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    Celui qui contrôle la manière dont les évènements sont racontés contrôle le monde.

    Celui qui contrôle la manière

    dont les évènements sont racontés

    contrôle le monde.

     

    Par Caitlin Johnstone via Steemit.com

    L’animatrice de MSNBC Joy Reid, a toujours un emploi. Malgré le mensonge éhonté sur les hackers voyageant dans le temps, répandant, il y a dix ans, des bigoteries dans son blog alors à peine connu, malgré le fait qu’elle ait déclenché une enquête du FBI sur de faux prétextes, malgré le fait que ses collègues de MSNBC en aient assez de la façon dont le réseau gère la controverse qui l’entoure, sa carrière continue de progresser comme un zombie criblé de balles.

    Pour être clair, je ne me soucie pas particulièrement que Joy Reid ait fait l’une ou l’autre de ces choses. J’écris sur la guerre, les escalades nucléaires et la sociopathie des agences gouvernementales américaines qui tuent des millions de personnes ; je me moque que Joy Reid soit ou ait été homophobe, et je me moque qu’elle ait menti pour le dissimuler. Les programmes de guerre que MSNBC lui-même diffuse quotidiennement sont infiniment pires que l’une ou l’autre de ces choses, et si ce n’est pas évident pour vous, c’est parce que la propagande militaire vous a poussé à vous cloisonner en dehors d’une compréhension intellectuellement honnête de ce qu’est la guerre.

    Par contre ce qui m’intéresse, c’est le fait que les patrons de Reid protègent sa carrière avec tant d’acharnement. En refusant de la licencier et en centrant les débats sur ses articles de blog controversés plutôt que sur son spectaculaire mensonge pour tenter de les dissimuler, Reid est soutenue malgré cette histoire qui refait constamment surface et fait les gros titres avec de nouveaux détails embarrassants, et ce malgré son manque de talent apparent ou de qualités personnelles rédemptrices. Cela nous apprend quelque chose d’important sur ce qui se passe dans le monde.

    Joy Reid 20180606

    Il n’est pas difficile de trouver quelqu’un qui lit un téléprompteur pour beaucoup d’argent. Ce qui est vraiment difficile, c’est de trouver quelqu’un qui est prêt à tromper et à manipuler pour promouvoir jour après jour les programmes de quelques personnes privilégiées. Qui d’autre serait prêt à passer la journée sur Twitter à dénigrer toutes les personnes à gauche d’Hillary Clinton, tout en se prétendant de la gauche politique ? Qui d’autre soutiendrait le mensonge sur les « 17 agences de renseignement » ayant déclaré la Russie coupable de s’immiscer dans les élections américaines des mois après que cette affirmation ait été notoirement démentie de manière virale ? Qui d’autre prétendrait publiquement que les divulgations d’Edward Snowden de la NSA n’ont profité à personne d’autre qu’à la Russie ? Sur qui d’autre pourraient compter des oligarques tels que Brian L. Roberts, PDG de Comcast, dont l’entreprise contrôle MSNBC, pour promouvoir ses programmes ?

    Bien qu’il soit facile de trouver quelqu’un sur qui compter pour répandre un mensonge particulier à un moment donné, il est difficile de trouver quelqu’un dont vous pouvez être absolument certain qu’il mentira pour vous jour après jour, année après année, tout au long des cycles électoraux et des changements administratifs, des nouveaux programmes de guerre et des changements de climat politique. Beaucoup de gens qui avaient l’habitude de défendre des perspectives qui allaient à l’encontre de l’orthodoxie politique de MSNBC comme Phil Donahue , Ed Schultz et Dylan Ratigan ont disparu des ondes pour ne jamais revenir, tandis que les journalistes qui courbent constamment la tête et suivent la ligne de l’establishment démocratique comme Chris Hayes, Rachel Maddow et Joy Reid sont généreusement récompensés et encouragés à rester.

    L’opposition veut du changement ; ceux qui sont au pouvoir veulent de la prévisibilité et de la stabilité. Plus vous pouvez garantir la prévisibilité et la cohérence à ceux qui sont au pouvoir, plus ceux qui sont au pouvoir vous récompenseront.

    Ceux qui rapportent les nouvelles et façonnent les discours publics présentent un grand intérêt pour les oligarques américains, qui ont acheté les anciens médias depuis longtemps et font tout ce qui est en leur pouvoir pour assoir leur influence sur les nouveaux. Les commentateurs comme Joy Reid font partie de leurs atouts les plus précieux, et ils protègent leurs atouts en conséquence. Parce que celui qui contrôle le narratif contrôle le monde.

    Joy Reid 2 20180606

    Le Council on Foreign Relations est un groupe de réflexion très influent dont les membres sont à la tête de presque tous les grands médias américains. Fin avril, il a organisé une conférence intitulée « Bouleversements politiques : Combattre la désinformation et les Fake News » dans laquelle un homme appelé Richard Stengel a dit au public qu’il est nécessaire que le gouvernement américain fasse de la propagande auprès de ses citoyens. Stengel est l’ancien rédacteur en chef de Time Magazine, un poste qu’il a quitté pour aller travailler pour le Département d’État américain. Oui, vous avez bien lu.

    « En gros, chaque pays crée sa propre histoire et, vous savez, mon ancien travail au département d’État était ce que les gens appelaient pour plaisanter le métier de  » chef propagandiste « , a dit M. Stengel à l’auditoire du CFR.

    « Nous n’avons pas parlé de propagande… Je ne suis pas contre la propagande. Tous les pays le font, et ils doivent le faire à leur propre peuple, et je ne pense pas nécessairement que ce soit si terrible. ».

    Vous pouvez grincer des dents tant que vous voulez, mais il a raison. Non pas que la propagande soit une arme légitime imposée aux citoyens pour une démocratie ostensiblement libre ; il est évident que la manipulation de la façon dont vos citoyens pensent, et par conséquent la manipulation de la façon dont ils votent et s’organisent et aussi leur consentement, est tout simplement sociopathe. Mais il a raison de dire que toutes les hurlements des États-Unis au sujet de la propagande russe s’appliquent pleinement à leur propre comportement.

    Comme nous l’avons déjà dit, le seul réel pouvoir dans ce monde est le pouvoir de contrôler le discours public sur ce qui se passe. La seule raison pour laquelle les gouvernements agissent comme ils le font, la seule raison pour laquelle l’argent fonctionne comme il fonctionne, la seule raison pour laquelle le pouvoir existe là où il existe, c’est que nous avons tous accepté de jouer le jeu avec des fabrications mentales sur toutes ces choses et de prétendre qu’elles sont vraies et réelles. La seule chose qui empêche la population de décider collectivement de changer la façon dont l’argent fonctionne, de décider que les trous du cul au Capitole ne sont plus aux commandes, ou de décider que chaque milliardaire en Amérique devrait être massacré comme un porc et transformé en Slim Jims, c’est le fait que ces idées ne sont pas devenues le discours dominant. Si vous pouvez contrôler les histoires que les gens se racontent à propos de ce qui est dans leur intérêt, vous contrôlez tout.

    Joy Reid 3 20180606

    C’est pourquoi l’alliance entre Silicon Valley et les agences de renseignement américaines devient de plus en plus insolente. C’est pourquoi Facebook et la société de propagande de l’OTAN Atlantic Council ont annoncé qu’ils ont formé un partenariat quelques semaines après que le Conseil de l’Atlantique ait publié un article expliquant pourquoi les Occidentaux ont besoin de propagande pour leur propre bien. C’est pourquoi les sociétés de médias sociaux sont chargées par le Sénat de prendre des mesures pour réduire au silence les sources de révoltes. C’est pourquoi Julian Assange est réduit au silence par l’empire occidental. Et c’est pourquoi Joy Reid a toujours un travail.

    La bonne nouvelle dans tout cela, c’est que nous savons exactement quelles sont nos entraves. Nos chaînes viennent de la capacité des oligarques à contrôler le discours. Un mouvement populiste visant à perturber les récits de l’establishment et à éveiller les gens à ce qui se passe est tout ce qu’il faudra pour briser la capacité de nos dirigeants à contrôler la façon dont les citoyens du monde pensent et votent. A partir de là, nous pouvons élaborer nos propres récits et créer un monde profitable à tous et pas seulement à quelques élites dirigeantes. À l’heure actuelle, ces mêmes élites se précipitent pour restreindre notre capacité de réseautage et de partage de l’information par le biais des nouveaux médias, de sorte que l’une des choses les plus révolutionnaires que nous puissions faire à l’heure actuelle est de les empêcher de le faire et de les devancer dans cette course.

    Ce n’est pas l’Ouest contre la Russie. Ce n’est pas gauche contre droite. À l’heure actuelle, le véritable conflit dans notre société, ce sont quelques élites dirigeantes et leurs complices contre l’impulsion naturelle de l’humanité à agir d’une manière bénéfique pour l’humanité. Tout ce que nous avons à faire est d’aider cette impulsion à s’épanouir, à sortir du formatage imposé par l’oligarchie et à construire un nouveau monde.

    Source:http://www.middleeasteye.net/news/saudi-government-gave-obama-aides-suitcases-full-jewels-says-ex-official-816843061

    Traduit par Pascal pour Réseau International

    https://reseauinternational.net/celui-qui-controle-la-maniere-dont-les-evenements-sont-racontes-controle-le-monde/

     

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    Europe :

    Vers la fin officielle de la liberté de la presse?

     
     
     
    L'on a tous entendu parler du 4e pouvoir, celui des médias. A bien y réfléchir, il s'agit d'un abus de langage, car l'existence d'un pouvoir suppose un minimum d'autonomie. Or, le phénomène de concentration des médias que l'on observe en France dépasse largement nos frontières et se révèle être un phénomène global, relevant de la collusion entre le business et le politique. Plus qu'un "pouvoir", les médias, sous leurs différentes formes, sont devenus un instrument du pouvoir. Ce qui est institutionnalisé en Grande-Bretagne avec le reporting restriction, ce que tente d'affirmer en France F. Nyssen avec une maladresse salvatrice.
     


    En Grande-Bretagne, les juges ont le droit, en application du reporting restriction, d'imposer un silence médiatique total, aux journalistes, aux bloguers, sur les médias traditionnels, dans les réseaux sociaux, sur les blogs, concernant des affaires concrètes pour éviter un risque ou un préjudice substantiel à l'exercice de la justice pour le temps que le juge décide lui-même être nécessaire.
     
    Les critères sont spécialement très larges et laissés à l'appréciation du magistrat qui impose un block out total sur certaines affaires, sous peine d'incarcération immédiate pour ceux qui enfreindraient ces restrictions. C'est ce qui s'est passé avec Tommy Robinson, qui s'est placé devant l'entrée du tribunal au moment où une affaire de viols commis par une communauté indo-pakistanaise était exéminée par la justice dans un silence médiatique total. Il filmait et interviewait les gens qui entraient dans le tribunal et diffusait ces informations sur Facebook. Ce n'est pas un journaliste, mais un simple citoyen, un activiste, mais un citoyen. Immédiatement qualifié d'extrême droite, d'identitaire. Il ose se prononcer contre des crimes commis par des étrangers. En effet, c'est sensible, mais pourquoi interdire une discussion de la société sur des sujets qui justement sont sensibles, sensibles car ils la concernent directement? Jugé, condamné et incarcéré en quelques heures, lui-même tombé sous le coup du reporting restriction, à l'heure d'internet il est difficile de mettre quelqu'un au secret, la lettre de cachet est divulguée, une réaction sociale explose. Et les médias, dociles mais vaincus, finissent pas en parler. 13 mois de prison pour avoir parlé d'un scandale, que la presse acceptait de taire.
     
    Les indo-pakistanais. En Grande-Bretange, c'est sensible, ils sont nombreux. L'immigration en général est un sujet sacré. Il faut redorer l'image des immigrés, lancer des Mamoudou, mais modifier les noms et taire les origines lors des crimes - pour ici ne pas "stigmatiser". Idéologie oblige. C'est la ligne politique, la presse doit suivre. Les médias suivent. Une partie de la société réagit.
     
     
    Ces mesures extrêmes, liberticides, sont toujours le signe d'une rupture entre la société et le pouvoir, de la difficulté pour celui-ci de faire passer ses préceptes, le signe d'un grincement idéologique, le grain de sable. En France aussi, la mécanique peine à entraîner, pourtant ce n'est pas faute d'y recourir. Mais elle ne convainc plus. Ils ont déjà trop souvent retourné leurs pantalons.
     
    Face à ce constat d'échec, il y a deux attitudes possibles. La première consiste à se remettre en cause et à comprendre que la politique menée n'est pas soutenue par la majorité de la population. Démocratie obligeant, le pouvoir réoriente alors le cours politique du pays. La seconde consiste en une reprise en main du discours social et à son reformatage par une pression plus importante des médias de tous genres. La France, avec la loi sur les Fakes news, dont la définition est tellement large qu'elle permettra de toucher toute publication indésirable, a fait le second choix. Ce choix oblige à une reprise en main de l'espace médiatique, ce que la ministre de la Culture a annoncé. Franco. Sans nuances, ni ambages. Dans une parfaite novlangue. Je vous passe les médias qui sont "en même temps" universels et doivent "faire terroir". Donc, niant toute différenciation régionale? Et en transférant les efforts sur le numérique pour toucher "les jeunes". Et tuer le service public de la télévision au passage. Bref, le PAF, c'est dépassé et arrêtez de me parler d'une grille de programmation. Les buts sont, il est vrai, ... magnifiques: 
    "Anticiper", "oser", "s'engager" : ce sont les dimensions essentielles qui ressortent du "scénario d'anticipation" pour la réforme de l'audiovisuel public (...). "Les synergies entre sociétés devront être développées, pour permettre à l’audiovisuel public d’innover, de gagner en performance et en visibilité. Il faudra également qu’elles dégagent des gains d’efficience et des économies pour financer les priorités
    J'adore la langue creuse et prétentieuse. Des mots pour ne rien dire ou plutôt pour ne pas dire ce qui sera fait. Finalement le triptique est totalement autre: il faut des médias engagés + qui doivent changer les mentalités + en présentant moins de mâles blancs, donc des médias communautarisés. Magnifique! Donc, le Gouvernement reconnaît que les médias publics français ne feront officiellement plus de l'information, mais de la propagande. Et non seulement il le reconnaît, mais il le revendique. 
     
    Evidemment, il faut réduire le financement public, sur un service déjà largement sous-financé par rapport à la Grande-Bretagne ou à l'Allemagne. Et c'est là toute l'ambiguïté de la situation: si le Gouvernement veut reformater la société avec le service public de la télévision, qui reste quand même très regardée quoi que l'on en dise, il faudrait donner les moyens aux journalistes de travailler. Mais l'idéologie dominante impose un retrait de l'Etat, donc il ne peut pas financer ses ambitions idéologiques. Ce qui par ailleurs permettra à terme de dire que le service public de la télévision ne sert plus à rien et de tout transférer vers le privé. Idéologie oblige. Le pouvoir sera alors définitivement passé des mains de l'Etat entre celles d'entreprises, elles aussi, de plus en plus globalisées.
     
    Voici l'universalité dont F. Nyssen nous parle. C'est celle de la négation de la pluralité.
     
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