient sans doute pouvoir traiter l’information d’une autre manière. Mais leur profession est soumise à une grave crise de leur modèle économique, et une accélération du temps qui fait trop souvent du buzz la priorité, quelqu’en soit le sujet.

 

Sur ce site,

Lettre ouverte aux journalistes : à quand la fin de la Djihad Académie ?

Les média, pointe avancée du néolibéralisme